L'impact de la crise russe sur l'économie européenne plus fort qu'attendu
19 Juin 2015 Le Figaro
Selon une étude de l'institut autrichien de recherches économiques Wifo, plus de 2 millions d'emplois et environ 100 milliards d'euros de richesses produites sont menacés, dans le pire de ses scénarios.
Pour les pays de l'Union européenne et la Suisse, les conséquences de la crise économique en Russie seront probablement plus graves que prévu jusqu'à présent. Selon une étude de l'institut autrichien de recherches économiques Wifo, menée exclusivement pour Lena, l'Alliance des quotidiens leaders en Europe, plus de 2 millions d'emplois et environ 100 milliards d'euros de richesses produites sont menacés, dans le pire de ses scénarios.
«Notre hypothèse, à l'automne de l'année dernière, des pires baisses d'exportations, est devenue réalité», indique Oliver Fritz, l'un des trois auteurs du rapport. Au premier trimestre 2015, les exportations françaises vers la Russie ont chuté de 33,6 % sur un an, pointe Wifo en s'appuyant sur les chiffres d'Eurostat et du FMI.
Si la tendance observée depuis le début de l'année se prolongeait, la crise russe pourrait, toujours, selon l'étude, coûter à l'Allemagne, le pays européen le plus impacté, un peu plus de 1 % du PIB. La France pourrait perdre 0,5 % de PIB tandis que 150 000 emplois seraient menacés «à long terme». À l'échelle européenne, l'institut Wifo parvient à un impact de la crise russe considérable, qui pourrait menacer 1,9 million d'emplois et amputer le PIB européen de 80 milliards d'euros.
L'institut Wifo n'a pas seulement évalué l'impact de la baisse mais a aussi mesuré les effets sur le tourisme. Lors de la dernière saison hivernale, le nombre de nuitées de visiteurs russes à Paris a chuté de 27 %. Wifo chiffre le manque à gagner en matière de recettes touristiques à 185 millions d'euros pour Paris, par rapport à l'hiver 2013-2014.
Eckhard Cordes, le président du Comité pour les relations économiques avec l'Europe de l'Est, qui représente l'industrie allemande, juge le scénario pessimiste probable: «Le premier trimestre 2015 est un bon indicateur pour juger la situation. Jusqu'alors, nous avons été en phase descendante depuis le printemps 2014. Nous pourrions toucher le plancher maintenant. Mais nous ne le savons pas encore exactement.»
Perte possible de 265.000 emplois dans le secteur agroalimentaire
Quelle est la part de la crise économique russe, liée à la chute des prix du pétrole, et des sanctions dans le recul des exportations européennes vers la Russie? Pour Oliver Fritz, de Wifo, il est impossible de distinguer l'effet direct des sanctions occidentales. «Nous considérons les activités d'importations de la Russie comme un tout, explique-t-il. En cela, nous partons toutefois du principe que les sanctions, y compris la riposte de la Russie aux mesures de l'UE, ont un impact négatif considérable.»
En août de l'année dernière, le Kremlin a interdit l'importation de nombreux produits agroalimentaires comme le lait, les fruits, les légumes, le fromage et la viande en provenance de l'Union européenne. Des pays comme l'Italie, l'Espagne ou les Pays-Bas ont été fortement touchés. Avec une perte possible de 265.000 emplois selon Wifo, c'est probablement le secteur agroalimentaire qui enregistrera la plus forte chute, suivi du commerce (225 000 emplois).
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