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par vincent128 » 14 sept. 2007, 14:28
En fait, il y a toute une nébuleuse de comportements se rapprochant du glanage :
Pour la nourriture :
- Faire la fin du marché
- fouiller les poubelles pour y trouver de la nourriture
- récolter et consommer des plantes sauvages
- récolter et consommer des plantes cultivées par d'autres : attention, il n'y a pas de limite bien nette entre le vol et la "récupération". Le vol est d'autant plus flagrant que la personne qui a fait pousser espère récolter, et que les quantités que vous emmenez sont conséquentes. exemples : les pommes des pommiers de grand vent (ou de plein champ) ne sont souvent plus ramassées par leurs propriétaires. Si, lors d'une ballade, vous en rammassez une pour la croquer immédiatement, il y a peu de chances que vous vous fassiez engueuler. En revanche, si vous débarquez en voiture avec sacs et paniers pour une véritable razzia, le proprio risque de gueuler "pour le principe", même s'il compte les laisser pourrir par terre. Il faut donc se conformer aux usages, et si on prévoit de récolter des quantités significatives, essayer de demander l'autorisation au propriétaire, ou au moins se renseigner auprès d'un voisin.
- le glanage au sens propre : ramasser après la récolte. C'est presque toujours toléré, et il s'agit effectivement d'un usage très ancien. Ne pas oublier que pendant très longtemps, à la campagne, l'usage était presque plus important que la loi ! "C'est l'usage" était une justification puissante ! Ca existe encore aujourd'hui dans certaines régions et dans certains domaines.
Dans le domaine matériel :
- la récup : attention, là aussi ce peut être considéré comme du vol. Il faut s'assurer que ce qu'on récupère est bien abandonné ! (avec des nuances : ce qu'on récupère peut être utilisable tel quel, ou nécessiter un rafraïchissement ou une réparation, ou encore être utilisé pour un usage totalement différent...)
- la réutilisation : réutiliser quelque chose qu'on nous a donné ou vendu, au-delà de l'usage ou de la durée de vie normale.
- utiliser des matériaux disponibles dans la nature : décorer avec des fleurs, du sable ou des pierres, bricoler avec du bois flotté, etc.
De nombreuses personnes pratiquent l'une ou l'autre de ces formes de glanage. Par tradition familiale, par souci d'économie, par réelle nécessité, par militantisme écologiste ou décroissant...
Un des freins à ces pratiques, c'est le regard des autres. Suivant le contexte, la pratique va être considérée comme plus ou moins honteuse, plus ou moins révoltante, plus ou moins légale.
Il y a donc une véritable nébuleuse de pratiques, de motivations et de jugement social. Cela fait qu'il est bien difficile de caractériser ce phénomène. On risque de tomber dans la caricature facile, et de louper ainsi toute la diversité de la chose.
Justement, il pourrait être intéressant que chacun-e raconte dans ce fil ses pratiques de glanage-récupération-cueillette...
P.S. une réflexion me vient après avoir écrit ce post. Dans la société de consommation, on essaie de nous faire payer pour presque tout. Lorsqu'on profite de quelque chose sans payer, ça se rapproche du glanage. Par exemple : se baigner en lac ou rivière au lieu de payer la piscine. Marcher à pied au lieu de prendre le bus. Faire des vacances en radonnée et camping sauvage au lieu de vacances organisées et coûteuses.
Le troc, les solidarités, l'amitié, l'économie non marchande... Il y a finalement beaucoup de choses qui échappent à l'économie marchande. Se focaliser sur les militants qui bouffent dans les poubelles, c'est très réducteur ! Ca sert à stigmatiser ces pratiques pour mieux nous dire "ne soyez pas comme eux, soyez normaux, consommez !".
Le fond de l'air est frais.