Qu'est-ce qu'un économiste?

Discussions traitant de l'impact du pic pétrolier sur l'économie.

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Re: Qu'est-ce qu'un économiste?

Message par energy_isere » 28 janv. 2011, 20:44

L'économie est-elle vraiment une science ?
Question posée par watashi_baka | ... | 27/05/2009
http://eco.rue89.com/2009/05/27/leconom ... ne-science

un autre point de vue :
Pourquoi l'économie n'est-elle pas une science ?

Par Etienne Wasmer | Economiste du travail Rue89 18/01/2011
lire ici : http://www.rue89.com/etienne-wasmer/201 ... nce-186241

Note : dedicacé à Phyvette

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Re: Qu'est-ce qu'un économiste?

Message par energy_isere » 10 sept. 2011, 11:15

Ce matin sur France Inter dans l' émission économique de 9h, il y avait Bernard Maris, trés ironique à propos de Frédéric Oudéa pdg de la sté Générale.
Décidemment j' adore Bernard Maris.

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Message par energy_isere » 10 oct. 2011, 10:21

Le prix Nobel d'économie 2011 doit être annoncé lundi tandis qu'aucun favori n'émerge clairement des pronostics et que la crise économique qui secoue la planète devrait être sans influence sur le jury, selon les experts.

L'annonce de ce prix à 13h00 (11h00 GMT) à Stockholm clôturera la saison des Nobel 2011 entamée lundi dernier avec le prix de médecine, suivi par ceux de physique, de chimie, de littérature et de la paix.

Les cinq membres du comité qui désigneront le Nobel d'économie soulignent que leur choix n'est jamais fondé sur des travaux aussi récents que ceux qui pourraient traiter de la crise en cours. "Le prix est absolument apolitique, en dehors des modes et simplement fondé sur des contributions à la recherche", selon le nouveau président du comité, Per Krusell.

Alors qu'aucune personnalité ne se détache vraiment pour le prix de 2011, le quotidien suédois Dagens Nyheter rappelle dimanche les noms d'économistes qui circulent depuis plusieurs années.

Parmi eux figurent l'Américain Robert Shiller, théoricien des comportements souvent irrationnels sur les marchés financiers, Eugene Fama, éternel favori de la libérale Université de Chicago qui est un des poids lourds de la théorie financière, les spécialistes de la croissance Paul Romer et Robert Barro et l'Autrichien Ernst Fehr, spécialiste de l'économie comportementale.

Pour le quotidien économique suédois Dagens Industri (DI), le choix de M. Fama, auteur de la théorie sur l'efficacité des marchés, serait controversé en temps de crise économique. Il penche plutôt en faveur de M. Barro ou de Jerry Hausman, spécialiste de l'économétrie ou encore de l'Indo-Américain Avinash Dixit, spécialiste de la théorie micro-économique.

DI croit aussi dans les chances de M. Bengt Holmström, un Finlandais chercheur au Massachusetts Institute of Technology, spécialiste des entreprises, de l'asymétrie d'information et des incitations économiques. M. Holmström est pressenti par l'économiste suédois Hubert Fromlet qui avait déjà visé juste en 2010 et en 2009. Il est également cité sur un blog de jeunes économistes suédois, souligne DI.

Officiellement dénommé "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel", ce prix est le seul non prévu dans le testament de l'inventeur suédois de la dynamite. Décerné depuis 1969 et financé par la banque centrale suédoise, il fonctionne néanmoins comme les autres avec un comité et une dotation de 10 millions de couronnes (1,1 million d'euros).

L'an dernier, le comité Nobel a récompensé des spécialistes du marché du travail, le Britannico-chypriote Christopher Pissarides et les Américains Peter Diamond et Dale Mortensen.

Les prix seront remis à Stockholm le 10 décembre, date-anniversaire de la mort de leur fondateur, le savant et industriel suédois Alfred Nobel.
http://www.boursorama.com/actualites/le ... 875044aa23

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Message par mahiahi » 10 oct. 2011, 10:30

Attention : il n'y a PAS de prix Nobel d'économie, mais un "Prix de la Banque de Suède en Sciences Économiques en mémoire d'Alfred Nobel"
C'est quand tout semble perdu qu'il ne faut douter de rien
Dieu se rit des hommes déplorant les effets dont ils chérissent les causes
Défiez-vous des cosmopolites allant chercher loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent remplir autour d'eux

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Message par energy_isere » 10 oct. 2011, 10:36

mahiahi a écrit :Attention : il n'y a PAS de prix Nobel d'économie, mais un "Prix de la Banque de Suède en Sciences Économiques en mémoire d'Alfred Nobel"
C 'est bien ce qui est rapellé dans le texte, pour celui qui l' a lu en entier. 8-)

Humm ??

