Énergie et production de CO2

Discussions concernant les conséquences sur l'environnement de la course aux ressources.

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Re: Énergie et production de CO2

Message par energy_isere » 03 févr. 2018, 21:17

Climat: Enerdata confirme un rebond des émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie en 2017

AFP parue le 29 janv. 2018

Les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) liées aux consommations d'énergie sont reparties à la hausse après trois années de stagnation, selon des estimations préliminaires publiées lundi par le cabinet Enerdata, confirmant de récentes prévisions d'autres experts internationaux.

Selon Enerdata, les émissions de CO2 liées à la combustion des énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole) auraient augmenté d'environ 2% l'an dernier, à cause d'une consommation de charbon plus élevée. Après trois années de baisse, les trois pays ayant le plus recours au charbon ont tous augmenté leur consommation de cette énergie la plus polluante: elle a bondi de 3,7% en Chine, de 4% en Inde, et s'est repris légèrement aux États-Unis (+1%).

En Chine, ce rebond est le résultat de la hausse de la consommation d'électricité et d'un relâchement des restrictions réglementaires sur le charbon, dans un contexte de croissance économique forte, explique Enerdata. Aux États-Unis, la hausse des prix du gaz a concouru à rendre le charbon un peu plus attractif. Pour alimenter sa demande, la Chine a par ailleurs fortement augmenté ses importations de gaz et notamment de gaz naturel liquéfié (+50%).

La reprise économique en Russie s'est traduite par une hausse de la consommation de gaz après quatre années de baisse, alors qu'elle a baissé de 3% aux États-Unis du fait d'un hiver plus chaud, de la concurrence des énergies renouvelables et d'un charbon comparativement moins cher. La Chine (+6%) a également tiré la demande mondiale de pétrole l'an dernier. Elle a augmenté de 2% en Inde avec le développement de l'automobile, à peine plus qu'aux États-Unis et en Europe.

Ces estimations confirment celles publiées en novembre par le Global Carbon Project, fruit du travail de scientifiques du monde entier, et qui avait jeté un froid sur la COP23 de Bonn, rendez-vous de mobilisation internationale dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Pour son bilan, Enerdata a recensé les données publiées par les dix pays les plus gros consommateurs de chaque énergie sur les trois premiers trimestres et extrapolé les données pour le dernier trimestre. L'estimation peut donc encore varier en fonction du froid observé fin 2017, qui influence les consommations de gaz. Mais "la hausse des émissions est certaine", a précisé à l'AFP Nathalie Desbrosses, d'Enerdata.
https://www.connaissancedesenergies.org ... ude-180129

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La concentration en gaz a effet de serre toujours en hausse

Message par energy_isere » 24 mars 2018, 12:52

Les émissions de CO2 liées à l'énergie repartent à la hausse en 2017

AFP parue le 22 mars 2018

Les émissions mondiales de gaz carbonique liées à l'usage de l'énergie sont reparties à la hausse en 2017, après trois années de stagnation, a indiqué jeudi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Ces émissions en provenance du secteur électrique, des transports ou encore du bâtiment, ont progressé de 1,4% l'an dernier pour atteindre 32,5 gigatonnes, selon les données provisoires de l'agence énergétique basée à Paris.

Cette augmentation résulte d'une "robuste" croissance économique mondiale (+3,7%), de prix bas pour les combustibles fossiles et de moindre efforts réalisés en matière d'efficacité énergétique, explique l'AIE. Ces même facteurs ont entraîné une hausse de 2,1% de la demande mondiale en énergie l'année dernière.

"La croissance significative en 2017 des émissions de gaz carbonique liées à l'énergie nous indique que les efforts actuels pour combattre le changement climatique sont loin d'être suffisants", a commenté le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol, cité dans un communiqué. Cette hausse, qui intervient après trois années de stagnation du niveau d'émissions, contraste avec la "nette" réduction "nécessaire" pour atteindre les objectifs prévus par l'accord de Paris sur le climat, souligne l'agence.

Adopté fin 2015, cet accord engage la communauté internationale à agir pour garder la hausse du thermomètre sous 2°C voire 1,5°C.

