Le point de vue de New Scientist
Publié : 02 déc. 2015, 01:51
New Scientist est une publication scientifique générale sérieuse à destination du public averti. Ils publient régulièrement des articles intéressants sur le changement climatique.
Pourquoi n'y a-t-il plus de nouveaux articles en accueil du site ? Des traductions d'articles comme ça, ça pourrait être pas mal, non ?
New Scientist a écrit :Traduction sans prétention de ceci (1.12.15, anglais).
Sommet climat de Paris : ce qu'ils ne disent pas des énergies renouvelables
Le point de vue optimiste
Les énergies renouvelables deviennent si peu cher que bientôt elles remplaceront les fossiles.
Leur prix chute. Par exemple depuis 2009 aux US l'éolien a chuté de 60% et le solaire de 80%.
« Cette seule chose serait suffisante pour arrêter le changement climatique », a dit récemment David Attenborough [un Nicolas Hulot US?]. « Si l'énergie propre devenait moins chère que le charbon, le gaz ou le pétrole, les combustibles fossiles resteraient dans le sol. »
On y arrive plus vite que personne ne l'avait prédit. Dans certains pays, comme en Allemagne, l'électricité éolienne ou solaire est déjà moins chère que l'électricité fossile pour la plupart sinon toutes les sources fossiles.
Qui plus est, on y arrive malgré que les fossiles soient encore fortement subventionnés : 500 milliards de dollars par an selon l'International Energy Agency. C'est 4 fois plus que pour les renouvelables. Si les pays cessaient ces subventions, comme beaucoup s'y sont engagés, les perspectives des renouvelables seraient encore meilleures.
Le problème de l'intermittence des renouvelables signifie qu'il est essentiel de trouver des moyens de stocker l'énergie, mais les prix vont aussi plonger dans les années à venir avec les économies d'échelle. Par exemple cette année Tesla a dévoilé ses plans de ventes de batteries produites à grande échelle, pour permettre aux habitants et aux entreprises de stocker de l'énergie renouvelable ou pour profiter de faibles prix en dehors des pics de consommation.
Le point de vue réaliste
Les énergies renouvelables sont très loin d'être dominantes, et ont très peu de temps pour le faire.
Le prix de l'éolien et du solaire terrestre a remarquablement chuté. Mais l'éolien offshore reste relativement cher, et, globalement, 80% de l'énergie mondiale vient des fossiles. Ensuite viennent les biocarburants, le nucléaire et l'hydroélectrique. Éolien et solaire fournissent moins de 1% à eux deux.
Beaucoup de gens imaginent qu'une transition mondiale vers l'éolien et le solaire se produira rapidement dès qu'ils seront moins chers que le charbon, le pétrole ou le gaz. Mais dans un marché libre, l'éolien et le solaire pourraient devenir trop peu chers pour être rentables, parce qu'on en aurait trop dès que le soleil brille ou que le vent souffle. De nouveaux champs éoliens ou solaires ne seraient plus construits sans moyens rentables de stocker l'énergie.
Et si la demande de fossiles commence à chuter, ceux-ci pourraient devenir moins chers si les producteurs tentent d'en vendre le plus possible tant qu'ils le peuvent. Ceci se produit déjà, peut-être, avec le charbon, et certains pays en profitent pour en brûler plus. [Note: NS donne ici en lien l'article qui suit.]
Ces questions peuvent être résolues par des taxes carbone et des subventions garantissant que les renouvelables parviennent à dominer, jusqu'à ce qu'on n'en ait plus besoin quand les prix du stockage de l'énergie chuteront. Mais peu de pays ont déjà introduit une taxe carbone qui fasse sens, et certains, comme le Royaume-Uni, tranchent dans leurs subventions aux renouvelables au lien de les augmenter.
Ainsi il s'en faut de beaucoup que le monde fonctionne majoritairement aux renouvelables. De plus, cette transition n'est qu'une partie du défi. Plus de la moitié des émissions CO2 ne vient pas de la production d'électricité, mais de l'industrie, des transports, de l'habitat et de l'agriculture.
Cela signifie que nous devons trouver des alternatives à des processus industriels clés, ou des moyens rentables de capter le carbone qui en résulte. Nous devons également trouver le moyen de produire suffisamment de carburants pour faire voler les avions sans raser les forêts pour produire des biocarburants, et ainsi de suite.
Et pourtant, nous n'avons que deux décennies pour réussir tout cela si nous voulons limiter le réchauffement à 2 °C au plus.
Je voulais aussi faire celui-là mais je fatigue... P'têt un autre jour...New Scientist a écrit :Traduction sans prétention de ceci (15.7.15). L'article reprend les idées exposées à la conférence parisienne de juillet 2015 Our Common Future Under Climate Change. Je ne traduis pas les ironies sur Hollande qui accueille tout ça mais subventionne des centrales à charbon dans d'autres pays parce que des boîtes françaises y sont impliquées.
Renaissance du charbon : il faut passer au plan B pour le changement climatique
[...] Le charbon est la clé de tous les futurs. Les pays riches ont fait des progrès dans la réduction des émissions CO2, en grande partie en passant du charbon à quelque chose de moins polluant. Mais il en a résulté un tas de charbon par cher qui pourrait nous amener à un réchauffement dépassant les +4 °C. [...] +2 °C est le seuil généralement considéré à partir duquel des conséquences catastrophiques sont inévitables.
