Dans l’objectif de promouvoir un débat public et la participation populaire dans la prise de décision sur la dette, pour rompre avec le discours hégémonique sur le caractère « inévitable » de son paiement, les processus d’audit sont devenus l’un de leurs principaux instruments. Leur application devrait permettre, en s’accompagnant d’une grande mobilisation sociale, d’annuler la partie illégitime de la dette et de réduire significativement le reste.
C'est là que le bât blesse : comment distinguer "la partie illégitime de la dette" ?
Par exemple, on considère que toute personne (morale ou physique) détenant plus de 1 G$ est illégitime. Fort bien. On annule et on s'aperçoit plus tard que, par exemple, des milliers de petits retraités à travers le monde n'on plus de retraite ... Car l'organisme qui gère des milliers de retraites avec leurs cotisations et qui est "gros" a fait faillite.
Donc, on va creuser un peu plus : pour les gros détenteurs de dette on va identifier et ne pas pénaliser les gestionnaires de "petits retraités". Fort bien. Déjà où on met la barre ? Ensuite un gestionnaire de retraite investit rarement directement dans une dette d'Etat. Il délègue le plus souvent à un gestionnaire intermédiaire plus gros, qui lui même ... De plus, à chaque étage, la créance est souvent découpée, réassemblée avec d'autres pour répartir les risques (la fameuse titrisation).
Un exemple pratique : des milliers de petits épargnants ont été spoliés lors du défaut de l'Argentine sans même savoir qu'ils y avaient investis ! Et ont donc perdus leurs économies. Par contre, des "vrais" gros détenteurs de dette argentine ont récupéré leur mise (avec intérêts et pénalités !) en saisissant des biens et avoirs financiers argentins un peu partout. Car ils avaient les moyens financiers et juridiques et le temps (des années ...) pour mener à bien de tels actions. Au final, "la partie illégitime de la dette argentine" a peut être été celle qui a été le moins pénalisée !
Et c'est logique : un gros détenteur a quasi par définition tous les moyens pour investir masqué et aussi d'anticiper un éventuel défaut.
Bref, distinguer la "la partie illégitime de la dette" de manière juste et équitable est une gageure.
Les "yaka faucon" comme ci dessus, quand ils sont confrontés au principe de réalité, aboutissent souvent à un résultat fort éloigné de celui escompté, quand ce n'est pas totalement opposé.
Je ne dis pas qu'il ne faut rien tenter mais il faut le faire "délicatement" sans le claironner avec des rodomontades comme ci-dessus sinon l'argent que l'on veut taxer s'évanouit comme un mirage bien avant la saisie.