Vaches / bétail CO2 et méthane

Discussions concernant les conséquences sur l'environnement de la course aux ressources.

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Environnement2100
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Message par Environnement2100 » 09 sept. 2006, 23:20

La pêche moderne est devenue assez compliquée. La plupart des armements sont configurés pour un certain type de poisson ou de crustacé, parfois, pour une seule espèce.

De ce côté-ci de la planète, la plupart de ces espèces font l'objet de quota, les célèbres TAQ. Quand un bateau sort de ses filets une espèce qui n'est pas la bonne, ou dont la taille est insuffisante, l'équipage... le rejette à la mer, mort. Ce bateau rentre donc au port en ayant apparemment respecté ses quotas. Mais il a éventuellement détruit trois fois plus de poisson qu'il n'en rapporte au port.

La reproduction des poissons est loin d'être connue. On vient tout juste de se rendre compte que
- le thon qui fréquente l'Amérique du Nord traverse parfois l'Atlantique pour s'installer en face de l'Europe
- il semblerait que plusieurs espèces de thon atlantiques se reproduisent exclusivement en Méditerranée.
On comprend donc que surpêcher le thon en Méditerranée provoque une catastrophe en Atlantique, quelques années plus tard.

Ceci n'est qu'un exemple. Si tu ajoutes le fait que certaines nations n'ont mis aucun moyen en place pour surveiller ses propres pêcheries, plus la célèbre maxime "pas vu, pas pris", tu te rends compte que gérer, à proprement parler, les stocks de poisson dans des millions de km² d'océan est impossible avec les moyens actuels.

La surpêche est donc un phénomène non pas probable, mais certain.
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Message par Dr Renard » 26 sept. 2006, 14:34

jc a écrit :D'une part le CH4 est environ 20 fois plus efficace que le CO2, molécule par molécule, pour absorber l'énergie infrarouge émise par la Terre.

D'autre part son oxydation dans l'atmosphère, qui n'implique pas directement O2, contribue largement à augmenter la teneur en vapeur d'eau dans la stratosphère ainsi que celle de l'ozone dans la troposphère. Ces deux gaz sont les principaux gaz à effet de serre et le méthane contribue donc indirectement au réchauffement aussi par son impact sur leur bilan.

Pour finir ne pas oublier que le carbone émis par les vaches sous cette forme provient de l'assimilation de céréales cultivées avec force engrais et fertilisants divers et variés, eux-même conduisant à l'émission d'hémioxyde d'azote. Ce dernier a un pouvoir absorbant de l'infrarouge 200 fois plus important que le CO2...

Alors, les vaches et le méthane, pas un problème ? :?
Je ne doute absolument pas du rôle du méthane dans l'effet de serre.
Je voulais juste souligner que le problème de fond n'est pas le méthane atmosphérique par lui-même mais bien l'augmentation de sa concentration. Pour dire que le problème ce n'est pas la vache, le méthane produit par une vache cette année et libéré dans l'atmosphère correspondant au méthane qu'une vache identique avait produit il y a 10 ans et qui a disparu de l'atmosphère cette année. Le problème c'est le nombre de vaches, toujours en augmentation, l'élevage et la culture intensive.

jc
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Message par jc » 26 sept. 2006, 18:43

On est bien d'accord. C'est un raisonnement valable pour tous les composés ayant aussi une origine naturelle. Seuls certains organo-halogénés ne suivent pas ce raisonnement. Toujours est-il qu'aujourd'hui les sources anthropiques de méthane représentent près de 70% de l'ensemble des sources de ce gaz.

Au passage, petite info : le temps de vie d'un gaz dans l'atmosphère n'est pas le temps qu'il faut pour qu'il disparaisse. C'est le temps qu'il faut pour que sa concentration diminue d'un facteur e. Le processus de destruction dans l'atmosphère impose une exponentielle décroissante.

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Message par energy_isere » 02 déc. 2006, 20:39

d' aprés ce rapport de la FAO le bétail génererait plus de gaz à effet de serre (équivalent CO2) que le secteur du transport ! (au niveau mondial)
Livestock a major threat to environment
Remedies urgently needed


29 November 2006, Rome -

Which causes more greenhouse gas emissions, rearing cattle or driving cars?

Surprise!

