Merci Tiennel pour ce lien, et la bonne synthese.
C'est vraiment interessant.
J'ai aussi trouvé cet echange informatif:
Roger GODINO rappelle que l’avantage du marché est une régulation par les prix. Si le prix de
l’énergie augmente, la demande décroît en fonction de l’élasticité aux prix.
Pour maîtriser la demande, que pensez-vous d’une taxe sur l’énergie ?
Nina COMMEAU-YANNOUSSIS répond que l’idée de taxe sur l’énergie est l’objet de
discussions constantes à la Commission. Et les consommateurs commencent à percevoir qu’en
réalité, ils sont aussi responsables de la sécurité de l’offre.
Pourrait-on, par une politique fiscale adéquate, provoquer une élasticité plus forte ?
Trois considérations en guise de réponse :
- Nous n’avons pas actuellement les moyens de cette politique, car sur ce sujet, l’unanimité
des 25 états membres est nécessaire,
- Une taxe supplémentaire occasionnerai des difficultés avec les pays de l’OPEP, qui se
déclarent prêts à fournir gratuitement leur production à condition de partager avec eux notre
rente fiscale…
- Le CO2 est un nouvel instrument et un nouveau produit de marché.
La contribution de Bernard ROGEAUX me semble
tres interessante

, et mérite d'etre copiée ici :
« Les défis énergétiques de l’Europe et de la Russie à l’horizon 2030/2040 »
par MM. Bernard ROGEAUX, Conseiller de synthèse EDF, Recherche et Développement et Jean-
Loup ROUYER, Retraité EDF.
Bernard ROGEAUX commence l’exposé en posant des questions sur l’avenir énergétique auxquelles il cherchera à donner des réponses claires par une vision globale aussi honnête et indépendante que possible autour du thème :
*Quelles transitions pour le monde énergétique ?
* Quelles transitions pour l’après pétrole ?
* Quelles possibilités des solutions de rechange : Gaz et Charbon, ENR, Nucléaire ?
* Quelles réductions de la demande ? (assumées ? subies ?)
*Quelles conséquences géopolitiques, environnementales ?[/list]
L’exposé comprend 2 parties: une vision mondiale et les positions particulières de l’Europe et de la Russie.
Vision mondiale :
De 1945 à 1975, le monde a connu une croissance exponentielle de ses consommations énergétiques (+ 4.6 % par an). Cette croissance est due aux pays de l’OCDE et le pétrole a joué un rôle essentiel.
De 1975 à 2005, la croissance s’est ralentie (+ 1.9 % par an). Le rôle du pétrole est toujours essentiel, avec émergence du gaz et du nucléaire.
Comment pourraient évoluer l’offre et la demande d’énergie à long terme
Un scénario « tendanciel – optimiste » intègre des efforts exigeants sur la demande et sur l’offre.
Ses hypothèses principales sont les suivantes :
* Demande « basse » AIE 2030 (variante « efficacité énergétique, protection de l’environnement ») ; au delà, stabilisation puis baisse consommation d’énergie pays riches, légère hausse par habitant PED
* Électrification progressive du transport,
* rbiopurants (x 20 en 2050, soit 200 millions de tonnes)
* Pénétration ENR dans mix électrique ( x 4 en 2050) et du nucléaire (x 3 en 2050)
* Réserves pétrole : 280 Gtep (U = 3 Tb, 77 ans en 2002)
* Réserves charbon à 700 Gtep (R/P = 294 ans en 2002)
*Réserves gaz à 280 Gtep (R/P = 133 ans en 2002)
Les résultats sur un modèle gérant les décroissances des énergies fossiles sur une période de long terme (2002 – 2100) sont les suivants :
- De 2005 à….(2035 ?), la croissance, réduite à + 1.4 %, est tirée par les PED. Le pétrole décline,
remplacé par le gaz…et surtout le charbon ?
- A partir de…. (2040 ?), le plafonnement puis le déclin du charbon conduit à l’impossibilité
physique de fournir l’énergie dont le monde aura besoin (avec les techniques actuelles).
- La diminution des énergies fossiles ne suffira d’ailleurs pas à limiter les émissions de CO2, surtout si l’on développe du CTL (coal to liquid), mais la baisse est constante à partir des années 2040.
Les principaux enseignements sont :
- de très fortes tensions dès 2025, et sans doute plus tôt (2015 ?),
- le nucléaire et les énergies renouvelables ne peuvent remplacer les énergies fossiles,
- le rôle-clé du charbon,
- et surtout le problème de la sécurité des approvisionnements dès 2025.
