Droit de réponse aux terreplatistes...
Publié : 28 mars 2008, 14:02
J'ai lu ce matin un article sur le journal suisse "Le T*mps" qui m'a aggacé...
Je me suis donc octroyé un droit de réponse ...
Le «pic» pétrolier n'aura pas lieu mais le choc, lui, est probable...
Analyse.
Pierre Veya
Vendredi 28 mars 2008
Avec un baril qui tutoie depuis plusieurs semaines les 100 dollars, l'hypothèse d'un épuisement des réserves de pétrole (2020-2030) est de plus en plus prise au sérieux. Le scénario d'un déclin prochain de la production de brut est pourtant loin d'être certain et n'explique pas les cours de ces dernières semaines.
>Le déclin prochain de la production est absolument certain, pas exclusivement pour des raisons géologiques, mais pour les raisons géologiques/politiques et économiques.
Au contraire. Le prix actuel du baril est clairement surfait et ne correspond pas à la réalité physique du monde. Les cours sont le résultat de la baisse du dollar, la conséquence de sous-investissements dans toute la filière de production et de raffinage, de tensions politiques locales (ou géopolitiques) et, marginalement, d'effets liés aux paris spéculatifs.
>Quand les pays producteurs ont de plus en plus de mal à produire, et que beaucoup d'entre eux ont dépasser leur pic, les autres pays ont effectivement tout intérêt à ne plus augmenter leur production ou en tout cas à limiter leurs investisssments. C'est bien une conséquence de la difficulté de production
Identifier la part de chacune de ces causes n'est pas chose facile. Mais il y a un large consensus pour dire que l'offre de pétrole sur le marché est suffisante, mais la marge de sécurité par rapport à la vigueur de la demande si faible que le moindre mouvement de papillon enflamme les cours.
>Je suis d'accord avec le large consensus. Mais l'offre est aussi suffisante parce que le prix monte... et que certains commencent à se priver !
Pour mémoire, rappelons quelques ordres de grandeur. La planète énergie engloutit 30 milliards de barils/an. Jusqu'ici, la même planète en a consommé environ 1000 milliards de barils et il en resterait sous nos pieds une quantité équivalente, soit pour 38 à 40 années de consommation au rythme actuel (+2% par année). Si l'on ajoute aux stocks supposés les gisements de pétrole non conventionnels (bruts lourds et extra-lourds, sables asphaltiques et schistes bitumineux), l'humanité disposerait d'un troisième trillion de barils de pétrole pour assurer ses besoins énergétiques. Si l'on découvre peu de nouveaux gisements importants, les techniques de forage progressent à grands pas.
Elles permettent d'améliorer le taux d'extraction réel, qui a longtemps stagné à 30% de la capacité des réservoirs; taux qui frôle désormais 70% dans les meilleurs cas. Les forages en pleine mer ne dépassaient pas les 500 mètres de profondeur dans les années 1980. Ils ont franchi les 2000 mètres depuis (2003). De fait, la notion même de réserves prouvées ou supposées dépendra beaucoup des développements technologiques que les compagnies et gouvernements consentiront.
>Problèmes d'EROI, de taille des chantiers, de personnels compétents, de coût des infrastructures avec un pétrole cher..... maintefois discutées sur ce forum.
Bien que très chères, ces nouvelles technologies remettent en cause l'idée du fameux «pic» pétrolier, soit le moment où la production viendrait à décliner, «pic» que les pessimistes situent vers 2010. Pour les optimistes de l'United States Geological Survey, la production devrait au contraire encore s'accroître jusqu'en 2024, et même jusqu'en 2040. L'ingénieur géologue Yves Mathieu de l'Institut français du pétrole (IFP), cité par La Recherche (mars 2008), estime que la production pétrolière atteindra un plateau «vers 2010 et jusqu'en 2028, avec une production stagnant vers 90 millions de barils/jour. En 2050, on pourrait encore extraire 50 millions de barils/jour, essentiellement des pétroles de haute technologie».
>Les pessimistes le situe en 2010 justement parceque les contraintes économiques et politiques vont faire que même si on "pouvait" produire plus, on ne le fera pas. Cela ne remet aucunement en cause la théorie du pic pétrolier, car celle-ci intègre également les facteurs géopolitiques et économique. C'est pour cela que 2010 vera vraissemblablement le début de la fin...
