Gaz et pétrole en Iran

SuperCarotte · Message par **SuperCarotte** » 13 févr. 2007, 15:54

http://www.lefigaro.fr/eco/20061227.FIG ... duree.html

Malgré ses énormes réserves, le pays pourrait voir ses exportations de pétrole fondre d'ici à 2015, à cause du manque d'investissements.

LE MAINTIEN d'un prix élevé des hydrocarbures n'empêchera pas la manne pétrolière de l'Iran de diminuer de moitié d'ici à cinq ans, voire de disparaître à l'horizon 2015, selon Roger Stern, chercheur à la Johns Hopkins University. Dans une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States, le chercheur observe que la production de pétrole de l'Iran a été inférieure au cours des dix-huit derniers mois au plafond autorisé par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Il en déduit que l'industrie pétrolière iranienne est en déclin, rejoignant en cela l'opinion de nombreux experts (*).
...
Selon Roger Stern, le déclin des exportations de pétrole iranien serait une conséquence du déplacement des investissements publics du secteur des hydrocarbures vers les programmes nucléaires. L'Iran possède quelque 32 champs pétroliers qui sont, dans leur grande majorité, anciens et en mauvais état. Faute d'entretien, leur production devrait diminuer de 7 à 13 %, selon leur localisation sur terre ou en mer (*). Ce recul se traduirait par une perte de 350 000 barils par jour selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

L'Iran n'en affiche pas moins des objectifs d'extraction ambitieux. Téhéran envisage d'augmenter la production de pétrole d'un million de barils supplémentaires chaque jour jusqu'en 2010 ! Une ambition qui exigerait « des investissements estimés à 55 milliards de dollars à l'horizon 2015 » (*). Or on voit mal les compagnies étrangères se lancer dans de tels investissements. L'Iran a la réputation d'être le plus inhospitalier des pays du Moyen-Orient pour les compagnies pétrolières étrangères. Leurs marges y sont faibles et les contraintes qui pèsent sur elles fortes.

Message par **energy_isere** » 08 mars 2007, 19:13

comme cela avait été anoncé ici, l' IRAN réduit la subvention à l' essence peu chére à l' interieur du pays. http://forums.oleocene.org/viewtopic.php?p=93526#93526

Iran raises gasoline prices on itself

The Iranian parliament raised the price of its heavily subsidized gasoline and moved toward rationing supplies. Kai Ryssdal talked to reporter Roxana Sabieri to see how this is going down in Teheran.

Today, the Iranian Parliament turned up the heat on its own. It raised the price of heavily subsidized gasoline — from 34 cents a gallon to about 50 — and moved toward rationing supplies. There are still a few bureaucratic steps to go, but Iranians could soon be paying more and getting less.

Interview à lire ici : http://marketplace.publicradio.org/show ... 03072.html

Message par **Sylvain** » 08 mai 2007, 22:50

Rationnement de l'essence en Iran ?
Iran: un ministre confirme un possible report du rationnement de l'essence

L'Iran, quatrième producteur mondial de pétrole, dépense une fortune en achats d'essence à l'étranger. Les raffineries iraniennes ne produisent que 44,5 millions de litres d'essence par jour alors que la consommation quotidienne dans le pays est actuellement de 79 millions de litres, et ne cesse d'augmenter.
...
Dans le cadre du plan de rationnement le parlement a décidé de relever le prix de l'essence, qui est actuellement subventionné, de 800 rials (6 centimes d'euro) à 1.000 rials. Mais il a laissé le soin au gouvernement de fixer le quota d'essence subventionnée attribuable à chaque automobiliste, ainsi que le prix de l'essence, hors quota, qui ne serait plus subventionnée.

Message par **energy_isere** » 13 mai 2007, 01:56

IEA says Iran gasoline rationing is a clever move

LONDON (Reuters) - Iran's plans to ration gasoline and increase the price should help curb imports and raise fuel efficiency but may provoke considerable domestic opposition, the International Energy Agency (IEA) said on Friday.

Iran imports 40 percent of its gasoline needs, making the Islamic republic vulnerable to trade sanctions in its dispute with the United Nations over its nuclear programme.

The government has put forward plans to ration gasoline and raise the price, currently among the lowest in the world, from May 22.
Iran is the world's fourth largest crude exporter but a lack of refining capacity has made it dependent on gasoline imports.

"The new rationing plan should be seen as a clever move towards gradually adopting market prices, encouraging greater fuel efficiency and curbing demand," the IEA, which advises 26 industrialized nations, said in its monthly Oil Market Report.

