[Conséquences] L'impact du prix de l'énergie dans l'économie

Discussions traitant de l'impact du pic pétrolier sur l'économie.

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[Conséquences] L'impact du prix de l'énergie dans l'économie

Message par Environnement2100 » 07 janv. 2008, 19:55

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C'est joli, non ?

Rassurez-vous, ce graphe n'est pas le prix de toutes les énergies dans le monde, mais le prix d'une seule. On remarque bien... Tiens c'est vrai, que remarque-t-on ?
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Re: L'impact du prix de l'énergie dans l'économie

Message par energy_isere » 07 janv. 2008, 20:01

c'est une devinette ?

et est que le bas de la graduation verticale du graphe commence à 0 ou pas ?

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Re: L'impact du prix de l'énergie dans l'économie

Message par cosoli » 07 janv. 2008, 23:24

Une petite explication sur ton graphe brut serait la bienvenue ,merci

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Re: L'impact du prix de l'énergie dans l'économie

Message par Environnement2100 » 07 janv. 2008, 23:29

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Voilà, c'est un peu plus clair sur ce graphe, ça tombe bien, le sujet revient souvent en ce moment.

En bref :
- le gaz a toujours été "accroché" au pétrole, selon un ratio en forte défaveur du gaz
- depuis cette année, il ne l'est plus : le baril s'envole seul
- en dollars constants, ou pire en euros, le prix du gaz est en chute libre !

Pourquoi ?
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Re: L'impact du prix de l'énergie dans l'économie

Message par phyvette » 07 janv. 2008, 23:44

Environnement2100 a écrit : - le gaz a toujours été "accroché" au pétrole, selon un ratio en forte défaveur du gaz
- depuis cette année, il ne l'est plus : le baril s'envole seul
-Pourquoi ?
-Des contrats longs termes qui ne permetent pas la spéculation ?
-Des marchés régionaux , avec une forte implication vendeurs/acheteurs ?
-Une offres/demande plus favorable aux acheteurs avec la création de terminaux méthanier , et les prémices d'un marché mondialisé ?
-Plus de ressources avec la fin progressive du "torchage" ?

Une envolé du bbl que le pieds cube ne peut suivre.
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Re: L'impact du prix de l'énergie dans l'économie

Message par GillesH38 » 08 janv. 2008, 08:28

difficile de comparer directement les deux, du fait qu'ils ont des applications assez différentes, a part pour le chauffage : transport pour le pétrole, génération d'électricité pour le gaz.

comme il n'y a pas de transfert facile entre les deux, l'impact du prix du baril n'a pas de raison de se répercuter rapidement sur celui du gaz. On peut meme avoir un effet inverse : par exemple un pétrole cher peut impacter l'activité économique, donc diminuer les besoins en électricité, donc des centrales thermiques... donc faire baisser le prix du gaz ! Il n'y aurait que le remplacement du fuel par le gaz pour les chaudières qui aurait un effet net, mais ça ne se fera certainement pas en un an (et les consommateurs peuvent hésiter à faire le changement sachant bien que ce n'est qu'une question de quelques années avant que des problèmes liés au gaz se posent-voir l'article sur gazprom et les difficultés d'approvisionnement intérieurs en Russie).
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L'agonie du pétrole annoncée par le TCS

Message par GillesH38 » 03 févr. 2008, 08:58

certes, mais si je dois parier sur un comportement, je pense que les gens utiliseront moins leur voiture qui consomme 6l/100, voire s'en passeront totalement, qu'autant une voiturette consommant 2 l/100. Et ils ressentiront ça comme une baisse de leur niveau de vie (outre le fait que l'activité de l'industrie automobile est une part importante de l'économie, et que le moindre usage de la voiture se traduira certainement par des licenciements massifs dans tout ce secteur et les sous-traitants).

