J'avais remarqué aussi. Les ressources du langage économico-diplomatique sont pratiquement inépuisables...franck1968 a écrit :
"saturées" comme c'est joliment dit.

Modérateurs : Rod, Modérateurs
lienGazprom voit grand
Article paru dans l'édition du 25/09/2006
Par François GREMY à Paris
Visiblement, Gazprom, leader mondial en matière de production et de transport de gaz naturel, a entamé une chevauchée à vive allure pour étendre son influence. Une politique partenariale intense a été amorcée autour de la Méditerranée. Le Kremlin veille, quant à lui, à la réussite de cette stratégie. Et pour cause. Gazprom s'avère être déjà le bras armé de la politique étrangère russe. Et le contrôle de la distribution européenne ne peut que se révéler bénéfique.
Depuis plus d'un demi-siècle, Gazprom occupe la tête d'affiche : premier exploitant et premier exportateur de gaz au monde. La société produit près de 95% du gaz naturel russe, contrôle 16% des réserves de la planète et fournit actuellement 23% de la production mondiale.
Par ailleurs, Gazprom se développe vite. En octobre 2005, la société rachète Sibneft et s'octroie ainsi la 3e place des acteurs du secteur pétrolier derrière l'Arabie saoudite et l'Iran, avec près de 119 milliards de barils en réserve estimée. En mai 2006, la société continue d'affoler les compteurs et grille la politesse à nombre de multinationales. Elle atteint alors le 3e rang mondial sur les marchés financiers, avec une capitalisation boursière de 269 milliards de dollars, derrière Exxon Mobil et General Electric, mais avant Microsoft. Son introduction est pourtant récente et date de 1996. Mais la force de Gazprom réside aujourd'hui dans la diversification de ces activités (38% des actifs sont hors énergie). En plus de ses réserves de gaz naturel et le plus grand réseau de tubes (150.000 km), elle détient des positions stratégiques dans les secteurs bancaires, des assureances, des médias, de l'agriculture et de la construction.
Gazprom s'étend au Sud et en Europe
La stratégie de Gazprom a été relativement claire : éliminer la concurrence en interne le procès Ioukos l'a parfaitement illustré, affirmer sa suprématie dans l'espace post-soviétique et étendre ses activités dans de nouvelles régions. Le gazoduc sous-marin Blue Stream reflète cette nouvelle stratégie. Entré en activité en 2002, ce gazoduc, d'un potentiel de 16 milliards de mètres cubes par an, approvisionne la Turquie en gaz russe par la mer Noire. D'une longueur de 1.213 km, Blue Stream, dont le coût total s'élève à 2,74 milliards d'euros, passe sous la mer Noire sur une distance de 400 km, à une profondeur atteignant plus de 2.100 m par endroits, ce qui en fait le plus profond gazoduc au monde.
Mais Gazprom entend développer cet axe vers le sud et étudie aujourd'hui la possibilité de construire le gazoduc Blue Stream II selon les propos du grand patron du holding gazier, Alexeï Miller. Un consortium avec le groupe hongrois MOL vient d'être créer pour la mise en place de ce projet. « Le gaz transitera par la Turquie vers la Grèce, l'Italie et, peut-être Israël », a précisé le président de Gazprom. La possibilité de fournir du gaz à la Bulgarie, à la Roumanie, à la Hongrie et à l'Autriche est également étudiée, selon lui. « Nous nous penchons sur la possibilité de poser un gazoduc sous-marin entre la Turquie et Israël », a-t-il indiqué, ajoutant que les Israéliens devaient donner une réponse définitive quant à leurs éventuels achats de gaz russe.
Toujours dans cette perspective de développement vers le Sud, Gazprom fait les yeux doux aux autorités égyptiennes. Jeudi 14 septembre, Alexeï Miller, s'est entretenu avec l'ambassadeur égyptien en Russie Izzat Saad sur les perspectives de réalisation des projets conjoints dans la production d'hydrocarbures, a annoncé le holding gazier russe dans un communiqué. Les réserves prouvées du gaz naturel en Egypte représentent 1.760 milliards de mètres cubes, ce qui place le pays au troisième rang africain, après le Nigeria et l'Algérie. Les réserves égyptiennes de pétrole s'élèvent à 500 millions de tonnes.
L'Algérie pour sa part est également en première ligne des plans de développement de Gazprom. Le 4 août dernier, a été signé un protocole d'accords de coopération entre la société d'Etat algérienne d'hydrocarbures Sonatrach, Gazprom, ainsi que Lukoil. Ces coopérations portent sur la maîtrise de toute la chaîne industrielle du gaz et du pétrole, depuis l'exploitation à la distribution. Une distribution notamment vers l'Europe. Car Gazprom compte bien s'approprier des parts d'un gazoduc en construction entre l'Algérie et l'Italie. Sonatrach, quant à elle, aura la possibilité d'entrer dans des projets d'usine à gaz naturel liquéfié en Russie.