Les émissions de CO2 de la plupart des grandes économies ont augmenté en 2017, mais elles ont reculé dans certains pays. C'est le cas notamment au Royaume-Uni, au Mexique, au Japon et aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, il s'agit d'un recul (-0,5%) pour la troisième année consécutive, qui s'explique par le "déploiement plus important" d'énergies renouvelables, combiné à un "déclin" de la demande d'électricité.

L'Asie est responsable des deux tiers de l'augmentation des émissions, selon l'agence. Alors que la Chine a enregistré une croissance de près de 7% l'an dernier, ses émissions n'ont progressé que de 1,7%, en raison notamment du déploiement d'énergies renouvelables. Le pays tend également à accélérer le remplacement du charbon par du gaz.

En ce qui concerne l'Union européenne, les émissions ont progressé de 1,5%, "inversant certains progrès réalisé ces dernières années", principalement en raison d'un recours accru au pétrole et au gaz.
https://www.connaissancedesenergies.org ... 017-180322

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Re: La concentration en gaz a effet de serre toujours en hausse

Message par GillesH38 » 24 mars 2018, 13:15

vivement le pic de la demande, hein :)
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Re: La concentration en gaz a effet de serre toujours en hausse

Message par mobar » 24 mars 2018, 13:35

Pas pour demain, les pragmatiques peuvent dormir et mourir tranquille!
https://youtu.be/0pK01iKwb1U
« Ne doutez jamais qu'un petit groupe de personnes bien informées et impliquées puisse changer le monde, en fait, ce n'est jamais que comme cela que le monde a changé »

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Re: La concentration en gaz a effet de serre toujours en hausse

Message par energy_isere » 25 mars 2018, 13:03

LES ÉMISSIONS MONDIALES DE CO2 DANS L’ÉNERGIE ONT AUGMENTÉ EN 2017

ven 23 mar 2018

Image

Après trois de années de stagnation liée l’utilisation croissante des énergies renouvelables et du gaz naturel au détriment du charbon, les émissions mondiales de gaz carbonique dans le secteur de la production énergétique sont reparties à la hausse en 2017, selon un rapport publié jeudi 22 mars 2018 par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En cause pour expliquer cette nouvelle tendance haussière, les prix bas des combustibles fossiles et la baisse des efforts réalisés en matière d’efficacité énergétique.

Selon un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie publié jeudi 22 mars 2018, les émissions mondiales de gaz carbonique liées à l’usage de l’énergie ont augmenté de 1,4% en 2017 après trois années de stabilisation, atteignant 32,5 gigatonnes l’an dernier, contre 32,1 en 2016. Ces nouvelles émissions qui regroupent celles liées à la production d’électricité, au secteur de transport ou du bâtiment, traduisent les effets d’une croissance économique mondiale « robuste » (+3,7%), d’un retour aux combustibles fossiles (encouragé par des prix toujours très bas), et des moindres efforts consentis en matière d’efficacité énergétique, explique l’AIE.

Des efforts contre le changement climatique toujours insuffisants
« La croissance significative en 2017 des émissions de gaz carbonique liées à l’énergie nous indique que les efforts actuels pour combattre le changement climatique sont loin d’être suffisants », a commenté le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, cité dans un communiqué. Cette hausse contraste en effet avec la forte réduction des émissions nécessaire si l’on veut espérer atteindre les objectifs prévus par l’Accord de Paris sur le climat, à savoir, limiter la hausse des températures à 2°C (1,5°C dans le meilleur des cas) par rapport à l’ère préindustrielle.

Dans le détail, cette augmentation s’est principalement concentrée sur le continent asiatique qui représente plus des deux tiers de ces nouvelles émissions. La Chine par exemple a vu ses émissions augmenter de 1,7%. Un chiffre encore élevé mais qui reste néanmoins satisfaisant compte tenu de la forte croissance économique du pays (+7%) et des efforts réalisés pour remplacer progressivement l’exploitation du charbon et du gaz. La situation est plus inquiétante pour l’Europe qui a vu ses émissions progresser de 1,5%, « inversant certains progrès réalisés ces dernières années » en raison d’un recours accru au pétrole et au gaz, poursuit l’AIE. Certains pays enfin ont enregistré une baisse de leurs émissions contre la tendance générale. On peut citer ici le Royaume-Uni, le Mexique, le Japon ou les Etats-Unis qui ont vu leurs émissions diminuer de 0,5% malgré la politique pro charbon de Donald Trump, du fait d’un déploiement plus important des énergies renouvelables, cumulé à une baisse de la demande d’électricité.
http://lenergeek.com/2018/03/23/emissio ... tion-2017/

