Déplétion halieutique [Pic de Pêche de Poissons]

Discussions concernant les conséquences sur l'environnement de la course aux ressources.

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AJH
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Déplétion halieutique [Pic de Pêche de Poissons]

Message par AJH » 05 août 2005, 19:48

Va plus y avoir de poisson non plus ... :cry:
PARIS (AFP) 14:33 - 5 aout 2005

Sciences : Pêche: déclin des stocks de poissons plus marqué que prévu depuis 50 ans


La stabilité des chiffres sur les stocks de poissons généralement reconnue comme un gage d’équilibre entre activités de pêche et ressources marines serait en réalité le signe avant-coureur d’un déclin massif de ces dernières, selon une étude publiée vendredi par l'Institut de recherche et de développement (IRD).

Depuis 1950, la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) collecte les données issues des pêcheries, pour faire un classement selon leur degré d’exploitation. Lorsque les quantités de poissons capturés sont stables d’année en année, on estime généralement que l’équilibre entre la pêche et le renouvellement des espèces est atteint.

Or, en analysant ces statistiques de la FAO collectées entre 1950 et 2000, les scientifiques du Centre de recherche halieutique méditerranéenne et tropicale (CRH/IRD, à Sète) sont arrivés à la conclusion que "la stabilité des captures n’est pas toujours synonyme d’une gestion viable des ressources et révèle un effondrement non prévu des stocks de poissons exploités".

Durant les cinq décennies, constatent-ils, 366 pêcheries - soit 24% d’entre elles - témoignent d’un "effondrement de la production". "Ces phénomènes, qui sont observés chez tous les types de poissons étudiés, semblent toutefois plus fréquents chez les espèces vivant en eaux profondes, telles que la morue, le haddock et le saumon", notent les scientifiques.

"Parmi ces effondrements, 21% sont précédés d’un plateau de production, ce qui les rend imprévisibles. Durant une période de dix ans environ, les captures semblent stables, puis chutent de manière abrupte en quelques années. L’équilibre apparent entre captures et renouvellement masquerait en réalité un déclin progressif de la population de poissons", selon les chercheurs de l'IRD.

Ils l'expliquent par la conjonction de deux facteurs, une augmentation de l’effort de pêche due aux améliorations techniques telles que la détection par sonar des bancs de poissons ou la cartographie satellitaire, d'une part, et un mécanisme dit "dépensatoire", de l'autre : une population qui décroît en deçà d’un certain seuil ne peut plus assurer son renouvellement.
Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée ( Victor Hugo )
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J'espere que le Peak oil arrivera assez rapidement

Message par matthieu25 » 05 août 2005, 20:17

En effet une bonne partie des pecheurs ne pourront plus pêcher vu le cout trop élevé du pétrole...A moins que les gouvernement subventionne énormément...Mais le gouvernement ne peut payer pour tout. :-D Un jour ca craquera...

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Message par kurs » 05 août 2005, 20:52

Ils l'expliquent par la conjonction de deux facteurs, une augmentation de l’effort de pêche due aux améliorations techniques telles que la détection par sonar des bancs de poissons ou la cartographie satellitaire, d'une part, et un mécanisme dit "dépensatoire", de l'autre : une population qui décroît en deçà d’un certain seuil ne peut plus assurer son renouvellement.
Ajouter à cela que nos gentils pêcheurs Français sont remarquables en matière de respect des règles... Ils vont se rammassés une amande forfaitaire qui s'élève si mes souvenirs sont bons à 115 millon d'euros pour la pèriode 1990-2000. (je dis "ils" mais c'est nous tous qu'allons la payer cette saloperie d'amande)...j'en bouffe même pas moi du poisson !!! :cry: Motif : nos gentils pêcheur on jugé normal de diminué la taille des mailles de leurs filets. Argument des pêcheurs : faut bien bouffer non de dieux et c'est pas ces cons d'écolos qui vont nous nourrire... :evil:


:-k [-( IMPARABLE =D>

fabinoo

Message par fabinoo » 05 août 2005, 22:25

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Dernière modification par fabinoo le 16 avr. 2007, 12:20, modifié 1 fois.

dubyda
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Re: J'espere que le Peak oil arrivera assez rapidement

Message par dubyda » 05 août 2005, 23:49

matthieu25 a écrit :En effet une bonne partie des pecheurs ne pourront plus pêcher vu le cout trop élevé du pétrole...A moins que les gouvernement subventionne énormément...Mais le gouvernem
ent ne peut payer pour tout. :-D Un jour ca craquera...
Et n'oublions pas quand même que le PO annonce la fin programmée de la production intensive du pétrole, et ça, le gouvernement ne pourra rien y faire. Je crois que le PO ne peut qu'aider à remettre les choses en place. Pourvu seulement que la transition ne soit pas trop douloureuse!!

