Lancement de la filiére E85 en France / E10

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Yves
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Message par Yves » 01 déc. 2007, 03:04

Je vais vous donner un indice : le point clef de ces études et de ce qui les différentie est la prise en compte des sous produits.

Pour Chavanne, les résultats de ses 4 mesures sont
avec sous produit :
97% , 103% 93.5% et 126%

et sans sous produits
86%, 92%, 83% et 112%

Comment estime t-il la valeur énergétique des sous produits : par "l'économie d'énergie utilisée pour les aliments remplacées"

En d'autre terme, il transfère 100% de l'energie consommée sur le carburant, auquel il soustrait l'énergie nécessaire à la production par une filière classique des sous produits.

Pour l'ADEME :
"Règle d'allocation des sous produits : imputation massique retenue"

En d'autre termes, l'energie totale nécessaire au processus a été répartie entre carburant et sous produit au prorata de la masse.

Le rapport de l'ADEME obtient donc un bon rendement pour le carburant, car il fait reposer une partie du coût sur le sous produit, qui a lui, avec cette filière et le système de répartition massique un rendement déplorable...

En conclusion, le rapport de l 'ADEME est biaisé puisqu'il ne présente pas le coup énergétique global de la production, mais le coût retenu du carburant avec une répartition massique de l'energie entre le produit et le sous produit qui est totalement arbitraire. Dans cette étude, on ne connait pas le coût énergétique qui est rapporté au sous produit.
Trop tard, trop peu, trop cher, il n'y aura pas de miracle !!
Notre futur sera d'être la banlieue ouest de la Russie alors que celle-ci aura le regard tourné vers la Chine...

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Message par energy_isere » 01 déc. 2007, 20:03

Yves a écrit :Je vais vous donner un indice : le point clef de ces études et de ce qui les différentie est la prise en compte des sous produits.
Merci pour cet éclairage trés instructif ! :D

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Message par sceptique » 02 déc. 2007, 00:02

Effectivemment, cela me revient maintenant ! Cette étude avait été sérieusement critiquée pour cela.
De toute façon, compter toute l'énergie cachée à tous les niveaux est difficile. Pour cela l'indicateur du prix de revient est plus simple. Une fois déduit taxes et subventions (pas simple là non plus). Si l'éthanol contenait peu de pétrole caché son prix de revient devrait croiser celui de l'essence hors taxes.
Or, il reste désespérément plus élevé.
Cela me rappelle aussi le fil sur les merdouilles bitumineuses : au fur et à mesure que le pétrole augmentait la zone de rentabilité s'éloignait ! Il semble cependant que l'opération est mainteant rentable, donc EROI est nettement supérieur à 1. Et le "croisement" a eu lieu.

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Message par energy_isere » 04 déc. 2007, 12:51

Ethanol: les betteraviers dénoncent la baisse des aides

"Une politique de gribouille" : ainsi a été qualifiée la décision prise par le Sénat de réduire les éxonérations fiscales pour les producteurs d'éthanol.


Lundi, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) a dénoncé lors d'une conférence de presse le paradoxe que constitue l'abaissement de l'exonération de la Taxe intérieure sur la consommation attribuée aux producteurs d'éthanol, par rapport aux engagements pris à l'occasion du Grenelle de l'Environnement.

Le 28 novembre dernier, le Sénat a en effet décidé de faire passer de 33,3 euros par hectolitre à 27 le crédit d'impôt dédié au bioéthanol.

En France, on "taxe plus les énergies renouvelables que les énergies fossiles" a dénoncé M.Jeanroy, délégué général de la CGB.

Alors que la confédération annonce l'atteinte des objectifs de 3,5% d'intégration des biocarburants dans les produits pétroliers cette année, elle met en cause la lenteur du développement de la commercialisation des biocarburants.

Les betteraviers plaident ainsi pour le passage de 5 à 10 % de l'incorporation de bioethanol dans l'essence. Concernant l'E-85, composé à 85% d'ethanol, la confédérations relève qu'en 2007, seuls 200 points de vente sont disponibles sur le territoire pour sa distribution au lieu des 500 initialement prévus.