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Message par Remundo » 10 oct. 2011, 10:43

mahiahi a écrit :Attention : il n'y a PAS de prix Nobel d'économie, mais un "Prix de la Banque de Suède en Sciences Économiques en mémoire d'Alfred Nobel"
et ça change tout ! ;)

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Re: Qu'est-ce qu'un économiste?

Message par mahiahi » 10 oct. 2011, 12:04

energy_isere a écrit :
mahiahi a écrit :Attention : il n'y a PAS de prix Nobel d'économie, mais un "Prix de la Banque de Suède en Sciences Économiques en mémoire d'Alfred Nobel"
C 'est bien ce qui est rapellé dans le texte, pour celui qui l' a lu en entier. 8-)

Humm ??
mais c'est pas dans le titre et je me posais la question de la cohérence de l'article :-s
C'est quand tout semble perdu qu'il ne faut douter de rien
Dieu se rit des hommes déplorant les effets dont ils chérissent les causes
Défiez-vous des cosmopolites allant chercher loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent remplir autour d'eux

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Message par energy_isere » 10 oct. 2011, 21:01

Sargent et Sims, prix Nobel d'économie

avec Reuters et AFP 10/10/2011

Le prix Nobel d'économie 2011 a été décerné lundi aux Américains Thomas J. Sargent et Christopher A. Sims, a annoncé le comité Nobel. Le premier enseigne à l'université de New York, le second à celle de Princeton.

Ils sont récompensés "pour leur recherche empirique sur la cause et l'effet en macro-économie", précise le comité. Les deux chercheurs ont particulièrement travaillé sur les relations entre les politiques économiques et leurs effets sur l'économie. "Aujourd'hui, les outils qu'ils ont développé sont essentiels pour l'analyse économique", a déclaré le comité.

Interrogé sur l'utilisation qu'il fera du million et demi de dollars qu'il recevra avec son prix, l'économiste Christopher A. Sims a répondu : "D'abord, je vais conserver la somme en liquide sur un compte pendant quelques temps et réfléchir."

Officiellement appelée "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel" et instaurée en 1968, cette distinction marque la fin de la saison des prix Nobel.
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/1 ... onomie.php

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Message par FOWLER » 10 oct. 2011, 21:06

"D'abord, je vais conserver la somme en liquide sur un compte pendant quelques temps et réfléchir."

Quel con, mais quel con !! :lol:

C'était bien la peine ....
la nuit la raison dort, et simplement les choses sont.
St Ex

Tout ça pour dire comment ils ne savent pas pourquoi.
Prévert (et pas Guitry !)

J'ai fait fortune...parce que j'ai toujours vendu trop tôt !
Rotschild.

http://www.les-pieds-sur-terre.info

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Message par energy_isere » 10 oct. 2011, 21:26

FOWLER a écrit :"D'abord, je vais conserver la somme en liquide sur un compte pendant quelques temps et réfléchir."

Quel con, mais quel con !! :lol:

C'était bien la peine ....
Faut pas confondre ''économiste'' et ''financier''. [-X

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Message par energy_isere » 15 oct. 2012, 14:00

Le Nobel d'Economie à deux Américains spécialistes des marchés :

Les Américains Alvin Roth et Lloyd Shapley ont obtenu le prix Nobel d'Economie 2012 pour leurs travaux sur la meilleure manière d'accorder offre et demande sur un marché, avec des applications dans le don d'organes et l'éducation.

"Cette année le prix récompense un problème économique central: comment associer différents agents le mieux possible", a indiqué l'Académie royale suédoise des sciences.

Lloyd Shapley, 89 ans, professeur à l'université de Californie à Los Angeles (UCLA), est un pionnier de la théorie des jeux. Celle-ci étudie mathématiquement la façon dont des acteurs prennent des décisions stratégiques pour servir leur intérêt propre et anticiper les réactions des autres, sans toujours y parvenir.

