quelques remarques sur ce point : comme je dis dans un des messages, mes questions portent surtout sur l'estimation du coût actuel du RCA, pas dans 50 ans mais maintenant. Parce que je ne sais pas comment estimer la fiabilité des estimations de ce qu'il se passerait à +3,2°C, et donc on peut discuter des heures en disant "j'y crois" ou "j'y crois pas", mais on tourne en rond. Donc restons sur ce qui est mesurable.tita a écrit : ↑15 sept. 2022, 10:49
Oui, mais c'est évidemment un tout. Je salue quand même l'initiative de s'adresser à des personnes compétentes.
En effet, juste résumer par le catastrophisme, c'est un peu court. Après, on trouve dans le rapport de Swiss Re une notion de "PIB plus bas que sans les effets du RC", allant jusqu'à -18.5% dans un scénario de +3.2°C. C'est pas si con de voir ce que raconte un assureur qui est censé être spécialiste de la gestion du risque. Mais en fait, ça ne parle pas de quel hausse du PIB on aurait sans le problème du RC.
Cependant un commentaire quand même sur l'estimation que tu cites :
a) l'estimation porte sur la baisse du PIB par rapport à si il n'y avait pas d'effet climatique, mais sur une valeur où il y a quand même une croissance économique. la croissance économique retenue en général est de l'ordre de +2 % par an, ce qui fait un facteur 3 environ à la fin du siècle (ça dépend des scénarios mais l'ordre de grandeur est celui là). - 18 % sur un facteur 3 veut dire en réalité que ça n'augmente que d'un facteur 2,4 au lieu de 3 : c'est pas exactement un collapse de la civilisation - surtout que pour atteindre 3,2°C il faut des consommations de fossiles bien supérieures à celle des réserves connues, donc un pic de consommation reculé après 2050 - ce qui est incompatible avec un écroulement de la civilisation qui arriverait avant bien sur. Donc, en particulier, prévoir - 18 % avec +3,2°C suppose implicitement que tous les discours disant que la civilisation s'écroulerait au-dessus de 2°C sont faux, les deux estimations sont pleinement contradictoires.
Ca a un impact sur la discussion cout bénéfice, parce que si les impacts climatiques à 2°C sont bien moins que 18 % du PIB réactualisé par la croissance économique, il faudrait justifier que l'impact de la réduction de fossiles nécessaire pour rester à 2°C soit AUSSI bien moins que -18%, sinon ce n'est pas justifié. Or cette hypothèse est en elle même très contestable. En particulier si les mesures à prendre ont pour conséquence de stopper la croissance économique et de faire décroitre le PIB, leur impact est forcément plus fort que celui du climat.
b) la précision du résultat affiché (- 18,5 % à 0,5 % près pour 3,2°C à 0,1°C près) est absurde par rapport aux incertitudes de calcul. Pour moi le simple fait de publier ce résultat montre qu'il est bidon, et fait par des gens qui n'ont aucun sens des incertitudes physiques. Comme j'ai un peu détaillé sur le calcul des réfugiés climatiques calculés au million près dans 30 ans , c'est très clair de savoir comment on en arrive là : on fait un gros modèle sur ordinateur en mettant plein de paramètres inconnus dont on fixe la valeur un peu au pif (avec en général des arguments très grossiers), on fait tourner les ordinateurs, et comme un ordinateur c'est "sérieux" , on pense que le résultat final est précis. Les ordinateurs sont à la fois la force et la plaie de la recherche moderne, on a tendance à penser que dès qu'on fait un gros calcul dessus, c'est juste, alors que c'est souvent du n'importe quoi. Il y a une expression pour ça "garbage in, garbage out".
Les incertitudes sur les modèles climatiques sont déjà tellement grandes que c'est bien sur totalement impossible d'estimer les impacts sur le PIB à 0,5 % près, et je ne parle même pas des capacités d'adaptation des sociétés futures que personne ne connait.