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L'AIE parle officiellement du PPP

Publié : 19 sept. 2005, 16:21
par babast
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 094,0.html
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) n'est pas alarmiste, mais elle commence à préparer l'opinion à des lendemains qui déchantent : peu après 2010, la production des Etats qui ne sont pas membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) devrait commencer à décliner. Cette prévision pessimiste sera l'un des messages que l'agence ­ chargée depuis 1974 de défendre les intérêts des pays consommateurs ­ lancera dans son rapport annuel "World Energy Outlook 2005" rendu public le 7 novembre.

Les "non-OPEP" comptent notamment de gros producteurs comme la Russie, la Chine, les Etats-Unis, le Mexique, le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan ou la Norvège et fournissent aujourd'hui 60 % du brut mondial. "La production de pétrole conventionnel -hors huiles lourdes et bitumes- atteindra un plafond juste après 2010 , explique Fatih Birol, directeur des études économiques de l'AIE. Le profil de production pour la suite dépendra de la technologie, des prix et des investissements."

Cet expert reconnu ajoute que "s'il y a suffisamment d'investissements et si les prix restent à un niveau correct, la production peut se stabiliser quelque temps" , avant de décroître. En revanche, "des prix bas et des investissements insuffisants -dans l'exploration et la production- entraîneront un déclin plus prononcé" , prévient-il. L'essentiel de la croissance du volume d'extraction viendra donc des pays de l'OPEP, conclut-il. Notamment du Moyen-Orient et d'Afrique, deux régions particulièrement étudiées dans le prochain "World Energy Outlook" .
Ca bouge .......

Publié : 19 sept. 2005, 16:23
par MadMax
ça reste encore optimiste !

Publié : 19 sept. 2005, 16:25
par babast
C'est un début, même si ca n'est effectivement pas la panacée.

Publié : 19 sept. 2005, 17:36
par diego
Je pense que ce n'est pas si loin que cela de la vérité, les effets des prix élevés commencent à se faire sentir, l'augmentation de la consommation décélère légèrement.
J'ai lu que Total allait mettre un paquet de fric sur la table pour améliorer ses capacités de raffinage en France, et on peut penser que ce n'est pas la seule compagnie qui va le faire.Il y a de part le monde quelques nouveaux projets d'extraction qui pourraient permettre de voir venir en attendant que ça coince vraiment.
Ce fameux PPP n'est pas un événement instantané, mais un processus qui se déroule sur quelques années.Ces pays non-OPEP extraient 60% du pétrole, comme l'OPEP peine à augmenter sa production(ce que ne semble pas croire les mecs de l'AIE), voir la part des pays non-OPEP décliner serait un bon indicateur.
Mais bon si tout ceci n'est plus qu'une question de choix dans la date...

Publié : 19 sept. 2005, 17:50
par ktche
diego a écrit :une question de choix dans la date...
prout ! :-D

Publié : 19 sept. 2005, 18:26
par energy_isere
ktche a écrit :
diego a écrit :une question de choix dans la date...
prout ! :-D
et contrepet ! 8-)

Publié : 19 sept. 2005, 20:44
par Papey
On a eu le droit à ce grand classique dans un article du Canard Enchaîné de cette semaine, également :-P

Publié : 19 sept. 2005, 21:47
par diego
Bon visiblement le rapport de l'AIE n'intéresse plus grand monde ici, c'est un peu comme les déclarations de l'OPEP, nous n'y croyons plus guère, finalement ce qu'il nous faudrait c'est de parcourir le vaste internet pour y prêcher la bonne parole.Mais j'avoue moi-même hésiter à aller parler du PPP sur un forum de rock'n roll(voir le site web de mon profil, super concerts à Saint-lo, venez nombreux), alors quoi tracts, t-shirts, disco-mobile, manif permanente devant le siège du PS, de l'UMP, et l'Assemblée Nationale....?