Qu'il y ait une marge énorme d'économie possible, c'est vrai dans tous les secteurs , vu qu'on consommait enormément moins il y a 50 ans sans etre forcément plus malheureux !! Ca ne change pas le problème fondamental du PO, qui est la transition d'une économie fondée sur la croissance au retour à une économie fondée sur la subsistance. Quel que soit la manière dont on y fera face techniquement, (et on y fera forcément face par la force des choses !) , ça entrainera nécessairement un bouleversement de tous les rapports sociaux, éconmiques et politiques.
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Re: L'agonie du pétrole annoncée par le TCS

Message par energy_isere » 03 févr. 2008, 09:33

sceptique a écrit : .........
Maintenant, les gens les moins aisés vont être obligés de réagir. Simplement en réduisant progressivemment au minimum leurs déplacements en voiture (on en est encore loin) et en choisissant des véhicules plus économes. Et, sous la pression de ces consommateurs, les constructeurs vont proposer des véhicules de plus en plus économiques. Le processus est en route.
Tout a fait.
par exemple, la LOGAN est passée dans le top des 10 voitures les plus vendues en France. Voiture pas chére, pas compliquée, pas trop d' acessoire.

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Re: L'agonie du pétrole annoncée par le TCS

Message par Saratoga Elensar » 03 févr. 2008, 11:05

GillesH38 a écrit :Qu'il y ait une marge énorme d'économie possible, c'est vrai dans tous les secteurs , vu qu'on consommait enormément moins il y a 50 ans sans etre forcément plus malheureux !! Ca ne change pas le problème fondamental du PO, qui est la transition d'une économie fondée sur la croissance au retour à une économie fondée sur la subsistance. Quel que soit la manière dont on y fera face techniquement, (et on y fera forcément face par la force des choses !) , ça entrainera nécessairement un bouleversement de tous les rapports sociaux, éconmiques et politiques.
Je pense que tu as en partie raison, la question est toutefois de savoir jusqu'à quel seuil d'économies d'énergie cela permet de ne pas affecter la croissance économique en elle meme, car il ne faut pas oublier que cette dernière repose essentiellement sur la consommation des ménages.

Il faut que les consommateurs continuent à consommer autant, voir légèrement plus, tout en réduisant leur facture énergétique. Alors selon vous quelle proportion d'énergie pouvont nous économiser sans affecter cette croissance économique ?

Personnellement, je crois qu'il ne s'agit que de quelques pourcentages (inférieur à 10%), et non 1/2 ou 3/4 comme certains le sortent.

D'ailleurs le scénario le plus probable est que nous nous retrouvions dans la meme situation que nos chers amis américains. Nous alimenterons la bulle du crédit des ménages pendant plusieurs années ce qui permettra de maintenir comme aux USA une croissance de facade, jusqu'à ce que celle-ci éclate et finisse par nous mener vers une très longue récession.
Une baisse plutot brutale de la demande devrait alors intervenir à ce moment là avec le début d'une déflation.
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Re: L'agonie du pétrole annoncée par le TCS

Message par fletcher » 03 févr. 2008, 11:34

Vous dites consommation des ménages ?
d'après une employée de ma banque que je connais très bien, la plupart des gens ont un découvert autorisé de 800 euros et en usent et abusent à volonté ( suis dans le même cas )
faire des crédits ? je suis allé chez c......rama et j'ai eu un crédit de 1500 Euros de suite sans présentation de fiches de paye....
Comment voulez-vous qu'on consomment encore plus ? le 15 du mois je n'ai plus un sou :oops:
D'après un marchand de matériaux connu, le chiffre d'affaire de 2007 était en nette régression par rapport à 2006. Et cette année ne démare pas très bien me dit-il.
Hier mon cadie de chez ED et rempli à moitié : 140 Euros !! ( des produits de base )
Il y a 2 ans, j'en avais un cadie plein pour 100 Euros.
Début de récession ? oui.
Extensibilité du porte monnaie : NON

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Re: L'agonie du pétrole annoncée par le TCS

Message par GillesH38 » 03 févr. 2008, 11:40

Saratoga Elensar a écrit : Il faut que les consommateurs continuent à consommer autant, voir légèrement plus, tout en réduisant leur facture énergétique. Alors selon vous quelle proportion d'énergie pouvont nous économiser sans affecter cette croissance économique ?.
La réponse s'appelle : l'intensité énergétique ! comme on a

intensité énergétique = conso énergétique / PIB, on a
% variation d'IE = % variation de conso énergétique - % variation PIB.