Positions particulières de l’Europe et de la Russie :
L’exposé est axé sur les réserves et les consommations d’énergie fossile par région du monde. Les estimations de réserves et ressources fossiles BGR 2002 posent des questions : Quelles conventions dans les évaluations de réserves, quelle fiabilité des chiffres annoncés, quelle part des ressources peut-on « raisonnablement » ajouter aux réserves ?
Quant aux consommations, l’Europe pourrait stabiliser sa consommation fossile (voire la diminuer ?) en développant des programmes d’efficacité énergétique (vers -20 % en 2020 ?), la Russie dispose d’un potentiel de croissance important (malgré les gains attendus en efficacité énergétique) et l’Asie pourrait voir ses besoins quasiment doubler en 30 ans…
Compte tenu de tout cela, les évolutions possibles des importations et exportations d’énergies fossiles sont présentées par grandes régions du monde. Il en résulte que l’Amérique du Nord peut s’appuyer sur ses importantes réserves de charbon, et mettre en exploitation les tar sands
du Canada ; le Moyen-Orient sera sollicité pour augmenter sa production de pétrole et la Russie pourrait augmenter ses exportations…alors que l’Europe et l’Asie deviendront les deux régions
fortement importatrice
Concernant le pétrole, la Russie/CIS pourrait ne plus pouvoir exporter vers 2050 si les réserves n’étaient que de 25 Gtep.
Concernant le gaz, la Russie ne pourrait plus exporter en 2050 avec des réserves de 47 T cm, date avancée vers 2035 si les réserves se limitaient à 38 T cm.
Quant au charbon,dont on parle peu, les quantités extraites sont supposées ne pas augmenter
sensiblement…mais si le pétrole et le gaz déclinent plus rapidement que prévu, un recours accru au charbon devrait être envisagée, soit par exportations directes, soit par transformation « coal to
liquid » (CTL) et transport par pipe ou tanker.
Conclusions pour le Monde :
1. Si la demande énergétique augmente de 1,3% par an (cf scénario ref AIE à 1,6% par an) d’ici à 2030, le pic des énergies fossiles pourrait être atteint avant 2040… d’où de fortes tensions sur les approvisionnements énergétiques dans le monde dès le peak oil (entre 2010 et 2020 ?), qui ne seront résolues ni par le gaz, ni par le charbon (CTL)
2. La sécurité des approvisionnements deviendra le problème essentiel dans le monde,… associée aux problèmes environnementaux dont on peut être tenté de différer la solution (CTL ?), et avec en perspective la variable de bouclage qu’est la réduction de la demande, assumée ou subie
3. L’Amérique (Nord et Sud) peut développer des solutions locales
4. L’Europe et l’Asie seront dans la situation délicate des importateurs
5. La Russie / CIS pourrait par contre être l’un des rares exportateurs potentiels, avec le Moyen-
Orient (et à un moindre degré l’Afrique)
6. La question des réserves russes de gaz et pétrole est cruciale pour estimer la durée des
exportations (vers l’Europe ? l’Asie ?) : celles-ci pourraient, selon les estimations,
commencer à décliner rapidement pour le pétrole, et à partir de 2015 à 2025 pour le gaz ?
7. Le charbon est amené à jouer un rôle clé dans les prochaines décennies : sera-t-il exporté
(mais pb infrastructures), transformé en liquides de synthèse (mais pb CO2) ?
Conclusions pour l’Europe, la France, les régions, les villes,…les particuliers :
1. Réduire la demande le plus vite possible, pour amortir le prochain choc :
adapter le parc automobile,
isoler les bâtiments,
mettre en oeuvre les solutions d’efficacité énergétique connues (appareillages élec, …)
2. Développer les solutions de rechange existantes aujourd’hui
ENR, nucléaire, véhicules hybrides rechargeables réseau, biocarburants 2ème génération ( filière ligneuse + apport d’énergie externe),
3. Développer d’autres solutions par la R&D bâtiments à énergie positive,
photovoltaïque génération 3, nucléaire surgénérateur. Thorium,
4. Transférer les meilleures techniques vers les PED
5. Imaginer des modes de vie qui nécessitent moins d’énergie : réduire les transports (surtout lointains), les consommations inutiles, changer son mode d’alimentation, …
Mais :
· Pas de solutions miracles !
· Attention aux timings : il faudra apprendre à gérer des « crash programs »
· Trouver d’autres façons de vivre, en consommant moins d’énergie…
note : les reacteurs surgenerateurs ne sont pas forcement au sodium...