La lecture de ces chiffres montre que nous sommes (encore) très loin d'une crise pétrolière majeure. Si l'on fait abstraction des défauts d'investissements qui nourrissent la spéculation depuis plus de deux ans, le prix du baril devrait se situer dans une fourchette moyenne de 30 à 60 dollars, soit à un niveau bien plus bas que les 105 dollars du moment.
>Les investissements ne pourront plus se faire facilement dans des pays que le prix élevé du pétrole rendent instables... Comme plus aucun pays n'a ou n'aura la volonté ou la capacité de produire suffisement pour faire chuter les cours, les acteurs économiques anticipent la hausse, et l'accentuent. Donc, le prix ne pourra pas se situer dans la fourchette 30-60... Ces facteurs géopolitiques et économiques sont inévitables et la CONSEQUENCE de l'inflexion de la courbe de production.
C'est en réalité non pas de la géologie que pourrait venir la crise pétrolière que tout le monde redoute, mais des dysfonctionnements du marché pétrolier lui-même. Dans le contexte de prix élevés, les pays du Moyen-Orient n'ont aucun intérêt à augmenter leur production. Au contraire, à l'exemple du Qatar qui plafonne sa production de gaz, tous les grands acteurs cherchent à prolonger le plus longtemps possible leur rente pétrolière, sauf la Russie qui a une fâcheuse tendance à gaspiller ses réserves.
>Le marché pétrolier ne dysfonctionne pas. Les pays producteurs optimisent leur gains. C'est parfaitement normal dans notre système de marché. Le fait que les difficultés de production génèrent une situation ou les pays producteurs ont un intérêt économique à ne pas trop produire est bien un des facteurs anticipé par les tenants du "pic pétrolier"
Fait majeur et sans doute décisif pour comprendre l'enjeu pétrolier: les grandes compagnies privées, les majors (Shell, BP, Total (FP.PA), Chevron, ExxonMobil, etc.) qui possèdent ou savent utiliser les technologies de pointe sont de plus en plus marginalisées dans la production.
Ces acteurs sont supplantés par les compagnies nationales russe, chinoise, brésilienne, saoudienne, iranienne ou algérienne, dont les bénéfices servent avant tout à alimenter les caisses publiques et non à investir prioritairement dans la prospection ou l'amélioration de l'extraction de l'or noir.
>Là encore, l'éviction des majors pour des raisons géopolitique est inéluctable. Le pic pétrolier aura rapidement lieu, car les pays producteurs ont intérêts à limiter leur production et gagner d'avantage. Ils pourraient garder les majors pour produire plus vite et gagner beaucoup moins, mais évidemment, ils ne le feront pas...
L'Agence internationale de l'énergie (AIE), dont l'une des tâches principales est de veiller à la sécurité énergétique de la planète, assiste impuissante à la montée des nationalisations. A tel point que l'un de ses conférenciers prédit carrément la disparition programmée des majors privées, évincées des plus grands gisements.
>Qui va causer le pic rapide de production mondial...
L'AIE craint que l'absence d'investissements, de personnel qualifié et de technologies adaptées ne provoque un «choc» avant même que la planète n'ait pu commencer sa cure de désintoxication aux hydrocarbures.
> Je ne le crains pas, j'en suis sûr !
Et c'est sans doute le paradoxe qui va hanter l'économie mondiale pour les vingt prochaines années: si tout le monde comprend qu'il est urgent de ralentir la consommation des sources fossiles, de développer des énergies propres et renouvelables, nul ne peut ignorer que la transition prendra du temps. Le marché du pétrole fonctionne mal et devient de plus en plus opaque et l'objet de manipulations politiques ou économiques qui compliquent le jeu nécessaire de l'anticipation et de la spéculation.
>Le marché du pétrole fonctionne de manière parfaitement logique pour les producteurs. Ils vont gagner plus. Et les consommateurs s'adapteront de gré ou de force. La cure de désintoxication sera plus rapide et plus dure.
Le risque d'un choc pétrolier anticipé, en avance sur le calendrier géologique, pourrait bien venir non pas du «pic» de production mais des pannes innombrables qui menacent à tout moment la filière des hydrocarbures.
>Le pic de production c'est quand on commence à produire moins, il va arriver très vite, pour des raisons initialement géologiques (inflexion et fin de la croissance exponentielle de production) qui démarre une hausse du prix, puis génèrent les problèmes géopolitiques et économiques qui accentuent le ralentissement de production. C'est bien ce qu'ont anticipé les tenants du Pic. Il y aura bien Pic de production pétrolère rapide + Crise rapide...