vous voulez une croissance de combien? au moins la croissance démographique, + 1,5 % /an ? et quel sera la décroissance énergétique après le PO ? - 1% /an ? peut etre - 2 % /an après le pic gaz? il faut donc baisser l'IE de -2,5 % à - 3 % par an. On est plutot a - 1% par an, et personne ne sait tres bien quelle limite inférieure on peut atteindre...
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Re: L'agonie du pétrole annoncée par le TCS

Message par Lansing » 03 févr. 2008, 11:59

Après le Peak-oil, le point bas limite de l'intensité énergétique, manque plus qu'une formule anglo-saxonne.

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Re: L'agonie du pétrole annoncée par le TCS

Message par Saratoga Elensar » 03 févr. 2008, 13:33

GillesH38 a écrit :
Saratoga Elensar a écrit : Il faut que les consommateurs continuent à consommer autant, voir légèrement plus, tout en réduisant leur facture énergétique. Alors selon vous quelle proportion d'énergie pouvont nous économiser sans affecter cette croissance économique ?.
La réponse s'appelle : l'intensité énergétique ! comme on a

intensité énergétique = conso énergétique / PIB, on a
% variation d'IE = % variation de conso énergétique - % variation PIB.

vous voulez une croissance de combien? au moins la croissance démographique, + 1,5 % /an ? et quel sera la décroissance énergétique après le PO ? - 1% /an ? peut etre - 2 % /an après le pic gaz? il faut donc baisser l'IE de -2,5 % à - 3 % par an. On est plutot a - 1% par an, et personne ne sait tres bien quelle limite inférieure on peut atteindre...
Avec une baisse de l'IE de 1% par an pour une croissance économique de 1,5%/an, on demeure dans une augmentation de la consommation énergétique d'environs 0,5%/an.

Petite étude intéressante sur l'intensité énergétique de la France.

http://www.industrie.gouv.fr/energie/de ... ensite.htm
L’intensité énergétique globale de la France a diminué de 35% entre 1973 et 2001, ce qui en somme est très peu. On remarque en particuliers que les précedents chocs pétroliers nottament celui de 1979 ont eu un fort impact sur la sidérurgie avec une baisse de moitié de l'IE.

Notre Economie sidérurgique et de production ayant largement diminué, sur quels autres facteurs on va pouvoir améliorer notre consommation ?

Les transports qui ont eu une intensité énergétique inchangée ? Les menages dont la diminution est restée faible et tend à s'optimiser depuis quelques années ?

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Re: L'impact du prix de l'énergie dans l'économie

Message par nelson62 » 03 févr. 2008, 15:22

Une analyse pertinente et intéressante sur l'impact de la facture pétrolière américaine dans le démarrage
de la crise des Subprimes.

A voir aussi à la fin l'analyse concernant la région Ile-de-France.
USA : Comment le pétrole a fait éclater la bulle

2 février 2008

Une crise peut en cacher une autre. Parmi les causes qui ont conduit au désastre des subprimes, Michael Klare rappelle le rôle crucial tenu par le coût de l’énergie. Dans une société où les McMansion, l’urbanisme extensif et ses longs trajets en 4x4 gagnés par l’obèsité sont consubstantiels au rêve américain, le passage de la facture pétrolière de 45 milliards en 1998 à 400 milliards aujourd’hui a contribué a fragiliser des ménages lourdement endettés.

Par Michael Klare, Tom Dispatch, 31 janvier 2008

La bulle économique qui a propulsé le cours de la bourse vers des hauteurs vertigineuses a été alimentée tout autant par un pétrole bon marché que par des emprunts à bon compte (et souvent frauduleux). De la même façon, l’éclatement de cette bulle a été causé autant par la cherté du pétrole que par le niveau record des défaillances des emprunteurs imprévoyants. De fait, le pétrole a joué un rôle critique, bien que peu souligné, dans l’affaiblissement que subit l’économie américaine, et il continuera à peser sur sa prospérité et sa vigueur dans les années à venir.

