GIEC

Discussions concernant les conséquences sur l'environnement de la course aux ressources.

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GillesH38
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Re: GIEC 2010

Message par GillesH38 » 04 mars 2010, 13:50

woland a écrit : Dans les Alpes suisses (hors de zones urbanisées), on constate des augmentations de +1,5°C. Si la tendance se confirme, et si les +2°C ont lieu en 2100, ça donnerait quasiment +6° en 200 ans. Les glaciers vont tirer la langue.
pas compris là... comment tu passes de +2 à +6 ? l'inertie thermique n'est pas si grande et de plus, après le pic de production, il y a un point d'inflexion dans la courbe de la concentration de CO2 qui finit par redescendre...
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Re: GIEC 2010

Message par woland » 04 mars 2010, 14:00

GillesH38 a écrit :
woland a écrit : Dans les Alpes suisses (hors de zones urbanisées), on constate des augmentations de +1,5°C. Si la tendance se confirme, et si les +2°C ont lieu en 2100, ça donnerait quasiment +6° en 200 ans. Les glaciers vont tirer la langue.
pas compris là... comment tu passes de +2 à +6 ? l'inertie thermique n'est pas si grande et de plus, après le pic de production, il y a un point d'inflexion dans la courbe de la concentration de CO2 qui finit par redescendre...
le réchauffement est 2X plus élevé que la moyenne mondiale. En supposant que ça continue, et si on a encore +2° en 2100, ça fait +1,5+4=+5,5 depuis 1900. ça reste des suppositions, c'est juste un exemple des grandes variabilités locales.

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Re: GIEC 2010

Message par GillesH38 » 04 mars 2010, 18:16

ralalah, qu'est ce qu'on peut pas faire avec des extrapolations linéaires :-)

variabilité locale, ça veut certainement dire des patterns locaux qui se rajoutent à une tendance globale, mais justement rien ne dit que c'est juste homothétique, juste "X fois la tendance mondiale". Ils peuvent simplement avoir des comportements temporels différents, et par exemple il est tout a fait possible que l'oscillation nord-atlantique ait joué un rôle sensible dans le RC de l'Europe. Imagine que tu superpose à une tendance linéaire de 0,1°C /dec une oscillation de +/- 0,2 °C tu vas avoir au début des fluctuations énormes du rapport entre les RC locaux et le RC moyen, qui va s'attenuer ensuite progressivement. Il faudrait une analyse spatio-temporelle un peu plus détaillée pour savoir ce que ça veut dire...
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Re: GIEC 2010

Message par ABC » 04 mars 2010, 21:21

GillesH38 a écrit :ABC a écrit:
Bon, les 4,5 étaient bien sûr 0,45... #-o.

tu remarques donc qu'il y a un bon facteur 10 entre l'extrapolation du RC actuel et des prédictions alarmistes. Un facteur 10, faut le trouver , et en plus faudrait se dépecher d'accélérer si on veut y arriver en 2100 ;-)
Euh, tu n'as jamais entendu parler de la fonction exponentielle?
pour l'inertie climatique, je te renvoie au dernier post de Realclimat qui montre qu'avec la concentration actuelle ça ne rajoute asymptotiquement que 50 %. Mais le temps caractéristique est aussi comparable à celui de décroissance des fossiles après le pic. Il faudrait faire le calcul exact, mais l'un dans l'autre je pense que l'inertie sera compensée par la décroissance du CO2, enfin à 0,1 ou 0,2 °C près.
J'ai soulevé la question de l'inertie climatique en visant ton estimation de la sensibilité climatique à partir du réchauffement climatique attribuable aux +100 ppm. Ce que tu réponds me parait hors-sujet.
De toutes façons, les ordres de grandeurs sont robustes, il faut largement plus que les réserves prouvées pour dépasser les 2°C, même avec la sensibilité du GIEC. Meteor retrouve la même conclusion sur son blog. après on peut arguer que 2°C c'est encore trop. Le problème c'est qu'il est très improbable qu'on fasse moins que les réserves prouvées, donc il faudra s'y faire et s'adapter. Comme on a toujours fait d'ailleurs.... : y a une tempête, on pleure les morts, on les enterre, et après on reconstruit ...
Meteor explique qu'en brulant toute les réserves connues, on arrive grosso-modo vers 2°C, ce qui signifie que selon son estimation, on n'a pas besoin de largement plus pour dépasser ces mêmes 2°C.
ralalah, qu'est ce qu'on peut pas faire avec des extrapolations linéaires :-)