Quant aux contrepéteries : lien

Publié : 21 sept. 2005, 12:29
par energy_isere
http://www.dailykos.com/storyonly/2005/9/19/132156/430
IEA Official: Oil 'like a girlfriend' - leave her before she leaves you
Jerome a Paris, Daily Kos
Le Monde reveals today that the IEA (International Energy Agency), the official energy watchdog for the Western countries, will announce in its yearly report, due to be published on 7 November, that non-OPEC oil will peak around 2010 and that we should all get ready to make serious efforts to lower our consumption.

Conventional oil will start declining, but the West may still see a stable production profile for some additional time if enough investment is made into non-conventional oil (shale oil, oil sands). Otherwise it will see a steep decline.

The upcoming report is said to adapt as a mantra a much tougher message: "Save energy. Save oil. Diversify. Get out of oil!"

...But the IEA has decided to publicise - and dramatise - that information a lot more, as suggested by this quote, used in the title, which comes the chief economist of the IEA, Fathi Birol:
Oil is like a girlfriend. You know that she will leave you at some point in the future. To avoid a heartbreak, you should leave her behind!
That sounds about right (discounting what may be a slightly sexist example). We know this (the end of cheap oil) will happen. We can either prepare for it, or be hurt by it when it happens.

And this is the official watchdog for energy of the West, which has historically taken a fairly upbeat vision of the oil markets.

[Le Monde] AIE:le marché pétrolier face à un mur d'ici 2015?

Publié : 27 juin 2007, 17:56
par tolosa
ENTRETIEN AVEC FATIH BIROL, DIRECTEUR DES ÉTUDES ÉCONOMIQUES DE L'AGENCE INTERNATIONALE DE L'ÉNERGIE


Sans l'or noir irakien, le marché pétrolier fera face à un "mur" d'ici à 2015

LEMONDE.FR | 27.06.07 | 16h47 • Mis à jour le 27.06.07 | 17h26


LeMonde.fr.

En septembre 2005, dans les colonnes du Monde, vous lanciez cet avertissement aux pays consommateurs d'or noir : "Sortez du pétrole". Avez-vous le sentiment d'avoir été entendu ?


Fatih Birol. Chaque jour, le marché pétrolier devient plus difficile, à cause de la vitesse de la croissance de la demande et de la concentration de la production dans un très petit nombre de pays. Depuis 2005, la hausse du prix du baril s'est confirmée : le prix actuel, proche de 70 dollars, est un signal important pour les grands pays consommateurs.

L'économie a accepté quasiment sans difficulté cette augmentation du prix du baril.

Vous avez raison, l'économie riche l'a acceptée. Mais le monde ne s'arrête pas aux pays riches. L'Afrique est en grande difficulté. La dette se creuse pour acheter le pétrole. Pour les générations futures, il y a là quelque chose de grave. Mais la facture énergétique et les déficits se creusent aussi aux Etats-Unis, par exemple. Les Etats-Unis et l'Union européenne tentent d'utiliser le pétrole beaucoup plus efficacement, de façon à réduire la croissance de la demande de pétrole. Donc il y a bien eu une réaction de la part des pays consommateurs.

Cette réaction est-elle à la mesure des dangers que vous présagez ?

La sortie du pétrole monte peu à peu dans l'agenda des pays de l'OCDE. Mais il faut souligner qu'une grosse part de la hausse de la demande vient de la Chine et, dans une moindre mesure, de l'Inde. La Chine compte pour l'instant 70 voitures pour mille habitants, contre 680 en Europe et 860 aux Etats-Unis. Si les Chinois veulent rattraper le niveau d'équipement des nations occidentales, que va-t-il se passer ?

Les capacités de production existent-elles pour répondre à une telle augmentation de la demande ?


D'ici à 2015, le marché et l'industrie du pétrole vont être sévèrement mis à l'épreuve. D'ici cinq à dix ans, la production pétrolière hors-OPEP va atteindre un maximum avant de commencer à décliner, faute de réserves suffisantes. Il y a chaque jour de nouvelles preuves de ce fait. Au même moment aura lieu le pic de la phase d'expansion économique de la Chine. Les deux événements vont coïncider : l'explosion de la croissance de la demande chinoise, et la chute de la production hors pays de l'OPEP. Notre système pétrolier sera-t-il capable de répondre à ce défi, c'est la question.