Cette méga-bulle économique est née dans les années 1990 lorsque le pétrole était bon marché et que des milliers de familles des classes moyennes aspiraient à réaliser le « rêve américain » en achetant une maison de trois ou quatre chambres, bâtie sur un terrain convenable, située dans une banlieue coquette et sûre, pourvue de bonnes écoles et d’autres avantages.

Problème. Bien peu de maisons de ce type étaient disponibles à la vente pour un prix abordable à distance raisonnable des grandes villes ou à proximité des transports en commun. Dans la région de Los Angeles, par exemple, le prix de vente médian du bâti est passé de 290 000 dollars en 2002 à 446 000 dollars en 2004. Des hausses semblables ont été observées dans d’autres grandes villes et dans les banlieues traditionnelles, les plus recherchées.

Cette situation ne laissait aux acheteurs que deux possibilités aussi peu attrayantes l’une que l’autre. S’endetter au-delà de leur capacité, en empruntant auprès de prêteurs peu scrupuleux, acceptant d ignorer leurs situation financière tendue (c’est-à-dire leur évaluation subprime), ou acheter des maisons moins onéreuses situées loin de leur lieu de travail, entraînant de longs déplacements, tout en espérant que le prix du pétrole resterait relativement faible. De nombreux primo-acheteurs ont du subir les deux inconvénients : ils ont souscrit des emprunts très lourds pour des maisons éloignées de leur lieu de travail.

Cela a eu pour résultat de provoquer l’urbanisation des grandes banlieues, le long des autoroutes qui ceignent les grandes villes américaines et au bord des routes secondaires nouvellement tracées dans les campagnes éloignées. Dans certains cas ces nouveaux propriétaires se sont retrouvés à 20, 30 voire 40 kilomètres ou plus des centres villes, là où existent leurs seules chances de trouver un emploi. Les données publiées par l’US Census Bureau en 2004 montrent que pratiquement toutes les zones ayant connu la croissance la plus rapide - 10% ou plus - étaient située dans les grandes banlieues comme le comté de Loudoun, en Virgine, à 20 km de Washington D.C. ou le comté Henry en Georgie, à 20 km d’Atlanta.

Dans le même temps, le pétrole bon marché et l’évolution du goût des consommateurs, aidé en cela par d’incessantes campagnes publicitaires, a conduit de nombreux américains à échanger leurs petits véhicules légers pour de gros 4x4 ou des pickups, avec évidemment pour résultat une augmentation significative de leur consommation de carburant. Selon le Département de l’Energie, la consommation de pétrole est passée d’une moyenne de 17 millions de barils par jours en 1990, à 21 millions en 2004, soit une augmentation de 24%, dont la majeure partie a été brûlée lors de déplacements sur les routes américaines.
Les jours heureux des grandes banlieues

En 1998, lorsque la bulle est apparue, le baril de pétrole brut coûtait près de 11 dollars et les USA produisaient la moitié de leur consommation. Ce fut la dernière année où les fondamentaux ont été aussi favorables. La dépendance de l’Amérique aux importations a dépassé la barrière des 50% cette même année et continue à s’élever depuis lors, tandis que le prix des barils importés a atteint un record historique de 100 dollars le 2 janvier.

C’est lorsque cette hausse soutenue des prix, combinée à une dépendance accrue aux importations de pétrole, s’est fait ressentir dans le nouveau paysage urbain des grandes banlieues, que la bulle a commencé à vaciller. Pour commencer, cela a eu pour effet d’augmenter la facture en dollars requise pour régler ces barils de brut, avec pour conséquence l’aggravation du déficit du commerce extérieur.