Plus récemment, la même stratégie a été adoptée avec le pétrolier italien ENI. Gazprom et ENI se sont entendus début septembre pour que le monopole russe s'immisce, entre autre, dans la distribution de gaz en Italie, contre la promesse faite à ENI d'exploiter des hydrocarbures en Russie.
Autre poids lourd dans les projets engagés par Gazprom : lancé en septembre 2005, le projet de gazoduc nord-européen (GNE) prévoit la pose sous la Baltique d'un tube reliant la Russie et l'Allemagne, par lequel le gaz russe arrivera en Europe vers 2010 en contournant les pays Baltes et la Pologne. L'utilisation de la voie la plus courte (par la Baltique) et l'absence de risques de transit permettra une rentabilité plus importante et surtout d'augmenter la fourniture en gaz vers l'Europe.
Le Kremlin regarde-t-il à long terme ?
La stratégie politique du Kremlin d'agrandir Gazprom représente toutefois un coût économique non négligeable. La production énergétique du groupe a stagné depuis 1999. Trois gisements, arrivés en fin de cycle, assurent aujourd'hui les trois quarts de la production de Gazprom. Et les investissements ont été quasi nuls depuis 2000 - environ 12 milliards de dollars, soit l'équivalent des investissements de Total en une année. Les investissements à prévoir pour accroître la production sont colossaux, notamment pour l'exploitation des réserves de Iamal, en mer du Nord, qui pourrait atteindre les 65 milliards de dollars.
Cette carence en matière d'investissements aura des répercussions importantes à très court terme. 26% du gaz consommé par l'Europe provient de Russie. Or, selon l'Agence internationale de l'énergie, Gazprom ne pourra plus répondre à la demande croissante des pays européens dès 2009, soit un manque à gagner considérable pour Gazprom et probablement une augmentation probable du prix du gaz pour les consommateurs.
En somme, l'orientation politique adpotée par V. Poutine va à contre sens d'une logique économique à court terme, mais s'avèrera payante sur le plan économique si Gazprom respecte ses engagements en matière d'investissements dans les décennies à venir. Sur le plan politique, lorsque l'on tient les vannes, les négociations sont bien plus simples.
Je ne croyais pas si bien dire ! C'est peut-être transitoire, mais cette volonté de favoriser les exportations de gaz a déjà des effets sur les exportations de pétrole russes.Devenson a écrit :Tous les fils sur la production, l'exportation de pétrole, le pic lui-même : si les Russes augmentent leur utilisation de pétrole pour remplacer le gaz et fabriquer de l'électricité et si leur croissance économique continue au rythme actuel, leurs exportations vont diminuer, même si leur production reste constante. C'est la théorie chère à Westexas de theoildrum qui pense que l'on va assister à une chute des exportations mondiales plus prononcée (en pourcentage) que la chute de la production elle-même (et que cela commencera avant le pic).
En gros : Gazprom a demandé aux producteurs d'électricité d'utiliser plus de fuel afin de disposer de plus de gaz naturel pour l'exportation. Il y a donc moins de pétrole disponible à l'exportation.Finally, in the FSU, Russian fuel oil exports have been falling steadily since early June (by some 200 kb/d in the year to July, according to some estimates), mostly because the giant UES power utility was asked by the Russian monopoly Gazprom a few months ago to substitute part of its natural gas intake with fuel oil, thereby freeing more gas for export. This change is already likely having an impact on Russia’s domestic fuel oil demand, since UES’s yearly needs are estimated to represent some 5-10% of total domestic fuel oil production. Indeed, it has been reported that domestic fuel oil prices increased by some 6% in July – in a month when prices normally plunge. By the same token, fuel oil exports will continue to diminish.
lienGazprom rejette partenariat étranger sur Shtokman -2-
Lundi 9 octobre 2006 / 16h29
Alexei Miller a par ailleurs précisé que le gaz extrait du champ de Shtokman servirait principalement les marchés européens par le biais de gazoducs. It avait été initialement proposé que le gaz de Shtokman serait transporté, sous la forme de gaz naturel liquéfié, dans des citernes à destination des Etats-Unis.
Alexei Miller a souligné que le gaz serait destiné à approvisionner le gazoduc Nord Stream - le nouveau nom du gazoduc nord-européen - actuellement en construction, qui reliera la ville russe de Vyborg à l'Allemagne.
Les cinq compagnies pétrolières internationales se sont battues pour se joindre au projet, et Gazprom avait précédemment annoncé qu'il accepterait deux ou trois de ces groupes comme partenaires minoritaires. Le géant russe a reporté à plusieurs reprises la date limite qu'il s'était fixée pour choisir ses partenaires, invoquant la complexité des offres.