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Re: Énergie et production de CO2

Message par energy_isere » 18 oct. 2018, 00:46

Les émissions liées à l'énergie devraient encore croître en 2018

AFPle 17 oct. 2018

Les émissions de gaz à effet de serre du secteur de l'énergie devraient encore croître en 2018, pour la deuxième année consécutive, une "très mauvaise nouvelle" pour le climat, a indiqué mercredi soir le directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) Fatih Birol.

"Je suis désolé, j'ai une très mauvaise nouvelle," a-t-il dit à Paris lors d'un débat sur la lutte contre le réchauffement climatique organisé à l'ambassade de Pologne, pays hôte de la COP24 prévue en décembre à Katowice.

Au vu des chiffres des neufs premiers mois, "les émissions cette année vont croître une fois encore, et nous allons avoir une COP au moment où les émissions mondiales atteindront un record", a-t-il ajouté.

En 2017, les émissions de CO2 liées à la combustion des énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole) -- qui représentant plus des trois quarts des émissions globales -- étaient reparties à la hausse après trois années de stagnation.

Or pour rester sous 1,5°C de réchauffement, déjà source de forts impacts, il faudrait que les émissions de CO2 déclinent bien avant 2030 et fortement (-45% d'ici 2030 par rapport à leur niveau de 2010), relevaient le rapport des experts climat de l'ONU (Giec) début octobre.

Mercredi soir, Laurent Fabius, président de la COP21, a appelé à agir "d'ici 2020". "J'insiste sur ces deux prochaines années, les pays doivent revoir leurs engagements", a-t-il appelé, lors de ce débat, au côté du président de la COP24, le secrétaire d'Etat polonais Michal Kurtika.

"Quand vous regardez les conséquences tragiques du changement climatique, c'est aujourd'hui, et pas dans 50 ans", a insisté l'ancien ministre français.

La communauté internationale s'est engagée à la COP21 de Paris en 2015 à agir pour réduire les émissions afin de limiter le réchauffement à 2°C voire 1,5°C par rapport au niveau de la Révolution industrielle. L'accord incite les pays à revoir à la hausse leurs engagements, qui à ce stade conduisent le monde bien au-delà de 3°C.
https://www.connaissancedesenergies.org ... 018-181017

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Re: Énergie et production de CO2

Message par Remundo » 18 oct. 2018, 01:15

et ça discute encore de réduction des émissions... vaste plaisanterie pluri-décennale.

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Re: Énergie et production de CO2

Message par energy_isere » 26 mars 2019, 07:23

Les émissions de CO2 liées à l'énergie encore en hausse en 2018

AFP parue le 26 mars 2019

Après le rebond constaté en 2017, les émissions mondiales de CO2 liées à l'usage de l'énergie ont de nouveau augmenté en 2018, tirées par une consommation d'énergie toujours plus forte, selon des données publiées mardi par l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

"Les émissions avaient stagné entre 2014 et 2016 (...) fruit de progrès importants en termes d'efficacité énergétique et de déploiement de technologies bas-carbone. Mais la dynamique a changé en 2017 et 2018", constate l'AIE dans son rapport annuel sur la demande d'énergie et les émissions de CO2 associées.

La croissance économique "n'a pas été obtenue grâce à une meilleure efficacité énergétique, les technologies bas carbone ne se sont pas développées aussi rapidement que la croissance de la demande (d'énergie)", qui a atteint 2,3%, sa plus rapide progression en une décennie, note-t-elle encore.

Ainsi l'an dernier, les émissions de CO2 liées à la production et à la combustion de toutes les énergies (pétrole, gaz, charbon, électricité renouvelable, etc...) ont progressé de 1,7% à un niveau "historique" de 33,1 gigatonnes.