variabilité locale, ça veut certainement dire des patterns locaux qui se rajoutent à une tendance globale, mais justement rien ne dit que c'est juste homothétique, juste "X fois la tendance mondiale". Ils peuvent simplement avoir des comportements temporels différents, et par exemple il est tout a fait possible que l'oscillation nord-atlantique ait joué un rôle sensible dans le RC de l'Europe. Imagine que tu superpose à une tendance linéaire de 0,1°C /dec une oscillation de +/- 0,2 °C tu vas avoir au début des fluctuations énormes du rapport entre les RC locaux et le RC moyen, qui va s'attenuer ensuite progressivement. Il faudrait une analyse spatio-temporelle un peu plus détaillée pour savoir ce que ça veut dire...
Toutes les estimations anticipent une hausse des températures plus importantes sur les terres que sur les mers, la différence entre le RC sur l'Europe et celui global n'a donc rien de surprenant.

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Re: GIEC 2010

Message par GillesH38 » 05 mars 2010, 08:44

ABC a écrit :
Euh, tu n'as jamais entendu parler de la fonction exponentielle?
si justement, on est OBLIGE d'avoir une croissance exponentielle pendant le XXI siecle pour arriver à ça, ce qui veut dire que c'est INCOMPATIBLE avec une crise proche de l'énergie (ce qui est absolument évident dans tous les scénarios du GIEC où l'énergie consommée par habitant ne cesse d'augmenter dans tous les cas de figure, seule l'intensité carbonée diminue eventuellement, mais pas dans les scénarios les plus réchauffistes : dans ces scénarios on ne manque jamais vraiment de fossiles !)
J'ai soulevé la question de l'inertie climatique en visant ton estimation de la sensibilité climatique à partir du réchauffement climatique attribuable aux +100 ppm. Ce que tu réponds me parait hors-sujet.

ah oui j'avais promis une petite analyse de l'influence de la sensibilité climatique, j'ai posté un truc sur realclimate mais il a été un peu buggé par mon emploi des ">" et de "<" qui ont été pris pour des balises HTML :( (et une transformation bizarre et involontaire de mon nom qui m'a valu de me faire sermonner par Gavin ... ;-) )

en première approximation, je suppose que l'inertie climatique peut se représenter par une équation de relaxation linéaire au lieu d'une réponse instantanée au forçage. Classiquement, ça donne une équation
dT/dt = - (T-Teq(t) ) /tr

où Teq est la température d'équilibre qui peut varier selon les forçages et tr le temps de relaxation.

On peut représenter la température d'équilibre comme Teq(t) = To + A F(t) avec le même esprit d'approximation linéaire où F(t) est le forçage et A la sensibilité climatique.

Pour le forçage lui meme, si on suppose une dépendance logarithmique par rapport à la concentration en CO2 et une croissance exponentielle de ce CO2, ça donne un terme en ln [1+A exp(kt)] ce qui est assez bien représenté par deux parties , une à peu près nulle tant que t est petit devant 1/k, et linéaire croissante après. Le temps de "bascule" est celui où le forçage devient prédominant, qui serait vers les années 1970. Je prend donc un forçage nul avant 1970 et croissant linéairement après 1970 , ce qui correspond bien à l'indice NOAA

http://www.esrl.noaa.gov/gmd/aggi/aggi_2008.fig3.png

On est donc finalement réduit à une équation assez simple

T = To constante avant (ça ne reproduit bien sur pas les fluctuations naturelles)

dT/dt = - (T-To- C.t ) /tr après

où C est une constante

La solution est (assez) simple et analytique comme tous les matheux savent bien

T(t) = To +C.tr (t/tr-(1-exp(-t/tr))

bon là je sais que ceux pour qui "équation différentielle" est un terme n'évoquant que des concepts très vagues décrochent, mais je continue pour les autres :)

cette équation a des traits assez simples
pour t << tr, en développant l'exponentielle, on trouve une évolution quadratique de la température
T = To + Ct^2/2tr
et donc une croissance LINEAIRE de la pente

puis pour t>>tr où la relaxation a eu lieu, la croissance n'est plus que linéaire , comme le forçage, et la pente est constante.

