Re: Recyclage des produits électriques et électroniques / DE
Publié : 27 janv. 2016, 17:58
http://www.usinenouvelle.com/article/le ... er.N374156Le dernier voyage de l'électroménager
Par Ludovic Dupin Usine Nouvelle le 22 janvier 2016,
Depuis le 1er janvier, la loi impose de recycler 80 % des déchets d’équipements électriques et électroniques. L’usine Veolia d’Angers dépasse largement ce seuil.
Crac ! Toute la partie arrière de l’énorme écran plasma, que son propriétaire avait payé une fortune, vient d’être arrachée. À peine le temps de souffler que les opérateurs placent la face désossée dans un nouvel automate qui scie les faisceaux de mercure. Après l’étape de dépollution, les plastiques, les métaux… sont séparés. Plus loin, une scie s’attelle à découper des écrans LCD pour en extraire les pièces les plus précieuses. En face, une chaîne débite en continu des écrans cathodiques, qui sont démontés à la main. « Ils représentent 93 % des écrans que nous recevons ici », indique Éric Wascheul, le directeur de l’usine Triade Électronique de Veolia à Angers (Maine-et-Loire).
Aujourd’hui, les Français déstockent les écrans cathodiques.
Ils représentent 93?% des écrans que reçoit l’usine
Cette salle de torture rythmée par une activité frénétique n’est qu’une partie de l’usine. Construite en 2008, celle-ci trie et valorise, pour le compte des éco-organismes, les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Ils sont regroupés en quatre catégories : gros électroménager froid (GEM froid), écrans, petits appareils ménagers (PAM), électroménager hors froid. L’usine prend en charge les trois premières catégories. En 2015, elle a traité 55 000 tonnes de matériel. L’activité la plus visible, de très loin, est le GEM froid. À l’extérieur de l’usine s’élève une montagne de réfrigérateurs, de congélateurs, de fontaines à eau, de distributeurs de boissons fraîches. L’immense zone de stockage, une vaste étendue bétonnée, « ne représente pourtant que deux à trois jours de travail », précise Éric Wascheul. Une dizaine d’opérateurs commencent par vider les différents appareils. Ils retirent les étagères et les bacs à légumes, mais aussi, parfois, des seringues, des thermomètres et autres nourritures… Puis vient l’étape de la dépollution : les moteurs sont percés pour en extraire les fluides calorifiques (CFC ou isobutane) et les huiles.
Un outil de tri breveté
Ensuite, le traitement des déchets est automatisé. Il est entièrement confiné dans un milieu étanche, rendu inerte par injection d’azote. Cela permet d’éviter tout risque d’explosion lors de la récupération des gaz utilisés pour gonfler les mousses de polyuréthane. L’une des principales étapes de ce process est le passage par le… désintégrateur. Rien à voir avec un rayon laser… Les déchets sont jetés dans un immense entonnoir et mis en rotation par une lourde chaîne. En s’entrechoquant, ils se disloquent, séparant ainsi aciers, aluminiums, plastique, cartes électroniques.
La troisième chaîne du site concerne les PAM (petits appareils en mélange : perceuses, téléphones, rasoirs électriques, jouets…). Après avoir retiré les câbles et les prises électriques, ces appareils sont à leur tour envoyés vers un désintégrateur, équipé cette fois de battoirs pour en séparer les différentes matières.
Les plastiques issus de ces trois chaînes vont bientôt rejoindre une ligne dédiée. Pour atteindre les 80 % de taux de recyclage, minimum imposé par la réglementation depuis le 1er janvier, il est impératif de les valoriser. « Nous nous concentrons sur les 20 % de plastiques qui représentent 80 % des volumes », commente Éric Wascheul. Problème : il est impossible de distinguer un plastique d’un autre à l’œil nu ! Veolia a donc développé un outil breveté, le tri séquentiel auto-adaptatif (TSA2). À partir d’un lot de plastiques en vrac, la machine est capable de les séparer par tri optique, par imagerie proche infrarouge et par d’autres procédés dont l’industriel préfère garder le secret. À travers ce qui est injecté dans l’économie circulaire et est brûlé dans les aciéries, l’usine affirme atteindre des taux de valorisation de 94 % pour le gros électroménager froid, de 91 % pour le PAM et de 88 % pour les écrans.