Vu son âge, il était considéré comme l'un des "nobélisables" qui risquaient d'être oubliés dans le palmarès, même si son champ de recherche n'est pas le plus populaire chez les chercheurs en sciences économiques.

Il a "utilisé ce qu'on appelle la théorie des jeux coopératifs pour étudier et comparer diverses méthodes" destinées à faire concorder offre et demande, a expliqué l'Académie royale suédoise des sciences. Et il est parti de l'exemple des mariages, donnant un algorithme qui permettrait (en théorie) de donner à chaque célibataire dans un groupe donné le meilleur conjoint.

Concrètement, l'une des applications est "l'affectation de nouveaux docteurs dans les hôpitaux, d'étudiants dans les écoles, des organes à transplanter avec les receveurs".

"Lloyd Shapley a su démontrer comment la conception spécifique d'une méthode (devant accorder offre et demande, ndlr) peut systématiquement bénéficier à l'une ou l'autre partie d'un marché", a-t-elle ajouté.

Après ces découvertes théoriques, Alvin Roth est passé aux applications pratiques.

Ce professeur à l'université de Harvard de 60 ans "a reconnu que les résultats théoriques de Shapley pouvaient élucider le fonctionnement pratique de marchés importants".

Pour les applications dans le don d'organes, il s'est servi de l'algorithme conçu par M. Shapley et un autre économiste et mathématicien américain aujourd'hui décédé, David Gale, "combiné à des modifications qui prennent en compte les circonstances spécifiques et les restrictions éthiques".

..........
http://www.boursorama.com/actualites/le ... 56df1e89af

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Re: Qu'est-ce qu'un économiste?

Message par energy_isere » 23 avr. 2013, 21:18

Attention, long post. ;)
C 'est un livre que je vais aller renifler en librairie......
La science économique? Une morale qui ne dit pas son nom

23 Avril 2013 La Tribune

Dans « L'économie du bien et du mal », un best-seller international, l'économiste tchèque Tomas Sedlacek, qui fut jeune conseiller du président Vaclav Havel, rappelle que l'économie n'est pas tant une science fondée sur des mathématiques qu'un phénomène culturel et normatif, qui plonge ses racines dans la nuit des temps.

Et si l'économie ne menait pas le monde ?Ou du moins ce discours si particulier que des experts et commentateurs profèrent au quotidien dans un vocabulaire technique dans les médias ? En ces temps de crise européenne qui n'en finit pas de se terminer, la montée du chômage et les difficultés sont en train de stimuler la réflexion critique des citoyens. Ils trouveront dans l'ouvrage de l'économiste tchèque Tomas Sedlacek, âgé d'à peine 35 ans, « L'économie du bien et du mal » (2009), un best-seller international traduit dans une quinzaine de langues dont les éditions Eyrolles proposent une version française (excellemment traduite de l'anglais par Michel Le Séac'h), de quoi nourrir leurs interrogations, voire à trouver quelques réponses.

Tomas Sedlacek, qui fut, à 24 ans, conseiller économique du président Vaclav Havel, poète et dramaturge, porte un regard inhabituel sur l'économie, en pointant un paradoxe : « Nous autres économistes, nous sommes formés à éviter les opinions et jugements de valeur à propos du bien et du mal. Pourtant, contrairement à ce que disent nos manuels, l'économie est principalement un champ normatif. Non seulement elle décrit le monde, mais elle dit souvent comment il devrait être fait (efficacité, concurrence parfaite, forte croissance du PIB, faible inflation, forte compétitivité, Etat modeste). »

Des arguments d'autorité quasi scientifiques

En effet, ce sont toujours des arguments d'autorité quasi scientifiques qui sont assénés aux citoyens pour justifier telle ou telle décision politique. Pourtant, l'économie est non pas tant une science (comme les mathématiques, la physique, la biologie ou encore la chimie) qu'un « phénomène culturel, un produit de notre civilisation. » Cette origine fait que « nous créons des modèles, modernes paraboles, mais trop irréalistes (souvent intentionnellement) pour avoir grand-chose à voir avec le monde réel. Exemple quotidien : qu'un expert réponde a la télévision a une question apparemment innocente sur le niveau d'inflation, et on lui demandera aussitôt (souvent, il soulèvera la question lui-même sans qu'on la lui pose) si ce niveau est bon ou mauvais, et s'il devrait être supérieur ou inférieur. Même face à une question aussi technique, les experts parlent immédiatement du bien et du mal et émettent des jugements normatifs : elle devrait être inférieure, ou plus élevée. », souligne-t-il. Ce « devoir être » qui caractérise la morale ou l'éthique est pourtant accepté sans restriction par tous. Or, comme le souligne l'auteur : « Simuler la certitude est très dangereux. ».

