Embargo Européen sur le pétrole Iranien
Publié : 24 janv. 2012, 12:56
Lancement d' un fil spécifique pour cet embargo qui va durer des mois .....
http://www.lefigaro.fr/international/20 ... ranien.phpEmbargo : le pétrole saoudien compensera le manque iranien
De même que les marchés financiers avaient, semble-t-il, largement anticipé la dégradation de la note de crédit de la France, les marchés pétroliers ont intégré depuis plusieurs semaines l'embargo sur les exportations de pétrole iranien.
Le baril de brent - la principale référence, cotée à Londres - grimpait de près de 0,5% à 110,50 dollars lundi en fin d'après-midi. Il a connu des bonds plus spectaculaires en tout début d'année lorsque Téhéran, quatrième exportateur mondial, brandissait la menace de bloquer le détroit d'Ormuz.
Sanctions progressives
Les analystes ne s'attendent pas à une flambée des cours dans la foulée de la décision européenne. D'abord parce que «la mise en place des sanctions commerciales va être progressive», souligne Francis Perrin, directeur de la revue Pétrole et gaz arabes.
Surtout, l'Arabie saoudite, le poids lourd de l'Opep et rival régional de l'Iran, a affirmé, malgré les menaces iraniennes, qu'elle compenserait les volumes de pétrole manquant sur le marché. Premier exportateur mondial, l'Arabie saoudite conserve 2,15 millions de barils par jour (Mbj) de capacités excédentaires, inutilisées. Soit pratiquement l'équivalent des exportations de Téhéran (2,5 Mbj en 2011). Un quart de ces surcapacités (0,6 Mbj) sont mobilisables en quelques semaines, selon Francis Perrin.
Les trois pays européens les plus dépendants du brut iranien (respectivement 30% des importations pétrolières de la Grèce, 13% pour l'Italie et 12% pour l'Espagne) devraient ainsi trouver sans peine sur les marchés des volumes de remplacement dans les prochains mois.
Les pays asiatiques, destinataires de 65 % des barils iraniens, vont-ils profiter de l'embargo pour acheter des volumes supplémentaires? «Je ne pense pas qu'ils aient envie d'importer plus de brut d'Iran», analyse Francis Perrin. La Chine, bien qu'hostile aux sanctions contre l'Iran, son troisième fournisseur de pétrole derrière l'Arabie saoudite et l'Angola, n'a de cesse, depuis deux ans, de diversifier ses voies d'approvisionnement.
Pékin réduit ses achats
Invoquant des différends sur le paiement, Pékin a même réduit de moitié ses achats de brut iranien pour les deux premiers mois de l'année. Alors que les importations de pétrole du géant chinois ont augmenté de 14 % depuis 2009, la part de l'Iran parmi ses fournisseurs s'est réduite, selon les chiffres douaniers cités par le Wall Street Journal, au bénéfice du Venezuela, du Kazakhstan ou de l'Irak.
Au final, pour Francis Perrin, «il y aura bien un effet négatif pour l'Iran qui exportera moins de volume», même si Téhéran «crée de la tension pour espérer récupérer en prix ce qu'il risque de perdre en quantité».
Pour l'heure, diplomates et experts pétroliers écartent le scénario du pire, un blocus du détroit d'Ormuz. La fermeture, même de courte durée, de ce goulot d'étranglement priverait brutalement le monde de 17 millions de barils quotidiens, soit 35% du fret pétrolier maritime, ou encore 20% de la demande mondiale. Le prix du baril pourrait alors s'envoler à 150, voire 200 dollars, plongeant le monde entier dans la récession.