According to a new report published by the United Nations Food and Agriculture Organization, the livestock sector generates more greenhouse gas emissions as measured in CO2 equivalent -18 percent - than transport. It is also a major source of land and water degradation.

Says Henning Steinfeld, Chief of FAO's Livestock Information and Policy Branch and senior author of the report: “Livestock are one of the most significant contributors to today's most serious environmental problems. Urgent action is required to remedy the situation.”

With increased prosperity, people are consuming more meat and dairy products every year. Global meat production is projected to more than double from 229 million tonnes in 1999/2001 to 465 million tonnes in 2050, while milk output is set to climb from 580 to 1043 million tonnes.

Long shadow

The global livestock sector is growing faster than any other agricultural sub-sector. It provides livelihoods to about 1.3 billion people and contributes about 40 percent to global agricultural output. For many poor farmers in developing countries livestock are also a source of renewable energy for draft and an essential source of organic fertilizer for their crops.

But such rapid growth exacts a steep environmental price, according to the FAO report, Livestock’s Long Shadow –Environmental Issues and Options. “The environmental costs per unit of livestock production must be cut by one half, just to avoid the level of damage worsening beyond its present level,” it warns.

When emissions from land use and land use change are included, the livestock sector accounts for 9 percent of CO2 deriving from human-related activities, but produces a much larger share of even more harmful greenhouse gases. It generates 65 percent of human-related nitrous oxide, which has 296 times the Global Warming Potential (GWP) of CO2. Most of this comes from manure.

And it accounts for respectively 37 percent of all human-induced methane (23 times as warming as CO2), which is largely produced by the digestive system of ruminants, and 64 percent of ammonia, which contributes significantly to acid rain.

Livestock now use 30 percent of the earth's entire land surface, mostly permanent pasture but also including 33 percent of the global arable land used to producing feed for livestock, the report notes. As forests are cleared to create new pastures, it is a major driver of deforestation, especially in Latin America where, for example, some 70 percent of former forests in the Amazon have been turned over to grazing.

Land and water

At the same time herds cause wide-scale land degradation, with about 20 percent of pastures considered as degraded through overgrazing, compaction and erosion. This figure is even higher in the drylands where inappropriate policies and inadequate livestock management contribute to advancing desertification.

The livestock business is among the most damaging sectors to the earth’s increasingly scarce water resources, contributing among other things to water pollution, euthropication and the degeneration of coral reefs. The major polluting agents are animal wastes, antibiotics and hormones, chemicals from tanneries, fertilizers and the pesticides used to spray feed crops. Widespread overgrazing disturbs water cycles, reducing replenishment of above and below ground water resources. Significant amounts of water are withdrawn for the production of feed.

Livestock are estimated to be the main inland source of phosphorous and nitrogen contamination of the South China Sea, contributing to biodiversity loss in marine ecosystems.

Meat and dairy animals now account for about 20 percent of all terrestrial animal biomass. Livestock’s presence in vast tracts of land and its demand for feed crops also contribute to biodiversity loss; 15 out of 24 important ecosystem services are assessed as in decline, with livestock identified as a culprit.

Remedies

The report, which was produced with the support of the multi-institutional Livestock, Environment and Development (LEAD) Initiative, proposes explicitly to consider these environmental costs and suggests a number of ways of remedying the situation, including:

Land degradation -controlling access and removing obstacles to mobility on common pastures. Use of soil conservation methods and silvopastoralism, together with controlled livestock exclusion from sensitive areas; payment schemes for environmental services in livestock-based land use to help reduce and reverse land degradation.

Atmosphere and climate -increasing the efficiency of livestock production and feed crop agriculture. Improving animals’ diets to reduce enteric fermentation and consequent methane emissions, and setting up biogas plant initiatives to recycle manure.

Water -improving the efficiency of irrigation systems. Introducing full-cost pricing for water together with taxes to discourage large-scale livestock concentration close to cities.

These and related questions are the focus of discussions between FAO and its partners meeting to chart the way forward for livestock production at global consultations in Bangkok this week. These discussions also include the substantial public health risks related to the rapid livestock sector growth as, increasingly, animal diseases also affect humans; rapid livestock sector growth can also lead to the exclusion of smallholders from growing markets.
source : http://www.fao.org/newsroom/en/news/200 ... index.html


Allez à la source , il y a pas les ’ et autres “ ....... qu'est ce que ça peut étre pénible des fois !

th
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Message par th » 03 déc. 2006, 20:41

Je conseile plutot la conclusion de ce rapport de la FAO :
http://www.virtualcentre.org/en/library ... 701E07.pdf

En particulier a partir du chapitre "business as usual leads to mounting problems" (p 10)

"the greatest shortcoming of the human race is our inability to understand the exponential function"- Bartlett.

