Estonie

Impact de la déplétion sur la géopolitique présente, passée et à venir.

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Re: Estonie

Message par energy_isere » 29 mars 2024, 21:40

Nucléaire : l’Estonie mise sur un petit réacteur modulaire pour remplacer le schiste bitumineux d’ici à 2030

Par : Nathan Canas | Euractiv.com | translated by Nils Bouckaert 22 janv. 2024

L’Estonie envisage de construire un petit réacteur modulaire (small modular reactor, SMR) pour remplacer le schiste bitumineux très polluant qu’elle utilise et atteindre son objectif de production d’électricité 100 % décarbonée d’ici à 2030. Un vote au parlement estonien est attendu « au cours du premier semestre 2024 », selon les autorités.

Le groupe de travail sur l’énergie nucléaire mis en place par le ministère estonien de l’Environnement en 2021 a publié en décembre dernier son rapport sur la possibilité d’utiliser l’énergie nucléaire.

La principale conclusion du rapport est qu’il est possible de construire un petit réacteur modulaire qui permettrait au pays d’atteindre son objectif de décarbonation du secteur de l’électricité d’ici à 2030.

Antti Tooming, sous-secrétaire adjoint du ministère du Climat et chef du groupe de travail, a déclaré à la presse en décembre que « l’énergie nucléaire a le potentiel d’assurer un approvisionnement énergétique stable en Estonie pour les générations futures ».

Lors d’un entretien avec Energy Intelligence, il a expliqué que le programme nucléaire « soutient nos ambitions pour atteindre l’objectif de neutralité climatique d’ici à 2050 ». En outre, « il nous aide à assurer la sécurité de l’approvisionnement en électricité en Estonie, de sorte que nous puissions couvrir nos propres besoins en électricité avec de l’électricité produite en Estonie ».

Reelika Runnel, coordinatrice du groupe de travail sur l’énergie nucléaire, a confié à Euractiv que le rapport « sera discuté au sein du gouvernement, où des décisions seront prises quant à la manière de formuler la décision sur l’utilisation potentielle de l’énergie nucléaire ».

La Première ministre estonienne, Kaja Kallas, a pour sa part déclaré lundi dernier (15 janvier) devant le Riigikogu, le parlement estonien, que les discussions au sein du gouvernement auraient lieu « soit cette semaine, soit la semaine prochaine ».

La date officielle du vote sur ce projet de loi n’a pas encore été fixée, mais Mme Runnel a laissé entendre que le « parlement sera prêt à prendre une décision sur le déploiement potentiel de l’énergie nucléaire en Estonie sous forme de SMR, au cours du premier semestre de 2024 ».

Abandon du schiste bitumineux

Jusqu’à présent, l’Estonie assurait son indépendance énergétique grâce au schiste bitumineux. Toutefois, ce combustible est l’un des plus polluants au monde.

Une fois extrait, le schiste bitumineux, une roche sédimentaire, peut être brûlé comme combustible de basse qualité pour la production d’électricité et pour le chauffage.

« Le schiste bitumineux a fourni près de la moitié de l’énergie primaire en 2021, mais en raison de la crise énergétique, cette part est passée à 57 % en 2022 », explique Andrei Belyi, professeur en droit et politique de l’énergie à l’Université de l’Est de la Finlande et directeur général de la société estonienne de consultance énergétique Balesene OÜ.

Parallèlement, l’exploitation du schiste bitumineux est très polluante, représentant 56 % des émissions de gaz à effet de serre du pays en 2019, selon les données de l’UE.

C’est pourquoi Tallinn cherche à diversifier son bouquet énergétique afin d’atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050, conformément aux objectifs de l’Union.

L’abandon du schiste bitumineux devient également plus pressant, car les coûts d’exploitation des usines devraient augmenter dans les années à venir en raison de la hausse des prix du carbone dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission du bloc (SEQE).

Mais selon M. Tooming, le développement des énergies renouvelables ne peut pas être l’unique solution : « Le vent et le soleil ne sont pas toujours au rendez-vous, et nous ne disposons pas encore de la technologie nécessaire pour stocker autant d’électricité. Nous avons besoin d’une quantité spécifique d’énergie distribuable ».

Un projet à 73 millions d’euros

Entre le lancement du programme en 2021 et la production effective d’électricité, le rapport du groupe de travail estonien prévoit une période de 9 à 11 ans. Le coût total du projet est quant à lui estimé à 73 millions d’euros.

