Poutine : après le gaz, le pétrole et le charbon
.... et après l'Ukraine... la Roumanie et la Bulgarie
Après s'être attaque aux prix du gaz fournis par la Russie à l'Ukraine , Poutine déploie désormais son plan stratégique sur le charbon, l'aluminium et le pétrole.
En effet, le président russe a appelé vendredi, à la création d'un consortium international pour la mise en valeur des mines de charbon de la Sibérie orientale tandis que le projet d'oléoduc reliant la Sibérie au Pacifique rentre désormais dans sa phase concrète.
Sur la plan diplomatique, c'est au tour de la Roumanie et la Bulgarie de se voir confrontées à la problématique tarifaire.
On est droit se demander jusqu'où ira notre nouveau “gas-devil” ...qui s'est par ailleurs étonné vendredi de la tonalité des propos de la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, au sujet du différend gazier russo-ukrainien.
I – Charbon : proposition de création d'un consortium international
Le président russe a appelé vendredi, à la création d'un consortium international contrôlé par l'État pour exploiter les mines de charbon de la Sibérie orientale : "cela doit permettre d'attirer des technologies avancées et des capitaux tout en contrôlant cette ressource prometteuse", selon lui.
"Rien que les réserves découvertes sont largement supérieures aux besoins de la Iakoutie", la région d'extraction, a constaté le président, avant de souligner que leur mise en valeur nécessiterait des investissements aussi bien russes qu'étrangers.
Le gisement permettrait d'extraire anuellement d'ici 2010 jusqu'à 30 millions de tonnes de charbon.
II – Projet d'oléoduc reliant la Sibérie au Pacifique.
La réalisation concrète du projet d'oléoduc reliant la Sibérie au Pacifique doit débuter en été prochain. Les formalités relatives à la construction de la première tranche de l'oléoduc - entre Taïchet (région d'Irkoutsk) et Skovorodino (région du fleuve de l'Amour) - doivent prendre fin en avril prochain.
Poutine a tenu à souligner que le projet ne sera pas efficace tant que les gisements de la Sibérie orientale ne seront pas mis en valeur (d'où l'intérêt du consortium évoqué précédemment) et tant que ne seront pas réglés les problèmes sociaux de la région, ... mettant ainsi en balance les intérêts économiques des grandes puissances mondiales et les propres intérêts économiques russes, laissant même supposer qu'en cas de désaccord sur le montant des investissements étrangers sur les mines de charbon de Sibérie, d'éventuels troubles sociaux-politiques pourraient freiner l'avancée des travaux de l'oléoduc...sans évoquer néanmoins la manière selon laquelle ses troubles socio-politiques pourraient émerger ... ni l'éventuel facteur déclenchant ...
Le nouvel oléoduc est censé augmenter les exportations de pétrole russe vers les pays d'Asie-Pacifique fort dépendants du pétrole pour leur propre production industreille.
III – Diplomatie russe, aluminium et énergie hydraulique
La Kirghizie espère que la Russie contribuera largement au développement des sites industriels stratégiques du pays, a déclaré le ministre kirghize des Affaires étrangères,vendredi.
"Nous souhaitons que nos sites industriels stratégiques se développent avec la participation de la Russie, que le Kirghizstan valorise les secteurs tels que l'énergie, les mines et le tourisme", a-t-il indiqué.
Bichkek "salue l'intérêt des grandes compagnies russes" à investir dans la construction de centrales hydrauliques de Kambarata et celle d'une usine d'aluminium, a poursuivi le diplomate.
Rappelant que la Russie était "le premier partenaire commercial" de la Kirghizie, Alibek Djekchenkoulov a remercié les autorités de Moscou d'avoir affecté un terrain pour construire un centre culturel kirghize et d'avoir décidé d'inaugurer dans la capitale un monument au héros national kirghize Manas.
IV – Bulgarie : révision du contrat sur le transit du gaz
La Bulgarie a rejeté vendredi les exigences de Gazprom sur les termes de révision du contrat sur le transit du gaz conclu en 1998 avec la compagnie d'Etat bulgare Bulgargaz, a annoncé le ministre bulgare de l'économie et de l'énergie.
