RIP le conservateur vert

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RIP le conservateur vert

Message par Jeudi » 03 mars 2024, 03:34

L'ancien premier ministre canadien avait des convictions environnementales qui n’étaient pas à la mode à l’époque, mais dont l’héritage se fait toujours sentir aujourd’hui.
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En 2006, Corporate Knights, un magazine à vocation environnementale destiné au milieu des affaires, a réuni un comité d’une douzaine de personnalités, dont plusieurs environnementalistes, pour savoir lequel des premiers ministres du Canada a été le plus vert.

Brian Mulroney est arrivé en tête du palmarès, haut la main, pour plusieurs raisons. Même s’il révélera plus tard quelques contradictions sur la question des énergies fossiles.

S’il y a une raison pour laquelle celui qui était appelé le p’tit gars de Baie-Comeau s’est vu attribuer ce titre, c’est en bonne partie grâce à ses convictions concernant l’élimination des pluies acides. Cette question aura été le grand combat environnemental de sa vie, et ce, bien avant qu’il ne devienne le dirigeant du pays. (…)

Les résultats? Entre 1990 et 2020, les émissions de dioxyde de soufre au Canada et aux États-Unis ont diminué de 78 % et de 92 % respectivement. Pour leur part, les émissions de dioxyde d'azote ont baissé de 65 % au Canada et de 72 % aux États-Unis, dans la zone transfrontalière visée par l'Accord.(…)

Au printemps 1985, la nouvelle fait le tour du monde. Des scientifiques britanniques révèlent dans la revue Nature la présence d’un trou dans la couche d’ozone, tout juste au-dessus du pôle Sud. L’article a un effet retentissant. Du jour au lendemain, les citoyens prennent conscience de la menace d’un tel phénomène dans leur vie quotidienne.

L’appauvrissement de la couche d’ozone entraîne une augmentation des rayons ultraviolets qui sont nocifs pour les êtres vivants sur Terre, car ces rayons provoquent notamment des cancers de la peau. Pour 1 % de diminution de la couche d’ozone, l’incidence de ce type de maladies augmente de 4 %.

Peu de temps après la publication de ces informations par les scientifiques, la communauté internationale se mobilise. Il s’agit d’éliminer les gaz qui sont responsables de la détérioration de la couche d’ozone, les fameux chlorofluorocarbures (CFC).

En 1987, deux ans à peine après la découverte du trou, Brian Mulroney propose aux Nations unies que Montréal soit l’hôte d’une conférence internationale. Le but : conclure une entente pour éliminer ces gaz. C’est ainsi que le Protocole de Montréal est né, le 16 septembre 1987.
(…)

Le Protocole de Montréal est un modèle du genre, puisqu’il a été conçu pour être modifié au gré de l’évolution des connaissances scientifiques. C’est ainsi qu’en 2016, ce qu’on a appelé l’amendement de Kigali a permis d’ajouter les hydrofluorocarbures (HFC) au traité, des gaz extrêmement nocifs pour le climat utilisés dans les réfrigérateurs et climatiseurs. Les experts estiment que si l'accord est respecté, il pourrait réduire de 0,5 °C le réchauffement mondial d'ici 2100. (…)

Fort du succès de la conférence sur la couche d’ozone et porté par le leadership du ministre de l’Environnement de l’époque, Tom McMillan, le gouvernement Mulroney saisit la balle au bond et propose à l’ONU d’organiser en 1988 la première grande conférence mondiale sur le climat, une question qui faisait tranquillement sa place dans les officines politiques.

Présidée par le diplomate canadien Stephen Lewis, la conférence onusienne intitulée L’atmosphère en évolution se tient à Toronto dès l’été 1988, quelques jours après un événement qui fait grand bruit sur la planète : le 23 juin 1988, le climatologue de la NASA James Hansen témoigne devant le Sénat américain. Il présente les résultats de ses travaux sur les liens entre l’augmentation des émissions de GES et le réchauffement des températures.

L’expert crée une onde de choc. Les données de l'Institut Goddard en sciences spatiales de la NASA, qu'il dirigeait à l'époque, laissent peu de place au doute. L'effet de serre est détecté et il modifie déjà notre climat, dit-il sans détour aux sénateurs américains.(…)

Si Brian Mulroney était convaincu de la nécessité de protéger le climat de la planète, ça ne l’aura pas empêché d’être un grand défenseur de l’industrie canadienne des énergies fossiles. Entre 1988 et 1993, son gouvernement verse plus de 2,5 milliards de dollars en subventions au développement de la plateforme pétrolière Hibernia, au large de Terre-Neuve, et achète 8,5 % des parts du projet.

En 2016, il prend parti pour la construction du pipeline Énergie Est, qui doit relier l’Alberta et le Nouveau-Brunswick, en passant par le Québec et sous le fleuve Saint-Laurent, pour transporter le pétrole albertain vers la côte est du Canada. Le projet sera finalement abandonné par le promoteur.

Il aurait été intéressant d’entendre Brian Mulroney se prononcer sur les dossiers environnementaux d’aujourd’hui.

Que dirait-il du pipeline TransMoutain, qui sera en fonction très bientôt, racheté à grands frais par le gouvernement et dont les coûts de construction ont explosé?

Serait-il contre la taxe carbone, comme l’est de façon très affirmative Pierre Poilievre, le chef conservateur actuel?

Serait-il favorable à une réglementation plus sévère pour réduire les émissions de GES de l’industrie du pétrole et du gaz?

Serait-il favorable au développement accéléré des énergies renouvelables pour remplacer les énergies fossiles? À un financement croissant des transports en commun? À l’expansion de l’énergie nucléaire? À la protection de 30 % des terres et des aires marines du pays?

On ne connaîtra malheureusement jamais les réponses à ces questions. Mais ce qu’on peut dire sans trop se tromper en revanche, c’est que Brian Mulroney avait probablement en lui cette sensibilité à l’égard de la protection de l’environnement qui le poussait à l’action plutôt qu’à la résistance.

Il était de ceux qui étaient convaincus que dans le mot conservatisme, il y avait aussi le mot conservation.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/20 ... ne-leblanc
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kercoz
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Re: RIP le conservateur vert

Message par kercoz » 03 mars 2024, 07:58

**** modéré ***
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