Les Français reprennent goût aux actions
Pierrick Fa Le 19/07/2017 Les Echos
Le nombre d'actionnaires individuels a augmenté de 22 %, à 3,67 millions.
La hausse des actions et la faiblesse des taux incitent à prendre du risque.
Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps, mais l'étude publiée par Kantar TNS pour le compte de l'AMF, l'Autorité des marchés financiers, montre qu'il est peut-être en train de se produire quelque chose dans le rapport des Français et de la Bourse. Pour la première fois depuis 2008, la détention d'actions en direct par les particuliers a augmenté en France. Elle est passée de 6,2 % en mars 2016 à 7,6 % en mars 2017. En un an, le nombre d'actionnaires individuels est donc passé d'environ 3 millions à plus de 3,67 millions, soit une hausse de plus de 22 %. La croissance est impressionnante, mais l'actionnariat individuel ne fait que retrouver son niveau de 2014 et reste loin du faste d'avant-crise. En 2008, la France comptait en effet 6,7 millions d'actionnaires individuels et même 7,1 millions en 2003. Les années d'or sont encore loin, mais l'évolution récente semble montrer un début de changement dans les mentalités.
D'abord parce que les marchés actions sont entrés dans une dynamique positive depuis plusieurs mois. A la Bourse de Paris, l'indice CAC 40 progresse de 7,3 % depuis le début de l'année, mais surtout de 61 % en 5 ans. Si les krachs de 2000 et 2007 restent vivaces dans la mémoire collective, l'idée que les actions sont redevenues un placement attractif fait son chemin. D'autant plus que la politique de la Banque centrale européenne a contribué à faire chuter les rendements en Europe. Les obligations les moins risquées ne rapportent plus grand-chose (0,82 % pour un emprunt d'Etat français à 10 ans), les livrets bancaires ont perdu de leur attractivité et même l'assurance-vie en euros a perdu de son lustre, avec un rendement annuel moyen inférieur à 2 %. Des niveaux de rendement qui compliquent la constitution d'une épargne de long terme dans le cadre de la préparation à la retraite.
Conséquence, les Français réorientent leur épargne en assurance-vie vers les unités de compte, c'est-à-dire vers des placements d'épargne collective en actions (sicav, FCP...), poussés, il est vrai, par les compagnies d'assurances, qui font face à une pénurie d'obligations à bon rendement. Selon l'enquête de Kantar TNS, la part des Français répondant détenir des unités de compte dans le cadre d'un contrat d'assurance-vie a grimpé en un an de 10,3 % à 11,6 %, soit une progression de 12,62 %.
Freins à l'investissement
Le regain d'intérêt des ménages pour les actions se lit aussi dans les chiffres de détention des placements collectifs, passés de 5,2 % à 5,9 % en mars 2017, soit un peu plus de 2,85 millions de Français. Au total, 8,7 % des personnes interrogées déclarent détenir, à fin mars 2017, des actions soit en direct, soit via des sicav ou des FCP, contre 7,6 % en 2016 et 16,4 % en 2008.
Cette tendance sera-t-elle durable ? Cela dépendra d'abord de la capacité des marchés actions à poursuivre le mouvement de hausse enclenché depuis 2012. Car l'AMF constate que les freins à l'investissement en Bourse restent nombreux : aversion au risque, impact des crises boursières à répétition, difficulté à se projeter à long terme... « Les réticences identifiées sont profondément ancrées dans l'esprit des épargnants », constate l'institution, qui insiste sur la nécessité de faire gagner « en confiance et en autonomie les épargnants en matière d'épargne », en insistant notamment sur « la pédagogie du risque. Un particulier sera d'autant plus enclin à diversifier son épargne retraite en actions qu'il sera bien informé sur le potentiel de rendement et le risque ». En croisant les doigts pour que la forte hausse des valorisations boursières ne se solde par une correction brutale.