Que vaut le HQE ?

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Tovi
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Que vaut le HQE ?

Message par Tovi » 22 déc. 2011, 11:43

Les normes urbanistiques renforcent la crise
Dans une interview récente (*), le tonitruant architecte Rudy Ricciotti tire à boulets rouges sur les normes environnementales.

A propos du label HQE, il dit : Ce qui est grave, c’est que ces normes sont le résultat de lobbyings industriels et les bureaucrates, l’ombre portée de ce dispositif nécrophage. Prenez l’exemple de la réglementation thermique : elle ne fait que promouvoir davantage de machinerie et de suréquipement. Soufflez plus d’air dans des conduits pour l’aspirer plus est devenu le projet révolutionnaire et romantique de tout bâtiment public ... L’indifférence générale à cette inflation réglementaire est critiquable mais compréhensible : elle permet de renouveler le champ existentiel de nombreux parasites....
Basta, les normes ! j’avais proposé dans un rapport à Jean-Louis Borloo de ne donner comme seule contrainte qu’une consommation maximale d’énergie de 50 kWh/m2/an, pour laisser ensuite les propriétaires ou les constructeurs imaginer des solutions non normatives. Evidemment, on m’a ri au nez. L’inflation réglementaire a pour corollaire l’inflation consumériste.
Je souscris complètement à ces propos. Dans un autre article, j’avais pris un exemple qui montrait l’absurdité de ce système de normes.
Ricciotti explique le succès de ces politiques absurdes par le lobbying industriel. Il a probablement raison mais leur développement en France, où le lobbying n’est pas plus important qu’ailleurs, a d’autres causes.
Deux autres acteurs viennent renforcer le succès des normes urbanistiques.
D’abord, le(s) législateur(s). Dans notre pays, celui-ci pense souvent qu’il peux agir sur le réel en imposant des textes de lois précis. C’est une illusion dans de nombreux domaines, et particulièrement dans celui de l’urbanisme, où chaque bâtiment dépend de son environnement, de ses matériaux et de ... la culture et l’histoire de ses habitants. Ricciotti a raison : il faut imposer un seuil de 50 kWh/m2/an et laisser les acteurs urbains trouver des solutions à une situation qui est toujours singulière.
Ensuite, le haut fonctionnaire. Par les décrets, arrêts et circulaires d’application de la loi, celui-ci vient préciser, rigidifier et complexifier le dispositif législatif. Ayant la même maladie que le député, l’ingénieur des ponts et chaussée ou le polytechnicien, est profondément convaincu de sa supériorité intellectuelle et morale. Il ne fait pas confiance au citoyen ordinaire. Il aggrave alors le problème et met l’architecte et le propriétaire devant des choix absurdes et coûteux.
Le plus grave, dans ce processus, est la paupérisation croissante de nombreux propriétaires, à commencer par l’Etat et les collectivités territoriales, lourdement endettés. Les normes ne se contentent pas de contraindre, elles ont un coût absurde pour un pays en crise.
Le raisonnement du personnel politique est, à ce sujet, à courte vue. Penser que les normes créent des emplois et qu’il faut les maintenir, malgré leur absurdité, pour ces raisons, est une grave erreur. Car l’argent englouti dans cette "tuyauterie" absurde limite les possibilités de rénover rapidement l’urbain existant.
La moindre rénovation est soumise à de nombreuses normes contraignantes. Son coût, devenu astronomique, décourage le propriétaire qui préfère mette son argent dans un voyage ou l’achat de biens de consommation.
La conséquence de ce découragement ? La rénovation thermique des bâtiments avance à la vitesse de l’escargot alors que la précarité énergétique s’étend chaque année un peu plus. Ce phénomène participe au ralentissement économique qui devient aussi un ralentissement de la lutte contre le réchauffement climatique. Les normes participent ainsi à la crise généralisée que nous vivons.
Aujourd’hui, le personnel politique, celui qui donne l’impulsion et la philosophie générale de l’action publique, est pleinement responsable de cette situation. La lecture des pages potins, news et petites phrases de vos journaux ou magazines préférées ne sont pas rassurantes sur ce point : le personnel politique consacre 95% de son temps, à faire de la politique politicienne. Il lui en reste 5% pour réfléchir et prendre du recul, c’est bien peu pour trouver des solutions intelligentes à une société qui part progressivement à la dérive emportée parles crises économiques et environnementales qui la menace.
(*) Télérama du 3 décembre

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Re: Que vaut le HQE ?

