sceptique a écrit :vincent128 a écrit :Cette discussion ne ressemble à rien et je n'y participerai pas.
Je pose la question aux participants : est-ce que vous pensez qu'il va vraiment en sortir quelque chose ? Est-ce que vous pensez que vous allez apprendre quelque chose ? Ou bien est-ce que vous participez pour le plaisir de vous écouter parler, ou encore pour avoir raison à tout prix ?
Si un jour vous lancez une discussion sur les énergies renouvelables sur des bases saines, avec des définitions correctes et des arguments fiables, faites moi signe, je pourrais avoir quelques billes à apporter.
Et pourtant j'ai bien envie que tu y participes !
C'est gentil de me demander mon avis, alors je te le donne.
Bon déjà, je vois que tu persistes dans la distinction technologique/traditionnel et je conteste toujours la pertinence de cette distinction :
le délitement subséquent de l'économie va-t-il aussi entrainer celui des ENR "technologiques" ? Sachant que les ENR traditionnels (hydraulique, bois de chauffage, voire éolien traditionnel) conserveront leur importance
Je vois aussi que tu sembles surtout parler de production d'électricité (tu parles PV, éolienn centrales charbon...). L'électricité n'est pas l'énergie. Je pense qu'être focalisé sur l'électricité est une erreur qui empêche de prendre la globalité du problème.
Si j'essaie de prendre la globalité du problème :
- les entreprises font ce qui est rentable. Les gens font ce qui leur économise de l'argent. Ca veut dire par exemple que même si une production d'équipements d'ENR n'a pas une haute "productivité de travail" (qui est le seul critère de Gilles), elle peut quand même être
économiquement rentable (qui est un de mes principaux critères pragmatiques tant qu'on est dans une société capitaliste mondialisée), si cette production a lieu dans un pays de
main d'oeuvre bon marché et
d'énergie relativement bon marché. Tant que c'est rentable économiquement, cette production d'équipement aura lieu, même si l'énergie fossile se rarifie.
Et de plus, ces équipements, une fois produit, peuvent durer très longtemps et donc contribuer à une part significative (et croissante car cumulative) de production d'énergie par les ENR, même à supposer qu'on rentre dans une période où il y a tellement peu de fossiles disponibles que cela limite la fabrication de ces équipements d'ENR. Par exemple, un panneau PV Si cristallin consomme beaucoup d'énergie électrique à la production, mais ensuite il produit pendant 30 ans et plus. Si on utilise l'énergie encore abondante actuelle pour produire un panneau qui produit ensuite de l'électricité dans les 40 ans à venir, on contribue à une solution à moyen terme, même si
peut-être pas indéfiniment renouvelable.
Autre exemple, un chauffe-eau solaire performant (plan vitré) nécessite pas mal de métal et de verre et de technologie pour être construit, mais une fois construit, il peut être réparé pendant 60 ans, d'autant plus que le renchérissement de l'énergie et des matières premières rendra ces réparations rentables, donc, comme ci-dessus, sa contribution persistera dans le temps.
- vous pensez trop macro et trop technologique. Les ENR, ça peut être aussi
tous les gens des pays relativement chauds (1/3 de la population mondiale peut-être) qui mettent un chauffe-eau solaire low-tech sur leur toît. Du serpentin noir sous une vitre de récup, ou un simple bidon peint en noir, c'est de l'ENR, et si TOUS ces gens le font, ça chiffre de façon signficative dans le bilan mondial de l'énergie ! Sans forcément devoir passer sous les fourches caudines de la pertinence économique ou de l'"efficacité de travail" : ça se fabrique avec des matériaux de récup et à heures perdues ! De même, un bon forgeron/métalier fabrique assez facilement une bonne turbine hydraulique à partir de métaux de récupération, et après on la pose sur le ruisseau d'à côté. Ce développement des ENR low-tech a des perspectives considérables pour remplacer progressivement les fossiles au fur et à mesure qu'elles deviendront hors de prix. Ca passe sans doute par une décroissance non-voulue, et donc aussi par des économies d'énergies non voulues et par un certain nombre d'inconvénients pour les gens qui vivent cette période, mais en tout cas la substitution aura bien lieu.
- enfin, vous négligez les sauts technologiques. D'ici à ce que ITER ou ses successeurs produisent significativement d'électricité, il y a pas mal de solutions technologiques pour les ENR qui seront arrivées sur le marché. Et ces solutions ne nécessiteront pas forcément des usines hi-tech pour les construire. On peut très bien trouver d'ici 2050 un moyen très peu énergivore de fabriquer des panneaux PV bon marché. On peut très bien généraliser les centrales fonctionnant avec l'énergie des vagues. On peut très bien avoir développé le bon modèle d'éolienne, très bon marché et silencieuse, à poser sur tous les toîts de toutes les maisons.
Autrement dit, je pense qu'une substitution conséquente des fossiles par les ENR et par les économies d'énergies est tout à fait possible et probable, au fur et à mesure que les entreprises et les gens y seront incités par des
drivers économiques simples (ce qui est rentable / ce qui fait économiser de l'argent). Par contre, ce n'est pas le monde des bisounours pour autant, car on aura en parallèles une décroissance subie, des guerres du pétrole, des guerres du nucléaire, une utilisation outrancière du charbon avec le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique catastrophiques qui vont avec, une ou deux centrales nucléaires qui pèteront avec des pollutions radioactives massives, des famines, la déforestation généralisée, la montée des intégrismes, etc. Les perspectives à 100 ans sont plutôt sombres, de ce point de vue : un monde très pollué, qui a connu plusieurs guerres, avec des différences de richesse extrêmes, et une ségrégation technologique très forte (les pays riches auront le nucléaire et les ENR hi-tech, les pays pauvres crèveront la gueule ouverte).
Pour faire encore plus court : parce que l'homme est cupide, égoïste et pragmatique, on utilisera les fossiles jusqu'à la dernière goutte avec le cortège de problèmes que cela pose, mais parce que l'homme est cupide, égoïste et pragmatique, on développera fortement les ENR, qui remplaceront peu à peu les fossiles, tout simplement parce que ça sera devenu rentable et logique. Les économies d'énergie seront importantes mais subies.
Auto-critique : je reste au niveau de l'opinion.
Bien cordialement.
Le fond de l'air est frais.