Jaguar75 a écrit :C'est un point de vue intéressant... mais plutôt daté quand même (la référence à l'impossibilité de construire le bonheur socialiste façon est-allemande...). Qui plus est, avec la massification de l'automobile le postulat de départ (un privilège de riches) tombe de lui-même.
Ben non. Au contraire. Aujourd'hui, dans les grandes villes, il y a des embouteillages et parfois jusqu'à 50% de personnes sans bagnole. Si TOUT LE MONDE en utilisait une pour se déplacer, on crèverait dans les embouteillages. C'est dans ce sens qu'il parle d'un "luxe bourgeois", et sa comparaison avec les villas sur la côte est excellente. La voiture c'est cool quand on roule sur une route vide, mais ça perd tout son sens du moment qu'on est coincé sur une autoroute à stresser quand on se fait doubler et à avancer en accordéon.
Quant à l"idéal" selon Gorz, à savoir que les gens n'aient plus à se transporter du tout parce qu'ils seront heureux dans leur ville (leur kolkhoze?) j'avoue qu'il me laisse rêveur. Si je ne suis pas heureux et que j'essaie de sortir, est-ce que les Vopos vont tirer ou est-ce que je serai ré-éduqué dans un établissement spécialisé pour m'apprendre à jouir de mon bonheur?
Eheh... Nan, sincèrement je ne crois pas que c'est ça qu'il veut dire. En tout cas, je ne le perçois pas comme ça. Je pense qu'il veut dire qu'il est bien mieux d'imaginer "la ville dans la ville" avec des emplois, des logements, des espaces verts, des loisirs et des commerces de proximité dans des zones assez petites plutôt que de tout étaler dans des zones précises qui obligent les gens à faire la navette et passer des heures dans les transports.
Je trouve personnellement bien plus oppressant et "privatif" d'être obligé de passer 2h ou plus par jour enfermé dans une bagnole ou dans un train que d'avoir tout à proximité et de pouvoir me déplacer à pied ou à vélo. Le problème c'est qu'on assimile toujours mobilité et automobile. Je n'ai pas de voiture, et j'essaie de monter le moins souvent possible dans une voiture, mais dans un pays comme la Suisse ça n'empêche pas d'avoir des loisirs et de partir en campagne le week-end. Bien au contraire! Le train, les cars, ça marche, c'est pratique, c'est efficace, agréable même s'il faut se conformer à des horaires et qu'on peut prendre moins de bordel avec soi.
Je pense, comme Gorz, qu'il faut organiser la société pour réduire au maximum les déplacements contraints (des heures dans les transports tous les jours pour le boulot, les courses, etc.) et faire en sorte que tous les déplacements de "loisir" se fassent en transports publics ou à vélo.
Faut quand même pas oublier que ces gars-là (quel que soit le respect que j'aie pour Gorz qui fut une des grandes signatures-pas sous ce nom- du nouvel Obs en tre autres) c'était le type de société qu'ils nous promettaient. Est-ce là-dedans que vous voulez vivre?
Je ne sais pas fondamentalement quel était l'idéal de Gorz, et je ne le perçois pas du tout comme toi, mais peut-être que je le sur-interprète avec mes lunettes d'aujourd'hui... Je pense qu'il faut reprendre sa réflexion pour tout ce qu'elle a d'intéressant, car elle montre bien le côté absurde du tout-bagnole.