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Publié : 15 janv. 2007, 16:11
par Tiennel
D'ailleurs s'il y a crash, comme effectivement je le pense, en cas de rationement du pétrole
Je suis tombé l'autre jour sur un exemplaire du
Monde de décembre dernier.
Depuis longtemps, ce quotidien publie un court entrefilet intitulé "Il y a 50 ans dans
le Monde" ou kek chose comme ça.
Celui que j'ai lu faisait état de la mise en place du rationnement de l'essence en 1956 en France. Selon sa cylindrée, chaque automobiliste avait droit à 20 à 30 litres
par mois.
Tout ceci s'est passé durant ce que nous appelons maintenant les Trente Glorieuses, période de croissance économique exceptionnelle.
Depuis, les choses ont changé, l'économie aussi, et il est dommage que la plupart des réflexions de ce forum soient toujours fondées sur le théorème toujours non démontré (on pourrait appeler cela une croyance) "plus de pétrole = croissance, moins de pétrole = décroissance".
Publié : 15 janv. 2007, 16:30
par ktche
Le 29 novembre 1956, le gouvernement de Guy Mollet met en place le rationnement des carburants dans le cadre de la crise du canal de Suez. Ce rationnement est supprimé en mai 1957. Un simple hoquet qui a peu à voir avec les fondamentaux économiques mondiaux de l'époque.
Publié : 15 janv. 2007, 16:34
par Tiennel
En tout cas, il n'y a pas eu de crash économique.
Une conséquence indirecte a sans doute été l'activation des réflexions sur un programme électronucléaire ambitieux pour éviter de telles crises dans le futur.
"60 centrales nucléaires sur tout le territoire ? Mais vous n'y pensez pas mon bon ami, c'est tout bonnement IMPOSSIBLE !"
Publié : 15 janv. 2007, 16:37
par ktche
Tiennel a écrit :Une conséquence indirecte a sans doute été l'activation des réflexions sur un programme électronucléaire ambitieux pour éviter de telles crises dans le futur.
Dans le domaine du nucléaire, la conséquence la plus évidente est surtout l'aide française apportée au programme nucléaire militaire israélien...
Publié : 15 janv. 2007, 17:29
par ktche
A l'époque les eucaniens ne sont pas aussi dépendants du pétrole moyen-oriental puisque leur production intérieure est encore très conséquentes au regard de leur consommation. La crise de 1956 est aussi un révélateur de leur poids déterminant dans les orientations prises par un conflit, par rapport à la voix déclinante des anciennes puissances coloniales.
En gros, ce qui passe par le canal de Suez n'a pas la même importance qu'aujourd'hui et n'a d'impact que "régional" au niveau économique. Les eucaniens pouvaient même massivement exporter vers l'Europe un peu à court... et ils ne s'en sont pas privés.
Et puis, les pays d'Europe occidentale ont pris la peine de constituer les stocks suffisants avant de se lancer dans l'aventure égyptienne. Les températures furent clémentes pendant l'hiver 1956-1957 (certainement une commande au père noël des gouverments Mollet et Eden. Bush Jr. a peut-être copié/collé la même lettre...

)
Avant de penser au programme électro-nucléaire français, on a surtout commandé aux chantiers navals des super-tankers qui pouvaient passer par le Cap de Bonne-Espérance. Ceux-ci n'ont d'ailleurs jamais pu emprunter le canal après sa réouverture : trop gros.
Les anglais se sont révélés les plus fragiles face à une crise de l'approvisionnement en provenance du Moyen-Orient, bien plus que la France de l'époque qui n'en était encore pourtant qu'à construire Chinon (filière graphite-gaz abandonnée*) alors que Sellafield (ex-Windscale) tournait depuis plusieurs mois.
*le programme massif d'électro-nucléaire français, c'est du REP pour lequel la décision de s'engager est plutôt la conséquence de 1973 que de 1956. C'est pas Chinon et St-Laurent qui nous auraient rendu moins dépendant du mazout...
Publié : 15 janv. 2007, 17:50
par phyvette
L'affaire du canal de Suez : une crise qui changea l'équilibre des forces au Moyen-Orient
Les conséquences de la crise
Bien que rapidement désamorcée, la crise de Suez eut un effet profond non seulement sur l'équilibre des forces au Moyen-Orient, mais aussi sur les responsabilités que les États-Unis assumèrent dans la région. Elle tarnit gravement le prestige des Britanniques et des Français dans les États arabes, ce qui porta atteinte à l'autorité traditionnelle des puissances européennes dans la région. Nasser, en revanche, sortit grandi aux yeux des peuples arabes pour avoir défié des empires européens et survécu à l'agression militaire d'Israël. Les États qui restaient pro-occidentaux dans la région semblaient vulnérables aux soulèvements d'inspiration nassérienne. Même si Nasser ne montrait aucun empressement à devenir un client de l'Union soviétique, les responsables américains craignaient que les menaces soviétiques contre les alliés européens n'aient redoré le blason de Moscou dans les États arabes. Quant à la perspective d'une paix arabo-israélienne, elle semblait nulle dans un avenir prévisible.............................................