Lundi, Alexei Miller a déclaré qu'aucune des cinq offres n'est acceptable.
Le champ de Shtokman présente des réserves d'environ 3,6 milliards de mètres cube de gaz.
C'est pire que ça. On dépend de la Russie pour 40% de nos importations de gaz, 32% de nos importations de pétrole et aussi 17% de nos importations de charbon... dans le même temps où la production de nos propres gisements est en chute libre (Chiffres officiel UE)lionstone a écrit :Dépendante à 30 % du gaz et du pétrole russe, l'Europe peine à imposer ses conditions d'approvisionnement.
lienLa Russie maintiendra sa production de pétrole après la décision de l'OPEP de diminuer le quota journalier
20:38 | 20/ 10/ 2006
NARO-FOMINSK (Région de Moscou), 20 octobre - RIA Novosti. La Russie ne réduira pas sa production pétrolière après la décision de l'OPEP de diminuer le quota journalier de production de brut de 1,2 million de barils, a annoncé vendredi le vice-ministre de l'Industrie et de l'Energie Andreï Demetiev.
"Nous n'avons pas l'intention de réduire notre production. Conformément à notre stratégie, nous l'augmentons et nous sommes en train de diversifier nos marchés et nos livraisons", a-t-il indiqué.
"Nous refusons de nous aligner sur quiconque", a ajouté le vice-ministre.
"La Russie n'est pas une compagnie pétrolière unie et elle n'est pas membre de l'OPEP", a encore rappelé M. Dementiev.
La veille, l'OPEP a pris la décision de réduire le quota de production de brut de 1,2 million de barils par jour, alors qu'on s'attendait à ce que cette réduction porte sur 1 million de barils.
La réduction du quota a été opérée à partir du niveau de production réel et non pas sur les quotas : ce dernier mois déjà, les pays de l'OPEP produisaient 0,5 million de barils de moins que ne le prévoyaient les quotas du cartel mondial.
Le projet Chtokman réévalué (Kommersant)
13:00 | 19/ 10/ 2006
MOSCOU, 19 octobre - RIA Novosti. Les nouveaux résultats des travaux de recherche géologique effectués sur le champ gazier Chtokman prouvent, selon des sources à Gazprom, que les risques inhérents à la mise en valeur du gisement ne sont pas très importants et que ses réserves commerciales sont considérablement plus abondantes qu'on ne le pensait. Le holding gazier est en mesure de supporter seul ces risques et n'a pas besoin de l'aide des sociétés étrangères. Il est malgré tout prêt à les mettre à contribution en qualité de sous-traitants à des conditions pourtant désavantageuses pour elles.
Selon la même source à Gazprom, la conclusion principale tirée par les géologues est que les risques sont sensiblement moins importants qu'on le pronostiquait. "Nous estimons que Gazprom peut mettre en valeur ce gisement par une méthode un peu différente de celle projetée au départ", a expliqué le représentant du géant gazier.
Les résultats des dernières études ont écarté la majorité des problèmes et permis de tourner le dos aux offres peu attractives faites par des étrangers, selon différentes sources à Gazprom.
Une source proche du directeur général de VNIIGAZ (Institut de recherche sur le gaz et les technologies gazières) a expliqué que "les géologues sont de très bonne humeur depuis qu'ils ont achevé leurs travaux de forage de prospection". Ils ont établi que le réservoir contenait 4.000 milliards de m3 de gaz, et non pas 3.400 milliards, selon les données du 1er janvier 2006".
Une source au sein du groupe Gazprom a annoncé que le projet Chtokman serait réalisé probablement selon le procédé buy-back, comme sur le gisement iranien de Pars-Sud. Il prévoit que tous les risques technologiques seront assumés par le maître d'oeuvre: s'il n'assure pas la rentabilité du projet, c'est lui qui supportera les pertes. "Ce principe est bien meilleur pour la Russie que le partage de la production pratiquée à Sakhaline où c'est l'Etat qui paie tout", a résumé le spécialiste.
Une source proche du groupe norvégien Statoil considère que le buy-back est un contrat draconien parce qu'il implique un bénéfice minimum pour les étrangers. Ce principe n'est plus utilisé nulle part au monde, à l'exception de l'Iran, de peur de ne pas trouver d'investisseurs, a-t-elle affirmé.
De l'avis du directeur du Centre d'étude des marchés mondiaux de l'énergie, Mme Tatiana Mitrova, les risques technologiques que présente le projet Chtokman sont tout de même importants. Le gisement est situé à 550 km de la côte et la production peut être compliquée par des icebergs, les basses températures au fond de la mer, la nuit polaire et une forte houle.