Kalev Kallemets, directeur général de Firmi Energia, une entreprise créée en 2019 pour promouvoir la technologie SMR en Estonie, a expliqué lors d’échanges de courriels avec Euractiv que le programme « vise maintenant deux unités de 300 MWe, pour un total de 600 MWe de production d’électricité et de production de chaleur ».

Selon un communiqué de presse publié en février de l’année dernière par Firmi Energia, la technologie choisie est le réacteur BWRX-300 développé par GE Hitachi. Un prototype de ce modèle devrait être construit au Canada, et c’est également ce modèle qui a été choisi par PKN Orlen, en Pologne, pour une partie de son parc qui sera composé de 74 petits réacteurs modulaires.

En ce qui concerne le choix du site, une étude préliminaire achevée au printemps 2023 a sélectionné 16 régions pour la construction. Une région a toutefois été exclue pour des raisons de sécurité nationale.

« Des analyses d’impact socio-économique ont été réalisées pour les 15 régions restantes », a expliqué Mme Runnel. « En conséquence, il a été recommandé d’envisager en premier lieu l’établissement d’une centrale nucléaire dans quatre régions, dont l’une est située à l’ouest de l’Estonie et les trois autres sur la côte nord », a-t-elle indiqué à Euractiv.

Étant donné que le pays balte n’a pas pris de décision définitive sur le déploiement de l’énergie nucléaire, aucun site n’a pour l’instant été sélectionné.

Interrogée sur le risque de construire une centrale nucléaire près de la frontière russe, la coordinatrice du groupe de travail s’est montrée confiante.

« Il a été conclu que, compte tenu de la petite taille de l’Estonie, l’emplacement du SMR n’est pas d’une importance majeure. Cependant, si la centrale est située à moins de 50 km de la frontière russe, des considérations de sécurité supplémentaires doivent être prises en compte. »

En ce qui concerne le financement du projet, le gouvernement estonien n’a pas l’intention de contribuer aux coûts de construction de la centrale ou de l’entreprise et a choisi de lancer un appel d’offres.

Le défi d’une transition juste

Une autre considération importante pour l’Estonie est l’impact socio-économique de son abandon progressif du schiste bitumineux.

L’industrie fait actuellement vivre environ 40 % de la population de la région estonienne d’Ida-Virumaa, près de la frontière russe, et contribue à près de la moitié de son PIB. La fin de l’industrie du schiste pourrait conduire à l’isolement économique de cette région majoritairement russophone.

Pour soutenir la transition, la Commission européenne a annoncé l’octroi à l’Estonie de 354 millions d’euros de subventions provenant du Fonds pour une transition juste (FTJ) de l’UE.

« Le plan prévoit des investissements dans les énergies solaire, éolienne et hydraulique, ainsi que dans l’hydrogène renouvelable, et soutient le développement de solutions de chauffage renouvelables. Il prévoit également la restauration de zones de friches industrielles contaminées », a déclaré la Commission, ajoutant que cela contribuerait à la création d’environ 1 100 emplois directs dans la région.

Le petit réacteur modulaire pourrait être construit sur un ancien site d’extraction de schiste bitumineux, ce qui permettrait d’avoir accès à une main-d’œuvre ayant une expérience industrielle et d’attirer des cadres et des professions libérales qualifiés afin de revitaliser la région.

Le sort du programme dépend désormais du prochain vote du parlement estonien. Selon les sondages, 60 % de la population estonienne est favorable au projet.

Mais tout le monde ne semble pas convaincu par le projet. Kadri Simson, commissaire européenne à l’Énergie originaire d’Estonie, a exprimé son scepticisme, affirmant que les besoins énergétiques du pays pourraient être satisfaits par « un marché de l’électricité mieux interconnecté », ajoutant que chaque pays de l’UE n’a pas besoin de construire sa propre centrale nucléaire.

Si le programme devait être rejeté par le parlement, « l’alternative disponible est d’avoir quelques turbines à gaz fonctionnant au biométhane », a indiqué M. Tooming lors de son entretien avec Energy Intelligence.
https://www.euractiv.fr/section/energie ... ci-a-2030/

bizarre ce chiffre de 73millions , qu'est ce que ca recouvre ?
Une centrale nuke de 300 MW ca coute au minimun 1.5 milliards d'euro.

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