Le Bourget 2023 : Gullhyver, le futur monocouloir vu par l'ONERA
L'ONERA a dévoilé son projet d'avion monocouloir du futur, Gullhyver, qui comporte un fuselage non circulaire, une voilure de fort allongement haubanée et une motorisation avec soufflante non carénée ayant recours à l'hydrogène.
Antony Angrand le 15 juin 2023 air-cosmos
L'ONERA a présenté son projet d'avion de transport monocouloir du futur aujourd'hui, le 14 juin 2023. Ainsi, pour réduire la consommation énergétique et l’impact de l’aviation sur le climat, l’ONERA a imaginé un concept d’aéronef fonctionnant à l’hydrogène, utilisant un moteur à hélices non carénées, et pourvu d’une aile de grand allongement. Autrement dit, pour une même surface, l’aile est plus étroite et de plus grande envergure que sur les avions actuels, ce qui augmente son efficacité aérodynamique.
Une propulsion par hydrogène
Sur le plan des particularités techniques spécifiques à cet appareil, baptisé Gullhyver (Gull pour sa voilure et Hyver pour Hydrogène) sa propulsion qui fait donc appel à l'hydrogène mais également son fuselage spécifique, héritage direct des précédentes études et notamment de la configuration D8, soit un fuselage qui se caractérise par une forme qui n'est plus strictement de type "tube" mais bien oblongue en section. L'ONERA le décrit comme étant le fruit de l'optimisation de l’aménagement interne et du comportement aérodynamique du fuselage, rendus possibles par des matériaux et structures non conventionnels. La partie arrière de ce fuselage non circulaire (voir l'illustration) ne comporte ni hublots ni sièges passagers puisqu'elle servira littéralement de réservoir d'hydrogène. Plus exactement, deux réservoirs d'hydrogène seront aménagés à l’arrière du fuselage avec leur isolation thermique et leur système de mise en œuvre, sans émission de carbone en vol.
Une voilure de fort allongement
La voilure, avec son grand allongement -l'ONERA prévoit un allongement de 20, l'Airbus A320 disposant d'un allongement de 11 actuellement- permettra une amélioration notable du rapport portance/traînée grâce à sa finesse élevée et une limitation de la masse supplémentaire -en termes de renforts internes de voilure- grâce à la présence d'un hauban, véritable jambe de force de l'aile.
Open Rotor et redresseur
La propulsion sera quand à elle assurée par des moteurs de type Open Rotor, soit avec intégration aérodynamique de soufflantes non carénées, pour une consommation spécifique de carburant améliorée. A la différence des précédentes versions de ce type de moteurs, il ne s'agit pas de rotors contrarotatifs, mais bien d'une soufflante et d'un redresseur, afin d'éviter la génération d'une quantité de bruit ou plutôt d'EpndB trop importante.
Un développement (très) avancé
Les chercheurs de l’ONERA travaillent à la fois sur l'optimisation aérodynamique et structurelle du concept, l’intégration aéro-propulsive, mais aussi sur les performances globales de cet avion. Les explorations font appel à un processus de dimensionnement multidisciplinaire, ce qui permet d'identifier les bénéfices de chacune des nouvelles technologies étudiées séparément,mais également les gains additionnels liés à leur utilisation simultanée et complémentaires sur une configuration réaliste. Le projet est plus ambitieux technologiquement que celui de Boeing (le SFD, acronyme de Sustainable FLight Demonstrator) puisqu'il intègre l'hydrogène et même l'hydrogène vert. Il faut ajouter que l'ONERA ne part pas non plus d'une feuille blanche : Gullhyver est l'aboutissement ou plutôt la "maturation" de deux précédentes études, qui ont débuté avec Albatros puis se sont poursuivies au travers de U-Harward, que nous détaillons amplement dans le numéro 2438 spécialement consacré à cette 54e édition du Salon International de l'Air et de l'Espace du Bourget et qui sera en kiosque dès jeudi 15 juin.
Le fuselage arrière comporte deux réservoirs d'hydrogène pour alimenter les deux Open Rotors en carburant vert. © P. Choy-ONERA