Au moment où plusieurs signes, dont le début hâtif de la saison albertaine des feux de forêt, laissent présager un autre été difficile pour les Ténois, plusieurs d'entre eux éprouvent de l’anxiété environnementale, un phénomène qui prend de l’ampleur.
Au déclenchement du premier feu de forêt de 2023 près de Fort Smith, le 5 mai, les résidents du territoire ne se doutaient pas que ce premier incendie n'était qu’un avant-goût de l’été qui allait s’ensuivre : un été de chaleur, de sécheresse, de feux et d’évacuations.
Mike Couvrette, qui exploite une ferme d’alpaga avec sa femme et qui est aussi conseiller municipal de Fort Smith, se souvient très bien de cet incendie qui a pris tout le monde par surprise.
Ce feu n’était qu’à 6 kilomètres de chez moi, 16 kilomètres du centre-ville de Fort Smith, raconte-t-il.
Finalement, seulement quelques acres ont brûlé, mais la réaction de toute la communauté était : "Wow, qu’est-ce qui se passe? Ça n’arrive jamais si tôt en saison." Je pense que ça nous a permis de nous rendre compte très tôt que nous avions besoin de nous préparer à affronter une situation inhabituelle.
Puis, de semaine en semaine, davantage de feux se sont déclenchés et propagés, ce qui a mené à l'évacuation de citoyens de partout au territoire – y compris l'ensemble des habitants de la capitale, Yellowknife – et à des drames difficiles à oublier.
Alors que Mike Couvrette et sa femme Helena évacuaient leur région sur une route bordée de flammes, la remorque transportant leurs alpagas a pris feu.
On a perdu notre bétail, nos chiens de garde [et] nos animaux de compagnie, dit Mike Couvrette, toujours ébranlé par ce qu’il a vécu.
(…)
Je dirais que, de façon générale, les gens sont toujours anxieux, poursuit-il, quand on lui demande comment vont les résidents de Fort Smith à l'approche d’une nouvelle saison de feux. Ça a créé de l'anxiété, c'est certain. C'est communautaire aussi, c'est tout le village, et tous les Territoires du Nord-Ouest s'en remettent à peine, et on [s’en va] dans une autre saison, alors les nerfs sont à vif, c'est sûr.
(…)
La mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty, n’hésite pas à dire qu’elle a elle-même recouru aux services d’un conseiller, après l’évacuation de sa ville.
Pendant des semaines, elle a dirigé une équipe sans relâche, avant, pendant et après l’évacuation, et a porté sur ses épaules tout le stress d’une communauté.
J’ai vu que j’étais [épuisée professionnellement] et le travail n’était pas fini. Ce n’était pas comme : OK, le feu [se calme] et je peux prendre une pause pendant quelques mois, dit-elle avec émotion.