Reuters Pictures

Editors Choice: Best pictures
from the last 24 hours.
View Slideshow
"However, the change will entail considerable social and political hurdles, which will need to be overcome if it is to be a success."

According to the IEA, there are 15 million cars on Iran's roads and gasoline demand is estimated at about 78 million liters per day -- about 5.2 liters per day per vehicle or three-quarters above Iran's planned three liters per day quota.

"On average, therefore, the quota will last around 17-18 days. Heavy users who are unable to find transportation alternatives will be highly penalized, but there will be some drivers who will manage to curb their own consumption and feed what will likely become a highly profitable black market with their own quota surpluses," the IEA said.

source : http://www.reuters.com/article/worldNew ... 0920070511

GillesH38 · Message par **GillesH38** » 13 mai 2007, 18:30

L'ambassadeur d'Iran au Japon se félicite que "l'action diplomatique de l'Iran sur le nucléaire a obtenu un grand résultat en faisant prendre conscience aux nations de la crise énergétique proche".

http://www2.irna.ir/en/news/view/menu-2 ... 194152.htm

(il existe une version française du site mais je n'ai pas encore vu de traduction de l'article).

Bon, pourquoi pas, mais un détail ne manque pas d'interêt.

"Crisis of energy shortage in years after 2015 is a serious dilemma which should urge all countries to consider nuclear energy as a major source to meet future energy demands," he said.

"Une crise énergétique dans les années après 2015 pose un dilemme serieux qui devrait entrainer toutes les nations à considérer urgemment l'énergie nucléaire comme une source majeure pour satisfaire les besoins futurs".

Pardon? l'Iran, 4e pays producteur et exportateur mondial de pétrole, annonce officiellement le PO pour 2015 ?

Message par **Schlumpf** » 13 mai 2007, 22:18

Pardon? l'Iran, 4e pays producteur et exportateur mondial de pétrole, annonce officiellement le PO pour 2015 ?

Pas de quoi s'offusquer. Finalement ils doivent savoir de quoi ils parlent... Et puis la date de 2015 revient souvent. Donc pourquoi pas en profiter pour justifier son attachement au nucléaire militaire euh...civil ! Bien sûr

Message par **mahiahi** » 13 mai 2007, 22:22

C'est pas tout à fait le PPP qu'ils annoncent, c'est le décrochage consommation/production

GillesH38 · Message par **GillesH38** » 14 mai 2007, 06:50

comme j'argumente sur d'autres posts, il n'y a jamais de décrochage consommation/production. Ca n'existe pas. Ce qui existe, c'est une flambée des prix ajustant la consommation à la production. Mais si les estimations de croissance mondiale (pourtant assez modestes : meme pour l'AIE, on est à 1 % par an de croissance /an d'ici 2030 ) ne sont pas satisfaites, c'est pratiquement une manière implicite de reconnaitre le PO.

Environnement2100 · Message par **Environnement2100** » 14 mai 2007, 11:06

L4iran clame sur tous les toits l'épuisement de ses réserves pétrolières vers 2015 - en fait ils parlent plutôt de Pic. Ils emploient cet argument pour justifier leur politique nucléaire (civile naturellement) : compte tenu des circonstances, il est bien difficile de vérifier quoi que ce soit.

Mais dans cet article, il semble bien qu'on fasse allusion à un pic mondial. L'image de l'Iran est telle aux USA que cette déclaration est sans doute vue comme un mensonge de plus ; plus nous approchons du Pic, plus nous aurons droit à des déclarations tentant de manipuler l'opinion dans un sens ou dans l'autre, sans aider en rien la véritable analyse.

Environnement2100 · Message par **Environnement2100** » 14 mai 2007, 11:08

GillesH38 a écrit :Ce qui existe, c'est une flambée des prix ajustant la consommation à la production.

Après les scenarios de production, il faudra sans doute arriver à des scenarios de prix, bien plus délicats à écrire.

GillesH38 · Message par **GillesH38** » 14 mai 2007, 17:56

D'autant plus délicat que ça risque de dépendre d'évènements comme des ouragans mal placés sur le Gomex, des attentats terroristes, ou des crises géopolitiques. La seule chose qu'on peut prédire, c'est probablement une grande volatilité des prix à l'approche du pic, mais ce sera probablement comme les prévisions météo : probabilistes.

Environnement2100 · Message par **Environnement2100** » 14 mai 2007, 19:21

En effet ; mais la volatilité n'est pas très grave si tu l'étales sur 15 ou 20 ans ; en revanche, il ne faut pas se tromper sur la valeur centrale, c'est-à-dire la valeur la plus probable à une date donnée.