"La partie russe a exigé que nous renégocions l'arrangement sur le paiement pour le transit du gaz russe par la Bulgarie vers la Turquie, la Grèce et la Macédoine. Aujourd'hui, nous répondrons que cette offre est inacceptable” car “il n'y a pas de clause rendant possible une révision dans notre contrat signé en 1998 et en vigueur jusqu'en 2010".
Deux contrats ont été signés en 1998 par Bulgargaz avec Gazprom et sa filiale pour l'exportation Gazexport, l'un pour des livraisons directes à la Bulgarie, l'autre pour la fourniture de gaz en échange du transit de ce combustible sur son territoire.
Aux termes du premier contrat, la Bulgarie paie 258 dollars pour 1.000 m3. Dans le deuxième contrat, celui sur le transit, le prix du gaz livré à ce pays des Balkans est de 83 dollars pour 1.000 m3. Cela permet ainsi à Bulgargaz d'obtenir du gaz bon marché et donc de maintenir les prix sur le marché intérieur à un niveau relativement bas, 183 dollars pour 1.000 m3.
Mais, depuis, Gazprom a proposé de régler au comptant les taxes de transit et de fixer le prix du gaz dans les deux contrats à 258 dollars, une initiative jugée inacceptable par la Bulgarie.
Des experts ont mis en garde dans la presse bulgare de vendredi contre un rejet par Sofia des demandes russes, qui pourrait, selon eux, valoir à la Bulgarie de perdre sa position stratégique pour le transit des matières énergétiques dans la région si la Russie décidait de réduire le volume du gaz passant par son territoire.
Pendant la première moitié de 2005, quelque 7,8 milliards de m3 de gaz ont transité par la Bulgarie à destination de la Turquie, 1,3 milliard de m3 vers la Grèce et 45 millions de m3 vers la Macédoine, ressort-il des chiffres publiés par Bulgargaz. Quant à la consommation intérieure de la Bulgarie, elle dépend quasiment à 100% des importations de gaz russe.
V – Polémique sur le prix du gaz pratiqué à la Roumanie
Gazprom a appelé jeudi les Roumains à se référer à leur contrat en réponse à une polémique survenue en Roumanie au sujet du prix payé par Bucarest pour son approvisionnement en gaz naturel russe.
Avec un prix de 285 dollars pour 1.000 m3, la Roumanie devance de loin les pays de l'ancien bloc communiste, mais aussi ceux de l'Union européenne. La conclusion de l'accord entre la Russie et l'Ukraine à un prix inférieur a déclenché en Roumanie de vives protestations.
VI – Réaction de Moscou aux propos américains
Moscou a exprimé vendredi son "étonnement" face à la tonalité des propos de la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, au sujet du différend gazier russo-ukrainien.
"Sans mentionner l'accord que la Russie et l'Ukraine ont fini par obtenir, Mme Rice a de fait accusé la Russie d'actions politiquement motivées démontrant ainsi selon elle, son incapacité d'agir en toute responsabilité en tant que fournisseur de ressources énergétiques", lit-on dans un communiqué publié vendredi par le ministère russe des Affaires étrangères.
Moscou ne comprend absolument pas les fondements de ces accusations, le ministère russe précisant que “la Russie et l'Ukraine ont traversé une période de négociations laborieuses, mais celles-ci ont finalement débouché sur un accord à long terme respectant les intérêts des parties et garantissant la stabilité des fournitures de gaz à l'Ukraine et du transit vers l'Europe", et rappelant que, contrairement aux États-Unis, l'Union européenne avait salué les nouveaux accords.
Moscou a qualifié de "dénués de tout fondement" les propos de Condoleezza Rice prétendant que "les Européens auraient pu souffrir des actions de la Russie". "Gazprom avait déclaré en permanence que, quelle que soit la tournure que prendraient les événements, il continuerait de remplir ses engagements en matière de livraison de gaz vis-à-vis des consommateurs européens", a souligné le ministère.
Moscou ne partage pas l'avis de la secrétaire d'État américaine selon lequel "les actions de la Russie entrent en contradiction avec son statut de membre et de président du G-8 à partir du 1er janvier 2006".
-Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que de risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.
Les Shadoks