Les dirigeants chinois ont-ils la volonté et la capacité de freiner leur demande de pétrole ?


Cette volonté existe. Mettre en place une politique énergétique radicale est plus facile en Chine que dans un pays ayant un régime politique, disons, différent. D'un autre côté, les Chinois désirent profiter du style de vie occidental. Un Chinois se dit : "si j'ai l'argent, pourquoi je n'achèterais pas une voiture ?"
Je pense que le gouvernement chinois ne pourra pas faire mieux que freiner l'accélération : il y aura toujours une très forte croissance de la demande de pétrole, quoi qu'il arrive. L'industrie du pétrole doit tenir compte de ce fait et prendre les mesures nécessaires.

Peut-on prévoir quel sera le rythme de cette croissance ?

C'est une grande inconnue : quel est le potentiel de croissance des Chinois pour les dix prochaines années : 6 % par an, 7 %, 10 % ? Cette différence de quelques points aura des implications très différentes dans le monde.

Les biocarburants ne constituent-ils pas une réponse à ce défi ?

Encore une fois, il faut regarder les chiffres, plutôt qu'écouter la rhétorique. Beaucoup de gouvernements encouragent la consommation de carburants agricoles, notamment en Europe, au Japon et aux Etats-Unis. Certaines de ces politiques ne sont pas fondées sur une rationalité économique solide : les biocarburants resteront très chers à produire. Mais même si ces politiques aboutissent, nous pensons que la part des biocarburants en 2030 sera de seulement 7 % de l'ensemble de la production mondiale de carburants.

Pour atteindre ces 7 %, il faudra une surface agricole équivalente à la superficie de l'Australie, plus celles de la Corée, du Japon et de la Nouvelle-Zélande...

Cette concurrence avec la surface consacrée à l'agriculture traditionnelle risque d'avoir des conséquences sur le prix des récoltes.

Oui, c'est déjà le cas, et ce n'est pas bon. Et puis il y a aussi des difficultés liées à l'environnement : de plus en plus d'études prouvent que les biocarburants ne réduisent pas automatiquement les émissions de gaz à effet de serre, comparés au pétrole. C'est aussi un gros souci. Donc pour ces raisons à la fois économiques et environnementales, 7 % de la production totale de carburants est un chiffre très, très optimiste. Les carburants agricoles ne remplaceront jamais le pétrole de l'OPEP, comme certains l'espèrent. Leur contribution restera mineure.

Quel peut-être l'apport des nouveaux gisements en Afrique ?

Ce que l'on attend de l'Afrique n'a rien de révolutionnaire : quelques centaines de milliers de barils par jour supplémentaires ici ou là en Afrique de l'Ouest. Cela ne changera pas fondamentalement les choses.

Alors, d'où peuvent venir les nouvelles capacités de production ?

Les deux seuls pays qui peuvent vraiment changer le cours du jeu sont l'Arabie saoudite et l'Irak. Ils peuvent amener sur le marché un volume de brut supplémentaire significatif, s'ils le souhaitent. Mais à quelles conditions ? Il y a là aussi un énorme point d'interrogation. Ici l'inconnue, ce sont les chiffres sur les réserves.

Y a-t-il des raisons de s'attendre à des mauvaises surprises de ce côté-là ?

Je crois que le gouvernement saoudien parle de 230 milliards de barils de réserves. Je n'ai pas de raison officielle de ne pas y croire. Cependant l'Arabie saoudite de même que les autres pays producteurs et les firmes internationales devraient être plus transparents dans la présentation de leurs chiffres. Car le pétrole est un bien très crucial pour nous tous, et notre droit est de savoir, selon des standards internationaux, combien de pétrole il nous reste

Y a-t-il un risque à court terme ?