Que constate-t-on? ben après les années 70, la pente lissée a bien augmenté plus ou moins linéairement, mais ça semble saturer depuis 2000. Ce qui est curieux parce que ça voudrait dire que le temps de relaxation est autour de 30 ans, ce qui est plus faible que ce que disent les modèles sauf erreur. Et dans ce cas MEME avec une croissance exponentielle du CO2 la température ne croitrait que linéairement à cause de la dépendance logarithmique en CO2. Mais linéairement à 0,2°C par décennie, ça fera jamais que 2°C à la fin du siècle.

Si au contraire le temps de relaxation est bien plus long et on a une grande inertie climatique "dans les tuyaux", alors on devrait etre encore dans la phase quadratique et la pente devrait augmenter linéairement... ce qui n'est pas observé. Pourquoi? mystère...

peut etre que la pente de la période 1970-2000 a été fortement contaminée par des oscillations naturelles... mais alors la vraie pente est plus faible. Dans tous les cas l'absence d'accélération de la pente depuis 2000 (meme une pente constante ça ne suffit pas) semble indiquer une faible sensibilité.
Meteor explique qu'en brulant toute les réserves connues, on arrive grosso-modo vers 2°C, ce qui signifie que selon son estimation, on n'a pas besoin de largement plus pour dépasser ces mêmes 2°C.
si tu veux dire passer de 2°C à 2,1°C, c'est sur, on n'a pas besoin de largement plus. Mais pour passer à 4°C, faut quadrupler la production de CO2 vu la dépendance logarithmique...
Toutes les estimations anticipent une hausse des températures plus importantes sur les terres que sur les mers, la différence entre le RC sur l'Europe et celui global n'a donc rien de surprenant.
2 choses
* je ne suis pas sur que le RC soit ASYMPTOTIQUEMENT plus important sur les terres que dans l'océan dans les modèles, l'effet peut n'etre que temporaire à cause d'un temps de relaxation plus court (voir equation précédente)
* curieusement, le réchauffement des océans a été PLUS RAPIDE que celui des terres dans les années 1900-1940. Pas expliqué (et mal reproduit) par les modèles à ma connaissance.
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Re: GIEC 2010

Message par kercoz » 05 mars 2010, 08:55

GillesH38 a écrit :* curieusement, le réchauffement des océans a été PLUS RAPIDE que celui des terres dans les années 1900-1940. Pas expliqué (et mal reproduit) par les modèles à ma connaissance.
C'est effectivement curieux et porte a se questionner. Tt le monde a appris a l'ecole que le vent provient du rechauffement plus rapide du sol que celui de l'eau ....Mais c'est pour le cas d'un réchauffement par rayonnement solaire .
Il faut donc chercher la cause du réchauffement ds un autre vecteur , ou sur un autre groupe du système (le cas du vent semble etre sur un rechauffement subit , bref )
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Re: GIEC 2010

Message par kercoz » 05 mars 2010, 14:04

un site accessible pour moi (y'a plein d'images)
http://astrosurf.com/astrocdf67/dossier ... imatJC.pdf

Il semble rejoindre le point de vue de Gilles
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Re: GIEC 2010

Message par woland » 05 mars 2010, 15:52

kercoz a écrit :un site accessible pour moi (y'a plein d'images)
http://astrosurf.com/astrocdf67/dossier ... imatJC.pdf

Il semble rejoindre le point de vue de Gilles
Ce diaporama reprend les arguments habituels des sceptiques. Beaucoup de critiques sur le GIEC sont assez justifiées, mais les auteurs font les mêmes erreurs que celles qu'ils dénoncent.