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Message par matthieu25 » 03 déc. 2006, 20:42

Boycottons nos amis les betes...Vive Brigitte Bardot... :D
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energy_isere
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Message par energy_isere » 05 déc. 2006, 13:05

energy_isere a écrit :d' aprés ce rapport de la FAO le bétail génererait plus de gaz à effet de serre (équivalent CO2) que le secteur du transport ! (au niveau mondial)
voicu un article de Enerzine sur ce sujet, et en Francais !
L'élevage de bovins produit beaucoup de CO2


L’élevage de bovins produit-il davantage de gaz à effet de serre que les véhicules automobiles? Aussi étonnant que cela puisse paraître, la réponse est "oui".

Selon un nouveau rapport publié par la FAO, le secteur de l’élevage émet des gaz à effet de serre qui, mesurés en équivalent CO2 (18 pour cent), sont plus élevés que ceux produits par les transports. Il est aussi une source principale de dégradation des terres et des eaux.

D’après Henning Steinfeld, Chef de la Sous-Division de l'information et des politiques en matière d'élevage de la FAO et un des auteurs du rapport, “l’élevage est un des premiers responsables des problèmes d’environnement mondiaux aujourd’hui et il faudrait y remédier rapidement”.

Avec l’amélioration des revenus et la prospérité, les habitants de la planète consomment chaque année de plus en plus de viande et de produits laitiers.

D’après les estimations, la production mondiale de viande devrait plus que doubler, passant de 229 millions de tonnes en 1999/2001 à 465 millions de tonnes en 2050, tandis que celle de lait devrait grimper de 580 à 1 043 millions de tonnes.

Le secteur représente en outre respectivement 37 pour cent de tout le méthane dû aux activités humaines (agissant sur le réchauffement 23 fois plus que le CO2) qui est en grande partie produit par le système digestif des ruminants, et 64 pour cent de l’ammoniac, qui contribue sensiblement aux pluies acides.

L’élevage utilise désormais 30 pour cent de toute la surface émergée de la terre, principalement des pâturages permanents mais aussi 33 pour cent des terres arables utilisées pour la production fourragère, indique le rapport.

Les forêts sont malheureusement défrichées pour créer de nouveaux pâturages, en particulier en Amérique latine où quelque 70 pour cent des anciennes forêts d’Amazonie ont été converties en pâturages.

Geispe
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Message par Geispe » 05 déc. 2006, 14:05

Je ne suis pas sûr, mais l'élevage me semble être une solution de facilité "poil dans la main". Dans des pays où il y a beaucoup d'espace on s'en fiche et çà peut marcher. Mais dès que la population humaine et l'emprise sur l'espace augmente, ça pose problème... et il me semble bien qu'il y a de perpétuels conflits entre éleveurs et cultivateurs là où les deux sont obligés de se cotoyer, en raison des dégâts faits par le bétail dans les cultures et pour la conquête des espaces encore disponibles...
Il faudrait alors pouvoir déterminer ce qui est optimal... ?
Et là on sait quand même que l'élevage demande bien plus d'espace que la culture vivrière...
Si en plus il est destiné à l'exportation...

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energy_isere
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Message par energy_isere » 05 déc. 2006, 20:06

Le Monde commente aussi le rapport de la FAO :
L'élevage contribue beaucoup au réchauffement climatique

Manger de la viande nuit à l'environnement. C'est la conclusion à laquelle parvient l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) qui a rendu public, mercredi 29 novembre, un rapport consacré à l'impact écologique de l'élevage. Celui-ci est "un des premiers responsables des problèmes d'environnement", affirme un des auteurs, Henning Steinfeld.