Observons ceci : en 1998, les USA dépensaient approximativement 45 milliards de dollars pour leurs importations de pétrole. En 2007, cette facture atteint vraisemblablement 400 milliards ou plus. C’est le plus grand poste de dépense contribuant au déficit de la balance commerciale, et cela représente un transfert de richesse substantiel en direction des pays producteurs de pétrole. Ce qui a eu pour effet d’affaiblir le cours du dollar par rapport aux autres devises, particulièrement l’euro et le yen, amplifiant le coût des importations et alimentant l’inflation aux USA.

Dans le même temps, deux développements cruciaux ont contribué à la montée des cours : une augmentation considérable de la demande, conséquence de l’émergence de la Chine et de l’Inde comme nations consommatrices majeures, et un ralentissement marqué dans l’expansion de l’offre mondiale, principalement due à l’absence de nouvelles découvertes et à l’instabilité chronique des zones clés de productions. Cela a eu pour résultat de mettre en concurrence avec la nouvelle classe moyenne chinoise et indienne les consommateurs américains, y compris ces banlieusards effectuant de longs trajets quotidiens dans leurs 4x4 si gourmands pour rejoindre leurs maisons aux emprunts si coûteux. Dès lors, dans ce système, quelque chose allait céder.

Face à la facture du pétrole importé continuant à grimper, au cours du dollar à la baisse, et aux pressions inflationnistes persistantes, les banquiers centraux américains ont répondu de manière classique en relevant les taux d’intérêts. Ce qui a évidemment entraîné un renchérissement des mensualités des propriétaires remboursant un emprunt à taux variable. Pour de nombreuses familles déjà dans une situation tendue à l’extrême, ce fut le coup de grâce. Acculés à la faillite, ils ont déclenché la crise des subprimes, et crevé la bulle.

L’économie aurait peut-être pu s’en sortir si cette crise n’avait été accompagnée par un baril à 100 dollars. En décembre dernier, les consommateurs ont réduit leurs dépenses non essentielles. La période d’achat précédant les fêtes de fin d’année a été la plus décevante depuis pour le commerce de détail depuis 2001. Lorsqu’on leur a posé la question, ils ont été nombreux à répondre que le prix élevé du carburant et du fioul domestique les avait contraint à économiser sur les cadeaux de Noël, les vacances d’hiver, et leurs petits caprices. « Si le prix de l’essence monte cela signifie qu’il y a moins d’argent à dépenser pour tout le reste, » constate David Greenlaw, analyste chez Morgan Stanley.

Le prix élevé de l’essence était également porteur de mauvaises nouvelles pour un autre pilier de l’économie américaine : l’industrie automobile. Alors que les constructeurs japonais s’affairaient à produire des véhicules hybrides et de petites automobiles économes en carburant, Détroit [1] s’entêtait dans son modèle devenu obsolète de production de gros 4x4 et de pickups, qui étaient sa principale source de profits dans les années récentes. Lorsque le prix du pétrole a atteint des sommets, les américains, comme on pouvait le prévoir, se sont détournés des véhicules gros consommateurs, signant ainsi l’arrêt de mort immédiat d’une industrie imprévoyante. En 1999, Ford a vendu plus de 428 000 exemplaires de son 4x4 milieu de gamme Explorer. Pour les 11 premiers mois de 2007, ce nombre n’est que 126 930, et novembre a été l’un des pires mois pour les constructeurs. Bien évidemment, une industrie automobile sur le déclin entraînera à sa suite une réduction d’activité, si ce n’est un désastre, chez ses sous-traitants.
Crever la bulle

Vint ensuite ce 2 janvier. Bien que les cours du brut soient rapidement redescendus en dessous de 100 dollars sur le NYMEX, le mal était fait. Le cours des actions à la bourse de New York a plongé, subissant les plus fortes pertes depuis 1983. Dans le même temps, l’or a atteint son plus haut, traduisant à coup sûr l’anxiété éprouvée dans le monde en ce qui concerne la vigueur de l’économie US.

