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par irinet » 25 oct. 2006, 00:22
Il me semble qu'on bute ici sur le même problème fondamental que lors du débat sur la stigmatisation des 4x4.
En désignant tous les 4x4 comme les "vilains méchants pollueurs" on ne fait que créer un sentiment de bonne conscience populaire chez tous ceux qui roulent avec une voiture "normale". Ils se disent "nous au moins on est respectueux". C'est complètement faux, et à mon avis Blackdress ne saisit pas encore toutes les implications de notre mode de vie, soit à cause d'oeillières volontairement "négationnistes" face à notre connerie collective, soit à cause du conditionnement par lequel on passe tous lorsqu'on grandit avec des parents et au sein d'une société qui évidemment ni les uns ni l'autre ne remettent en cause le "progrès" industriel.
Premièrement, ce sentiment de bonne conscience est mauvais et le sentiment de sécurité qu'il procure complètement faux quelle que soit la consommation de sa voiture. Qu'on pollue peu ou beaucoup, qu'on consomme du pétrole à la pelle ou a la paille n'a aucune espèce d'importance, puisque tout simplement le problème ne pourra jamais être évité tant qu'une seule goutte de pétrole par an sera dépensée. Ca peut paraître exagéré, mais peu importe la quantité indispensable, à moins qu'elle soit inférieure au taux de renouvellement, un jour elle ne sera plus disponible, que ce soit pour des raisons physiques ou financières.
Deuxièmement, la vie sans voiture est la seule issue possible, à moins qu'on soit tout à coup 3 sur Terre. Il est maintenant manifeste, et je pense que de nombreuses études le montrent, que l'énergie nécessaire pour déplacer les humains au bon gré de leur fantaisie de par le monde est tout simplement trop énorme pour être générée de manière renouvelable et surtout pour être distribuée équitablement.
De tout ceci découle que la seule vraie solution est à mon avis un changement profond de la manière dont nous abordons le transport. Nous ne pouvons tout simplement pas tous habiter à 30km de son travail et dépendre d'un transport individuel. Nous ne pouvons tout simplement pas tous aller en vacances en avion ou en voiture une ou deux fois par an et trouver ça normal, légitime, voire le considérer un droit inaliénable de l'être humain au tourisme. Blackdress, tu demandes si nous sommes contre le tourisme quel qu'il soit. Eh bien, si tu lis les fils dans la section "Transport" ou "Psychologie" je pense que tu pourras détecter quelques indices suggérant que de nombreux membres du forum considèrent - à juste titre - que le tourisme à l'aide des énergies fossiles et très largement anti-écologique, anti-progressiste, égoïste et surtout non viable. D'ailleurs, si tu en doutes, tu peux aller vérifier les bilans des compagnies aériennes.
Les autres problèmes "liens sociaux distants", "enfants", "agglomérations", etc, ont déjà- souvent été détaillés dans d'autres débats passionnants, et je pense que je peux affirmer sans trop me tromper que la solution à ce genre de cas se trouve dans le mouvement de la société, l'aménagement du territoire, le développement des TEC, le ferroviaire, en somme l'Etat et le Peuple. La démocratie, quoi, mais informée, décisive dans le bon sens, et efficace. On peut toujours rêver. En Suisse nous sommes déjà mieux lotis, me semble-t-il, mais la voiture reste encore et toujours et sempiternellement le moyen provilégié, et nous nous permettons d'avoir bonne conscience grâce à nos trains, notre tri des déchets, nos lacs surveillés, les montagne (pelées, d'ailleurs), et tout de même tous le mp3, la bagnole, la télé, tout ça.
Bref, j'ai mauvaise conscience. Je pense que sur oléocène beaucoup sont dans ce cas, qu'on devrait tous l'être d'ailleurs nous qui avons le luxe et l'outrecuidance de consommer comme si 3 planètes nous appartenaient. Dans la discussion sur les messages politiques écolos, quelqu'un disait à juste titre que la vie dans la société nous impose cette consommation, au moins en partie.
Je refuse cependant de me cacher la derrière. Ce n'est finalement qu'une excuse un peu facile. Je lance un appel contre la bonne conscience. Je ne veux pas que le sentiment de culpabilité soit forcé, mais raisonné, arrivé là par la certitude que la vie dans ce beau cocon post-industriel nous fait finalement très plaisir, et que se retrancher derrière des hybrides, la bonne volonté, le tri sélectif, etc, ne fait de nous finalement que des hommes se laissant porter par le courant, tout en protestant mollement au dehors, et en mentant mollement à notre conscience au dedans. Je pense qu'on a tous peur, tout simplement.
Je comprends la motivation "changement progressif" de l'hybride, mais je pense que ce n'est vraiment pas la solution. On va créer un faux sentiment de sécurité, l'impression que la solution est arrivée, et finalement ne rien remettre en question.
"Tu vois, tu n'es pas assez optimiste, là. Moi j'envisage un monde plein de sagesse, de bonté, et de télétubbies qui gambadent dans les champs"