Pour argumenter sa thèse, Sedlacek va opérer un détour historique et chronologique qui part de l'épopée de Gilgamesh (2650 avant JC) jusqu'à la figure tutélaire d'Adam Smith (1723-1790). Ce dernier, rappelons-le, avant de publier ses célèbres « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations », avait élaboré une « Théorie des sentiments moraux ». Entre temps, Sedlacek passe par l'exégèse de certains textes des religions - judaïsme et christianisme -, voit même dans Descartes un moment important de la structuration de ce phénomène culturel qu'est l'économie (« L'homo economicus doit son côté (a)moral à Epicure mais son côté mathématique et mécanique à Descartes. » Sans compter, évidemment, tant la référence a été revisitée ces dernières années, la célèbre « Fable des abeilles » du hollandais Bernard Mandeville, qui montre combien paradoxalement les vices privés peuvent contribuer au bien public, et des actes altruistes nuire à la société.

De fait, Tomas Sedlacek, voit dans « les mythes, la religion, la théologie, la philosophie et la science », de quoi comprendre bien mieux les phénomènes économiques que le recours aux mathématiques.

L'exemple de la dette publique

Dans une deuxième partie, l'auteur s'attache davantage à cerner la signification de grands thèmes qu'il a cerné dans sa quête historique, comme le progrès - un passage du livre assez instructif -, la cupidité, la main invisible, les esprits-animaux, ou encore de savoir qui sont les détenteurs de la vérité.

Prenons l'exemple de la dette publique, un sujet d'actualité s'il en est. On ne sait trop que bien que l'Union européenne s'est fixé pour règle « normale » pour chaque pays membre de contenir son déficit public à un niveau inférieur à 3% du PIB. « Psychologiquement, un déficit de 3 % nous apparaît comme un quasi-équilibre. Au-dessous de 3 %, c'est un succès applaudi », ironise Sedlacek qui explique : « Dans la plupart des cas, réduire le déficit signifie seulement ralentir le rythme de l'endettement, alors que ce qu'il faudrait en vérité n'est pas accroitre la dette moins vite mais la réduire au plus vite afin de constituer au moins quelques réserves budgétaires avant que la prochaine crise ne frappe. » Un point de vue qu'approuverait sans réserve Berlin.

Réduire le PIB

L'intérêt de l'argumentaire de Sedlacek sur ce point est d'éviter de tomber dans le débat austérité/relance. Selon lui, « dans l'avenir, nous devrons simplement sacrifier une partie de la croissance de notre PIB et ralentir l'économie artificiellement pour récupérer cette énergie et la consacrer à la réduction de la dette. C'est ce qu'on appelle une politique budgétaire restrictive. Et nous avons largement oublié le fait que si parfois nous voulons stimuler l'économie pour qu'elle croisse plus vite (expansion budgétaire) nous devons aussi être préparés à une période de récupération (restriction budgétaire). »
Or cet oubli, montre l'ancien conseiller de Vaclav Havel, est largement lié à notre conception historique du progrès, qui devrait être continu, là où il ne peut qu'évoluer selon les situations. C'est donc une telle conception continuiste du progrès - demain sera meilleur que demain - qui structure nos mentalités et nous empêche de comprendre qu'un ralentissement de la croissance n'est pas en soi un mal absolu.

Finalement, « ce que nous vivons n'est pas tant une crise du capitalisme qu'une crise du « capitalisme de croissance », remarque-t-il.

Une critique qui n'est pas nouvelle

La critique de Sedlacek n'est pas nouvelle. De nombreux auteurs ont mis l'accent ces dernières années sur le fait qu'une bonne dose d'épistémologie, de curiosité et de scepticisme peut être un efficace remède contre une dérive scientiste, qui souvent cache une sorte de paresse intellectuelle sous le conformisme ambiant.

