Insécurité, pollutions, climat, cancer… De quoi les Français ont-ils de plus peur?
AURÉLIE BARBAUX Usine Nouvelle 02/10/2019
L’insécurité et le réchauffement climatique sont désormais des préoccupations majeures de nos concitoyens, indique l’édition 2019 du baromètre IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) sur la perception des risques et de la sécurité des Français. Ce ne sont pas les seules.
Qu’est-ce qui inquiète le plus les Français ? Le chômage ? L’insécurité ? L’immigration ? Le nucléaire ? Le climat ? La pollution ? La pauvreté ? Le cancer ? Depuis 30 ans, l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) même l’enquête. Et depuis 10 ans, l’IRSN publie tous les ans un baromètre très complet des préoccupations des Français, leur regard sur l’expertise, les situations à risque et le nucléaire. Depuis trois ans, ce baromètre est même accessible intégralement en ligne en open data, avec un outil permettant de croiser les données.
La pollution de l'air détrônée par le climat
Mis en ligne ce 2 octobre, quelques jours après l’incendie du site Seveso Lubrizol à Rouen, déclaré le 27 septembre, l’édition 2019 du baromètre IRSN sur la perception des risques et de la sécurité par les Français, ne reflète pas une l’inquiétude croissance de nos concitoyens vis-à-vis des risques chimiques et les pollutions.
Top 10 des sujets environnementaux les plus préoccupants pour les Français, à fin 2018.
Alors qu’elles avaient grimpé à la première place dans le baromètre 2017 (avis collectés fin 2016), les pollutions de l’air n’arrivent fin 2018 qu’en troisième position (22,9 pts) des sujets environnementaux qui préoccupent le plus les Français, loin derrière le réchauffement climatique (55,5 % du panel interrogé le place en première ou seconde position) et la disparition d’espèces animales (29,1 points). La destruction des forets (19,1 pts) arrivant en 4e position et la pollution de l’eau en cinquième. Le rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) d’octobre 2018 était passé par là.
Bond de l'insécurité en tête des préoccupations
Pour autant, tous risques confondus, les bouleversements climatiques (et non le réchauffement, les intitulés du baromètre étant encore différents), n’arrivent qu’en 6e place des sujets actuels les plus préoccupants avec 13,8 % du panel les plaçant en 1ere ou 2e position de leurs préoccupations, derrière l’insécurité (34,0 pts) qui fait un bond de 20 points sûrement dû aux gilets jaunes, le chômage (33,4 pts), la grande pauvreté et l’exclusion (30,8 pts), la dégradation de l’environnement (27,9 pts) et le terrorisme (19,5 pts) qui dégringole cette année de la première place où il était monté en 2015.
La peur du nucléaire reste stable
Malgré un recul de 6 pts, le climat devance néanmoins encore l’instabilité politique mondiale (10 pts, qui remplace les conséquences de la crise financière dans ce classement), les risques nucléaires, qui fluctuent entre 6 et 10 points depuis 10 ans avec juste une pointe en 2011 liée à Fukushima, et la qualité des soins médicaux (4 pts), qui a fait son entrée dans le top 10 en 2017.
Le rapport des Français à la science et à l’expertise scientifique évolue lui moins violemment, mais se dégrade légèrement. 6 % des Français interrogés se déclarent avoir une mauvaise ou très mauvaise opinion des experts, soit 2 pts de plus que l’année dernière.
Les risques de cancer, terrorisme et pesticides perçus comme très élevés
Concernant les 35 risques auxquels les Français se sentent le plus exposés (risques élevés et très élevés), arrivent en tête le cancer, le terrorisme, les pesticides et la pollution atmosphérique, suivi du tabagisme des jeunes, de la pollution des lacs, des rivières et des mers, la pollution des sols et la drogue. Les risques moins élevés seraient ceux des accidents de radiothérapies, domestiques et les risques médicaux.
La perception des risques liés aux déchets et centrales nucléaire reste, elle assez stable. Tchernobyl détrône cette année Fukushima sur le podium des catastrophes les plus effrayantes devant les tremblements de terre, le séisme et le tsunami de 2011 au Japon et ex aequo la tempête Xynthia et les ouragans Irma, Katrina et Michael.
Un baromètre globalement "stable"
"Globalement, outre la montée de l’insécurité et du réchauffement climatique, le baromètre 2019 reflète une certaine stabilité", analyse Jean-Christophe Niel, directeur général de l’IRSN. Cela pourrait ne plus être le cas de celui de 2020. Le questionnaire qui sera utilisé fin 2019 lors d’entretiens face à face de 45 minutes auprès d’un panel de 1 000 personnes représentatives de la population français va en effet subir des modifications.