Sables et granulats

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Reconstruire la Chine avec du sable et des graviers recyclés, un ambitieux projet pour 2050
Des chercheurs chinois ont créé un modèle qui laisse voir à quoi ressemblera la Chine d’ici 2050 si les bâtiments sont construits avec davantage de matériaux recyclés. Une réflexion essentielle dans un pays qui ne cesse de s’urbaniser.

Par Lola Breton Publié le 11 novembre 2025 geo

Les villes de Chine n’ont pas fini de s’étendre. Mais la construction demande des matériaux polluants et dont l’exploitation détruit parfois des pans entiers de nature. Pour tenter de renverser la tendance, des chercheurs chinois ont réfléchi à l’utilisation de sable et de gravier recyclés pour le futur du BTP. Dans leur étude parue dans Nature Communications, ils estiment que cela pourrait, d’ici 2050, remplacer jusqu’à 65 % des agrégats naturels et neufs dans certaines provinces chinoises, et jusqu’à 50 % au niveau national.

L’idée de ces chercheurs est plutôt simple : ils proposent d’utiliser les résidus de bâtiments démolis pour en construire de nouveaux. Ce n’est pas anodin que l’idée vienne de Chine. Le pays est le plus gros consommateur d’agrégat – un mix de roches, de sables et de graviers utilisé en construction – dans le monde. Ces éléments permettent notamment de produire du béton. Pendant très longtemps, ils ont été extraits de carrières, de lits de rivière ou d’autres endroits naturels. Des pratiques qui ont largement endommagé la planète.


L’économie circulaire va-t-elle régir le secteur du BTP chinois ?

Avant 2005, la Chine s’appuyait à 80 % sur les ressources naturelles pour construire ses gratte-ciels, routes et autres infrastructures, rapporte le South China Morning Post. Désormais, 80 % des agrégats chinois sont issus de pierres broyées et de sable artificiel. En 2015, à son plus fort taux, le pays a utilisé 18,8 milliards de tonnes d’agrégats, soit l’équivalent de 3 100 pyramides d’Égypte. Une demande énorme qui avait jusqu’alors peu provoqué de recherche sur le futur du BTP et des matériaux à utiliser.

Les universitaires chinois ont, eux, créé un modèle intitulé China Aggregate Metabolism Provincial Scenarios (CHAMPS). Il permet de faire état et de projeter la provenance et l’usage des agrégats dans les 31 provinces chinoises entre 1978 et 2050. "Nous avons déterminé une série de mesures basées sur le concept de l’économie circulaire pour définir le futur de l’industrie du sable et du gravier en Chine, explique Ren Zijian, l’un des co-auteurs de l’étude. C’est basé sur trois principes de l’économie circulaire : réduire, réutiliser et recycler."

Revoir les plans urbains pour faire baisser la demande en agrégat

Si les pouvoirs publics et les entreprises suivent le modèle CHAMPS, il faudra revoir la densité urbaine à la baisse, utiliser des designs plus écologiques et légers et travailler à l’extension de la vie des bâtiments existants. En fonction de l’engouement des décideurs pour ce projet, la demande en agrégat pour 2050 sera comprise entre 9,2 et 12,4 milliards de tonnes. Soit, au mieux, moitié moins qu’en 2015.

Mais le défi est loin d’être relevé. Pour le moment, moins de 20 % des matériaux du BTP sont recyclés en Chine. En France, le secteur du BTP devrait atteindre l’objectif de 60 % de recyclage du béton d’ici 2027. En revanche, soulignent Les Echos, la loi demande un réemploi des matériaux (tuiles, céramiques, huisseries, etc.) à hauteur de 4 % d’ici 2027. Un chiffre presque inatteignable quand on sait que moins de 1 % du gisement est aujourd’hui réemployé.

https://www.geo.fr/sciences/reconstruir ... ycl%C3%A9s.