On se fonde sur l'hypothèse d'un taux moyen de déclin de la production des champs pétroliers existants de 8 % par an. C'est déjà beaucoup : pour un dollar investi afin d'augmenter les extractions, il faut investir trois dollars pour compenser ce déclin. Mais que se passerait-il si, tout comptes faits, le taux de déclin était de 9 % ? La quantité supplémentaire de pétrole qu'il faudrait trouver pour compenser la différence est égale à la hausse de la consommation de pétrole des pays de l'OCDE prévue d'ici à 2020.

L'Arabie saoudite reconnaît un déclin rapide de plusieurs de ses principaux champs...


Je peux confirmer que l'Arabie saoudite est capable d'atteindre une capacité de production de 15 millions de barils par jour (mb/j) d'ici à 2015, contre 12 mb/j aujourd'hui, conformément à l'engagement du ministre saoudien du pétrole, Ali Al-Nouaïmi. Or ces 3 mbj supplémentaires, c'est à peu près tout ce qu'on peut attendre pour faire face à la hausse prévue de la demande mondiale de pétrole [cette demande est aujourd'hui de 83 mb/j].

Et l'Irak ?


Si la production n'augmente pas en Irak de manière exponentielle d'ici à 2015, nous avons un très gros problème, même si l'Arabie saoudite respecte ses engagements. Les chiffres sont très simples, il n'y a pas besoin d'être un expert. Il suffit de savoir faire une soustraction. La Chine va croître très vite, l'Inde aussi, et ce que projette l'Arabie saoudite, les 3 mbj en plus, ne suffira même pas pour répondre à la hausse de la demande chinoise.

Mais, vu la situation actuelle en Irak, il est très improbable que ce pays arrive à sa capacité optimale de production juste comme ça !


Si cette situation s'améliorait radicalement, combien de temps faudrait-il pour que l'industrie pétrolière irakienne atteigne sa capacité optimale ?
Les officiels irakiens parlent de 3 à 5 ans. Ils savent mieux que moi. Même si ce qu'ils disent est exact, et que tout se passe bien en Irak, ce sera de toute façon un long processus. Donc je le répète, l'industrie du pétrole fera face à un test très sérieux d'ici à 2015 : avec le déclin de la production hors-OPEP et le pic de croissance de la Chine, le fossé entre offre et demande va s'élargir de façon significative.

Que deviennent les grandes compagnies pétrolières privées dans ce nouveau jeu qui, d'après vous, sera de plus en plus dominé par le cartel des pays producteurs ?


Ces "majors" [Exxon, Chevron-Texaco, Shell, BP et Total] vont être en difficulté. Elles n'auront plus accès aux nouvelles capacités de production. Ils doivent redéfinir leurs stratégies, sinon s'ils restent concentrés sur le pétrole, ils devront se contenter de marchés de niches.

Vous dites qu'ils ne ne resteront pas des "majors" bien longtemps ?

C'est ce que je dis. Malgré la forte hausse du prix du baril, qui leur permettait d'investir, les "majors" n'ont pas pu reconstituer leurs réserves ! [voir infographie : "Taux moyen de remplacement des réserves des cinq principales compagnies pétrolières internationales"].

Donc si les choses ne s'améliorent pas en Irak...


... il y a un mur, un grand test devant nous, si les puissances occidentales et aussi la Chine et l'Inde ne révisent par leur politique énergétique de façon substantielle, en taxant plus le pétrole, en recherchant plus d'efficacité énergétique.

On n'en prend pas vraiment le chemin. La consommation mondiale de pétrole croît de plus en plus vite.


Malheureusement, il y a beaucoup de paroles, mais peu d'actes. J'espère vraiment que les nations consommatrices vont comprendre la gravité de la situation, et mettre en place des politiques très fortes et radicales pour ralentir la hausse de la demande de pétrole.

Une telle démarche jouerait en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, une lutte à l'issue encore très incertaine...