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Message par MadMax » 13 août 2005, 23:41

On est morts!

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cicero
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Message par cicero » 22 août 2005, 20:06

[quote="MadMax"]On est morts![/quote]
Oui monsieur Raid mort.

fabinoo

Message par fabinoo » 18 oct. 2005, 19:06

Je sais pourquoi y'a plus Nicolas sur le forum. Il est dans le golfe de Gascogne :

http://sosbar.free.fr/actions.php
Cet automne, le bar est plus que jamais menacé


Cet été, le thon germon a fait les frais de la fermeture de l’anchois dans le Golfe de Gascogne avec des tonnages jamais atteints.

Il y a fort à craindre que cet automne ce soit le bar qui fasse les frais de la fermeture des quotas de thon et qu’on assiste à une pression de pêche sans précédent.

Face à cette situation inédite, le Collectif Bar Européen a décidé d’interpeller la Direction des Pêches pour que soient mises en place des mesures d’urgence, la réglementation actuelle ne permettant pas de limiter les prélèvements.

Il est urgent d’agir : Vous trouverez ci-joint un modèle de lettre au format RTF à adresser à la DPMA.
Si vous avez la possibilité de signer au nom d’une structure (association ou autre), votre envoi n’en aura que lus de poids. N’hésitez pas dans ce cas à insérer votre logo en en tête.
Si vous avez la possibilité de diffuser ce modèle et le texte qui l’accompagne (Mailing list, serveur web), n’hésitez pas à le faire.

IMPORTANT : Pour ce type d’action, toute l’efficacité et la réussite tiennent à la simultanéité des envois et donc à l’afflux en quelques jours de dizaines voir de centaines de lettres identique sur le bureau du destinataire.. Il faut donc agir vite (dès ce week end). N’hésitez pas à transmettre ce document à des personnes que vous savez sensibilisées sur la gestion de la ressource


Cette page présente les différents axes explorés par le CBE, aussi bien ses actions récurrentes (écailles, taggage...) que celles plus ponctuelles liées à l'actualité (pétitions, courriers envoyés).

* Pétition contre la bolinche
Le dialogue est quasiment rompu entre les ligneurs et les bolincheurs.Imprimez ce tract Ces derniers s'obstinent à considérer la bande côtière comme une zone de non-droit où tout leur serait permis. En celà ils sont "passivement soutenus" par les pouvoirs publics qui ne sont pas pressés de mettre en application une directive de février 2003 qui clarifie la situation.
Le CBE soutient les ligneurs dans leurs actions contre cet abus de position et ce déni de droit. Voir le tract à imprimer
Voir le modèle de lettre de protestation à adresser aux pouvoirs publics

* Courrier aux têtes de liste des régionales 2004 en zone maritime
A l'occasion des élections régionales de mars prochain, il nous a semblé intéressant de connaître les avis des grandes têtes de liste des 11 régions françaises qui ont un débouché sur la mer. Nous avons donc demandé à 37 têtes de listes leur perception des grands enjeux de l'exploitation de la ressource halieutique par le biais de trois questions simples.

* les courriers du CBE
Le CBE envoie beaucoup de courriers; certains aboutissent et débouchent sur du concret, d'autres se perdent ou restent lettre morte... Qu'importe, nous ne nous lassons pas et continuons à nous rappeler au bon souvenir de tout ce qui gravite autour de la pêche et de la protection (ou de la destruction) des espèces sauvages.
Cette page présente une sélection de ces courriers, ainsi que des compte rendus de manifestations diverses auxquelles a participé le Collectif.

* la collecte et l'analyse d'écailles
La collecte et l'analyse d'écailles permettent de dénombrer par classe d'âge la population de bars présente à la côte et de suivre année après année l'évolution du stock sur des zones géographique précises.
L'essentiel de la croissance du bar intervient entre mai et octobre ; Sur les écailles apparaissent des stries. En les comptant, on peut évaluer avec précision l'âge du spécimen.

* le taggage
Alors que les écailles permettent d'avoir une vision chronologique de l'évolution de la population, le taggage s'attache aux migrations du bar. En implantant un tag (opération indolore et non traumatisante pour le bar) on cherche à connaître ses déplacements au hasard des recaptures e bars taggés. La méthode est hautement aléatoire (très peu de poissons sont repris) ; C'est pourquoi il faut implanter une grande quantité de tags.