Depuis lors, la panique a touché les principales places financières mondiales. Il a fallu une décision de la Fed d’abaisser son taux directeur de 0,75%, prise en urgence avant l’ouverture des marchés, pour prévenir un dérapage catastrophique des cours. De nombreux analystes pensent désormais qu’une récession est inévitable, peut-être longue et douloureuse. Quelques uns parlent même de « dépression. »

Quoi qu’il en soit, l’économie américaine sortira de cette crise significativement affaiblie, largement à cause de sa dépendance inévitable aux importations pétrolières. Durant la dernière décennie, ce pays a gaspillé approximativement 1 500 milliards de dollars en importation de pétrole, dont la majeure partie a été déversée dans les réservoirs de véhicules au rendement énergétique absurdement inefficace, qui transportaient leurs passagers sur les longs trajets quotidiens les menant de leurs lointaines banlieues à leur travail aux centres des villes.

Aujourd’hui, une bonne part de cet argent se retrouve dans les fonds souverains d’investissement. Les américains devraient s’habituer à cette appellation. Elle désigne les agences gouvernementales, comme la Kowait Investment Authority et la Abu Dhabi Investment Authority, qui contrôlent ces monceaux de richesse. Ces fonds détiennent des actifs pour un montant de 3 000 milliards, et avec le flot des pétro-dollars qui continue de se déverser chaque jour dans les états producteurs, on s’attend à ce qu’ils gèrent 12 000 milliards en 2015.

Que font ces fonds souverains de cette masse d’argent ? D’abord, ils achètent les meilleurs actifs américains à des prix défiant toute concurrence. Durant ces derniers mois, les fonds souverains du Golfe Persique ont pris des participations importantes dans nombre de grandes firmes américaines, leur donnant un droit de regard sur la gestion future de ces entreprises. La Kowait Investment Authority a récemment acquis une participation dans la Citigroup pour 12 milliards et une autre de 6,5 milliards dans Merrill Lynch. Le fonds d’Abu Dhabi a investi 7,5 milliards dans Citigroup et la société Mudabala Development a acquis une participation de 1,5 milliards dans le groupe Carlyle.

Ces acquisitions ne sont qu’une petite partie d’un transfert massif et irréversible de richesse, à partir des Etats-Unis en direction des états pétroliers du Moyen Orient et de la Russie, elle aussi richement dotée en pétrole. Ces pays, note le FMI, ont reçu 750 milliards en 2007, et ce montant devrait encore croître durant les années à venir. Ce que cela signifie, c’est non seulement la poursuite de l’affaiblissement de l’économie américaine, mais un déclin parallèle de son poids politique sur la scène mondiale.

Rien n’illustre mieux la nature de la dépendance américaine au pétrole importé que l’humiliante prestation du Président Bush à Riyad. Il y a littéralement imploré le Roi Abdallah d’augmenter sa production de pétrole brut, afin que le prix baisse. « Mon message à Sa Majesté, c’est que lorsque les consommateurs ont moins de pouvoir d’achat à cause du prix du pétrole, en d’autres termes, lorsque cela affecte leurs familles, cela peut causer un ralentissement de l’économie, » a-t-il alors déclaré en réponse à une question posée avant son audience avec le roi. « Si l’économie se ralentit, il y aura moins de barils de pétrole [saoudiens] achetés. »

Nul besoin de dire que le dirigeant saoudien a ignoré cette menace implicite, où le pathétique le disputait au ridicule. Les saoudiens, a précisé le ministre du pétrole Ali Al Naimi, n’augmenteront leur production que si « le marché le justifie. » Disant cela, les saoudiens ont exprimé clairement ce que le monde entier sait désormais. Que ceux qui souffrent « d’addiction pétrolière, » selon le mot du président Bush, sont désormais contraints de faire des courbettes devant la petite minorité capable de fournir la dose requise.

Michael Klare est l’auteur de Resource Wars et de Blood and Oil. Il est professeur au Hampshire College où il enseigne sur les questions de sécurité mondiale et de la paix. Son dernier ouvrage Rising Powers, Shrinking Planet : The New Geopolitic of Energy, paraîtra en avril prochain.

Contre Info - Commentaire

Les soubresauts que traversent l’économie américaine ne sauraient nous laisser indifférents compte-tenu du poids de celle-ci dans l’économie-monde.