Je crois qu'il y a bien des façons de combattre le réchauffement climatique. Mais il faut être très clair : si vous voulez résoudre le problème du réchauffement, c'est impossible de le faire sans l'Inde et surtout sans la Chine, qui vient de devenir le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. La Chine est la clé. A eux seuls, d'ici à 2030, les Chinois pourraient émettre plus de deux fois plus de gaz carbonique que l'ensemble des pays de l'OCDE [Voir infographie : "Hausse des émissions de CO2 de 2004 à 2030 en Chine, en Inde et dans l'OCDE"]. Cela n'a aucun sens de prendre des mesures si la Chine ne participe pas. Un exemple : l'Europe s'est engagée à réduire ses émissions de 20 % d'ici à 2020. Certains disent que c'est réaliste, d'autres disent que ça ne l'est pas. Mais la question n'est pas là. Au rythme actuel, la Chine n'aura besoin que de un an et demi pour émettre les 20 % d'émissions que l'Europe se dit prête à économiser !

Vous rencontrez des hauts responsables chinois. Le climat est-il une préoccupation majeure pour eux ?


La première préoccupation des dirigeants chinois, c'est la croissance et l'efficacité économique. Bien sûr, ils se penchent sur les problèmes d'environnement, mais ce sont les problèmes locaux qui les préoccupent le plus. La pollution de l'air des villes est à leurs yeux plus importante que le changement climatique.
Cela dit, ils prennent le réchauffement très au sérieux, mais je pense que le premier pas doit être fait par les pays occidentaux, qui devront offrir leur assistance et donner de bonnes raisons à la Chine pour qu'elle s'associe au combat.

Propos recueillis par Matthieu Auzanneau.
Matthieu Auzanneau

Article interessant même s'il est très optimiste en particulkier sur les capacités de production de l'arabie saoudite

Publié : 27 juin 2007, 18:53
par Tiennel
:shock:

Un article à marquer d'une pierre blanche.

C'est la première fois que l'AIE s'aventure (et aussi clairement) sur la question des réserves. Jusqu'à présent, elle se contentait de faire des prévisions de demande et d'appeler l'industrie à investir en conséquence.

@tolosa : je me suis permis de changer le titre pour qu'il attire un peu plus l'attention (titre initial : Entretien dans le Monde aujourd'hui, tu peux le rétablir si tu le préfères en éditant ton message).

Publié : 27 juin 2007, 18:55
par tolosa
tu as bien fait

Publié : 27 juin 2007, 19:14
par Fish2
J'adore cette phrase, pleine de sous entendus :
FATIH BIROL a écrit :Je crois que le gouvernement saoudien parle de 230 milliards de barils de réserves. Je n'ai pas de raison officielle de ne pas y croire.

Publié : 27 juin 2007, 19:19
par Blackdress
Il est rétrospectivement hallucinant de penser que ces questions furent totalement ignorées lors des débats politiques qui s'achèvent.

En tout cas au moins maintenant les choses sont non seulement claires, mais publiques.

Maintenant on va bien voir quelles décisions seront prises au cours des 5 ans qui viennent :jap:

Publié : 27 juin 2007, 19:46
par Rama
Dernier rapport de l'AIE http://omrpublic.iea.org/currentissues/full.pdf lu et analysé sur Terre de Brut.
Le rapport mensuel de juin 2007 de l'AIE est devenue consultable gratuitement aujourd'hui.

J'ai pu donc méditer les chiffres donnée dans ce rapport. Les projections de croissance pour 2007 de la production non-OPEP ont été ramené à 0,86 mb/j, 0,1 mb/j de moins que le mois dernier.

Il est fait mention de la capacité supplémentaire de l'OPEP, que nous aborderons très bientôt dans les prochains articles et l'AIE dit que la capacité "effective" supplémentaire, celle qui est normalement réellement utilisable, serait en fait surévaluée par le fait qu'une bonne de cette capacité ne serait pas exploitable en raffinerie. Ils ajoutent que 88% de cette capacité effective provient de l'Arabie Saoudite et du Koweit. Une bonne partie de la capacité supplémentaire de ces deux pays est du pétrole lourd et très riche en soufre et n'est actuellement pas exploitable en raffinerie alors même que les capacités de traitement des raffineries du pétrole lourd et riche en soufre sont déjà à pleine capacité. Aussi, le rapport conclu que la véritable capacité supplémentaire réellement exploitable est bien plus basse que la capacité effective mais ils ne donnent pas de chiffres.