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Message par Blackdress » 04 déc. 2007, 15:53

Il est quand même très paradoxal d'augmenter les taxes sur l'éthanol sans toucher aux taxes sur les carburants fossiles !
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Message par sceptique » 04 déc. 2007, 21:22

Blackdress a écrit :Il est quand même très paradoxal d'augmenter les taxes sur l'éthanol sans toucher aux taxes sur les carburants fossiles !
Rectificatif : les fossiles sont très lourdement taxés. L'éthanol est largement subventionné. Il s'agit ici de réduire les subventions ! pas de taxer (pas encore).
Je pense que qq pontes au gouvernement commence à se rendre compte que la filière éthanol est une impasse totale. Leur calcul :
Sa fabrication consomme beaucoup de fossiles. Or, l'éthanol étant subventionné cela revient en fait à subventionner les fossiles "inclus".
Ou encore, plutot que d'acheter de l'essence et du gasoil cher, il est préférable (pour le particulier, pas pour l'Etat ;) ) d'acheter l'éthanol fabriqué avec ces memes carburants mais détaxé !
Les subventions induisent toujours des effets pervers ...
Par contre, si l'éthanol était taxé comme l'essence il serait 2 fois plus cher que celle-ci !

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Message par Blackdress » 04 déc. 2007, 21:33

De mon point de vue, on a tort de comparer les deux filières sans correctif.

La filière "pétrole" est à maturité, avec des infrastructures largeent amorties.

La filière "carburants non fossiles" en est à ses balbutiements, certes en l'état elle n'est pas encore rentable, mais comme toute filière en phase de lancement, il faut y injecter des investissements conséquents et "lancer la machine" au besoin à perte. Et bien sur il y a un risque que la filière ne tienne pas toutes ses promesses, mais avons nous le choix de tergiverser encore longtemps ? On peut à l'inverse avoir de (très) bonnes surprises.

Diminuer les subventions revient à diminuer le différentiel fiscal au détriment de cette nouvelle filière.

C'est économiquement absurde, à long terme s'entend.

Plus exactement c'est un arbitrage en faveur du court terme, un de plus.

Honnêtement autant je comprends les industriels pétroliers et constructeurs lorsqu'ils font du lobbying anti biocarburant, autant franchement je ne comprends pas que des gens sensibilisés au problème de fond se laissent manipuler et avoir de façon aussi grossière.

Mais bon, vive le gazole roi.
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Message par sceptique » 05 déc. 2007, 09:43

Blackdress a écrit :La filière "carburants non fossiles" en est à ses balbutiements, certes en l'état elle n'est pas encore rentable, mais comme toute filière en phase de lancement, il faut y injecter des investissements conséquents et "lancer la machine" au besoin à perte. Et bien sur il y a un risque que la filière ne tienne pas toutes ses promesses
Et si justement, on s'aperçoit que cette filière est une impasse ? Tout ce temps, ces investissements, cette énergie gaspillés pour rien.
Il y a plein de pistes pour les ENR. Pourquoi investir autant dans celle-ci, au détriment d'autres plus prometteuses ? Je rappelle que l'argent public ne sert qu'une fois ...
En fait, la filière éthanol est développée uniquement pour faire plaisir (et rapporter des sous) à un certain lobby agricole productiviste. Ils vont perdre les subventions de la PAC, l'éthanol arrive à la rescousse !
Avant de se lancer dans une phase industrielle il faut d'abord vérifier la faisabilité.
Blackdress a écrit :mais avons nous le choix de tergiverser encore longtemps ?
Oui, car au lieu de tenter (en vain ?) d'augmenter la production de carburant de 2-3% il est beaucoup plus facile et rapide de faire baisser la consommation de 10-20%. Par un jeu de réglementations et taxes qui rapportent au budget de l'Etat. Par exemple, la promotion de la mini-voiture électrique en zone "rurbaine" en y interdisant les thermiques.
il y a au moins 10 fois plus à économiser que tout ce que l'éthanol pourra jamais produire.
Autre piste négligée : le biogaz (méthane issu de la fermentation des déchets). Les voitures au GNV sont encore moins polluantes que les essences, GPL et autres éthanol.
...

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Message par energy_isere » 10 déc. 2007, 19:34

Michel Barnier tente de rassurer la filière éthanol

Face à l'inquiétude exprimée la semaine dernière par les planteurs de betteraves, le ministre de l'agriculture Michel Barnier a tenu à leur répondre sur la réduction de l'exonération fiscale dont bénéficie la filière éthanol.
Alors que le ministre admet que la filière connaît un "moment décisif pour le développement des unités de production de biocarburants", il a tenté de minimiser l'impact de la réduction des aides fiscales qui lui sont accordées.

