[RC/CC] Gaz à effet de serre : le CH4 (méthane)

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Re: [RC/CC] Gaz à effet de serre : le CH4 (méthane)

Message par energy_isere » 02 avr. 2024, 09:00

Ces relevés aériens montrent que les décharges américaines sont une source majeure d’émissions de méthane

le 01 AVR 2024 science et vie

Une étude récente révèle que les décharges aux États-Unis sont une source majeure d'émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre. Plus de la moitié des sites examinés émettent du méthane à un taux alarmant, soulignant un besoin urgent d'action climatique.

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Publiée dans la revue Science, cette recherche détaille les résultats d’observations aériennes de centaines de décharges, offrant une perspective inédite sur l’ampleur des émissions de méthane et soulignant l’urgence de développer des stratégies de mitigation plus efficaces.

Les décharges, un enjeu climatique sous-estimé

La récente mise en évidence que les décharges aux États-Unis sont responsables de 14,3% des émissions totales de méthane en 2021 soulève des préoccupations majeures concernant la gestion des déchets et leur impact environnemental. Ce pourcentage, loin d’être négligeable, place les décharges parmi les contributeurs significatifs au réchauffement global.

Juste derrière les secteurs de l’énergie et de l’agriculture. L’importance de ce chiffre réside dans la puissance du méthane comme gaz à effet de serre. Il est environ 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur une période de 100 ans. La découverte repose sur des données obtenues grâce à des observations aériennes détaillées.

Elles ont permis une évaluation plus précise et complète des émissions réelles, contrairement aux estimations traditionnelles. Ces dernières se basent essentiellement sur des modèles théoriques ou des calculs indirects.

Ce constat met en avant les lacunes des méthodologies conventionnelles utilisées pour évaluer l’impact environnemental des décharges. Les modèles existants ont en fait tendance à sous-estimer les émissions de méthane. Évidemment, l’implication de ces données dépasse la simple comptabilité des émissions.

Elle interpelle directement sur les politiques et les pratiques de gestion des déchets. La sous-évaluation des émissions des décharges a conduit à une attention insuffisante portée à ce secteur en tant que cible de réduction des gaz à effet de serre.

le Dr Dan Cusworth, scientifique du programme Carbon Mapper et auteur principal de l’article, explique dans un communiqué : « La capacité d’identifier avec précision les fuites est un moyen efficace de progresser rapidement dans la réduction du méthane dans les décharges. Ce qui pourrait être essentiel pour ralentir le réchauffement climatique ».

Des méthodes d’observation révolutionnaires des décharges

La collaboration entre Carbon Mapper, la NASA, et des institutions académiques a initié une avancée significative dans la manière dont nous comprenons l’impact environnemental des décharges. Elle a permis de déployer des avions dotés de capteurs spectrométriques avancés. De fait, les auteurs ont pu réaliser des observations aériennes de plus de 200 décharges actives à travers les États-Unis. Les données couvrent la période 2018/2022. Cette méthode d’observation directe capture l’intensité et la distribution spatiale des émissions sur de vastes zones.

Les résultats de ces observations sont révélateurs. Ils montrent que les émissions de méthane provenant des décharges sont en moyenne 1,4 fois plus élevées que les chiffres rapportés par l’EPA. De plus, les scientifiques ont détecté des panaches de méthane dans 52 % des décharges qu’ils ont mesurées.

Ce chiffre dépasse de loin le taux de détection de méthane dans les études aéroportées entreprises pour le secteur pétrolier et gazier. Ces disparités soulignent les limites des estimations actuelles comme mentionné précédemment. Mais elle démontre aussi l’urgence de revoir les méthodes de surveillance environnementale en place.

Concrètement, la précision accrue des données recueillies via ces capteurs avancés permet d’une part d’identifier les sources d’émission les plus critiques. D’autre part, elle offre une base solide pour l’élaboration de stratégies de mitigation plus ciblées et efficaces. Les politiques environnementales pourraient être plus adaptées. En outre des interventions plus précises peuvent s’établir pour réduire l’impact climatique des déchets.

Enfin, l’étude a également révélé que les émissions de méthane des décharges étaient généralement beaucoup plus persistantes que celles provenant de la production pétrolière et gazière. 60 % d’entre elles duraient plusieurs mois, voire plusieurs années.