Mais son originalité est davantage dans la forme. Comme Nassim Taleb, cet ancien trader devenu un lecteur compulsif érudit, auteur du célèbre livre : « le Cygne noir : la puissance de l'imprévisible » (Ed. Les Belle Lettres), l'ancien conseiller de Vaclav Havel n'hésite pas à mélanger joyeusement pour les besoins de son explication les références culturelles et historiques - ce qui tourne quelques fois au « name dropping » -, à des situations quotidiennes - la démonstration des trois buveurs et des deux bières en matière de redistribution est assez instructive -, à ses expériences personnelles ou encore à la culture populaire (par exemple le filme culte « Matrix »).

Une expérience propice à se demander que signifie l'économie

L'ouvrage au final peut apparaître comme un tableau de peinture, qu'il faut regarder à une certaine distance pour que le charme opère, car à y regarder de trop près il pourrait révéler des approximations qui mettraient à mal quelques thèses. Mais reconnaissons à Sedlacek un talent à exposer de façon ramassée et claire des idées difficiles en opérant des rapprochements audacieux qui se révèlent tout à fait stimulants à une époque où l'intelligence est trop investie dans un seul domaine de recherche au nom de l'efficacité.

Peut-être, au-delà du caractère brillant de l'auteur, le fait que que cet universitaire ait pu travailler, si jeune, avec le président poète et dramaturge Vaclav Havel, et ensuite comme conseiller du Premier ministre tchèque, le confrontant à la nécessité de devoir trouver au quotidien des réponses à des problèmes concrets, tout en menant en parallèle une activité de journaliste, lui aura donné une expérience propice à se demander« que signifie l'économie, comment l'utiliser pratiquement et comment la relier à d'autres domaines de la vie. »

Sans compter qu'il sait aussi bien « vendre » ses idées. « J'affirme que le moment est bien choisi pour repenser notre approche économique, car en cette époque de crise de la dette, les gens s'interrogent et sont prêts à écouter. » Pour un livre paru en 2009 en République tchèque, c'était bien vu.

Tomas Sedlacek "L'économie du bien et du mal", éditions Eyrolles, 381 pages, 28 euros
http://www.latribune.fr/opinions/tribun ... n-nom.html

Image
Qu'est-ce que l'économie ? Pourquoi est-elle trop souvent considérée comme une science exacte ? Pourquoi sommes-nous si dépendants de la croissance permanente ? D'où vient l'idée du progrès économique et où nous conduit-elle ?

Tomás Sedlácek se pose ces questions fondamentales et y répond en envisageant l'économie non pas comme une science, mais comme un phénomène culturel et un produit de notre civilisation étroitement liés à la philosophie, aux mythes, à la religion, à l'anthropologie et aux arts.

En soutenant une thèse simple, presque hérétique, selon laquelle l'économie relève en définitive d'un choix constant entre le bien et le mal, il bouleverse radicalement l'approche actuelle, comme personne avant lui.

Afin d'étayer son propos, l'auteur invite le lecteur à un voyage passionnant dans l'histoire de l'économie à travers les civilisations et les penseurs majeurs : épopée de Gilgamesh, Ancien Testament, christianisme, Descartes, Adam Smith, en passant par des films comme Fight Club et The Matrix.

Face aux inquiétudes présentes, il se fait l'ardent promoteur d'une économie à visage humain.
http://www.eyrolles.com/Entreprise/Livr ... 2212555431

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Re: Qu'est-ce qu'un économiste?

Message par epe » 24 avr. 2013, 09:50

energy_isere a écrit :Finalement, « ce que nous vivons n'est pas tant une crise du capitalisme qu'une crise du « capitalisme de croissance », remarque-t-il.
C'est un point de vue que je défends depuis longtemps. Moi qui suis idéologiquement un libéral je considère toujours aujourd'hui que le capitalisme n'est pas dépendant de la croissance et qu'il est le moins mauvais des systèmes économiques comme la démocratie est le moins mauvais des systèmes politiques.

Les monnaies, les banques, les investisseurs, le commerce y compris international, l'industrie même ne sont pas des enfants de la croissance. Tout cela existe depuis l'antiquité au moins et a continué tout au long du moyen-âge, avec des périodes de croissance et de décroissance, y compris démographique. Chaque village ne fabriquait pas ses meules de moulin. Il fallait la bonne pierre, les bons outils, le savoir-faire. Des fabriques de meules avaient exigé d'importants investissements avant de pouvoir expédier la première meule, parfois à plus de 1000 kilomètres.