De 40% de réduction de l'exonération prévue dans la proposition de loi, le ministre a assuré à la confédération générale des planteurs de betteraves avoir obtenu que celle-ci soit limitée à 15%. Selon lui, cette baisse ne remettra pas en cause "la viabilité des investissements en cours", ni l'objectif d'incorporation de "7% de biocarburants dans les carburants en 2010."

La défiscalisation accordée aux producteurs de biocarburants représente 800 millions d'euros de budget en 2008.

"Pour parvenir [à cet objectif d'incorporation], 53 usines ont été agréées, dont 21 nouvelles unités qui seront construites dans 14 régions, pour un investissement estimé à plus de 2 milliards d’Euros, et un total de près de 30 000 emplois créés ou maintenus dans les filières agricoles et industrielles de notre pays", s'est félicité M.Barnier.

Au premier semestre 2008 est prévue une révision de la directive sur les biocarburants, qui devra permettre de définir de "nouvelles normes sur les carburants compatibles avec [les] objectifs d'incorporation."

Par ailleurs, le ministre a appelé de ses voeux la "démonstration industrielle des biocarburants de seconde génération" dans les 3 à 5 ans.

Pour finir, il a annoncé devant la confédération la publication prochaine d'un rapport sur la formation du prix de la betterave destinée à l'éthanol.

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Message par Blackdress » 10 déc. 2007, 19:57

sceptique a écrit : Et si justement, on s'aperçoit que cette filière est une impasse ? Tout ce temps, ces investissements, cette énergie gaspillés pour rien.
Il y a plein de pistes pour les ENR. Pourquoi investir autant dans celle-ci, au détriment d'autres plus prometteuses ? Je rappelle que l'argent public ne sert qu'une fois ...

(...)

au lieu de tenter (en vain ?) d'augmenter la production de carburant de 2-3% il est beaucoup plus facile et rapide de faire baisser la consommation de 10-20%.

(...)

Autre piste négligée : le biogaz (méthane issu de la fermentation des déchets). Les voitures au GNV sont encore moins polluantes que les essences, GPL et autres éthanol.
...
Je ne vois pas comment une filière renouvelable pourrait être plus une impasse que la filière fossile...

En revanche, je suis bien d'accord qu'il faudra de toute façon réduire drastiquement les consommations globalement compte tenu des rendements qui seront forcément moindres en non fossile.

Enfin, il est également évident que vu l'urgence, toutes les pistes crédibles doivent être explorées.

Mais avec discernement.

Exemple : le recours au GNV pour faire rouler les voitures ne fera qu'augmenter la pression sur les prix du gaz au détriment de ceux qui n'ont que ce moyen de chauffage et qui n'ont pas de voiture...

Comme avec les biocarburants, du biogaz il n'y en aura en effet pas autant que les homologues fossiles, du moins pas avant longtemps.

Mais la liste est longue, on peut aussi citer les matériaux isolants naturels vs isolants synthétiques etc

On a beau dire, le "bio/durable/renouvelable" est encore quasiment toujours beaucoup plus rare et cher que son homologue issu du monde "avec pétrole".
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Message par energy_isere » 12 déc. 2007, 20:23

Des sénateurs réclament un moratoire européen sur les agrocarburants

LE MONDE | 12.12.07

Deux sénateurs, le socialiste Claude Saunier et l'UMP Pierre Laffitte, membres de l'Office parlementaire des choix scientifiques et techniques, ont rendu public, mardi 11 décembre, un rapport consacré à l'effondrement de la biodiversité. Les auteurs parlent d'un "choc biologique" à venir, comparable au "choc climatique".

"La biodiversité des écosystèmes, support du développement de l'humanité, est en voie de dégradation accentuée", rappellent-ils. Ils font état des chiffres avancés par les scientifiques : depuis deux siècles, le rythme d'extinction des espèces est dix à cent fois supérieur au rythme naturel. La surpêche, l'exploitation forestière, la transformation de zones naturelles en zones urbaines, l'introduction d'espèces envahissantes et le changement climatique figurent parmi les principales causes du phénomène.


Selon les élus, cette question n'a pas été suffisamment abordée pendant le Grenelle de l'environnement. Ils proposent "d'aller plus loin" et formulent des recommandations. La plus immédiate concerne les agrocarburants : MM. Saunier et Laffitte réclament un moratoire européen sur le développement de ces cultures (l'objectif européen est d'en incorporer 5,75 % dans l'essence et le gazole d'ici à 2012).


De nombreuses études ont récemment mis en garde contre les effets pervers – notamment sur la biodiversité – du développement de ces substituts du pétrole.

