Pénurie d'huile : le tournesol français peut-il assurer la relève ?
TF1 | Reportage : Marine Giraud et Xavier Baumel Publié le 27 avril 2022
L'agriculteur vendéen, que l'on rencontre dans le reportage en tête d'article, comptait faire pousser du maïs dans ce champ. Mais en mars dernier, à un mois seulement du semis, Éric Porcher a soudainement changé d'avis, et a rappelé son fournisseur de semences pour annuler sa commande. La guerre en Ukraine a changé la donne, et Eric l'a compris tout de suite.
"Sur mes cultures de printemps, j'avais prévu 30% de tournesol, et 70% en maïs", explique l'agriculteur, "j'ai complètement enlevé le maïs, et j'ai fait 100% de tournesol". Si le grand public s'en aperçoit aujourd'hui, les professionnels du secteur ont immédiatement compris ce que l'invasion de l'Ukraine par la Russie pouvait avoir comme conséquence sur leur activité. L'Ukraine est la première productrice mondiale de tournesol, avec 50% du marché, talonnée par la Russie : à eux deux, ces deux pays en guerre représentent 80% des ressources. Outre l'huile, cette hégémonie sur la production concerne aussi les tourteaux de tournesol, destinés à l'alimentation animale.
Éric Porcher n'est pas le seul à avoir anticipé la baisse de l'offre étrangère en tournesol. De nombreux producteurs ont adopté la même stratégie et misent sur le tournesol français. "En 2021, il y avait 700.000 hectares semés en tournesol", résume le responsable de la fédération des producteurs d'oléagineux, "et en 2022 on espère être à 780.000 voire à 800.000 hectares".
Plus de "made in France", mais pas plus d'huile ?
Les tournesols semés ces jours-ci seront récoltés en septembre prochain. Il faudra ensuite les transformer en huile. La France en a les capacités, mais elles atteignent leurs limites et ne vont pas nécessairement augmenter, selon un industriel du secteur. Les transformateurs vont substituer du tournesol français aux produits étrangers, explique Pierre-Adrien Flages à TF1, mais cela n'augmentera pas la production globale.
Cet automne, la France aura donc beaucoup plus de tournesol que les années précédentes, mais les bouteilles d'huile pourraient toujours manquer dans les rayons des supermarchés. Car s'il n'y a pas de pénurie de l'huile de tournesol, les Français inquiets de la flambée des prix en ont déjà stocké plus que d'habitude. De leur côté, les industriels qui fabriquent des produits à base d'huile de tournesol, viennent d'obtenir l'autorisation temporaire de remplacer cette huile devenue rare par une autre, sans avoir à modifier leur étiquette.