Je cite le premier message du fil, et pour cause... on a là un conseil financier qui propose, noir sur blanc, de spéculer sur le peak oil. Il y a même un graphique de l'ASPO dans les liensHervé a écrit :l'ironie serait que la spéculation vienne conforter l'idée que le pic pétrolier est imminent !qu'en pensez-vous ?

Zoom sur le Pétrole
le pétrole n’est pas une marchandise ni une matière première comme les autres. Se joue, derrière le cours du baril, des enjeux géopolitiques internationaux ou nationaux, des relations internationales (OPEP…) et des rapports de forces entre zones géographiques (moyen orient – USA …).
Je vous propose une stratégie à adopter pour jouer le pétrole en bourse.
L’évolution du cours du pétrole est centrale pour les économies occidentales (Europe / USA). En effet, de nombreuses nations sont totalement dépendantes de l’or noir pour leurs besoins énergétiques (la France dans une moindre mesure grâce au nucléaire).
Les chocs pétroliers de 1973 et 1975 ont été les déclencheurs des dépressions économiques dont la France n’est jamais vraiment sortie depuis. Avec un baril au dessus de 65 $, les économistes assurent que l’économie française perd 1,5 % de croissance annuelle. Les coûts élevés d’approvisionnement en matière première "pétrole" touchent de nombreuses entreprises française et ceci joue sur leurs résultats (les fortes variations quotidiennes du brut à la hausse s’accompagne presque à coups sûrs de replis des indices mondiaux, même si ceux-ci sont dans un trend haussier).
Le baril de brut est côté à NY et à Londres (pour le brut de la mer du nord qui est de qualité différente). Les cours ont explosés depuis 1 an et demi passant de 35 $ à 65 $ le baril.
Pourquoi cette hausse ?
Les tensions géopolitiques au moyen orient, les menaces terroristes et les conflits stratégiques ne peuvent êtres innocents d’une variation à la hausse du brut.
Néanmoins, l’explication est aussi purement économique dans la confrontation de l’offre et de la demande de pétrole. En effet, plusieurs observatoires et économistes jugent que le « pic » de production (la capacité maximale de production en volume et de raffinage) a aura lieu en 2005 ou 2006 où pour la première fois, la demande de brut dépassera la production annuelle (Croissance de l'Asire...). Les inquiétudes majeures sont donc bien de savoir si les producteurs sont capables de répondre à cette demande qui ne cesse de croître de manière vive avec le développement de l’Asie (Chine et Inde…). Il est aisé de constater que les découvertes annuelles de gisements « prouvés et probables » sont en baisse constantes depuis le début des années 70’ . Les « giants fields », gisement géants, sont presque aujourd’hui inexistants dans les grandes découvertes des sociétés, ce sont pourtant eux seuls qui pourraient stabiliser dans le temps l’approvisionnement.
Le principe de valorisation en bourse des grandes majors du pétrole avant la flambée récente du brut se calquait sur les « découvertes » de gisements car le produit fossile est périssable. C’est donc la capacité des compagnies à s’approprier une part supplémentaire du gâteau qui était valorisée.
Depuis la flambée du brut, seul le « prix » de vente du pétrole joue à plein dans l’explosion des titres des sociétés pétrolières ou parapétrolières. Il faut rappeler que la moyenne mondiale du coût de production d’un baril de pétrole brut est de 6 $. Calculer vous-mêmes les bénéfices colossaux et la situation de « surprofit » économique dans laquelle se trouve le secteur.
Le pétrole devenant rare, il devient cher.
Quelle stratégie adopter ?
Le baril a cassé toutes ses résistances et ne semble pas faiblir sur les marchés, passant de 35 à 65 $ en quelques mois. Les seuils psychologiques qui nous semblent souvent atteints sont franchis assez rapidement et l’on se demande bien jusqu’où celui-ci pourrait aller sans une vague de correction assez prononcée. De plus, les grandes organisations mondiales n’ont pas réagit à cette flambée, l’OPEP étant quasiment à saturation de production, elle ne peut presque plus faire jouer son poids sur le cours du baril (voir challenges n° 251).
