En effet, là où certains ne voient qu'un nanar savoureux, on constate aujourd'hui, avec le recul du temps écoulé, que les auteurs de ce film ont tout simplement réalisé une remarquable parabole de l'âge du pétrole, par des retouches discrètes du scénario original de 1933, en anticipant trente ans à l'avance les faits majeurs que nous sommes en train de vivre.
Ainsi, ce n'est pas une équipe de tournage en mal de scénario qui part en bateau à la recherche de l'Ile du Crâne, mais bel et bien une équipe de prospection pétrolière. Ils y rencontrent une civilisation primitive mais relativement accueillante (les environnementalistes ?) qui veut sacrifier Jessica Lange (personnification de la Croissance) au monstre noir qui hante la jungle alentour. Ce monstre, le roi Kong, n'est autre que le Pétrole, qui tombe amoureux de la Croissance et réciproquement et accepte de se faire ramener à New York... dans la cuve d'un pétrolier (pour ceux qui doutaient du symbole).
A New York, enchaîné et montré comme une bête de foire (allusion au NYMEX où l'on croit pouvoir jouer sans risques avec les cours des hydrocarbures), la Bête finit par se rebeller, brise ses chaînes (flambée des cours, perte de contrôle de l'OPEP), dévaste une partie de la ville et notamment des moyens de transport ferroviaires (l'un de ses pires ennemis) puis s'enfuit avec sa Belle tout en haut du World Trade Center (le Peak Oil).
L'armée US intervient et met Kong à terre, pensant ainsi avoir réglé le problème : il s'agit là clairement d'une parabole avec la guerre en Irak, décidée après la chute du WTC pour éviter le choc pétrolier. Mais la Croissance, les larmes aux yeux, voit mourir dans la rue celui qu'elle chérissait le plus au monde.