Par exemple concernant l'optimum médiéval et la crosse, si les reconstructions avec les cernes d'arbres contiennent des biais ou ne sont pas assez précises pour en conclure qqchose, on devrait dire qu'on ne sait pas vraiment, que les courbes exagèrent le Rc actuel, c'est tout. Mais alors on nous sort d'autres courbes, sans marges d'erreurs, concernant des mesures très locales, qui montreraient qu'il faisait plus chaud au moyen age... Idem pour les mesures pas fiables: si elles montrent un refroidissement, elles deviennent d'un coup utilisables. Le manque éventuel de rigueur scientifique du GIEC est reproduit par ses contradicteurs. Ca décridibilise pas mal le débat, et les scientifiques, et ça donne à penser surtout que rien n'est affirmatif dans la climatologie, qu'il faut continuer les recherches.

Les rapports du GIEC ont ce mérite: ils ne cachent pas les incertitudes, peut-être maladroitement, avec les tournures "probable que", "extrémement improbable que"...etc

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Re: GIEC 2010

Message par ABC » 05 mars 2010, 17:01

GillesH38 a écrit :en première approximation, je suppose que l'inertie climatique peut se représenter par une équation de relaxation linéaire au lieu d'une réponse instantanée au forçage. Classiquement, ça donne une équation
dT/dt = - (T-Teq(t) ) /tr
J'ai des doutes avec le point de départ de ton raisonnement. Vu que les différentes composantes du système climatiques réagissent à des rythmes différents, je me demande jusqu'où cette approximation est bien valable.

Si au contraire le temps de relaxation est bien plus long et on a une grande inertie climatique "dans les tuyaux", alors on devrait etre encore dans la phase quadratique et la pente devrait augmenter linéairement... ce qui n'est pas observé. Pourquoi? mystère...

peut etre que la pente de la période 1970-2000 a été fortement contaminée par des oscillations naturelles... mais alors la vraie pente est plus faible. Dans tous les cas l'absence d'accélération de la pente depuis 2000 (meme une pente constante ça ne suffit pas) semble indiquer une faible sensibilité.
Là, on en revient toujours à la même chose: dans quelles proportions la tendance constatée sur 10 ans est-elle significative?
woland a écrit :
kercoz a écrit :un site accessible pour moi (y'a plein d'images)
http://astrosurf.com/astrocdf67/dossier ... imatJC.pdf

Il semble rejoindre le point de vue de Gilles
Ce diaporama reprend les arguments habituels des sceptiques. Beaucoup de critiques sur le GIEC sont assez justifiées, mais les auteurs font les mêmes erreurs que celles qu'ils dénoncent.

Par exemple concernant l'optimum médiéval et la crosse, si les reconstructions avec les cernes d'arbres contiennent des biais ou ne sont pas assez précises pour en conclure qqchose, on devrait dire qu'on ne sait pas vraiment, que les courbes exagèrent le Rc actuel, c'est tout. Mais alors on nous sort d'autres courbes, sans marges d'erreurs, concernant des mesures très locales, qui montreraient qu'il faisait plus chaud au moyen age... Idem pour les mesures pas fiables: si elles montrent un refroidissement, elles deviennent d'un coup utilisables. Le manque éventuel de rigueur scientifique du GIEC est reproduit par ses contradicteurs. Ca décridibilise pas mal le débat, et les scientifiques, et ça donne à penser surtout que rien n'est affirmatif dans la climatologie, qu'il faut continuer les recherches.

Les rapports du GIEC ont ce mérite: ils ne cachent pas les incertitudes, peut-être maladroitement, avec les tournures "probable que", "extrémement improbable que"...etc
:shock: Que tu puisses mettre sur le même plan le tissu d'âneries que kercoz a mis en lien et les rapports du Giec est assez affligeant.

J'ajouterai que je ne ferais pas non plus la comparaison entre le point de vue de Gilles et la compilation d'arguments s(c)eptiques de bas niveau que je viens de lire.