Mais cette société est aussi le miroir grossissant où se décèlent les tendances lourdes qui travaillent le monde développé. L’urbanisme français n’est certes pas comparable à celui de la Californie, pourtant on retrouve dans la région parisienne des situations très semblables à celles décrites par Klare.

Une étude de la Direction Régionale de l’Equipement d’Ile de France montre qu’ici aussi, les ménages au revenu modestes et les jeunes couples sont contraints à un arbitrage souvent défavorable entre le coût du bâti et le transport :

Au cours de la dernière décennie, les ménages en Ile-de-France, poussés par les contraintes budgétaires et l’espoir d’améliorer leur cadre de vie, ont déplacé leur demande en accession à la propriété de la zone centrale vers la zone périphérique.

Ce comportement est bien traduit par l’observation des caractéristiques socio-économiques des ménages accédants qui se modifient à mesure que l’on s’éloigne de la zone centrale. La taille du ménage, la surface du logement augmentent, tandis que le revenu diminue.

[Si] la part des revenus consacrés au logement (le taux d’effort) reste sensiblement identique d’une zone à l’autre, en revanche...la part du budget consacré au transport, passe de 7% à Paris, à près de 30% dans les zones résidentielles les moins chères.

Les tableaux qui suivent datent de 1998. Mais il est évidemment fort peu probable que la situation se soit améliorée depuis.e poids sociologique de ces régions d’habitat dispersé, à l’écart des services publics et des infrastructures de transport, et qui subissent de ce fait une ponction considérable dans leurs revenus, ne saurait être sous estimé.

En mai dernier, le géographe Christophe Guilluy déclarait :

Les zones périurbaines pèsent démographiquement plus que la ville centre alors que les discours abordent peu leurs problèmes.

Les salariés du privé à petits revenus sont surreprésentés dans ces zones alors que les cadres et les salariés du public y sont plus rares.

Y vivent donc des gens au salaire bloqué, recevant de plein fouet la dégradation des conditions de travail, la hausse de l’essence - la voiture y est le principal moyen de transport - et sont davantage susceptibles de connaître le chômage et la précarité.

La nécessaire réorientation de nos économies vers des énergies non polluantes se doit de prendre en compte cette réalité. Les projets de taxe carbone auraient pour effet de fragiliser encore plus ces ménages aux revenus modestes, et ne peuvent en aucun cas constituer une solution acceptable en l’état.
Voici les tableaux en question:

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Source:Contreinfo
Sans pétrole la fête est plus folle!!

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Re: L'impact du prix de l'énergie dans l'économie

Message par energy_isere » 08 avr. 2008, 20:14

Inégaux devant la hausse des prix de l'énergie

LE MONDE | 08.04.08

Mieux vaut être riche et citadin que pauvre et habitant une zone rurale ! Selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), la part des dépenses énergétiques dans les revenus des ménages passe de 15 % pour les plus modestes à 6 % pour les plus aisés.

Dans le numéro d'avril de sa lettre Stratégie et études, l'Ademe publie une analyse basée sur une enquête réalisée par l'Insee, en 2006, sur le budget des ménages. "La part des dépenses d'énergie dans le budget des ménages varie de façon importante selon leur lieu de résidence et leur revenu, constate l'Agence. Ces disparités ont beaucoup augmenté sous l'effet de la croissance du prix des combustibles fossiles au cours des cinq dernières années."


Les auteurs de l'analyse constatent que "la part des achats de combustibles fossiles dans le revenu des ménages peut être multipliée par six entre un riche citadin et un pauvre rural". Ce rapport peut même être de un à seize si l'on ne tient compte que des dépenses de chauffage.

Pour l'Ademe, les plus touchés par la hausse des prix des énergies fossiles sont les ménages les plus modestes, car ils occupent "les logements les plus dégradés et les moins performants" en termes d'isolation. L'Agence appelle donc de ses voeux des mesures favorisant les travaux d'efficacité énergétique, afin de rendre ces ménages moins vulnérables à une augmentation prévisible du prix de l'énergie.

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