Quelques données sur les échanges Afrique-Chine.
Pour résumer la Chine importe des matiéres premiéres et revend des produits à fortes valeurs ajoutés.
La quasi-totalité des achats de la Chine est constituée de matières premières, en particulier de pétrole (69%), minerais (10%), pierres précieuses (5%), coton et bois (3% chacun)
En contrepartie, les exportations chinoises sont beaucoup moins concentrées, à l'image de sa polyvalence industrielle : appareils électroménagers / électroniques (26%), textile habillement (22%), chaussure cuir (5%)etc.
Géographiquement, les relations apparaissent tout aussi déséquilibrées, ce qui n'est guère étonnant puisque la Chine ne commerce principalement qu'avec les pays qui lui fournissent les matières premières dont elle a besoin. 85% des importations chinoises d'Afrique proviennent de 7 pays, dont 6 fournissent quasi-exclusivement du pétrole (par ordre décroissant : Angola, Soudan, Congo, Guinée équatoriale, Lybie, Nigéria) et l'Afrique du Sud, qui fournit du fer, du platine et des diamants. Ces mêmes 7 pays reçoivent en échange environ 45% des exportations chinoises vers l'Afrique. Seuls l'Egypte, l'Algérie et le Maroc entretiennent un commerce substantiel avec la Chine qui n'est pas complètement adossé à la fourniture de matières premières, ce qui leur vaut d'ailleurs d'accuser des déficits relativement importants (respectivement 1,7 Mds USD, 1 Md USD et 900 MUSD en 2005).
Un baril sur quatre produits en Angola part pour la Chine tandis que ce rapport passe à six sur dix au Soudan ! Pour ne pas dépendre que de leurs trois fournisseurs principaux l'Iran, l'Indonésie et Oman, les compagnies chinoises se sont jetées dans la mêlée autour des nouveaux gisements dans le golfe de Guinée, en Mauritanie, au Niger ou dans l'océan Indien. Ce qui vaut pour le pétrole vaut pour les autres matières premières. Cette Chine devenue « usine du monde» réclame du fer, du cuivre, du nickel, du cobalt, de la bauxite, de l'uranium... Sans oublier le coton ou le bois. Les infrastructures nécessaires à l'exploitation du sous-sol débouchent sur des contrats de travaux publics. Ceux qui revenaient à des sociétés européennes, notamment françaises, tombent à présent dans l'escarcelle de Pékin. Avec une différence notable : les groupes chinois amènent leur main-d'oeuvre. Logés dans des baraquements sur place, voire sur des bateaux à quai, ces ouvriers asiatiques n'ont aucun contact et repartent en Chine sitôt les travaux achevés. Il se murmure qu'il s'agirait de prisonniers auxquels ces « travaux forcés » vaudraient des remises de peine.
« L'Afrique n'est pas seulement un coffre-fort de matières premières à peine entrouvert, explique Lionel Zinsou, associé gérant chez Rothschild. C'est aussi un marché de 700 millions d'habitants avec un taux de croissance annuel du PIB de près de 6 %. » Ce banquier d'affaires, de mère française et de père africain, déplore « l'afro-pessimisme » qui règne en Europe en général et en France en particulier. Pour lui, l'offensive de la Chine sur le continent noir est celle d'une puissance économique globale qui a besoin de débouchés. Et l'Afrique en est un. Les produits courants, de la bassine de plastique à la bicyclette en passant par le téléviseur, sont « made in China ». Les boutiques, quand elles ne sont pas directement tenues par un Chinois, leur appartiennent de plus en plus souvent. Non sans heurts : à Dakar, la chambre de commerce s'insurge contre « l'invasion ». Des produits plus sophistiqués, comme les téléphones portables, apparaissent. « Les Chinois en donnent une dizaine à des vendeurs des rues, raconte Jean-François Probst, conseiller de nombreux chefs d'Etat africains. Ceux-ci ne paient que ce qu'ils ont vendu. Et ça marche. »