Message par Herv12 » 22 déc. 2011, 14:16

Basta, les normes ! j’avais proposé dans un rapport à Jean-Louis Borloo de ne donner comme seule contrainte qu’une consommation maximale d’énergie de 50 kWh/m2/an, pour laisser ensuite les propriétaires ou les constructeurs imaginer des solutions non normatives. Evidemment, on m’a ri au nez.
Le problème c'est que c'est pas si simple. La réduction à ce niveau de déperdition implique de profonds changements dans les méthodes de construction, ce qui sort significativement de l'état de l'art actuel (en un temps assez court). Les conséquences sont importantes tant sur la santé des occupants que sur la pérennité du bâtit. Je prend un exemple extrême: Un camion frigo a l'isolation suffisante pour atteindre et même dépasser l'objectif. Enfermez y 20 personnes pendant une nuit et vous avez 20 morts le lendemain.

Qu'on le veuille ou non, augmenter la performance des bâtiments rend les constructions plus techniques. Non encadré ça donnera un désastre. D'ou les normes.

Mais il n'est pas interdit de proposer d'autres solutions et de les faire valider. L'objectif de base est la conso, mais sans sacrifier le confort, le sanitaire et la longévité de la construction. Si vous avez une méthode différente de celles préconisées, qui permet de répondre à ces critères, pas de problème, vous pouvez la faire certifier et l'utiliser.

La loi cherche juste à éviter qu'il se fasse n'importe quoi.
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Re: Que vaut le HQE ?

Message par energy_isere » 22 déc. 2011, 15:14

Mais qu' est ce qu' il raconte cet architecte ?

Ce n' est pas HQE qui est obligatoire, ca sera RT2012.

Et puis en géneral les architecte ne sont pas les mieux placés pour discuter normes thermiques. C' est habituellement en dehors de leur compétence de base (j' espére que les ecoles d' architectes dispensent maintenant ces compétences).

Et oui, malheureusement pour la créativité de l' architecte, les lois de lathermiques sont les lois de la physique, et on ne peux faire n' importe quoi pour obteinr une performance de 50 KW.h/m2/an.

Quand on pense qu' une nuée d' architectes on fait des cathédrales de verres qui sont des épaves énergétiques.

Tous a fait d' accord avec Herv12

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Re: Que vaut le HQE ?

Message par Remundo » 22 déc. 2011, 18:36

Et bien je trouve que ce n'est pas si bête, ce que dit cet architecte. Laissez de la liberté aux architectes, aux fabricants de matériaux, aux maçons, aux charpentiers...

Le parisianisme normatif qui cherche à tout piloter à coup de paperasses inintelligibles lancées du haut de la tour Eiffel étouffe totalement les initiatives.

Et le résultat n'est pas toujours au rendez-vous...

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Re: Que vaut le HQE ?

Message par Aerobar » 23 déc. 2011, 10:56

Le parisianisme normatif qui cherche à tout piloter à coup de paperasses inintelligibles
Ce ne sont pas les fonctionnaires qui occupent leur temps à écrire des normes en se prenant pour les maîtres du monde, mais bien les industriels qui pratiquent un lobbying effréné pour que des règlements soient écrits dans le sens de leur offre produits.
Par exemple :
La RT2012 permet de pallier la mauvaise qualité des bâtiments ou de leur système de chauffage grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques dont la production d’énergie est prise en compte à concurrence de 12kWhep/m2SHONRT/an. Autrement dit, les simples kits de panneaux photovoltaïques autorisent la dépense inutile supplémentaire de 12kWhep/m2SHONRT/an de toutes les constructions qui en sont équipées.
http://passivact.com/Infos/InfosConcept ... T2012.html
Nous sommes tous voués à devenir ennuyeux.
Paul Valéry, Autres Rhumbs

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