FOWLER a écrit :Pour y revenir :
La voiture, nom féminin qui décrit mal cet objet de toute notre attention….
Œuf confortable ou chacun retrouve, quoiqu’il en dise les sensations de l’utérus qui nous a porté, que ce soit les bruits atténués venants de l’extérieur ou bien la protection quasi parfaite des intempéries ou encore ces accélérations amorties, dans les trois dimensions.
Centre de pouvoir d’où le conducteur dirige le monde, décide de la température, de la vitesse, du fond sonore, de la vie et de la mort (des piétons) en poussant simplement sur quelques boutons, comme un dieu tend le doigt vers l’objet de sa malédiction.
Carte de visite, qui va installer son propriétaire à un rang bien précis de la société, et peser dans son image aussi lourd au moins, que sa maison, ce qu’il fait, ou son projet de vie.
Source de plaisirs sans cesse renouvelés, de la convoitise d’un modèle nouveau, à sa possession, la vue du défilement de paysage dont on maîtrise la valse, aux accélérations enivrantes….
Outil reconnu comme incontournable et universel par une écrasante majorité, un peu comme la télévision, qui relègue toute remise en cause au rang d’utopie et de science fiction. Passeport pour la reconnaissance et l’appartenance à la société.
Objet de toute notre attention d’enfant, que ce soit à la voiture de Papa (qui est son propre prolongement) ou aux « petites voitures » que l’on pousse très tôt sur les motifs compliqués du tapis du salon, qui donnent à l’auto une place particulière dans les têtes blondes.
Bref, la bagnole recèle tellement de facettes irrationnelles que le simple véhicule qui nous permet d’aller du point A au point B n’est même plus visible.
C'est génialement résumé!

Vous travaillez au département marketing de quel constructeur?

Sérieusement, c'est parfaitement dit. Vous avez analysé avec justesse les principaux ressorts de l'attachement visceral à la bagnole.
Allez donc trouver, dans notre monde en crise et nos vies difficiles, un objet, un seul, qui vous offre tout cela?
Sur la caractère illusoire, fallacieux voire pernicieux de ces "apports", ainsi que sur la priorité que chacun y accorde, la réponse est évidemment très personnelle et propre à chacun.
Mais on ne peut pas nier l'importance de ces facteurs.