Personnellement, je pense que le baril de brut peut toucher 100 $ (ou tout du moins s’en approcher fortement) dans les mois qui viennent et dès lors, un scénario se dessine.
Un scénario possible :
Si les cours du pétrole viennent flirter avec les 100 $ à court moyen terme, il y a fort à parier que les économies rentreront dans une nouvelle forme de « choc pétrolier », sûrement d’une ampleur bien moindre que par le passé, mais le brut agira comme une « fiscalité » supplémentaire, un « impôt » sur l’économie mondiale.
S’en suivra nécessairement une phase de reflux des indices et particulièrement du DJ , NASDAQ ou CAC 40…ce qui ne serait d’ailleurs pas vraiment étonnant compte tenu de la vague haussière que nous avons connu (2400-4500) quasiment sans reflux (hormis des stagnations 3300-3600) depuis 2 ans. Un retour vers 3800-3600 sous forme d’une vague baissière de 2-3 mois n’est pas à exclure si le scénario « pétrole » se réalisait, je ne pense pas que cela entraînerait un crash (retour sous 3500) car le poids des « pétrolières » dans les indices mondiaux augmente avec la hausse des cours de ces sociétés, freinant ainsi mécaniquement la chute des indices eux mêmes.
Nous pouvons donc jouer le pétrole sous 3 aspects :
Les grandes majors : TOTAL
Le titre a explosé son plus haut historique à 213 €, néanmoins la valeur réagit bien aux variations du brut. Vous pouvez jouer une grande major avec un programme stable de dividende élevé (mais dont le rendement baisse avec l’envolée du cours) et de rachat d’action (des millions d’€ y sont consacrés depuis 2 ans). Le titre représente 15 % de l’évolution du CAC et sa capitalisation est la 1ère de la place de Paris. Société solide, diversifiée, recordwoman des bénéfices annuels réalisés par une société française.
Avec un baril à 100 $, on peut penser que TOTAL ira flirter avec les 300 €.
L’indépendant en forte croissance : MAUREL & PROM
A 20 €, le titre était bien valorisé (il a pris 300 % en 2004) pour un baril autour des 40 $. La société s’est constituée pour la gestion de 2 puits au Congo sous la houlette de Jean François Henin. Il faut savoir que la société a procédé depuis à plusieurs opérations de croissance externe (Vénézuéla, Gabon…) et que ses investissements deviennent relutifs à court terme au dessus de 39 $ le baril. MAU reste une des très rares sociétés indépendantes et fera sans doute l’objet d’une OPA dans les années à venir si le baril continu à tirer sa croissance (212% sur le semestriel S1-05). Avec un baril de brut stable (environ 60$), l’objectif de cours que je me fixe est à 25 €. Avec une poursuite de la hausse, je pense que nous irons vers les 35 €.
Le rendement vache à lait : TOTAL GABON
Cette société, cotée à paris, est la filiale de production de TOTAL au Gabon, détenue à 50 % par l’état gabonais. Depuis de nombreuses années, ce titre sert un rendement supérieur à 15%. Néanmoins la flambée des cours du brut à fait connaître à la société un parcours boursier étonnant : de 150 € à 602 € en 2 ans. Pourtant, à 580 € le titre devrait servir en juin 2006 (compte tenu de l’explosion des cours du brut et donc de ses bénéfices) un rendement de l’ordre de 10% (soit le meilleur de toute la cote parisienne). Attention, car les réserves de la société sont évaluées à 9 ans.
Le titre suit invariablement les cours du brut et si le baril poursuit sa progression, il n’y a aucune raison que le titre ne suive pas. Objectif : 10% de rendement annuel dans les années qui viennent et un cours à 750 € si le cours du baril poursuit sa progression.