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Re: GIEC 2010

Message par parisse » 05 mars 2010, 20:07

GillesH38 a écrit :
On peut représenter la température d'équilibre comme Teq(t) = To + A F(t) avec le même esprit d'approximation linéaire où F(t) est le forçage et A la sensibilité climatique.

Pour le forçage lui meme, si on suppose une dépendance logarithmique par rapport à la concentration en CO2 et une croissance exponentielle de ce CO2, ça donne un terme en ln [1+A exp(kt)] ce qui est assez bien représenté par deux parties , une à peu près nulle tant que t est petit devant 1/k, et linéaire croissante après. Le temps de "bascule" est celui où le forçage devient prédominant, qui serait vers les années 1970. Je prend donc un forçage nul avant 1970 et croissant linéairement après 1970 , ce qui correspond bien à l'indice NOAA
Gilles, je n'ai pas regardé tout ton modèle en détails, mais il y a un bug je pense quand tu dis qu'on passe dans la zone ou on peut assimiler ln (1+A exp(kt)) a une fonction lineaire par rapport au temps. Car il faut pour ça que 1 soit négligeable devant A*exp(kt), or on n'est pas du tout dans cette situation puisque le forcage actuelle correspond a un multiple de ln(1+(380-280)/280). Le comportement linéaire ne peut apparaitre que pour un taux de CO2 de disons au moins 10 fois le préindustriel, avant on est sous-linéaire. De même le forçage avant 1970 n'est pas négligeable, puisque la concentration en CO2 etait de 325 ppm, ca fait un ln de 0.15 à comparer à ln(2)=0.69, plus de 20% du forçage, mais dont une partie n'a d'effet que plus tard à cause de l'inertie.

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Re: GIEC 2010

Message par parisse » 06 mars 2010, 09:28

je reprends la discussion sur le modele de Gilles.
Le modèle très simplifié ne fait intervenir qu'une seule variable et un forçage dépendant du temps:
dT/dt=-a*T+F(t)
avec a>0 pour avoir stabilité de l'équilibre et où le terme F(t) à une composante constante hors CO2 que l'on écrit sous la forme a*Teq:
F(t)=a*Teq+forcage_CO2(t)
L'équilibre hors forçage CO2 est donc T=Teq (et le système climatique est dans ce modèle ramené exponentiellement vite vers l'équilibre). Lorsqu'on "branche" le forçage du CO2, comme on ne tient pas compte de rétroaction T->CO2, F(t) ne dépend pas de T, on peut donc résoudre l'équation différentielle par la méthode de variation de la constante
T(t)=T(t0)*exp(-a*(t-t0))+integrale(exp(-a*(t-u))*F(u),u=t0..t)
on oublie donc exponentiellement vite la température initiale (c'est la situation inverse de la théorie du chaos où une infime variation des conditions initiales fait varier énormément la condition finale, parce qu'on est dans le cas d'un équilibre stable avec a>0).
Par rapport à un forçage instantané qui donne Teq(t)=F(t)/a, la différence est
Teq(t)-T(t)=(Teq(t)-T(t0))*exp(-a*(t-t0))+integrale(exp(-a*(t-u))*(F(t)-F(u)),u=t0..t)
Si on néglige le premier terme qui décroit exponentiellement, on obtient le terme de retard de hausse de température du à l'inertie sous la forme
integrale(exp(-a*(t-u))*(F(t)-F(u)),u=t0..t)
Restera à faire l'application numérique en utilisant les valeurs de concentration réelle depuis le début de l'ère industrielle, en prenant pour le forçage CO2
forcage_CO2(t)=2.8/ln(2)*a*ln(1+(CO2(t)-280)/280)
(on peut changer 2.8 en une autre valeur de sensibilité). Il faut aussi choisir une valeur pour a, qui est probablement de l'ordre de quelques dizaines d'années.
Evidemment, pour un modèle plus réaliste, il faudrait tenir compte d'autres variables...
Dernière modification par parisse le 06 mars 2010, 11:17, modifié 1 fois.