Mesurée en équivalent CO2, la contribution de l'élevage au réchauffement climatique est plus élevée que celle du secteur des transports. L'activité est responsable de 65 % des émissions d'hémioxyde d'azote, un gaz au potentiel de réchauffement global 296 fois plus élevé que celui du CO2, essentiellement imputable au fumier. De plus, le bétail produit 37 % des émissions de méthane liées aux activités humaines. Ce gaz, produit par le système digestif des ruminants, agit vingt-trois fois plus que le CO2 sur le réchauffement.

Les pâturages occupent 30 % des surfaces émergées, alors que 33 % des terres arables sont utilisées pour produire l'alimentation du bétail - et ces surfaces sont insuffisantes pour répondre à la demande, ce qui entraîne le défrichage de forêts. D'autres dégâts sont énumérés : 20 % des pâturages sont dégradés par une surexploitation entraînant le tassement et l'érosion du sol ; l'activité compte aussi "parmi les plus nuisibles pour les ressources en eau".

La hausse du niveau de vie s'accompagne d'une consommation plus importante de viande et de produits laitiers. La production mondiale de viande devrait donc plus que doubler d'ici 2050, passant de 229 à 465 millions de tonnes. Les auteurs du rapport rappellent que la viande constitue un apport en protéines primordial pour les populations mal nourries et que l'élevage fait vivre 1,3 milliard de personnes. "Il s'agit souvent de la seule activité économique possible pour les populations pauvres", écrivent-ils.

Diverses pistes sont proposées pour limiter les dégâts de l'élevage, comme l'amélioration de l'alimentation animale. La FAO suggère que, en outre, cet impact pourrait être "fortement diminué" si "la consommation excessive de produits animaux parmi les populations riches baissait". Un Indien consomme en moyenne 5 kg de viande par an, contre 123 kg pour un Américain.

Gaëlle Dupont
Article paru dans l'édition du Monde du 05.12.06

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Message par Jägermeifter » 06 déc. 2006, 09:58

Les pâturages occupent 30 % des surfaces émergées
Il s'agit plutot de 30% des terres arables, non? 30% des surfaces émergées, c'est de toute évidence impossible.

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Message par Goupil666 » 06 déc. 2006, 11:03

Ca parait beaucoup mais c'est bien ce que dit le rapport de la FAO:
"Total land for grazing 3433 millions d'ha or 26% of terrestrial surface"
et d'après ce document de la FAO pour 2001 (en milliers d'ha):
Superficie totale des terres :13 041 038
Superficie agricole: 5 016 729
Paturages permanents en % de la superficie agricole: 69.5%, soit 3486626, ce qui correspond bien à 26% du total.

La Terre n'est pas si grande :cry: le tableau dit également que la superficie agricole par habitant est de 0.82 ha, c'est-à-dire un carré de 90m de côté !

Alors c'est vite vu, comptez combien il vous faut de légumes, de céréales, de fruits et surtout de steak de boeufs, poulets et cochons pendant une année, puis essayez de voir comment vous allez faire tenir tout ça dans votre carré de 90m ! :smt017

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Message par Krom » 06 déc. 2006, 13:19

C'est poétique cette histoire du carré de 90m de côté de terre cultivable pour chacun.

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Message par Environnement2100 » 06 déc. 2006, 16:21

Code : Tout sélectionner

S totale = 5,1 10^14  m²   510 065 000  km²
S eaux =                       361 059 000  km²  70,8%
S glace =                       15 303 000  km²  3,0%
S terre =                      133 620 000  km²  26,2%
France =                           550 000  km²  0,1%
Ce qui fait 2 ha de terres émergées par personne. Si on enlève les déserts et les montagnes, on arrive peut-être bien à un ha/hab.
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Message par Geispe » 06 déc. 2006, 16:51

1ha c'est pour les six milliards d'aujourd'hui, au niveau planète ?
ou/et en France ?

prontalgix
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Message par prontalgix » 07 déc. 2006, 18:01

matthieu25 a écrit :Boycottons nos amis les betes...Vive Brigitte Bardot... :D
Oui t'as raison

article sur le sujet

LE POIDS D'UNE VACHE

Gaz à effet de serre : le bétail dépasse la voiture

François Cardinal

La Presse

http://www.cyberpresse.ca/article/20061 ... ACTUALITES



Par leurs pets et leurs rots, les vaches contribuent davantage au réchauffement climatique que l'ensemble des autos et des camions. L'élevage de ces bovins constitue même l'un des plus grands fléaux environnementaux de la planète, selon l'Organisation mondiale pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).