J'entends régulièrement ici "la bourse va disparaître avec la crise". Non, ce qui va disparaître ce sont les entreprises trop endettées pour avoir trop parié sur la croissance. Leur situation est exactement la même que celle des états qui ont fait le même pari. Bien sûr les états ne peuvent disparaître, mais ils peuvent s'appauvrir, avec leur population. Les entreprises, elles, disparaissent, mais sont remplacées par d'autres. Des actionnaires s'appauvrissent, certains se retirent de la bourse, d'autres y entrent pour investir dans les nouvelles entreprises. Par analogie on pourrait dire que le citoyen est actionnaire de son pays. En récession il a le choix entre accepter l'appauvrissement et se battre, ou quitter son pays et essayer de repartir de zéro ailleurs.
-Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que de risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.
Les Shadoks

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Re: Qu'est-ce qu'un économiste?

Message par energy_isere » 14 oct. 2013, 17:35

Le Nobel d'économie décerné à trois chercheurs américains

Usine Nouvelle le 14 octobre 2013

Le prix Nobel d'économie 2013 a été attribué aux chercheurs américains Eugene Fama, Lars Peter Hansen et Robert Shiller pour leurs études sur les marchés financiers.

Prédire les cours des actions et obligations sur de longues périodes : c'est ce qu'ont permis les travaux des chercheurs américains Eugene Fama, Lars Peter Hansen et Robert J. Shiller. Leurs "analyses empiriques des prix des actifs" ont été récompensées par le Prix de la Banque royale de Suède en sciences économiques, plus connu sous le nom de "Nobel d'économie".

créateurs d'outils standard

"Les lauréats ont posé les bases de la compréhension actuelle des prix des actifs. Celle-ci repose en partie sur les fluctuations du risque et les attitudes envers le risque, et en partie sur les biais comportementaux et les frictions des marchés", analyse l'Académie royale des Sciences de Suède. "Leurs méthodes sont devenues des outils standard dans la recherche universitaire, et leurs avancées fournissent des guides aussi bien pour le développement de la théorie que pour la pratique professionnelle des investisseurs", a-t-elle estimé.

deux écoles de pensée

Eugene Fama, 74 ans, et Lars Peter Hansen, 61 ans, sont tous les deux professeurs à l'université de Chicago, et tenants d'une ligne néo-classique. Robert J. Schiller, 67 ans, le plus connu des trois lauréats, est un pionnier de la finance comportementale, qui estime que la rationalité des individus n'est pas systématique. Il a notamment conçu un indice sur les prix de l'immobilier aux Etats-Unis, le "Case-Shiller", et publié un livre à succès, "L'Exhubérance irrationnelle". Le trio succède à deux autres chercheurs américains, Lloyd Shapley et Alvin Roth, lauréats du Nobel d'économie en 2012.
http://www.usinenouvelle.com/article/le ... ns.N208563

La rationalité des individus en finance .....
Ca me fait rire.

nemo
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Re: Qu'est-ce qu'un économiste?

Message par nemo » 14 oct. 2013, 23:54

C'est un point de vue que je défends depuis longtemps. Moi qui suis idéologiquement un libéral je considère toujours aujourd'hui que le capitalisme n'est pas dépendant de la croissance et qu'il est le moins mauvais des systèmes économiques comme la démocratie est le moins mauvais des systèmes politiques.
Si c'est ça le "moins mauvais" je préfère ne pas avoir de système économique. Ou comment un "système" est dit "économique" alors qu'il est un instrument de domination (et de reproduction des "élites") et absolument rien d'autre. La "rationalité" économique de la majeure partie du capitalisme n'est rien d'autre qu'une grosse plaisanterie. Et il en était de même des système dis communiste qui se réclamait pourtant tout autant de "l'efficacité" et de la "rationalité". Avec le succés que l'ont connait aujourd'hui. L'heure du capitalisme viendra lui aussi.
Mais chacun sa foi après tout.
"Tu connaîtras la vérité et la vérité te rendra libre"
Saint Jean 8, 32
"Dans le spectacle la vérité est un moment du mensonge"
Debord
"Aucun compromis sur les principes, toutes les adaptations sur le terrain."
Anonyme

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