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Re: GIEC 2010

Message par GillesH38 » 06 mars 2010, 09:54

parisse a écrit : Gilles, je n'ai pas regardé tout ton modèle en détails, mais il y a un bug je pense quand tu dis qu'on passe dans la zone ou on peut assimiler ln (1+A exp(kt)) a une fonction lineaire par rapport au temps. Car il faut pour ça que 1 soit négligeable devant A*exp(kt), or on n'est pas du tout dans cette situation puisque le forcage actuelle correspond a un multiple de ln(1+(380-280)/280). Le comportement linéaire ne peut apparaitre que pour un taux de CO2 de disons au moins 10 fois le préindustriel, avant on est sous-linéaire. De même le forçage avant 1970 n'est pas négligeable, puisque la concentration en CO2 etait de 325 ppm, ca fait un ln de 0.15 à comparer à ln(2)=0.69, plus de 20% du forçage, mais dont une partie n'a d'effet que plus tard à cause de l'inertie.
ben il y a un facteur A qui représente l'intensité du forçage anthropique par rapport au forçage naturel, mais je ne considère pas le naturel comme seulement dû au CO2 préanthropique, mais plutot par rapport aux causes naturelles de variations (solaires et volcaniques), dans l'esprit où on regarde quand est ce que la courbe sort du bruit naturel.Il y a de plus des forçages négatifs anthropiques (aérosols). Quand on fait le bilan de tout, je pense que l'approximation "à peu près zéro puis en croissance linéaire" n'est pas trop mauvais

Image

je pense d'ailleurs qu'une montée plus rapide que linéaire donnerait une montée en température plus rapide que quadratique, donc le problème est encore pire.
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Re: GIEC 2010

Message par parisse » 06 mars 2010, 11:17

Gilles, sur ta courbe, on constate que le forçage LLGHG est à la moitié de sa valeur de 2000 en 1970 (et entre 1/4 et 1/3 pour la courbe noire qui comprend les usages des sols et l'ozone) et que la courbe est bien sur localement linéaire (approchée par sa tangente) avec une rupture de pente vers 1960, mais on ne part pas de 0, c'est pour ça que je décompte une composante anthropique dans la variation de T entre 1900 et 1960 ou 70 (si on prend 0.3W/m^2 et une sensibilité 0.75 degré/(W/m^2) ca fait 0.2 degrés).
D'autre part, dans ton calcul tu dis que l'évolution de la température devrait être quadratique en temps pour t<<tr(=1/a dans mon calcul), mais ça ne sera vrai que pour disons t/tr< 0.5 où l'erreur atteint déjà 30% (=exp(0.5)-1)/0.5), donc si le temps caractéristique est de l'ordre de quelques dizaines d'années, par exemple 30 ans (qui doit correspondre à peu près au temps de remplacement de la couche de surface de l'océan), ça ne sera vrai que moins de 15 ans, d'autant plus que le forçage n'était pas nul avant, et c'est donc impossible à observer quantitativement (éventuellement on peut l'observer qualitativement par une rupture de pente de la croissance de T). Il n'y a donc pas de contradiction avec la sensibilité du GIEC, mais plutot une majoration du temps tr.

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Re: GIEC 2010

Message par GillesH38 » 06 mars 2010, 12:43

bien d'accord, je n'ai pas ajusté le détail de la courbe, je parle en astrophysicien donc en ordre de grandeur :-) , c'est à dire "la croissance linéaire de la pente commence à saturer aux alentours de tr". Mais donner une borne supérieure à tr limite aussi la sensibilité au forçage , parce que si la sensibilité est grande, il faut aussi une grande inertie pour limiter la hausse observée aux valeurs mesurée (ça se vérifie sur ma solution qui est initialement en AFo t^2/tr donc est constante pour un rapport A.Fo/tr constant). De toutes façons si le trend sature aux alentours de 0,2°C/dec, je ne vois pas comment on peut avoir plus de 2°C dans le siècle, et inversement pour avoir 3 ou 4 °c il faut au moins qu'il atteigne 0,3 ou 0,4 °C par decennie, et même plus pour rattraper le retard initial. Donc ce n'est possible que si il y a une marge suffisante de croissance du trend. Evidemment tout ça est brouillé par de possibles oscillations naturelles, mais elles peuvent également contribuer à la pente de 0,15 °C/decennie, donc ça peut aussi contribuer à baisser la sensibilité anthropogénique...

