L'Irak
Publié : 22 nov. 2004, 16:04
Allez, il est temps de parler un peu de l'Irak dans ce forum !
Je commence par centrer le débat en parlant de deux faits importants. Tout d'abord, on vient d'annoncer que le "Club de Paris" acceptait d'annuler 80% de la dette Irakienne, laquelle s'élève quand même à 120 milliards de dollars:
Autre point qu'il est toujours intéressant de rappeler : les contrats pétroliers de l'Irak autrefois dans les mains de la France, de la Russie et de la Chine sont désormais détenus par les USA et la Grande Bretagne. Il est intéressant de voir comment ces contrats ont été apportés dans les valises des GI's. Il est de notoriété publique que le ministère du pétrole a été quasiment le seul bâtiment dont les Américains se soient souciés lors de la prise de Bagdad (et certaines mauvaises langues insinuent qu'ils en auraient profité pour identifier certains champs pétroliers qui n'étaient pas "dans le domaine public"
). Par contre, on parle assez peu de l'économie de marché. Les occupants ont littéralement forcé les autorités Irakiennes à accepter de nombreuses "réformes économiques", sans leur laisser la possibilité de refuser. J'ai retrouvé un article de juin 2003 à ce propos :
J'en viens maintenant à ma conclusion. Peut-on dire que l'Irak soit vraiment "libre" ? Tout dépend de la définition de ce mot. Si l'on considère la situation actuelle, les Irakiens se trouvent avec une puissance étrangère sur leur sol qui leur impose des choix économiques contraires à leur propre intérêt.
Pour résumer les points importants :
- Avant la guerre, l'Irak pouvait choisir, à son gré, à quel pays vendre ou non du pétrole. Plus maintenant.
- Avant la guerre, l'Irak pouvait choisir une devise pour ses exportations. Plus maintenant. Saddam était passé à l'euro : les autorités Irakiennes ont rapidement "choisi" de retourner au dollar.
- Avant la guerre, l'Irak pouvait choisir de ne pas exporter une goutte de pétrole. Plus maintenant.
Comme vous le voyez, les chois disponibles pour le peuple Irakien se sont considérablement réduits. Certains prétendent que les USA ne sont pas venus pour voler le pétrole car ils "l'achètent" mais, en y réfléchissant, cet argument ne tient pas car, à mon sens, imposer des choix commerciaux et économiques à coup de canons peut certainement être qualifié de "vol".
Ceci étant dit, il reste une question. Quand les Américains se décideront-ils à partir ?
La question est délicate. Maintenant, si l'on considère que le gouvernement Américain a préféré se mettre la planète à dos plutôt que de renoncer à son projet d'invasion, si l'on considère qu'il se refuse à donner une date pour le rapatriement de ses soldats et si l'on fait l'hypothèse raisonnable que l'administration Bush a parfaitement conscience de l'imminence du pic pétrolier, je pense que l'on peut dire sans grand risque de se tromper que l'administration Américaine actuelle n'a aucune intention de quitter l'Irak dans un avenir proche. Cela ne signifie naturellement pas qu'ils y resteront éternellement. Disons plutôt que les Américains vont devoir se forcer à rester afin d'aider ce pays dans la lutte contre le terrorisme et de le faire bénéficier de leur avis éclairé sur les questions économiques et géopolitiques. Tant que les réserves Irakiennes de pétrole ne seront pas épuisées, en tout cas...

Je commence par centrer le débat en parlant de deux faits importants. Tout d'abord, on vient d'annoncer que le "Club de Paris" acceptait d'annuler 80% de la dette Irakienne, laquelle s'élève quand même à 120 milliards de dollars:
Outre l'injustice indéniable qui consiste à accorder à un pays "riche" (si on prend en compte ses réserves pétrolières) un cadeau bien plus grand que tout ce que l'on refuse régulièrement à des pays dépourvus de telles ressources, il est intéressant de noter que cet allègement fiscal va avant tout bénéficier aux entreprises présentes pour la reconstruction du pays. En d'autres termes, l'essentiel de ces 80 milliards finira dans les poches d'entreprises Américaines, ce qui explique la réticence de différents pays (dont la France) à annuler la dette. Donner de l'argent à l'Irak est une chose, subventionner les compagnies Américaines en est une autre complètement différente, mais les dernières élections ont visiblement changé la donne. Notez bien qu'il n'y a quasiment aucune entreprise Irakienne qui bénéficiera de cette manne car (pour l'instant en tout cas), les Américains se sont réservés la part du lion. Remarquez également que certaines de ces entreprises auront gagné de l'argent tout d'abord en détruisant le pays, puis maintenant en le reconstruisant ce qui, à défaut d'éthique, soulève d'intéressants problèmes de conflits d'intérêts (enfin, en soulèverait si le respect de tels critères était la préoccupation majeure de Washington).Le ministre allemand des Finances, Hans Eichel, vient de le confirmer : le Club de Paris, qui rassemble les principaux pays créanciers de la planète, a trouvé un compromis sur la dette irakienne. Il s’agit d’un accord de principe, qui prévoit d’effacer 80% de cette dette de 120 milliards de dollars. L’opération se fera en trois étapes : 30% seront effacés immédiatement, 30% en coopération avec le Fonds Monétaire International et 20% en fonction des résultats du programme du FMI.