Je me suis donc octroyé un droit de réponse ...
Le «pic» pétrolier n'aura pas lieu mais le choc, lui, est probable...
Analyse.
Pierre Veya
Vendredi 28 mars 2008
Avec un baril qui tutoie depuis plusieurs semaines les 100 dollars, l'hypothèse d'un épuisement des réserves de pétrole (2020-2030) est de plus en plus prise au sérieux. Le scénario d'un déclin prochain de la production de brut est pourtant loin d'être certain et n'explique pas les cours de ces dernières semaines.
>Le déclin prochain de la production est absolument certain, pas exclusivement pour des raisons géologiques, mais pour les raisons géologiques/politiques et économiques.
Au contraire. Le prix actuel du baril est clairement surfait et ne correspond pas à la réalité physique du monde. Les cours sont le résultat de la baisse du dollar, la conséquence de sous-investissements dans toute la filière de production et de raffinage, de tensions politiques locales (ou géopolitiques) et, marginalement, d'effets liés aux paris spéculatifs.
>Quand les pays producteurs ont de plus en plus de mal à produire, et que beaucoup d'entre eux ont dépasser leur pic, les autres pays ont effectivement tout intérêt à ne plus augmenter leur production ou en tout cas à limiter leurs investisssments. C'est bien une conséquence de la difficulté de production
Identifier la part de chacune de ces causes n'est pas chose facile. Mais il y a un large consensus pour dire que l'offre de pétrole sur le marché est suffisante, mais la marge de sécurité par rapport à la vigueur de la demande si faible que le moindre mouvement de papillon enflamme les cours.
>Je suis d'accord avec le large consensus. Mais l'offre est aussi suffisante parce que le prix monte... et que certains commencent à se priver !
Pour mémoire, rappelons quelques ordres de grandeur. La planète énergie engloutit 30 milliards de barils/an. Jusqu'ici, la même planète en a consommé environ 1000 milliards de barils et il en resterait sous nos pieds une quantité équivalente, soit pour 38 à 40 années de consommation au rythme actuel (+2% par année). Si l'on ajoute aux stocks supposés les gisements de pétrole non conventionnels (bruts lourds et extra-lourds, sables asphaltiques et schistes bitumineux), l'humanité disposerait d'un troisième trillion de barils de pétrole pour assurer ses besoins énergétiques. Si l'on découvre peu de nouveaux gisements importants, les techniques de forage progressent à grands pas.
Elles permettent d'améliorer le taux d'extraction réel, qui a longtemps stagné à 30% de la capacité des réservoirs; taux qui frôle désormais 70% dans les meilleurs cas. Les forages en pleine mer ne dépassaient pas les 500 mètres de profondeur dans les années 1980. Ils ont franchi les 2000 mètres depuis (2003). De fait, la notion même de réserves prouvées ou supposées dépendra beaucoup des développements technologiques que les compagnies et gouvernements consentiront.
>Problèmes d'EROI, de taille des chantiers, de personnels compétents, de coût des infrastructures avec un pétrole cher..... maintefois discutées sur ce forum.
Bien que très chères, ces nouvelles technologies remettent en cause l'idée du fameux «pic» pétrolier, soit le moment où la production viendrait à décliner, «pic» que les pessimistes situent vers 2010. Pour les optimistes de l'United States Geological Survey, la production devrait au contraire encore s'accroître jusqu'en 2024, et même jusqu'en 2040. L'ingénieur géologue Yves Mathieu de l'Institut français du pétrole (IFP), cité par La Recherche (mars 2008), estime que la production pétrolière atteindra un plateau «vers 2010 et jusqu'en 2028, avec une production stagnant vers 90 millions de barils/jour. En 2050, on pourrait encore extraire 50 millions de barils/jour, essentiellement des pétroles de haute technologie».
>Les pessimistes le situe en 2010 justement parceque les contraintes économiques et politiques vont faire que même si on "pouvait" produire plus, on ne le fera pas. Cela ne remet aucunement en cause la théorie du pic pétrolier, car celle-ci intègre également les facteurs géopolitiques et économique. C'est pour cela que 2010 vera vraissemblablement le début de la fin...
