Animateur : Bonjour à tous. Francis Perrin est parmi nous.
marsupi8 : le petrole a 200 voir 250 dollars vous le voyez pour quand et a ce niveau de prix les gouvernements auront il les moyens d'agirs
Francis Perrin : Bonjour à tous. Je suis très heureux de pouvoir répondre à vos questions.
Francis Perrin : Actuellement, nous approchons des 150 dollars par baril. Il est possible d'atteindre au cours de l'année prochaine 200 voire 250 dollars. La demande pétrolière mondiale continue à augmenter malgré des prix aussi élevés. Il y a donc encore une marge de hausse des prix tant que la demande ne baisse pas.
acurial1 : Bonjour Monsieur,Les cours du pétrole ne cessent de monter On nous assurés qu'il atteindrait entre 150 et 170 dollars d'ici la fin de l'été et 200 vers la fin de l'année. Jusqu'à quel prix les Français devront ils payer le prix de leur essence pour aller travailler avant que celà devienne impossible?
vduroy : Quelle est la part réelle de la spéculation dans la hausse du prix du baril?Dans combien de temps pensez-vous que le prix du baril va dépasser les 200 $? Est-ce, selon vous, durable, ou bien est-ce que ce n'est qu'une bulle (cela rejoint un peu la première question)?
Francis Perrin : Interdire la spéculation est trsè difficile parce que qui dit marché dit en partie spéculation. De plus, il n'est pas facile d'identifier les véritables spéculateurs. il y a sur ces marchés des acteurs qui veulent se protéger contre la hausse des prix (ex des compagnies aériennes) et ce sont souvent les spéculateurs qui permettent l'équilibre du marché...
Francis Perrin : ...Par contre, il serait utile de relever les appels de marge et de veiller à une plus grande transparance des marchés. Mais attention, on associe souvent manque de transparance et marchés à terme alors que ces marchés sont beaucoup plus transparants que les marchés de gré à gré. Il faut donc une meilleure régulation mais celle-ci doit être concue de la façon la plus intelligente possible.
rober607 : Bonjour, Il manque actuellement 1M de baril par jour pour que le cours du pétrole baisse, est ce vrai ? Le salut ne viendra t-il pas de l'Irak, dont les réserve sont sous estimé et des futures gros investissements dans ce pays ? Merci de votre réponse.
rober607 : A moins d'augmenter la prod de plurieurs millions de baril, je vois pas comment le baril peut baisser... On produit 85M de baril /jour en 2030 il en faudra 100M de barils/ jour !!!!!!!!!!!!!
Duchet33 : Quelle est la marge de production excédentaire, mobilisable rapidement, pour compenser un éventuel blocage du détroit d'Ormuz ?
Francis Perrin : On estime à environ 1,5-1,6 million de barils par jour cette marge excédentaire. Celle-ci est concentrée dans un seul pays qui est l'Arabie Saoudite. C'est donc une marge très faible car la demande pétrolière mondiale sera de 86 à 87 millions de baril par jour. Cette marge très faible est l'une des causes essentielles de la flambée des prix depuis 2004...
Francis Perrin : ...L'Irak a des réserves de pétrole collosales. Les 3ème au monde après l'Arabie Saoudite et l'Iran. Beaucoup pensent que l'Irak serait en fait en deuxième position devant l'Iran. Certains estiment que l'Irak pourrait un jour égaler l'Arabie Saoudite. L'Irak produit aujourd'hui 2,5 millions de barils/jour et pourrait dans plusieurs années en produire 6 à 7 millions. Le grand pb reste la sécurité.
Francis Perrin : La production actuelle de pétrole est de 85 millions de barils par jour environ. Elle couvre la demande mais la demande augmente plus rapidement que la production, d'où un risque pour l'avenir. En 2030, la demande sera sans doute de 100 millions de barils/jour, voire un peu plus alors qu'il n'est pas sûr que l'offre puisse dépasser 95-100 millions de barils/jour. Il faut donc maîtriser la demande.
gozde : Selon vous, quelles sont les principales raisons de la hausse continue du prix de l'or noir ?
Francis Perrin : La hausse de la demande pétrolière mondiale, le fait que l'offre a de plus en plus de mal à suivre la hausse de la demande et la faiblesse des capacités de production inutilisées. Ce sont les raisons fondamentales auxquelles il faut ajouter comme raison seconde la baisse du dollar, l'impact de la spéculation, les stratégies des acteurs financiers et des problèmes géopolitiques.
c.hames1 : Quand arrêtera-t-on le scandaleux alignement du prix du gaz sur le pétrole ? Qui peut en décider ?
Francis Perrin : Cette alignement ou plutôt indexation a été imposée il y a plus de 25 ans par les pays producteurs. Ces pays sont souvent à la fois producteurs de pétrole et de gaz et ils ne voulaient pas que l'exportation de leur gaz leur rapporte moins que l'exportation de leur pétrole. Comme cela s'est passé au début des années 80, le rapport de force était alors très en faveur des producteurs...