Autre point qu'il est toujours intéressant de rappeler : les contrats pétroliers de l'Irak autrefois dans les mains de la France, de la Russie et de la Chine sont désormais détenus par les USA et la Grande Bretagne. Il est intéressant de voir comment ces contrats ont été apportés dans les valises des GI's. Il est de notoriété publique que le ministère du pétrole a été quasiment le seul bâtiment dont les Américains se soient souciés lors de la prise de Bagdad (et certaines mauvaises langues insinuent qu'ils en auraient profité pour identifier certains champs pétroliers qui n'étaient pas "dans le domaine public"

Notez que le problème n'est même pas que ces réformes soient "bonnes" ou "mauvaises" : c'est que les Irakiens n'aient pas été consultés. De toute façon, il est peu probable que ces dispositions soient remises en question lors des prochaines élections Irakiennes (si elles ont lieu) car les Américains se sont accordés la possibilité de refuser tout candidat qui ne les satisfasse pas.Les Américains veulent s'emparer de tout le pays, en faire le banc d'essai d'une privatisation ultralibérale à laquelle les plus fanatiques partisans de l'OMC n'oseraient rêver. Le Wall Street Journal a révélé, début mai, que la réalisation d'un plan secret américain intitulé "Pour que l'économie irakienne passe de la renaissance à la croissance continuelle" avait été confiée à Bearing Point Inc., un cabinet de conseil. Ce document donne un bon aperçu des intentions des Etats-Unis. Il ne s'agit ni plus ni moins que de vendre les industries étatisées, en particulier celles du secteur pétrolier, de créer une Bourse, d'implanter un régime fiscal comparable à celui des Etats-Unis pour favoriser les investisseurs étrangers. La plupart des compagnies étatisées sur lesquelles la population comptait pour obtenir un travail seront déclarées insolvables et liquidées. Celles qui seront considérées comme potentiellement profitables seront vendues dans le cadre de ce que le plan nomme "le large programme de privatisations de masse". Ainsi, après avoir détruit les principales infrastructures, la reconstruction de l'Irak devient une manne d'or pour les Etats-Unis : son coût est estimé à 100 milliards de dollars ! On rapporte même que le gouvernement Bush a déjà réuni une dizaine de groupes de travail pour planifier la transformation de l'Irak, de l'agriculture au système bancaire.
J'en viens maintenant à ma conclusion. Peut-on dire que l'Irak soit vraiment "libre" ? Tout dépend de la définition de ce mot. Si l'on considère la situation actuelle, les Irakiens se trouvent avec une puissance étrangère sur leur sol qui leur impose des choix économiques contraires à leur propre intérêt.
Pour résumer les points importants :
- Avant la guerre, l'Irak pouvait choisir, à son gré, à quel pays vendre ou non du pétrole. Plus maintenant.
- Avant la guerre, l'Irak pouvait choisir une devise pour ses exportations. Plus maintenant. Saddam était passé à l'euro : les autorités Irakiennes ont rapidement "choisi" de retourner au dollar.
- Avant la guerre, l'Irak pouvait choisir de ne pas exporter une goutte de pétrole. Plus maintenant.
Comme vous le voyez, les chois disponibles pour le peuple Irakien se sont considérablement réduits. Certains prétendent que les USA ne sont pas venus pour voler le pétrole car ils "l'achètent" mais, en y réfléchissant, cet argument ne tient pas car, à mon sens, imposer des choix commerciaux et économiques à coup de canons peut certainement être qualifié de "vol".
Ceci étant dit, il reste une question. Quand les Américains se décideront-ils à partir ?
La question est délicate. Maintenant, si l'on considère que le gouvernement Américain a préféré se mettre la planète à dos plutôt que de renoncer à son projet d'invasion, si l'on considère qu'il se refuse à donner une date pour le rapatriement de ses soldats et si l'on fait l'hypothèse raisonnable que l'administration Bush a parfaitement conscience de l'imminence du pic pétrolier, je pense que l'on peut dire sans grand risque de se tromper que l'administration Américaine actuelle n'a aucune intention de quitter l'Irak dans un avenir proche. Cela ne signifie naturellement pas qu'ils y resteront éternellement. Disons plutôt que les Américains vont devoir se forcer à rester afin d'aider ce pays dans la lutte contre le terrorisme et de le faire bénéficier de leur avis éclairé sur les questions économiques et géopolitiques. Tant que les réserves Irakiennes de pétrole ne seront pas épuisées, en tout cas...