Néanmoins, les étrangers reprendront prochainement les négociations avec Gazprom. Vendredi, une des sociétés "éconduites" tiendra la première réunion sur le nouveau principe de participation au projet.
Propos Maritimes Par Pierre Deloye
Un missile antinavire supersonique
A l’exposition internationale de défense navale et de sécurité maritime qui vient de se clore, on a pu voir pour la première fois un emplacement occupé par BrahMos Aerospace. Il s’agit d’une co-entreprise indo-russe, comme le suggère son nom, lequel rassemble par ses premières syllabes le fleuve Brahmapoutre et la rivière Moskova, et qui a été créée en 1998. Si la présence de BrahMos au Bourget est nouvelle, le produit qu’elle y expose ne l’est pas : c’est un dérivé du missile antinavire russe, bien connu sous le nom de Yakhont (Rubis) ou Onyx, ou encore SS-N-26 dans l’Otan. Sa tête militaire a une masse de l’ordre de 250 kg et sa distance franchissable est donnée pour 65 nautiques en vol rasant, ou 160 à haute altitude. Le missile est propulsé par statoréacteur, une formule que les Russes maîtrisent parfaitement, et son intérêt principal est d’être largement supersonique (Mach 2,6). S’il trouve son objectif, celui-ci n’aura guère le temps de réagir. Mais à 160 nautiques, le problème majeur est justement la désignation d’objectif, et là-dessus BrahMos n’est guère explicite : ce n’est pas une mince affaire que de l’organiser sérieusement, soit à partir d’avions de guet aérien, soit à partir de satellites.
C’est sans doute pour cette raison qu’en France, un programme analogue avait été suspendu en décembre 1999 : c’était un missile antinavire à statoréacteur, proposé par l’Aérospatiale, qui avait l’expérience de ce type de propulsion avec son missile air-sol à moyenne portée.
Contrôle des normes écologiques: Total est le prochain sur la liste (Biznes)
12:46 | 02/ 11/ 2006
MOSCOU, 2 novembre - RIA Novosti. Le ministre russe des Ressources naturelles, Iouri Troutnev, a annoncé son intention de se rendre prochainement au gisement de Khariaga exploité en partage de la production par le groupe français Total. Les experts ne doutent pas que le ministre, s'il le veut vraiment, constatera différentes violations de la législation en matière de protection de l'environnement à Khariaga, mais l'activité de son administration pourrait tout bonnement chasser les sociétés étrangères du pays.
"Le ministre trouvera des violations, il n'aura rien à inventer. Les compagnies pétrolières ont pris l'habitude de penser qu'il n'est pas du tout nécessaire de respecter nos lois sévères régissant la protection de l'environnement", a estimé Konstantin Tcherepanov, de Ray, Man & Gor Securities.
Les mesures décidées par le ministère des Ressources naturelles aboutiront à l'évincement des sociétés étrangères de Russie, prédisent les analystes. "Les seuls actifs étrangers protégés en Russie sont la part russe de TNK-BP et le projet de mise en valeur des gisements de Timano-Petchera réalisé conjointement par ConocoPhilips et Lukoil", affirme le chef du service analytique de la société financière Megatrustoil, Alexandre Razouvaïev. "Toutes les autres compagnies prennent des risques. La tendance à nationaliser le secteur pétrogazier et à chasser petit à petit les étrangers du pays est nettement visible en Russie", ajoute l'expert.
"Le ministère des Ressources naturelles est l'un des outils permettant de faire pression sur les sociétés étrangères", estime M. Tcherepanov. "Elles ne seront pas évincées des projets réalisés en partage de la production mais il est possible que les étrangers en perdent le contrôle en cédant une partie de leur participation à des sociétés publiques russes. Par exemple, une partie de la part de Shell dans le projet Sakhaline-2 pourrait être cédée à Gazprom", explique l'analyste.
Les observateurs soutiennent que la production intérieure ne sera nullement affectée par le départ des sociétés étrangères parce qu'elles seront remplacées par des groupes pétrogaziers russes. Le scandale de Sakhaline n'aura pas d'incidence sur l'afflux d'investissements non plus. Mais les plans des compagnies pétrolières russes qui s'efforcent de s'installer à l'étranger et d'acquérir des actifs pétrogaziers risquent d'avorter. "La Russie s'isole lorsqu'elle cherche à s'appuyer sur ses seules forces dans le secteur pétrolier. On ne peut pas dire que cela soit mauvais mais les méthodes utilisées pour remplacer les investisseurs étrangers par des acteurs nationaux peuvent donner lieu à un effet boomerang", prévient M. Tcherepanov. Les tentatives de Rosneft et de Gazprom d'acheter des actifs énergétiques en Europe pourraient se heurter à une résistance farouche.