Remundo a écrit :Bonjour Bruno
Je voulais partager avec vous un petit bout d'analyse personnelle...
C'est toujours plus facile, lucratif et rapide d'aligner des chiffres dans les ordinateurs... que de chercher à respecter un radio raisonnable billets/scripturale. D'autant plus que l'utilisation massive des chèques et CB vont dans ce sens.
Mais le coeur du sujet, me semble-til, c'est qu'il est très tentant pour une banque, si la demande est là, de créer toujours plus de crédit, car elle en perçevra les intérêts sans réel effort ni investissement. Mais elle peut alors sombrer dans une certaine virtualité, car ces intérêts vont alimenter ses activités d'affaires...
Dans le même temps, avec l'informatique et la mondialisation des marchés, ces banques d'affaires vivent dans un système irréel où l'argent doit produire de l'argent au-delà de tout support matériel soutenable par l'économie réelle. C'est un peu HS, mais j'ai toujours été choqué par des produits financiers de spéculation à la baisse ou de type "pari" comme les warrants.
Cela cancérise le système, ce qui les mène paradoxalement à leur propre perte en entraînant dans leur chute ceux qu'ils pensaient spolier.
Et en arrière plan, bien caché, voilà l'un des grands dangers pour les épargnants au sein d'une banque : la non séparation entre ses activités d'affaires et de dépôt/prêt qui tendent à faire financer les cracks des premières (assez virtuels avec la "bourse-casino" qui s'est développée) par l'économie réelle(les secondes).
Cordialement.
@Remundo (avant d'avoir fini de lire la réponse d'André-Jacques, qui est sûrement excellente

)
Vous soulevez une bonne question, très délicate en fait:
comment utiliser au mieux le "ratio de liquidité" des banques, et faut-il, comme le proposent certains (Robertson, allais, AJH peut être) le faire croître à 100%. Autre question liée,
peut-on et faut-il, séparer les "transformateurs d'épargne" des "créateurs de monnaie scripturale".
A la deuxième question, la réponse est sans ambiguité oui: on peut, et il faut, séparer ces deux rôles (c'est d'ailleurs cela que l'acte américain auquel fait référence AJH se proposait de faire). C'est un acte politique fort, mais il est techniquement possible. En attendant, on pourrait déjà exiger que
la provenance de tout prêt consenti par une institution financière, banque ou pas banque, soit clairement indiquée, par exemple en indiquant de quel pourcentage - aussi infime soit-il -si le taux de liquidité de l'I.F. concerné est modifié: voilà de la bonne transparence, ce que l'on pourrait appeler de
la "traçabilité bancaire". On commence à le faire pour l'agro-alimentaire, et pour les déchets nucléaires. Je pense que ce serait sain de le faire pour la circulation monétaire.
En ce qui concerne le taux de liquidité, je suis plus dubitatif: je ne suis pas sûr qu'un taux de liquidité de 100% soit LA solution. Je préféferais, en sus de l'importance de la traçabilité dont j'ai parlé ci-dessus, que l'on se concentre sur l'
encadrement des taux de crédit (le taux "zéro", au taux de croissance et d'inflation près) voire sur l'
utilisation des crédits consentis (pour tenter de diminuer la spéculation: par exemple, un prêt pour "jouer" en Bourse devrait être interdit).
Dans l'attente de suggestions, critiques, commentaires,
bien cordialement,
Bruno Lemaire.
PS1. @Remundo. Vous devriez essayer de poster ce commentaire sur le blog de Jorion, j'y répondrais alors.
PS2. Je ne suis pas sûr que les banques ne se rendent pas compte des risques insensés qu'elles prennent parfois, quoique.... J'ai 2 de mes enfants qui ont fait du conseil dans l'analyse des risques, la réflexion sur ce point est d'une pauvreté affligeante. Je pense que les banques imaginent qu'elles sont au dessus des lois, et qu'elles seront nécessairement sauvées. Le coup de Lehman Brothers les a refroidi quelque temps, mais comme les pouvoirs politiques ont fini par leur donner raison, elles sont reparties de plus belle. Une autre mesure serait de supprimer la possibilité des engagements hors bilan, toujours dans la recherche d'une plus grande transparence.