Vers une stratégie de surveillance et d’action améliorées

La nécessité d’améliorer la surveillance des émissions de méthane émanant des décharges ne fait aucun doute. Pour répondre à cette exigence, l’adoption d’une approche holistique se présente comme une solution prometteuse. Elle intégrera la télédétection par satellites, avions, et drones, en parallèle avec des mesures terrestres plus robustes.

Cette stratégie multidimensionnelle permettrait une surveillance continue et précise des émissions à grande échelle. Elle surmonterait ainsi les limitations des méthodes traditionnelles s’appuyant principalement sur des inspections sur site et des estimations modélisées.

Notons qu’aux États-Unis, la plupart des décharges sont tenues par le gouvernement fédéral de mesurer leurs émissions de méthane quatre fois par an au moyen d’enquêtes à pied utilisant des capteurs portables.

La télédétection offre donc l’avantage de couvrir de vastes zones rapidement. Elle identifie les points chauds d’émission de méthane nécessitant une attention immédiate. Combinée à des technologies de mesure au sol, elle assure une validation et une précision accrues des données. De fait, la quantification des émissions s’en trouvera fiabilisée.

L’annonce de la future mise en orbite du satellite Tanager (2024) représente une avancée majeure. Il est conçu spécifiquement pour détecter et quantifier le méthane émis par les décharges. En fournissant des données en temps réel, Tanager facilitera l’élaboration de politiques publiques plus adaptées. Il aidera à la mise en œuvre de stratégies de réduction des émissions plus efficaces. Ce satellite marquera ainsi un tournant décisif dans la lutte contre le changement climatique.

« La lutte contre ces sources élevées de méthane et l’atténuation des émissions persistantes des décharges offrent un fort potentiel d’avantages climatiques », conclut le Dr Dan Cusworth.

Source : Daniel H. Cusworth et al., “Quantifying methane emissions from United States landfills”, Science383,1499 -1504 (2024)
https://www.science-et-vie.com/nature-e ... 31002.html

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Message par energy_isere » 10 avr. 2024, 21:23

Climat: des règles pour réduire les émissions de méthane validées par les eurodéputés

AFP le 10 avr. 2024

Les eurodéputés ont validé mercredi un texte durcissant les règles sur les rejets de méthane des puits d'hydrocarbures et mines de charbon, afin de réduire de 30% d'ici 2030 les émissions européennes de ce puissant gaz à effet de serre.

Le Parlement européen en séance plénière a validé à une large majorité (530 voix pour, 63 contre, 28 abstentions) l'accord trouvé mi-novembre entre les Etats membres et les eurodéputés, avant un ultime feu vert des Vingt-Sept sur cette toute première législation de l'UE ciblant le méthane.

"L'UE s'attaque enfin au deuxième responsable (du réchauffement climatique), et c'est aussi une amélioration de la qualité de l'air et un renforcement de la souveraineté énergétique européenne", s'est réjouie l'eurodéputée allemande Jutta Paulus (Verts), corapporteure du texte.

L'UE s'était engagée lors de la COP26 de Glasgow en 2021 à réduire de 30% d'ici 2030 (par rapport à 2020) ses émissions de méthane, gaz à effet de serre au pouvoir réchauffant, sur 20 ans environ 80 fois supérieur au CO2.

Ce nouveau règlement contraindra les opérateurs de puits pétroliers et gaziers, ainsi que les exploitants de mines à charbon à inspecter fréquemment leurs équipements pour calculer leurs émissions de méthane, appliquer des mesures pour les limiter et réparer immédiatement les fuites.

Libérant d'énormes quantités de méthane, le torchage --pratique consistant à brûler le gaz au sortir d'un puits pour des raisons logistiques ou économiques-- sera interdit d'ici 2027 au plus tard pour les plateformes d'hydrocarbures ou 2031 pour les mines de charbon, sauf pour réparations ou raisons de sécurité.

L'aération (ventilation en air frais) sera également drastiquement limitée.

Les Etats membres seront par ailleurs tenus de recenser les puits inactifs ou abandonnés susceptibles de libérer encore du méthane, afin d'établir des plans d'atténuation, et devront mesurer et déclarer les émissions des mines souterraines et à ciel ouvert en activités, comme celles des sites fermés ou abandonnés sur les 70 dernières années.

"Le méthane était l'angle mort de nos politiques climatiques. Désormais, nous nous attaquons non seulement aux émissions (de l'UE), mais également à celles provenant de nos importations de combustibles fossiles", insiste Pascal Canfin (Renew, libéraux), corapporteur et président de la commission Environnement.