La lecture de ces chiffres montre que nous sommes (encore) très loin d'une crise pétrolière majeure. Si l'on fait abstraction des défauts d'investissements qui nourrissent la spéculation depuis plus de deux ans, le prix du baril devrait se situer dans une fourchette moyenne de 30 à 60 dollars, soit à un niveau bien plus bas que les 105 dollars du moment.
>Les investissements ne pourront plus se faire facilement dans des pays que le prix élevé du pétrole rendent instables... Comme plus aucun pays n'a ou n'aura la volonté ou la capacité de produire suffisement pour faire chuter les cours, les acteurs économiques anticipent la hausse, et l'accentuent. Donc, le prix ne pourra pas se situer dans la fourchette 30-60... Ces facteurs géopolitiques et économiques sont inévitables et la CONSEQUENCE de l'inflexion de la courbe de production.
C'est en réalité non pas de la géologie que pourrait venir la crise pétrolière que tout le monde redoute, mais des dysfonctionnements du marché pétrolier lui-même. Dans le contexte de prix élevés, les pays du Moyen-Orient n'ont aucun intérêt à augmenter leur production. Au contraire, à l'exemple du Qatar qui plafonne sa production de gaz, tous les grands acteurs cherchent à prolonger le plus longtemps possible leur rente pétrolière, sauf la Russie qui a une fâcheuse tendance à gaspiller ses réserves.
>Le marché pétrolier ne dysfonctionne pas. Les pays producteurs optimisent leur gains. C'est parfaitement normal dans notre système de marché. Le fait que les difficultés de production génèrent une situation ou les pays producteurs ont un intérêt économique à ne pas trop produire est bien un des facteurs anticipé par les tenants du "pic pétrolier"
Fait majeur et sans doute décisif pour comprendre l'enjeu pétrolier: les grandes compagnies privées, les majors (Shell, BP, Total (FP.PA), Chevron, ExxonMobil, etc.) qui possèdent ou savent utiliser les technologies de pointe sont de plus en plus marginalisées dans la production.
Ces acteurs sont supplantés par les compagnies nationales russe, chinoise, brésilienne, saoudienne, iranienne ou algérienne, dont les bénéfices servent avant tout à alimenter les caisses publiques et non à investir prioritairement dans la prospection ou l'amélioration de l'extraction de l'or noir.
>Là encore, l'éviction des majors pour des raisons géopolitique est inéluctable. Le pic pétrolier aura rapidement lieu, car les pays producteurs ont intérêts à limiter leur production et gagner d'avantage. Ils pourraient garder les majors pour produire plus vite et gagner beaucoup moins, mais évidemment, ils ne le feront pas...
L'Agence internationale de l'énergie (AIE), dont l'une des tâches principales est de veiller à la sécurité énergétique de la planète, assiste impuissante à la montée des nationalisations. A tel point que l'un de ses conférenciers prédit carrément la disparition programmée des majors privées, évincées des plus grands gisements.
>Qui va causer le pic rapide de production mondial...
L'AIE craint que l'absence d'investissements, de personnel qualifié et de technologies adaptées ne provoque un «choc» avant même que la planète n'ait pu commencer sa cure de désintoxication aux hydrocarbures.
> Je ne le crains pas, j'en suis sûr !
Et c'est sans doute le paradoxe qui va hanter l'économie mondiale pour les vingt prochaines années: si tout le monde comprend qu'il est urgent de ralentir la consommation des sources fossiles, de développer des énergies propres et renouvelables, nul ne peut ignorer que la transition prendra du temps. Le marché du pétrole fonctionne mal et devient de plus en plus opaque et l'objet de manipulations politiques ou économiques qui compliquent le jeu nécessaire de l'anticipation et de la spéculation.
>Le marché du pétrole fonctionne de manière parfaitement logique pour les producteurs. Ils vont gagner plus. Et les consommateurs s'adapteront de gré ou de force. La cure de désintoxication sera plus rapide et plus dure.
Le risque d'un choc pétrolier anticipé, en avance sur le calendrier géologique, pourrait bien venir non pas du «pic» de production mais des pannes innombrables qui menacent à tout moment la filière des hydrocarbures.
>Le pic de production c'est quand on commence à produire moins, il va arriver très vite, pour des raisons initialement géologiques (inflexion et fin de la croissance exponentielle de production) qui démarre une hausse du prix, puis génèrent les problèmes géopolitiques et économiques qui accentuent le ralentissement de production. C'est bien ce qu'ont anticipé les tenants du Pic. Il y aura bien Pic de production pétrolère rapide + Crise rapide...