La Chine, l'Inde et les Etats-Unis sont responsables de 85% de cette hausse.
Cette progression est en effet essentiellement due à la consommation de charbon en Asie pour produire de l'électricité. Et la situation est d'autant plus inquiétante pour l'avenir que les centrales à charbon y ont une moyenne d'âge de 12 ans, alors que leur durée de vie est d'environ 50 ans, pointe l'AIE.

A l'inverse, les émissions ont diminué au Royaume-Uni et en Allemagne, du fait de l'expansion des énergies vertes au détriment du charbon, au Japon, grâce notamment à la remise en service de réacteurs nucléaires, ou encore en France grâce à de bons niveaux de production des barrages hydroélectriques et des centrales nucléaires.

Malgré une croissance à deux chiffres de l'éolien et du solaire, ce sont encore les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) qui ont comblé l'appétit mondial en énergie, aiguisé l'an dernier par la croissance économique et des besoins plus importants pour le chauffage et la climatisation dans certaines régions du monde, note l'AIE.

La demande en gaz a été particulièrement forte, tirée par les Etats-Unis et la Chine.

Ces données "démontrent une nouvelle fois qu'une action plus urgente est nécessaire sur tous les fronts - développement des solutions d'énergie propre, baisse des émissions, stimulation des investissements et de l'innovation, notamment dans la capture et le stockage du carbone", a estimé Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE, cité dans un communiqué.
https://www.connaissancedesenergies.org ... 018-190326

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Re: Énergie et production de CO2

Message par energy_isere » 25 avr. 2019, 19:57

Tir groupé des ONG contre les émissions carbone de l’industrie lourde

Myrtille Delamarche Usine Nouvelle le 25/04/2019

Trois rapports publiés ces derniers jours pointent la responsabilité de l’industrie - pétrole, gaz et matériaux de base (métaux, ciment et plastiques) - dans les émissions de CO 2 et le manque d’efforts au niveau européen pour accompagner les industriels dans leur transition écologique.

Global Witness a dégainé le premier, le 23 avril, avec un rapport critique sur les 5000 milliards de dollars d’investissements prévus dans l’exploration-production d’hydrocarbures. "Les grands pétroliers se préparent à dépenser 5000 milliards pour des énergies fossiles que nous ne pouvons pas nous permettre de brûler", affirme l’ONG. Ce "surinvestissement" est, selon elle, incompatible avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C préconisée par le Giec.

Image

L’AIE confirmait récemment dans son scénario climatique ("sustainable development scenario" – SDS) que pour respecter l’Accord de Paris sur le Climat, il faudrait que la consommation mondiale de pétrole culmine dès 2020 avant de baisser, de 95 millions de barils par jour à moins de 70 Mbj en 2040. Un scénario déjà critiqué pour son incompatibilité avec les objectifs de l’Accord de Paris, puisqu’il prévoit des niveaux d’émissions semblables à celles de son scénario climatique précédent, nommé « 450 », qui n’avait qu’une chance sur deux de limiter le réchauffement à 2°C.

Déjà trop de pétrole et de gaz


Pour Global Witness, "toute production de pétrole ou de gaz qui viendrait s’ajouter à la production des champs actuellement en production ou en développement est incompatible avec une limitation du réchauffement à 1,5°C". Cette inquiétude concerne l’ensemble des projets d’investissements recensés dans ce cumul de 4 900 milliards de dollars. L’ONG considère même que 9% de la production actuelle de pétrole et 6% de la production de gaz sont déjà en surplus si l’on veut respecter cet objectif.

Ces projections s’appuient sur un scénario du Giec qui ne prend pas en compte les progrès potentiels de la capture de carbone au point d’émission, "en raison de risques significatifs liés à ces technologies" et du fait que ces technologies ne sont pas encore industrialisées à une échelle permettant d’affirmer qu’elles limitent significativement la pollution.

graphes interactif à voir dans le lien

L’ONG rappelle que les capex dans le secteur des hydrocarbures ont été réduits d’un tiers depuis 2014, période de chute brutale des cours du pétrole. Mais elle affirme qu’ils pourraient augmenter de 85% dans la décennie à venir, pour atteindre 1000 milliards par an.