QUESTION CONFLICTUELLE


"L'extension, dans les dernières années, des plantations de palmiers à huile destinées à l'exportation de biocarburants devrait nous alerter, d'autant plus qu'elles sont situées dans des zones de haute concentration de la biodiversité", écrivent les élus.

La question des agrocarburants a été l'une des plus conflictuelles lors du Grenelle de l'environnement. Le gouvernement a suivi les revendications des agriculteurs, et l'objectif français (7 % d'incorporation d'ici à 2010, 10 % d'ici à 2015) n'a pas été modifié.

Les élus regrettent que les "services écologiques" rendus par la biodiversité – pollinisation, filtration des pollutions, prévention des inondations – ne soient jamais pris en compte dans les calculs économiques. Ils recommandent la création d'un "marché de compensation des destructions d'espaces naturels", où les unités de biodiversité joueraient le même rôle que les tonnes de CO2 sur le marché du carbone.

A propos des OGM, les sénateurs relèvent qu'ils ne sont "pas propices au maintien de la biodiversité", mais se disent favorables au développement de plantes transgéniques résistantes à la sécheresse.

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Message par energy_isere » 19 déc. 2007, 00:52

un billet de Moteurnature sur les "agro"carburant :
Qui veut tuer les biocarburants ?

18/12/2007 http://www.moteurnature.com/actu/uneact ... s_id=23548

Les carburants verts ont des ennemis en France. Dans l'industrie, dans certains milieux scientifiques, et dans le monde politique, ces gens marquent des points.

C'était dans la foulée du salon de l'auto de Paris en octobre 2006. Le ministre des finances d'alors, Thierry Breton, s'était fait photographié en train de faire le plein de superéthanol E85 d'une Renault Megane. On annonçait plusieurs modèles de voitures très rapidement, et 500 pompes d'ici la fin 2007. Nous en sommes loin. La Renault Megane E85 dont le ministre avait pu disposer en octobre 2006 n'a été commercialisée qu'en juillet 2007, et des 500 pompes promises, moins de 200 sont ouvertes. On avait probablement sous-estimé les difficultés, et il est bien vrai qu'on ne peut pas mettre de l'éthanol comme cela dans une cuve à essence. Mais nous remarquons que la majorité des stations ouvertes ne sont pas des stations de pétroliers, mais d'hypermarchés. Le plus grave cependant, est selon nous dans le verbe, car nous avons entendu en cette année 2007 un nombre considérable de gens, avec des qualifications très diverses, dire du mal des biocarburants. Les arguments qu'ils emploient sont souvent justes, cela ne veut pas dire pour autant qu'ils aient une portée universelle.

Ainsi l'argument que les cultures de biocarburants prennent la place des cultures alimentaires, qui n'est pas faux, mais en cette période de Noël où les magasins débordent de nourritures de toutes sortes, nous ne voyons pas où l'illustrer dans l'hexagone. C'est donc peut-être un argument pour interdire ou limiter les biocarburants au Soudan, mais pas en France.

Nous avons ensuite l'idée que la culture des biocarburants est néfaste pour les sols car trop intensive. Ceci n'est pas complètement faux non plus, mais ignore t-on que toute l'agriculture est intensive ? Et elle va le rester. On peut débattre des OGM (nous sommes contre), mais on ne pourra jamais nourrir plus de 6 milliards et demi de personnes en faisant du jardinage. Les cultures du blé, du colza, ou de betteraves pour faire des biocarburants ne sont pas plus mauvaises que celles destinées à l'alimentation humaine. Et la France possède encore des réserves de terres cultivables non exploitées.

Enfin les biocarburants sont une menace pour la biodiversité. C'est parfaitement vrai en Asie du Sud-Est, où on a rasé des forêts millénaires pour donner à la place à des plantations de palmiers à huile pour fabriquer du biodiesel. Mais, n'est-il pas possible de refuser d'acheter des biocarburants à ces pays ? On peut faire beaucoup avec la production française, et l'agriculteur picard qui plante des betteraves ne détruit aucune forêt primaire.