Certains [nous suivons ici Ottmar Edenhofer, économiste dans un institut allemand qui étudie les conséquences du changement climatique] en appellent au Plan B : un système de prix global pour le carbone qui soit assez haut pour le tuer une bonne fois pour toutes. [...]
Avec tout ce qu'on a dit sur la mort du charbon ces derniers temps, l'idée que le charbon puisse monter peut surprendre. Mais les économies d'Asie et d'Afrique pauvres, en expansion rapide, ont beaucoup investi dans les centrales à charbon avec la chute des prix. [graphique] Le résultat est que les émissions CO2 montent plus vite que jamais. [...]
On a prétendu le contraire récemment, à la suite d'un rapport de I.E.A. montrant que les émissions globales liées à l'énergie n'avaient pas monté, pour la première fois, en 2014, alors même que l'économie croissait.
Mais Edenhofer pense que les chiffres 2014 pourraient bien être révisés par le haut, et que même s'ils sont justes c'est plus probablement un blip qu'un point de retournement. « Un an n'est pas un bon indicateur ».
Pour que l'on ait la moindre chance d'éviter un changement climatique catastrophique, les émissions globales doivent chuter bientôt. La COP21 est censée s'en assurer.
Mais il est déjà clair que les réductions que les plus grands pollueurs sont prêts à faire seront honteusement insuffisantes. [...]
Plusieurs conférenciers sont allés plus loin, argumentant que c'est l'approche même des Nations Unies qu'il faut revoir. [...] Gjalt Huppes de l'Université de Leiden, Pays-Bas : « Selon la théorie des jeux, essayer d'obtenir un accord global sur les réductions d'émissions ne marchera pas. »
À la place, chaque pays devrait fixer un prix carbone suffisamment haut pour tuer le charbon d'abord, puis le pétrole et le gaz. « La plupart des économistes pensent qu'un prix carbone est le meilleur moyen de réduire les émissions » dit Joseph Stigliz, l'ancien économiste en chef de la Banque Mondiale, maintenant à l'Université de Columbia, US. Selon lui, chaque pays pourrait mettre en place son propre système, taxes ou marchés carbone. Ce qui importe est que le prix démarre haut et ne cesse de monter, pour s'assurer la confiance des investisseurs dans les alternatives.
Les états pauvres sont peu susceptibles d'enthousiasme, craignant pour leur développement. Mais d'après Huppes, une coalition volontaire relativement petite pourrait contraindre le reste du monde à entrer dans un mécanisme de prix carbone global, juste deux ou trois parmi les US, l'Union Européenne, la Chine et le Japon, et même pas forcément les US entiers, la Californie pourrait suffire.
Le principe est que la coalition pourrait taxer punitivement les importations depuis les nations sans système de prix carbone. Cela inciterait fortement les états à mettre en place leur propre système pour être admis en leur sein. La World Trade Organization autoriserait explicitement ce genre de taxes.
Mais, même si des prix carbone étaient mis en place demain, cela serait probablement insuffisant. [... Limiter le réchauffement à +1,5 °C relève de la fantaisie. ] Selon Thomas Stocker de l'Université de Berne, Suisse, même l'objectif de +2 °C est devenu « extrêmement ambitieux ».
À peu près tous les scénarios menant à +2 °C supposent soit que les émissions ont piqué en 2010 – ce qu'elles n'ont pas fait – ou nécessitent des émissions négatives (voir encadré). [...]
Selon Kevin Anderson de l'Université de Manchester, qui ne prend jamais l'avion, il faudra des décennies que nous n'avons pas pour décarbonner nos sources d'énergie. Donc notre seule chance d'en rester à +2 °C est de trancher radicalement dans les dépenses énergétiques entre maintenant et 2030. « Les scientifiques du climat devraient commencer en montrant l'exemple. » « Et il nous faut un plan Marshall pour construire une source d'énergie zéro-carbone. »
Encadré
Le secret honteux des scénarios à +2 °C
[...] Une seule manière de dépasser notre quota d'émissions tout en en restant à +2 °C en 2100 : les émissions négatives, c'est-à-dire de la géoingénirie, capture et stockage du CO2.
Ce point n'est pas toujours clarifié par ceux qui parlent de l'objectif +2 °C. Et le secret honteux, c'est que ça risque même de ne pas marcher.
Il y a des projets expérimentaux en cours. Mais il faudrait les magnifier un million ou un milliard de fois pour que cela fasse une différence : un défi technologique immense. Cela nécessite de grandes quantités d'énergie, d'espace, ou d'argent – voire les trois à la fois. Le faire à l'échelle ahurissante requise pour arrêter le réchauffement climatique semble hautement irréaliste.
Aucun chercheur approché par le New Scientist à la conférence n'a défendu l'idée.
Par exemple, une idée populaire est de produire de l'énergie à partir de biomasse, puis de stocker le CO2 produit. Mais il faudrait de très grandes surfaces pour faire pousser le biofuel – des surfaces dont on aura désespérément besoin pour faire pousser notre nourriture, ou comme réserves d'espèces luttant pour s'adapter à un monde plus chaud.
L'écologiste Paul Leadley, de l'Université Paris-Sud est clair : « c'est une idée nauséabonde. »
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