La Norvège fonde de grands espoirs sur les réserves d'hydrocarbures de la mer de Barents
Quand on voit les problèmes de gaz entre la Russie et l'Ukraine, cela montre à quel point cette région peut jouer un rôle dans le futur." La région dont parle Hans Gjennestad, responsable de la stratégie à long terme au sein de la compagnie pétrolière norvégienne Statoil, est la mer de Barents.
Située au nord de l'Europe du Nord, en zone arctique, cette mer regorgerait de gaz et de pétrole. Et elle provoque actuellement un intérêt frénétique de la part des Norvégiens, qui espèrent y prolonger l'aventure pétrolière et gazière démarrée en mer du Nord dans les années 1970.
Mardi 4 janvier, M. Gjennestad était venu avec plusieurs centaines d'autres invités dans un grand hôtel d'Oslo à l'appel du NHO, l'organisation patronale norvégienne, pour sa conférence annuelle entièrement consacrée aux espoirs placés dans la mer de Barents, ce lieu glacial et inhospitalier qui passionne la Norvège depuis un ou deux ans.
Tout le gratin des affaires norvégien avait accouru, pour écouter le NHO et les grands patrons de Statoil et du conglomérat Norsk Hydro. Le premier ministre, qui a fait du Grand Nord une priorité de son gouvernement, était également présent. Il a réitéré le message que tous veulent entendre, en dépit des mises en garde des écologistes et de l'industrie de la pêche qui craignent les effets catastrophiques d'accidents : "Les possibilités sont énormes."
Alors que la mer du Nord a déjà dépassé son pic de production, les Norvégiens se sont rappelé ce qu'avait dit, en 2000, l'Institut géologique des Etats-Unis : 23,9 % des ressources non prouvées de pétrole et de gaz se trouveraient en zone arctique. "Ce chiffre, repris partout, a gagné en autorité. Or, il est très contesté", remarque Steven Sawhill, chercheur à Ocean Futures, un institut qui a concocté un rapport sur la mer du Barents pour le NHO.
Qu'importe. Pour faire taire les grincheux, d'autres chiffres circulent : le champ gazier de Snø Hvit, qui commencera à produire du gaz en 2007 et pour trente ans dans la zone norvégienne de la mer de Barents, a des réserves prouvées de 160 milliards de mètres cubes.
Une broutille face à celles du gisement de gaz Shtokman, située à l'est en zone russe, dont les énormes réserves s'élèvent à 3 200 milliards de mètres cubes et dont l'exploitation démarrera en 2010. Les Russes publieront en avril la liste définitive des participants. Parmi les cinq compagnies qui restent en course figurent Total, Chevron, ConocoPhillips, ainsi que les deux norvégiens Statoil et Hydro.
Du coup, tout le monde imagine que l'immense zone inexplorée située entre les deux gisements doit regorger de gaz, et peut-être de pétrole. "De notre point de vue, souligne M. Gjennestad, c'est la nouvelle province gazière de l'Europe. Et je ne pense pas que ces espoirs soient exagérés."
"Beaucoup de compagnies sont très intéressées, confirme, de son côté, Odd Roger Enoksen, le ministre du pétrole et de l'énergie. Le gouvernement publiera d'ici à Pâques un livre blanc sur le développement en Barents. Une trentaine de concessions ont été distribuées pour l'exploration. Nous verrons les résultats. L'Union européenne s'intéresse beaucoup à ce nous faisons là-haut, et l'intérêt s'est renforcé avec la crise ukrainienne."
On peut toujours rêver...