La France est un pays où on a payé des viticulteurs pour qu'ils arrachent les pieds de leurs vignes. Si aujourd'hui, des agriculteurs parviennent à gagner de l'argent avec les biocarburants, c'est un progrès considérable qu'il faut asseoir dans la durée avec une fiscalité stable. Il est consternant d'entendre un homme polique de la majorité dire que la défiscalisation (par rapport à l'essence) du superéthanol E85 est une perte pour l'état. Il vaudra toujours mieux taxer plus les hydrocarbures fossiles importés, que les produits de l'agriculture française. Le point le plus décevant cependant, est que le nouveau système bonus-malus de CO2 ne donne aucune place à l'E85. Il est vrai que les voitures disponibles en version E85 ne sont pas les plus petits modèles, mais il est très moche que toutes les voitures E85 disponibles en France aient un malus. Est-ce une façon de traiter le client motivé par les carburants agricoles, de lui faire payer un supplément ? C'est le meilleur moyen de le convaincre d'acheter un diesel, qui lui n'aura pas de malus... Il serait habile de supprimer le malus pour les voitures flex-fuel, jusqu'à peut-être 225 g/km de CO2 (équivalence de 160 g/km de CO2 essence, en accordant un gain d'émission de 40 % avec l'E85*).

Pendant que certains s'émeuvent de la réception en grandes pompes de Kadhafi grâce à ses poches pleines de pétrole, on peut rappeler que les droits de l'homme, c'est beau, mais que personne n'a encore trouvé le truc pour faire rouler une bagnole avec. Alors en attendant, les biocarburants produits en France sont une opportunité à encourager.


Laurent J. Masson

*On estime généralement que l'usage de superéthanol E85 (85 % éthanol, 15 % essence) réduit les émissions de CO2, en bilan global du puits à la roue, de 40 à 65 %.

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Message par Blackdress » 21 déc. 2007, 21:43

Pour le coup, autant je suis en total désaccord avec lui sur le GPL, autant là je suis du même avis que Laurent Masson.
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Ethanol

Message par Geispe » 06 févr. 2008, 13:59

je viens de retrouver un article de notre quotidien régional concernant une éthanolerie qui se construit en Alsace...
on y dit "le principe est simple : on prend de la matière première, on la broie, on la met en fermentation dans l'eau pour transformer le sucre en alcool. cet alcool est ensuite concentré, puis deshydraté pour obtenir du bioéthanol."

il s'agit ici d'utiliser du blé (qu'il faut d'abord produire).
ce bioéthanol sera incorporé à l'essence (à raison de 5 à 10%) soit transformé en E85 (un carburant contenant 85% de bioéthanol mais nécessitant une motorisation particulière)...

construire cette usine et ce qui va avec coûte 75 millions d'euros.

si l'on tient compte de l'énergie nécessaire pour cultiver le blé, puis le transformer en alcool pour obtenir un carburant, n'a-t-on pas, d'ici le stade final, bouffé l'équivalent de l'énergie que l'on va produire ?
(sans compter que le blé, normalement, çà se mange)

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Re: Ethanol

Message par energy_isere » 06 févr. 2008, 19:47

Geispe

s' agit il du projet de l' entreprise Roquette qui doit installer ca dans la localité de Beinheim ?
BIOÉTHANOL ET PAPIER-CARTON : DES SECTEURS TOTALEMENT COMPATIBLES

A compter du 1er janvier 2008, Roquette produira du bioéthanol à partir de blé sur son site de Beinheim, en cours de reconversion. Pour autant, Pascal Granseigne entend couper court à certaines interrogations : « Certes, Roquette s’intéresse à l’éthanol et ne peut évidemment pas être absent de ce marché. Mais si nous investissons dans cette filière, ce n’est pas du tout au détriment du papier. Dans notre activité, le marché papetier conserve tous ses atouts et représente des volumes très importants. »

Interrogé sur la flambée des cours de l’amidon que les papetiers ou les cartonniers ont toutes les peines du monde à répercuter sur le prix de leurs produits finis, Pascal Granseigne rappelle que cette situation est liée aux tensions sur le prix des matières premières céréalières partout dans le monde. D’une part, la demande de blé en provenance de certains grands pays émergents tels que l’Inde ou la Chine excède l’offre, ce qui, mécaniquement, fait monter les prix. D’autre part, la politique américaine et européenne en faveur du développement de la production d’éthanol tend également à limiter l’offre. Enfin, l’année dernière, la récolte de pomme de terre a été particulièrement mauvaise, ce qui a provoqué une hausse du prix du blé, lequel a d’ailleurs enregistré une mauvaise récolte cette année.
Autant d’éléments qui expliquent que le prix de l’amidon ait sensiblement progressé au cours de ces derniers mois, cette tendance n’étant certainement pas terminée.


http://www.roquette.fr/fr/details.asp?t ... tes&ID=517

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