A partir de janvier 2027, les importateurs d'hydrocarbures et de charbon seront tenus de vérifier que ces normes européennes ont été respectées lors de l'extraction.
https://www.connaissancedesenergies.org ... tes-240410

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Re: [RC/CC] Gaz à effet de serre : le CH4 (méthane)

Message par mobar » 16 avr. 2024, 09:10

energy_isere a écrit :
02 avr. 2024, 09:00

Une étude récente révèle que les décharges aux États-Unis sont une source majeure d'émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre. Plus de la moitié des sites examinés émettent du méthane à un taux alarmant, soulignant un besoin urgent d'action climatique.
Il y a beaucoup plus important que le biogaz émis par les décharges qui n'est après tout qu'un gaz biogénique qui rentre dans le cycle non fossile du carbone naturellement biodégradable à court et moyen terme!

Ce sont les émissions de méthane et d'hydrocarbures fossiles des puits de pétrole et de gaz abandonnés par les multinationales qui ont organisé les faillites de leurs filliales

https://www.novethic.fr/actualite/econo ... 51321.html
Ce sont des bombes à retardement. 20 à 30 millions de puits de pétrole abandonnés, des "puits zombies", rejettent encore des gaz à effet de serre et des composés dangereux dans le monde entier. Si les exploitants sont contraints de les reboucher afin d'éviter toute pollution, beaucoup contournent la loi. Or ces fuites nuisent considérablement à la santé et à l'environnement.

Une étendue désertique, des pompes rouillées et un discret sifflement. Ce triste paysage, visible notamment aux Etats-Unis et au Canada, est celui des "puits zombies". Ces anciens puits de pétrole abandonnés relâchent du méthane, un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2, du pétrole et d’autres composés dangereux depuis plusieurs dizaines d’années, parfois 100 ans. 20 millions à 30 millions de forages non ou mal rebouchés seraient abandonnés par l’industrie pétrolière dans le monde.
Le documentaire choc "Les fantômes du pétrole", disponible en ligne sur France TV, dévoile un héritage empoisonné. Des maisons ont explosé à Bradford en Pennsylvanie ou encore près de New York sous la pression du méthane. Ailleurs, des eaux souterraines sont polluées et des habitants sont intoxiqués par des gaz tels que le benzène, cancérigène. L’enquête, menée pendant plus de trois ans par la journaliste Audrey Gloaguen, lève le voile sur ce scandale écologique et sanitaire.
Traquer les puits "zombies"

L’impact de ces fuites dans le réchauffement de la planète est indéniable face au nombre vertigineux d’exploitations laissées à l’abandon. Une étude publiée dans Science a fait état de 1800 panaches de méthane détectées depuis l’espace. Toutefois, la résolution d’image ne suffit pas pour obtenir une mesure précise. Certains lieux ont été passés au peigne fin, comme l’Ohio, où les puits abandonnés représentent 21% des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie gazière selon une étude relayée par Bloomberg.
Dans le documentaire, Audrey Gloaguen part à la rencontre des lanceurs d’alerte en Allemagne, en France ou encore en Angleterre. Mais l’absence de cartographie complique la tâche, entraînant les ONG dans une véritable traque pour retrouver ses puits. Greenpeace sillonne ainsi la mer du Nord avec son navire l’Esperanza. Certaines associations utilisent des drones équipés de magnétomètres survolant les forêts californiennes pour fournir de précieuses données.
Des entreprises fuient leur responsabilité

Mais qui doit reboucher ces puits ? La loi oblige bien les exploitants à reboucher et fermer ses puits afin d’éviter toute pollution. Mais de nombreuses entreprises contournent cette obligation. Les stratégies sont multiples : certains groupes pétroliers bâclent la dépollution et les travaux de rebouchage quand d’autres organisent leur insolvabilité pour échapper à leur obligation. "La Californie a 36 000 puits inactifs. Certains depuis plus longtemps que je ne suis en vie. Il risque de n’y avoir plus assez d’argent pour les nettoyer tous", alerte dans le documentaire Clark Williams Derry, analyste financier en énergie.
Pire, certains groupes pétroliers créent des entreprises "factices" pour contourner leurs obligations. Ces entreprises rachètent les puits en fin de vie aux premiers exploitants, puis se déclarent en faillite. Un stratagème qui évite ainsi d’assumer le démantèlement de ces puits zombies dont la charge revient, in fine, aux Etats.
Dernière modification par mobar le 16 avr. 2024, 09:17, modifié 1 fois.
https://youtu.be/0pK01iKwb1U
« Ne doutez jamais qu'un petit groupe de personnes bien informées et impliquées puisse changer le monde, en fait, ce n'est jamais que comme cela que le monde a changé »