Global Witness invite donc les compagnies pétrolières à limiter leurs capex à des trajectoires de production respectant les objectifs de l’Accord de Paris, et les investisseurs à exiger des preuves de cette prise en compte.

L’industrie européenne capable d’atteindre la neutralité carbone

La Fondation européenne pour le climat publie, quant à elle, deux rapports sur les émissions de gaz à effet de serre et la possible transformation de l’industrie européenne. "Dans des secteurs jusqu’ici conservateurs, nous voyons émerger des précurseurs qui repensent leurs modèles de production et leurs technologies, par exemple de l’aluminium, de l’acier, du gaz et des automobiles zéro-carbone. Le temps est révolu où la réduction des émissions de l’industrie était considérée impossible", a commenté Laurence Tubiana, présidente de la Fondation européenne pour le climat.

Le premier, rendu public le 25 avril, s’intitule "Transformation industrielle 2050, vers une stratégie industrielle pour une Europe neutre en carbone". Il présente plusieurs voies pour atteindre cette neutralité. La fondation note en préambule que cette politique industrielle ne peut se décider qu’en coordination entre politiques nationales et politique supranationale au niveau européen, aucune des deux n’étant efficace seule.

Le rapport pointe six défis que devront relever les industries des matériaux de base (acier, ciment, plastiques…) pour mener à bien leur transition climatique : le manque de déploiement à l’échelle industrielle des innovations des services R&D, une insuffisante économie circulaire dans les matériaux, les barrières à l’entrée dressées contre les nouveaux matériaux bas-carbone, le manque d’alignement entre les besoins et les infrastructures facilitant la transition énergétique et climatique de l’industrie, des goulots d’étranglement potentiels sur le déploiement des investissements et le verrouillage de technologies fortement émettrices, et la complexité d’intégrer les différentes régulations dans une stratégie industrielle cohérente.

"L’efficacité de l’usage des matières et des mesures en faveur de l’économie circulaire pourraient diviser par deux les 530 millions de tonnes de CO2 émises chaque année par les différents secteurs de production de matériaux de base de l’Union Européenne d’ici 2050", affirmait le rapport Material Economics en 2018.

"Certains secteurs, comme l’acier, sont particulièrement avancés" dans ce domaine, notent les auteurs du rapport, avec des taux de recyclage élevés et une réintégration dans la filière. De nombreux matériaux peinent à progresser, notamment sur la qualité des matériaux recyclés (upcycling) et sont, lorsqu’ils sont recyclés, systématiquement dégradés. Plus difficile encore, les nouveaux matériaux bas-carbone devront être compétitifs avec des matériaux vierges, tant ceux produits en Europe que ceux importés des pays tiers. Selon Materials Economics, l’acier "vert" coûte 20% à 30% plus cher que son concurrent à forte empreinte carbone. Le défi est plus grand encore dans les produits de la chimie et le ciment, de 20% à 80% plus coûteux dans leur version bas-carbone.

Les sources d’énergie disponibles pour l’industrie sont elles aussi à revoir. "Les niveaux élevés d’électrification dans l’industrie des matériaux et le déploiement de nouveaux procédés, comme l’hydrogène produit par électrolyse, montrent que des capacités de production d’électricité verte importantes sont attendues", jusqu’à 710 térawattheures additionnels par an pour la production de ciment, d’acier et de produits chimiques. Une capacité à mettre en regard des 1000 TWh/an utilisés actuellement par l’industrie. Les investissements requis dans ces nouvelles infrastructures de production énergétique sont évaluées entre 16 et 31 milliards d’euros par an au niveau européen d’ici 2050.

Un vice-président de l’Union européenne pour la transition industrielle

Des investissements supplémentaires sont également préconisés chez les producteurs de matériaux de base eux-mêmes, qui devraient être rehaussés de 25 à 60%. Les auteurs du rapport invitent donc les régulateurs à soutenir ces investissements en faisant en sorte d’abaisser leur niveau de risque, en allant au-delà du seul marché des crédits-carbone qui s’avère insuffisant.