GillesH38 · Message par **GillesH38** » 15 mai 2007, 07:44

A mon avis, personne ne dispose de la moindre méthode pour l'évaluer : le problème est trop non-linéaire. Personne ne sait tres bien l'impact que pourrait avoir un baril de 90 ou 100 $ sur l'économie. Meme si le baril a 60-80 $ a été plutot bien encaissé (avec cependant une stagnation de la demande globale, mais sans conséquence économique majeure), personne n'est capable de dire ou serait le point de rupture.

Les mécanismes financiers capitalistes ressemblent à ceux des tremblements de terre : les tensions s'accumulent souterainnement sans pratiquement aucun signe annonciateur, et tout a coup, crac....

Environnement2100 · Message par **Environnement2100** » 15 mai 2007, 10:50

GillesH38 a écrit :A mon avis, personne ne dispose de la moindre méthode pour l'évaluer : le problème est trop non-linéaire. Personne ne sait tres bien l'impact que pourrait avoir un baril de 90 ou 100 $ sur l'économie. Meme si le baril a 60-80 $ a été plutot bien encaissé (avec cependant une stagnation de la demande globale, mais sans conséquence économique majeure), personne n'est capable de dire ou serait le point de rupture.

AMC la science de la résistance des matériaux n'est pas très à l'aise sur le point de rupture, en revanche on modélise très bien la zone élastique, et relativement bien la zone de déformation plastique.

Comme je ne crois pas du tout à un point de rupture, il "suffit" donc de modéliser une déformation plastique conduisant à un abandon progressif de l'énergie pétrolière.

J'ai déjà indiqué deux calculs, proposant deux résultats convergents :
- la valeur plancher du baril à partir de laquelle les centrales xtL deviennent rentables, y compris avec surcoûts CCS ; cette valeur avait été estimée à 100 USD avec une certaine marge d'erreur, mais toutes les informations ultérieures ont plutôt tendance à confirmer cette valeur
- la valeur plancher du baril à partir de laquelle l'automobiliste commence à chercher des solutions de remplacement, avec cette fois-ci un vrai phénomène de destruction de la demande ; on aboutit là encore avec une belle marge d'erreur à 120 USD.

Je reste persuadé que la transition sera au confluent de nombreuses contraintes telles que ci-dessus, qui auront tendance à stabiliser le prix du baril à une certaine valeur, après éventuellement une période instable accentuée par le comportement des boursiers.

Il s'agit donc d'identifier cette valeur d'entrée en Plateau, qui va rester valable pendant au moins cinq ans ; il faut ensuite identifier une valeur de sortie de plateau, puis envisager ce qui va se passer après le plateau ; on arrive très vite à 2030.

Un scenario n'est pas la réalité ; il sert à autre chose. Enfin les troubles géopolitiques sont non modélisables avec nos moyens.

Je me permets de te rappeler que pendant la crise de l'été 2006, de nombreux forumeurs étaient persuadés que la crise systémique était là. Non seulement il n'en a rien été, mais les résultats des entreprises dans le monde ont plutôt marqué un record. J'insiste sur le fait que la "régulation" du prix du baril constatée actuellemnt est bien réalisée par l'OPEP sous contrainte des ratios économiques favorables. Ce n'est pas parce qu'un problème est non linéaire qu'on ne doit pas lui proposer de solution, autrement nous n'aurions jamais fabriqué une coque de bateau, ni même inventé le feu.

GillesH38 · Message par **GillesH38** » 15 mai 2007, 11:06

Ben ecoute, on verra bien si tes scénarios se réalisent !

Personnellement je pense que le pétrole n'est substituable que partiellement , et une grande partie de cette substitution a été faite en Occident au moment des autres chocs pétroliers. On peut encore gagner un peu en économies de consommation, mais ça se fera progressivement grignoter par la baisse tendancielle de la production. J'ai deja donné le genre de scénarios que j'envisageais : ni une substitution par des alternatives dont aucune ne répond vraiment quantitativement aux besoins (je ne dis pas qu'il n'y aura pas du tout de CTL ni de véhicules électriques : je dis que ca restera marginal et que ça ne résoudra pas les problemes economiques qui vont s'accumuler), mais ni bien sur une catastrophe soudaine plongeant le monde dans le chaos. Mais une lente décroissance s'accompagnant de crises et de périodes de rémission, mais qui conduira à une diminiution progressive du PIB et des condiitions matérielles de vie.

Dans ce type de scénarios, le prix fera du yoyo au gré des récessions et des reprises, il n'est donc bien sur pas possible d'en donner une description exacte. Le point important est que c'est justement comme quand le feu s'éteint ou un bateau coule : on n'a simplement aucune bonne solution de rechange.