Note : la capacité effective supplémentaire correspond à la capacité supplementaire de seulement 7 pays de l'OPEP : l'Arabie Saoudite, l'Iran, le Koweit, l'UAE, le Qatar, la Lybie, l'Algérie. Les autres pays, le Nigéria, l'Irak, le Vénézuela et l'Indonésie ne sont pas comptés dans cette capacité effective mais leur supposé capacité supplémentaire est compté dans ce qu'ils appellent la capacité supplémentaire nominale.


Ils s'étendent aussi sur les capacités de croissance de la Russie à l'horizon 2012 et réduisent les pronostics qu'ils avaient fait dans les précédents rapports de Medium Term pour dire que la Russie pourrait atteindre 10,6 mb/j en 2010 et pourrait décliner à 10,5 mb/j en 2012. Ils ne se risquent à aucun pronostic au delà de 2012. Auparavant, ils pronostiquaient que la Russie atteindrait 11 mb/j en 2011. Ils commencent donc à préparer leurs lecteurs à la perspective d'un second pic de production de la Russie, qui selon ces pronostics arriverait en 2010, c'est à dire dans trois ans avec une hausse de 0,2 mb/j respectivement en 2008, 2009 et 2010. Il est évidemment très probable que cette prévision sera revue à la baisse et que le second pic de la Russie sera avancé à une date plus proche. Cela signifie que la Russie se trouve donc de manière imminente à son second pic de production. En fait, sa production plafonne depuis plusieurs mois et à décliner légérement ces deux dernier mois.

On peut voir aussi dans ce rapport le tableau N°3 les prévisions de la production non-OPEP jusqu'à la fin de l'année. SI vous regardez bien les chiffres à chaque trimestre, vous verrez que la production non-OPEP devrait plafonner sur toute l'année. La Russie et la Chine devraient plafonner. Il ne reste plus que les autres pays de la FSU, le Brésil et les autres pays d'Afrique qui apporte de la croissance. la production de l'OCDE est revue à la baisse aussi par rapport au précédent rapport et cela risque de se renouveler dans les prochains rapports.

Aussi, cette fois ci, je vous livre mon sentiment sur la situation sans démontrer chacune de mes affrimations. Considérant les informations que j'ai en ma possession, je considère certaines de ces projections comme certaines, d'autres comme très probables.

Selon les données de l'AIE :

Le pic non-OPEP et non-ex-URSS ( sans les gains en raffinerie et la production d'éthanol en dehors des USA et du Brésil) arrive à 36,06 mb/j en 2004. ce pic est maintenant certain.

Si l'on rajoute au groupe précédent la Russie, le pic devrait rester en 2004 à 45,29 mb/j bien que les prévisions pour 2007 soit encore juste au dessus à 45,33 mb/j. mais les prévisions pour 2007 devrait encore descendre et passer en dessous du pic de 2004. Si cela est le cas, le pic de 2004 aura très peu de chances d'être dépassé dans les prochaines années.

Dans ce cas, il ne restera plus que le groupe des autres pays de l'ex-URSS en dehors de la Russie, c'est à dire principalement l'Azerbaijan et le Kazakhstan, ainsi que les gains en raffineries et la production d'éthanol en dehors des USA et du Brésil qui sauve pour l'instant la production non-OPEP d'avoir déjà passé son pic de production.