Pour mener à bien cette politique industrielle responsable, les auteurs préconisent entre autres la nomination d’un vice-président de l’Union européenne en charge de la transition industrielle, une cohésion entre la protection du climat et la régulation anti-dumping, et la mise en place d’un plan européen d’infrastructures sur dix ans.

Un second rapport est publié le 25 avril par Material Economics. Il explore la faisabilité d’atteindre un bilan zéro carbone dans l’industrie lourde européenne d’ici à 2050. L’acier, les plastiques, l’ammoniac et le ciment sont parmi les plus gros émetteurs de carbone de la production industrielle. Selon les auteurs, l’impact de cette transition zéro carbone sur le consommateur final pourrait être réduit à moins de 1% de hausse de prix. La tonne de plastique ou d’acier valant entre 600 et 1500 euros aujourd’hui serait renchérie de 30 euros.

En revanche, toutes les solutions proposées exigent des modifications des procédés de production, avec une hausse des investissements estimée entre 25 et 60% des budgets actuels. Un fardeau que les industriels européens ne pourront supporter sans accompagnement fort des pouvoirs publics, dans un contexte de concurrence mondiale forte.

Une industrie lourde zéro carbone

L’acier, le ciment, les plastiques et l’ammoniac consomment à ce jour 8,4 exajoules (EJ) de pétrole, de gaz et de charbon en très grande majorité importés. Le développement d’une économie circulaire et durable des matériaux pourrait réduire cette demande de 3,1 EJ. Pour les besoins restants, ces énergies fossiles seraient substituées en partie par la biomasse (pour 1,1 à 3 EJ), à utiliser avec sobriété en priorité pour la production de matériaux comme les plastiques, et en partie par de l’électricité (pour 2,5 à 3,6 EJ), utilisée en grande partie pour la production d’hydrogène.

Alors qu’elle émet (en cycle de vie, énergie et fin de vie de ses produits compris) plus de 530 millions de tonnes de CO2 par an, "une industrie lourde européenne à zéro émissions nettes est possible d’ici à 2050", affirment les auteurs. A condition d’élargir l’approche actuelle, au-delà des solutions de captation du carbone et de son stockage. L’économie circulaire est l’une des clés permettant d’atteindre cet objectif, avec l’innovation, la digitalisation et les énergies renouvelables.

Une efficacité matière accrue est indispensable dans les filières concernées, sachant qu’aujourd’hui un européen moyen consomme par an 800 kg des matières sous revue. Cette consommation pourrait être ramenée entre 550 et 600 kg par personne, réduisant du même coup les émissions de carbone de 171 millions de tonnes par an à l’horizon 2050.

La réutilisation des matériaux pour des applications à forte valeur ajoutée pourrait réduire les émissions de 82 à 183 millions de tonnes de CO2 par an. Notamment en évitant la contamination des aciers à recycler par des métaux comme le cuivre, en augmentant le recyclage des plastiques (tant mécanique que chimique), et en utilisant de l’électricité verte pour alimenter les procédés de recyclage.

Le besoin en matériaux neufs atteignant tout de même 180 à 320 millions de tonnes par an, les auteurs préconisent aussi d’innover dans les procédés de production, à l’instar des producteurs d’acier qui explorent la substitution du carbone par de l’hydrogène ou du remplacement du clinker dans le ciment. Gain projeté en économies de CO2 : 143 à 241 millions de tonnes.

La captation et le stockage du carbone est un changement moins disruptif en ce qu’il vient seulement compléter les procédés de production existants. Déployé à grande échelle, il permettrait de stocker jusqu’à 235 Mt de CO2 par an, à condition d’avoir des capacités de stockage de 3200 Mt. Les priorités portent sur la production de ciment, l’incinération des plastiques en fin de vie, et la production d’hydrogène à base de gaz naturel.

Pour l’instant, les émissions de dioxyde de carbone de l’industrie lourde continuent à augmenter en Europe, où elles représentent 20% du total des émissions.
https://www.usinenouvelle.com/article/t ... de.N835285

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Re: Énergie et production de CO2

Message par energy_isere » 08 oct. 2019, 01:05

Les prévision de L'EIA au sujet des émissions de CO2 produit par les sources d'énergie.
The EIA forecasts that global CO2 emissions from energy sources will grow uninterrupted through 2050, expanding by about 1 percent per year on average in non-OECD countries, but declining by 0.2 percent per year in OECD countries.