Francis Perrin : ...Les contrats gaziers sont des contrats de très long terme et cette indexation dure donc depuis le début des années 80. Les consommateurs voudraient renégocier ces contrats mais le rapport de force est à nouveau en faveur des producteurs qui eux veulent conserver cette indexation.
quenaud3 : L ' UE a décidé de publier les stocks de pétrole de la zone Euro. Sachant que la production petroliere de l Europe est en decroissance, quel interet? La moindre mauvaise nouvelle ne risque t elle pas au contraire d hatiser les tensions comme c 'est le cas sur aux Etats Unis ?
Francis Perrin : La publication des stocks dans l'UE est aujourd'hui mensuelle et elle va devenir hebdomadaire. C'est un progrès en terme de transparance mais il est effectivement erroné de penser que cette décision va diminuer la volatilité des prix du pétrole. Elle pourrait même l'accroître.
nhaffner : Dans la mesure ou les revenus colossaux du pétrole sont concentrés dans quelques familles princieres et ne profitent même aux populations desdits pays, ne peut pas craindre un renversement de ces régimes par une puissance étrangére ?
Francis Perrin : Il y a une grande différence entre les régimes au Moyen-Orient et d'autres pays producteurs à travers le monde. Au Moyen-Orient, les familles régnantes concentrent une grande part des richesses pétrolières mais ont une vision de long terme. Elles veillent doonc à une certaine redistribution des revenus pétroliers parmi la population. Ex : Koweit, Qatar, Emirats Arabes Unis, Arabie Saoudite...
Francis Perrin : ...Ces régimes sont très soucieux de stabilité politique et sociale et ont compris que cette stabilité passe par cette redistribution des revenus, même s'ils en gardent une très large part. Dans d'autres pays, notamment en Afrique, on a souvent un compartement de prédation de la rente pétrolière. Le mécontentement des populations est donc très grand, d'où une forte instabilité politique.
termite : J'ai lu que la hausse actuelle du baril était en partie liée à la faiblesse du dollar. Faut il donc s'attendre si le dollar se reprend, à ce que le pétrole baisse ? Et si oui, de manière proportionnelle ?
Francis Perrin : Il y a effectivement depuis 2007 un lien assez étroit entre baisse du dollar et hausse des prix du pétrole. La baisse du dollar pousse les investisseurs hors zone dollar à placer leur argent dans le pétrole. Il est donc probable qu'une remontée sensible du dollar se traduirait par une baisse des prix...
Francis Perrin : ...Cette baisse ne serait pas cependant pas proportionnelle à la hausse du dollar car la devise américaine n'est pas le seul facteur qui explique l'évolution des prix du pétrole. C'est un facteur importnat mais ce n'est pas le principal.
Animateur : Une dernière question.
M8037109 : A 10 ans on imagine que le nucléaire peut remplacer bon nombre de barils de pétrole et faire baisser les prix. Qu'en est-il,
Duchet33 : A-t-on un risque de recours massif au charbon (centrales électriques, charbon liquéfié) avec les niveaux de prix actuels du pétrole ? Y a-t-il déjà des mouvements dans ce sens ?
Garron : A partir de quel cours du pétrole, l'exploitation des chistes bitumineux est-elle rentable? Où se situent les principales réserves connues? Y a-t-il une réelle volonté concrète de développer cette exploitation actuellement? La mise en oeuvre demande--t-elle de longs délais ? Cette exploitation pose-t-elle de réels problèmes écologiques? Apporterait-elle une contribution importante en quantité?
Francis Perrin : Le nucléaire ne peut que faiblement remplacer le pétrole. La raison est que la consommation pétrolière est de plus en plus orientée vers les carburants automobiles et avion alors que le nucléaire permet de produire de l'électricité...
Francis Perrin : ...Pour le gaz et le charbon, une solution consiste à transformer le gaz en liquides et à liquéfier le charbon. Dans ce cas de figure, ces deux énergies pourraient venir se substituer au pétrole sur les marchés des carburants. Les techniques de liquéfaction existent, le Qatar a lancé deux projets de conversion du gaz en liquide mais les coûts sont encore très élevés...
Francis Perrin : ...Concernant les chistes bitumineux, les réserves sont gigantesques, notamment aux Etats-Unis, au Brésil, au Maroc, en Jordanie etc. Mais leur exploitation pose encore des problèmes techniques de coût et environnementaux. C'est sans doute encore du long terme...
Francis Perrin : ...Les énergies renouvelables, surtout le solaire et l'éolien, connaissent une croissance très rapide mais elles partent de quasiment zéro. Il faudra donc encore beaucoup de temps avant qu'elles ne représentent une part significative de la consommation d'énergie...
Francis Perrin : ...De plus, elles ne concurrencent pas essentiellement le pétrole car elles permettent comme le nucléaire de produire de l'électricité et ne peuvent donc répondre au défi des carburants pétroliers.
Francis Perrin : Merci à tous pour vos très nombreuses questions. Je suis désolé de n'avoir pas pu répondre à toutes et que j'espère avoir l'occasion grâce à Boursorama de revenir prochainement. A bientôt.
Animateur : Merci à tous. Le chat est terminé.
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