Je pense que la production de l'OCDE repartira fortement à la baisse en 2008. En effet, la production de la Norvège continuera de baisser de 200 000 b/j.
La production de la Grande-Bretagne reprendra un déclin de 200 000 b/j.
Le Mexique accusera lui aussi un déclin de 200 000 b/j.
Les autres pays d'Europe de l'OCDE pourraient descendre de 50 000 b/j.
Les USA sont incertains, ceux-ci peuvent accuser une chute. Nous donnerons une fourchette entre un déclin de 200 000 b/j et une production stable.
Le Canada arrivera peut-être à une croissance entre 50 000 b/j et 150 000 b/j bien le rapport mensuel de l'AIE mentionne que des délais supplémentaires sont à attendre des projets de développement des sables bitumeux et qu'il n'y aura plus de projets en off-shore comme cette année.
Nous considérerons la production de l'OCDE pacifique stable pour 2008.

Aussi, la fourchette du déclin de l'OCDE entre 2007 et 2008 se situerait entre 800 000 b/j et 500 000 b/j.

Etant donné que la production non-OPEP en dehors de l'OCDE semble marquer le pas par manque de candidats à la croissance de la production, il n'y aura pas grand monde pour faire face à ce déclin. Par conséquent, je pense que la production non-OPEP atteindra son pic en 2007. Son déclin commencera l'année prochaine.

En rajoutant à la production non-OPEP la production de NGL et de pétrole non-conventionnel de l'OPEP ainsi que la production de l'Angola et de l'Irak, cet ensemble qui correspond à la production mondiale sans la production de pétrole brut de l'OPEP10 atteindra son pic en 2008 ou peut-être 2009.

L'OPEP10, représentant les pays censés avoir des capacités supplémentaires pour mettre en adéquation la demande et l'offre mondiale, sera bien seule pour empêcher le déclin de la production mondiale surtout qu'ils auront déjà dépassé leur pic en 2005. En effet, il est très probable, comme nous le verrons dans les prochains articles, que l'OPEP ait atteint son pic en 2005.

La production mondiale de pétrole brut a atteint son pic en mai 2005 et donc en 2005 si l'on résonne en année. Je pense qu'il est très probable que ce pic soit définitif.

La production mondiale tout liquide a pour l'instant atteint son pic en juillet 2006. Il est aussi probable que celui-ci soit définitif mais cela peut encore changer. Il n'est pas encore très clair quelle sera l'année du pic de production mondiale tout liquide.

Pour l'EIA, la production en 2005 et supérieure à celle de 2006 et la moyenne actuelle d'une partie de 2007 est inférieure à 2005. Aussi, selon l'EIA, le pic sera soit en 2005, en 2007 ou avec une moindre probabilité en 2008.

Selon l'AIE, la production de 2006 est supérieure à celle de 2005. Pour l'instant, la moyenne des 5 premiers mois de 2007 est supérieure à celle de 2006. Aussi, selon les chiffres de l'AIE, le pic tout liquide a des chances de se produire en 2006, en 2007 ou avec une moindre probabilité en 2008. La plus forte probabilité est pour 2007.

Ces prévisions sont soumises à un certain degré d'incertitude et tout ceci mérite d'être démontré plus avant.
Je crois en tout cas qu'en 2010, le pic mondial sera clairement visible et bel et bien derrière nous. Devant nous se trouvera une décennie bien incertaine et bien flippante...

Les problèmes d'adéquation de la production avec la demande, qui pour l'instant continue une croissance effrénée, devrair commencer dès le mois de juillet 2007 pour s'aggraver au dernier trimestre 2007. Le rapport prédit que si l'OPEP ne change pas son niveau de production, les stocks de l'OCDE devraient chuter de 1 à 1,5 mb/j au troisième trimestre. Ils ne parlent pas encore du dernier trimestre mais le déclin des stocks de l'OCDE pourrait monter à 2 voir 3 mb/j.

Dans ce contexte, les prix du pétrole devrait monter fortement dans les prochains mois et dépasser certainement 100$ le baril d'ici la fin de l'année.

Cela devrait entrainer un ralentissement de la croissance économique mondiale.

L'OCDE pourrait être menacé par des pénuries d'essence et de produits pétroliers à partir de cet été aux USA et en 2008 pour l'Europe.

Makhnovitch.


y aurait il un vent de panique à l'AIE?