La digestion de ces bêtes laisse en effet s'échapper un important gaz à effet de serre (GES), le méthane. Or ce gaz, beaucoup plus toxique que le CO2, figure au troisième rang des principaux responsables des changements climatiques.

«L'élevage est un des premiers responsables des problèmes d'environnement mondiaux aujourd'hui et il faudrait y remédier rapidement», selon Henning Steinfeld, porte-parole de la FAO et coauteur du rapport.

L'agence de l'ONU montre du doigt notre appétit grandissant pour la viande et les produits laitiers pour expliquer que l'élevage émet, à lui seul, 18 % de tous les gaz à effet de serre (37 % du méthane lié aux activités humaines). Le transport représenterait un peu plus de 12 % des émissions de GES, selon diverses sources.

Or le bétail cause non seulement le réchauffement climatique, mais aussi une grave dégradation des terres et des eaux. À l'heure actuelle, le quart des surfaces émergées de la terre sont occupées par les pâturages (20 % sont victimes de surexploitation). Pis encore, le tiers des terres arables ne sont utilisées que pour nourrir le bétail.

Pas surprenant, les animaux laitiers et de boucherie constituent aujourd'hui le cinquième de toute la biomasse animale terrestre, selon la FAO.

Dans un contexte où l'on s'attend à ce que la consommation de viande et de lait double d'ici 2050, la FAO tire la sonnette d'alarme. «Le secteur du bétail est aujourd'hui l'un des deux ou trois plus grands responsables des pires problèmes environnementaux de la planète. () L'impact est si grand qu'il faut y remédier de façon urgente», note-t-elle dans ce rapport de plus de 400 pages.

Dans son rapport, l'agence ne blâme aucun pays en particulier, même si le nom des plus importants exportateurs, dont le Canada, revient souvent. Les éleveurs de bovins du pays ont atteint un record l'an dernier lorsque le nombre de leurs bêtes a dépassé les 17 millions. Il a depuis baissé légèrement en raison de l'ouverture de la frontière américaine.

Que faire?

Pour réduire l'ampleur du problème, l'Organisation fait une liste de recommandations qui s'adressent autant aux consommateurs qu'aux agriculteurs et aux gouvernements. En gros, la FAO estime que l'impact environnemental de l'élevage du bétail doit être réduit au moins de la moitié, ne serait-ce que pour éviter que le problème s'aggrave.

Les auteurs suggèrent également une réduction de la consommation de viande, laquelle est appelée à passer de 229 à 465 millions de tonnes d'ici la moitié du siècle si rien n'est fait. Cette recommandation vise principalement les pays occidentaux (un Américain consomme en moyenne 123 kg de viande comparativement à 5 kg pour un Indien).

«Les impacts de l'élevage pourraient être fortement diminués si la consommation excessive de produits animaux parmi les pays riches baissait», soutient-on.

On suggère aussi de modifier l'alimentation des animaux pour réduire la fermentation qui crée le méthane, de construire des usines de biogaz pour recycler le fumier et de s'attaquer au problème de la contamination de l'eau.

Il faut savoir que 8 % de l'utilisation humaine de l'eau sert en fait le bétail. Cette eau est principalement destinée à l'irrigation des cultures servant à l'alimentation des bêtes.

En plus d'avoir une grande influence dans la disponibilité de l'eau, ce secteur agricole est une grande source de polluants de cette ressource. Citant les chiffres américains (en l'absence de statistiques mondiales), la FAO déplore que l'élevage soit responsable de 37 % de l'utilisation de pesticides et de 50 % de celle d'antibiotiques, des produits qui se retrouvent en grande quantité dans l'eau.

À ce titre, l'Organisation recommande aux gouvernements d'appliquer le principe du pollueur-payeur et de rendre financièrement responsables de ce problème les propriétaires de troupeaux. Elle suggère aussi d'augmenter le coût des ressources (terre, eau, etc.), lequel ne traduirait pas actuellement leur limitation.

L'empreinte écologique du bétail

- 18 % de tous les gaz à effet de serre
- 37 % du méthane lié aux activités humaines
- 26 % des surfaces émergées de la terre
- 33 % des terres arables
- 8 % de l'eau utilisée par l'homme

La consommation de viande est appelée à doubler d'ici 2050.

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