Phyvette
Publié : 15 janv. 2007, 17:57
par Pura Vida
J'avais déjà parlé sur je sais plus sur quel fil de la crise de 1956, dont je me souviens bien (j'étais encore en primaire). Il y avait le rationnement de l'essence, avec priorité aux services sanitaires, la "petite reine" l'était tout naturellement, et les trains étaient bondés (c'était l'époque de l'électrification des trains, mais ils y avaient encore de nombreux trains à vapeur, donc au charbon). Dans le domaine domestique, c'était aussi vers cette époque le passage du 110 volts au 220, mais ça n'avait rien à voir avec la crise de Suez. Une précision, c'était le tout début des fameuses 25 (et non trente) "glorieuses", normalement il s'agit de 1954-55 à 1979-80 lors du 2ème choc pétrolier. Peu d'années avant 1954, il y avait encore des tickets de rationnement, au moins sur le pain, jusqu'en 1948 ou 49. Effectivement il n'y a pas eu, que je sache, de conséquences économiques, mais ce ne fut pas très long. En tant qu'écolier (à Lyon à l'époque) je prenait le tramway (essence ou pas), je me souviens surtout des rues silencieuses et calmes où tintinabullaient les dring-dring des petites-reines, le pied quoi!
Publié : 15 janv. 2007, 19:18
par mrlargo
En tout cas, ça les avait marqué...
La France aurait proposé une union à la Grande-Bretagne en 1956
agrandir la photo
LONDRES (Reuters) - Des siècles de rivalité ont opposé la France et la Grande-Bretagne, au point qu'on évoque à leur sujet des relations d'amour-haine quand tout va pour le mieux...
Pourtant, selon des documents que les historiens redécouvrent avec étonnement, Paris et Londres ont envisagé l'impensable dans les années 1950 - que les deux pays n'en fassent plus qu'un, la reine Elisabeth II devenant alors chef de l'Etat français.
Un document britannique de 1956 montre que, le 10 septembre de la même année, le président du Conseil français Guy Mollet se rendit à Londres pour étudier une fusion éventuelle des deux pays avec le Premier ministre britannique Anthony Eden.
lien ici...
je sais, c'est HS... quoi que...
Publié : 15 janv. 2007, 22:43
par GillesH38
Tiennel a écrit :En tout cas, il n'y a pas eu de crash économique.
Une conséquence indirecte a sans doute été l'activation des réflexions sur un programme électronucléaire ambitieux pour éviter de telles crises dans le futur.
Il n'y a pas de raison d'avoir un crash économique si la crise est de courte durée. Les gens se rationnent un moment et reprennent leur consommation quand ça repart. On a quand même eu une petite récession en 73 et en 80, et de fait la crise de 73 a marqué l'inflexion de la production pétrolière... et la fin des 30 glorieuses. On ne peut donc pas nier une certaine corrélation

.
Le problème du PO, c'est que la diminution de la production pétrolière sera continue sur plusieurs décennies. Difficile de comparer ça avec des crises ponctuelles de l'après guerre !
Publié : 16 janv. 2007, 11:19
par guino
On avait aussi évoqué sur ce forum le fait qu'à l'époque les économies étaient plus planifiées, les conséquences dans les économies modernes seraient sans doute différentes.
Publié : 16 janv. 2007, 12:59
par Alter Egaux
Tiennel a écrit :"plus de pétrole = croissance, moins de pétrole = décroissance".
Tout dépend de ce que tu mets dans les mots croissance et décroissance.
Croissance au sens du PIB, ce qui ne veut pas dire grand chose. La Décroissance (sobriété et efficacité), cela peut générer une croissance du PIB : investissement de masse dans le chauffage, l'isolation des bâtiments et des logements, création d'emploi durable et high tech (notamment dans les énergies renouvelables), etc...
phyvette a écrit :
Les États qui restaient pro-occidentaux dans la région semblaient vulnérables aux soulèvements d'inspiration nassérienne. Même si Nasser ne montrait aucun empressement à devenir un client de l'Union soviétique, les responsables américains craignaient que les menaces soviétiques contre les alliés européens n'aient redoré le blason de Moscou dans les États arabes.
Le Royaume-Uni, la France et Israël se lancèrent dans une opération militaire, baptisée « opération mousquetaire », le 29 octobre 1956.
Une petite précision de taille : il me semble que Nikita Khrouchtchev a été persuasif en mettant tout son poids dans l'enjeu : il a fait pointer les missiles à tête nucléaire sur Londres et Paris. Les USA ont péniblement déminé la confrontation qui commençait à dégénérer.
Publié : 16 janv. 2007, 14:03
par GillesH38
petite info pour Tiennel : il y a eu une récession en 1957-1958 aux Etats-Unis et au Canada. Un hasard ? (effectivement il ne semble pas qu'elle ait eu lieu en Europe, mais je n'ai pas les chiffres de la croissance pour cette période).
http://www.marxists.org/history/etol/wr ... ession.htm
http://www.britannica.com/ebi/article-200029
http://links.jstor.org/sici?sici=0043-4 ... 0.CO%3B2-3
Publié : 16 janv. 2007, 15:11
par ktche
Tiennel a écrit :Selon sa cylindrée, chaque automobiliste avait droit à 20 à 30 litres par mois.
Avec une voiture typique de l'époque (Peugeot 403 de 8cv), on peut faire 350 km avec les 30 litres auxquels son propriétaire a droit. Cela semble effectivement assez contraignant dans pas mal de cas, même pour les standards de l'époque
Publié : 17 janv. 2007, 15:04
par SuperCarotte
Quelqu'un a une idée du nombre de véhicules qui circulait à l'époque ?
Publié : 17 janv. 2007, 15:40
par Cassandre
ktche a écrit :on peut faire 350 km avec les 30 litres auxquels son propriétaire a droit. Cela semble effectivement assez contraignant dans pas mal de cas, même pour les standards de l'époque
Ça laisse en moyenne 10 kilomètres par jour ! Il suffit de le gérer intelligemment !