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Re: [RC/CC] Gaz à effet de serre : le CH4 (méthane)

Message par energy_isere » 16 avr. 2024, 23:36

Méthane : les émissions des mines de charbon allemandes 184 fois supérieures aux estimations ?

le 16 avril 2024

Les émissions de méthane des mines de charbon allemandes seraient considérablement sous-estimées, selon un rapport du think tank Ember publié le 10 avril.

44% de la production de lignite de l'UE

En 2022, l'Allemagne a extrait 131 millions de tonnes de lignite de ses mines de surface (aussi dites à ciel ouvert), soit l'équivalent de 44% de l'ensemble de la production de lignite dans l'Union européenne cette année-là.

Pourtant, l'Allemagne fait état d'émissions annuelles de « seulement » 1 390 tonnes de méthane issues de cette exploitation, c'est-à-dire environ 1% des émissions de méthane provenant des mines de lignite de surface dans l'UE en 2021.

256 000 tonnes de méthane par an

Avec sa méthodologie de calcul(1) et au regard notamment des mesures réalisées sur le lignite extrait en Pologne, Ember estime que les émissions de méthane des mines allemandes s'élèveraient approximativement à 256 000 tonnes par an, soit 184 fois plus que les estimations actuelles.

Trois autres études (de l'AIE, de Global Energy Monitor et d'un article académique paru dans Nature Communications(2)) partagent le constat d'une très forte sous-évaluation des émissions de méthane des mines de charbon allemandes (elles seraient entre 28 et 220 fois plus importantes que les émissions annoncées selon ces 3 sources).

Ember souligne que des images satellites permettent également de montrer clairement les émissions de méthane issues des mines de charbon de surface (avec notamment une concentration particulièrement forte dans les mines d'Hambach et Welzow-Süd).

Une méthode à actualiser

À l'heure actuelle, l'Allemagne utilise un facteur d'émissions unique (fixé en 1989) pour évaluer les rejets de méthane de ses différentes mines de charbon de surface à travers le pays.

Une méthode jugée insatisfaisante par Ember, alors que les émissions de méthane évoluent en fonction de nombreux paramètres (situation géographique, profondeur du charbon extrait, etc.). L'UE prépare d'ailleurs une réglementation relative aux émissions de méthane qui exige « un facteur d’émission de méthane propre » à chaque gisement établi « sur une base trimestrielle » et prenant en compte « les émissions de méthane des strates environnantes ».

Le think tank appelle ainsi l'Allemagne à imposer aux exploitants de mines de charbon à ciel ouvert de mesurer leurs émissions de méthane actuelles et à estimer les émissions futures (y compris après la fermeture de leurs mines).

Une révision à la hausse de 14% des émissions allemandes
Sur la base de ces nouvelles mesures, Ember recommande à l'Allemagne de limiter les émissions de méthane sur les mines en activité ou fermées et à arrêter en priorité les mines les plus émettrices, tout en évitant les extensions de mines.

Concrètement, une réévaluation suivant la méthode d'Ember reviendrait à doubler le niveau annoncé des émissions de méthane du secteur énergétique allemand (donnée pour 2021) et à réévaluer de 14% à la hausse l'ensemble des émissions allemandes de méthane.

Pour rappel, le « Global Methane Pledge » (lancé en novembre 2021 par plus de 110 pays dans le cadre de la COP26 et qui compte désormais près de 150 pays engagés) vise à réduire les émissions de méthane d’origine anthropique de 30% d’ici à 2030.

Sources / Notes

1/ Ember utilise comme méthode de calcul des émissions une méthodologie dite « peer-reviewed Model for Calculating Coal Mine Methane (MC2M) » qui est également utilisée par Global Energy Monitor.
2/ National quantifications of methane emissions from fuel exploitation using high resolution inversions of satellite observations, Nature communications, 16 août 2023.
https://www.connaissancedesenergies.org ... ons-240416

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