Image

- The agency says that large and growing populations in the developing world will mean increased demand for air conditioning, electronics, personal vehicles and other energy services.

- The EIA’s forecasts do not include any policies related to climate change that might alter the trajectory of emissions. A future in which emissions continue to grow unabated is directly at odds with stated goals from governments around the world that signed onto the Paris Climate Agreement.
https://oilprice.com/Energy/Energy-Gene ... -Last.html

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Re: Énergie et production de CO2

Message par GillesH38 » 08 oct. 2019, 06:55

juste +1,0 % / an, c'est un hasard extraordinaire que leurs méthodes sophistiquées d'évaluation du futur donne juste un chiffre aussi rond :lol: :lol:
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Re: Énergie et production de CO2

Message par ni chaud ni froid » 08 oct. 2019, 08:19

.
Dernière modification par ni chaud ni froid le 18 oct. 2019, 21:49, modifié 1 fois.
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Re: Énergie et production de CO2

Message par mobar » 08 oct. 2019, 08:38

1% ou 1,0568% ce n'est pas la question!
C'est juste la constatation que les fondamentaux croissantistes sont durablement ancrés dans la tête des organes de décision!
Les émissions sont juste une conséquence de la démographie et de la croissance des consommations individuelles et collectives

Mais les émissions n'ont aucun effet négatif direct, les effets négatifs des croissances, ce sont :
- la destruction des écosystèmes naturels
- la pollution des sols, des eaux et de l'air
- l'urbanisation généralisée et les violences sociales, urbaines et environnementales
- les conflits armés destructeurs
- l'implantation généralisée de complexes industriels polluants et dangereux (nuke, chimie, armement ...)

La température moyenne globale, tous le monde s'en tamponne et peut s'y adapter pour peu que l'espace disponible ne soit pas occupé par des populations sans cesse croissantes

L'espace vital humain se réduit en proportion directe de la croissance de la population X sa consommation et cette réduction entraine une surexploitation des territoires et une pollution croissante des écosystèmes, arithmétiquement!
https://youtu.be/0pK01iKwb1U
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Re: Énergie et production de CO2

Message par GillesH38 » 08 oct. 2019, 10:20

ni chaud ni froid a écrit :
08 oct. 2019, 08:19
Gilles, tu dit un peu n'importe quoi là... Les 0.2% aussi c'est un chiffre rond ? ;)
Il aurait fallu quoi pour que tu sois heureux ? une clé de répartition -0.3% / +0.9% ? (Ou tu aurais trouvé autre chose pour exprimer ton scepticisme ? :-D )
oui 0,2% est aussi assez rond :). Mais l'essentiel n'est pas là, il est dans le fait de prévoir une croissance lisse à taux constant, aucun scénario réaliste (même pas ceux du GIEC, et encore moins ceux post peak oil ) ne prévoient ce genre de courbe.
C'est juste pour masquer l'absence totale de modèle réaliste pour le futur, donc on les remplace par du "wishful thinking".
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Re: Énergie et production de CO2

Message par mobar » 08 oct. 2019, 10:56

Une prévision réaliste ne présente pas plus d'intérêt!

Aucune situation future ne peut être considérée comme fatale au vu des évènements qui concourent à la construction du futur
Faire une prévision réaliste, qui serait admise par tous, aurait comme conséquence d'annihiler toute adaptabilité et toute créativité et de fourvoyer l'ensemble de la société sur une impasse assurée

La seule posture possible est de sélectionner une palette de scénarii plausibles et d'adapter en permanence les mesures prises et à prendre en fonction des probabilités d'occurrence de ces scénarii dont la palette doit, elle même, être capable d'évoluer dans le temps
https://youtu.be/0pK01iKwb1U
« Ne doutez jamais qu'un petit groupe de personnes bien informées et impliquées puisse changer le monde, en fait, ce n'est jamais que comme cela que le monde a changé »

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