bref de manière un peu qualitative je le reconnais, c'est l'impression que "on dirait que la pente a arrêter de monter depuis 10 ans" (en fait c'est la pente moyenne sur 20 ans ou plus qui a arreté de monter, mais celle sur 10 ans est carrément redescendue ...) qui me fait penser que la sensibilité est dans la fourchette basse, voire même au dessous de celle du GIEC. Et pareil pour les réserves, dans la fourchette basse, voire même au dessous ... quand on multiplie les deux , je maintiens mon avis que les effets du RC ont toutes les chances d'être beaucoup plus graduels et limités que ceux du PO. Alors ok, dans les deux cas, il faut économiser l'énergie, mais il y a quand même des différences sensibles dans les conséquences immédiates ! par exemple une récession entrainée par le PO qui plongerait des états en faillite aurait un effet immédiat et catastrophique sur les économies et les populations, sans aucune commune mesure avec une variation de 0,02°C /an en moyenne superposée à des fluctuations naturelles locales de toutes façons dix fois supérieure , ça me parait quand même évident. Ca limite donc fortement l'argument du "oh c'est pas grave on va parler du RC c'est plus compréhensible et les conséquences sont les mêmes". Les conséquences risquent de ne pas DU TOUT etre les mêmes, pour la vie très concrète des gens au quotidien, ni les mesures urgentes et nécessaires pour faire face à des conséquences économiques brutales dont on vient d'avoir un avant-goût ....

et si quand on interroge les gens sur leurs préoccupations au quotidien le changement climatique vient très loin après le chomage, les retraites, la sécu, toutes choses immédiatement potentiellement menacées par l'impact économique du PO, y a quand même une bonne raison non?
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Re: GIEC 2010

Message par parisse » 06 mars 2010, 16:17

Oui, si on atteint 2*CO2 vers la fin du 21ème siècle, avec une inertie d'une trentaine d'années et une sensibilité climatique vers 2.5 degrés, alors on devrait avoir un trend de l'ordre de celui des 30 dernières années (hors forçages naturels, ça devrait encore un peu augmenter puis diminuer) , disons 1.6 sur le siècle qui s'ajoutent à 0.6 environ sur le 20ème, avec un petit reste de 0.2 ou 0.3 d'inertie pour atteindre la sensibilité climatique. Ensuite faut voir comment ça se traduit régionalement: si ça fait par exemple du +4 en France, ça aura certainement des conséquences qu'on a peut-être du mal à imaginer en tant que citadins gavés aux fossiles. Il suffit de voir ce que nous donne comme impression une baisse de 1.5 degré sur l'hiver qui vient de s'écouler. Evidemment, c'est des conséquences inverses qu'il faut imaginer, mais que se passe-t-il si les précipitations estivales sont divisées par 2 dans le Sud de la France par exemple? quelles conséquences sur l'agriculture, sur le nombre d'habitants pouvant rester sur place? Que se passe-t-il par exemple en région grenobloise si on n'a plus de fossiles et que le climat ressemble à celui de l'arrière-pays provençal?
Je suis bien d'accord qu'à court terme ce sont les conséquences du PO qui seront ultra-dominantes puis celles du pic fossiles, mais à la fin du 21ème siècle, les conséquences du RC risquent d'être très importantes, et d'autant plus si on ne trouve rien pour remplacer les fossiles. Donc je redis qu'il faut absolument faire circuler le message du PO, mais qu'il ne faut pas pour autant minimiser les conséquences du RC, d'autant plus que toute mesure prise au nom du RC est bonne à prendre pour le PO tant que le message n'est pas passé. Et malheureusement, je ne connais pas de formation politique qui veuille faire passer le message aujourd'hui, même Cochet me semble loin d'être majoritaire chez les Verts. Une des raisons est qu'on n'a aucune étude scientifique sur les réserves par manque d'accès aux données et il est utopique de croire qu'on pourra en disposer un jour.

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