* le questionnaire
Le CBE a lancé lors du Salon de Nantes un questionnaire dont l'objet est de mieux connaître les pêcheurs en mer. Les résultats de ce questionnaire sont destinés à estimer l'impact socio-économique de la pêche récréative et à mettre en perspective une politique tournée vers le tourisme halieutique.

* le livre vert
En juin 2001 ont eu lieu à Bruxelles, les auditions publiques relatives à la réouverture du Livre Vert sur la Politique Commune de la Pêche pour la période postérieure à 2002. Le collectif a remis en septembre 2001 sa proposition de contribution qui présente les arguments des pêcheurs récréatifs pour que la gestion communautaire intègre la notion de durabilité.

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Message par mahiahi » 18 oct. 2005, 21:51

Par contre, l'écosystème baltique est en train de montrer des signes de guérison : migrez vers le Nord!
:-D

kouack
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Message par kouack » 19 oct. 2005, 14:06

...
Dernière modification par kouack le 18 avr. 2008, 15:41, modifié 1 fois.

n.g
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Message par n.g » 19 oct. 2005, 15:57

Et le rapport d'évaluation du stock sur cette page

Lansing
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Message par Lansing » 20 oct. 2005, 00:14

kouack a écrit : ...
Le secteur est réputé pour être la capitale du BAR en France.
...
La capitale, hum pas sur. Je peux te donner un coin où tu as des chances d'en ramener à tout les coups, mais pas forcement d'en revenir.
A terre du phare de la Vieille, dans le Raz de Sein, un peu à l'ouest de la Baie des Trépassés.
J'ai un ami qui a laissé tomber la pêche hauturière pour celle-la, il m'a enmené une marée. J'ai fait des trucs gonflé dans ma vie mais là...

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Message par MadMax » 20 janv. 2006, 16:41

Europe bleue. Paris sous la menace d’une forte amende

De notre correspondante à Bruxelles.- A quoi sert de négocier péniblement les taux de captures et les quotas de pêche s’ils ne sont pas respectés ? C’est la question posée par la Commission européenne qui vient de publier son troisième Tableau de conformité avec les règles de la politique commune de pêche. Et ce tableau n’est pas glorieux. Alors même qu’ils sont tenus de le faire, de nombreux Etats membres répugnent à assurer le contrôle de leurs flottes et plus encore à communiquer à la Commission le résultat. L’Irlande, par exemple, ne fournit pratiquement aucune donnée officielle à la Commission. Mais cette dernière estime, sur la base de rapports scientifiques sur le stock halieutique, que la « surpêche » y est massive. La France n’a pas grand-chose à envier au pays du trèfle. Depuis 3 ans, Paris n’a communiqué à Bruxelles aucune information sur l’effort de pêche de sa flotte (l’effort de pêche est le produit de la capacité des vaisseaux et du nombre de jours passés en mer). Seuls Dublin et Lisbonne font preuve d’une semblable négligence. Plus généralement, comme le note la Commission, les informations sur sa flotte que la France lui fournit sont très incomplètes.



Dans la visée de la Cour européenne de justice
Or, cette abstention risque de coûter cher à Paris qui se trouve depuis plusieurs années dans le collimateur de la Cour de justice de Luxembourg. En juillet dernier, les juges européens ont décidé de surenchérir sur l’amende que la Commission leur demandait d’infliger à la France pour défaut de mesures de contrôle et d’inspection, mais aussi de poursuite des infractions. Outre une amende de 20 millions d’euros, la France encourt 58 millions par semestre d’astreinte. « C’est la première fois que le juge européen inflige une double sanction pécuniaire », souligne un fonctionnaire de la Commission qui qualifie cet arrêt d’« historique ». Il faut dire que la Cour se prononçait sur la non exécution d’un arrêt datant de... 1991. Or, le délai de l’astreinte décidée en juillet a expiré le 12 janvier. La Commission demandera-t-elle ou non son paiement ? Réponse dans « quelques semaines », selon la direction générale de la Pêche. Dernier sujet de tourments : l’Agence de contrôle de la pêche communautaire qui devrait commencer ses activités à la mi-juin. La Commission examine actuellement les candidatures au poste de directeur exécutif. Une sélection sera ensuite soumise au conseil d’administration de l’agence. Mais ce dernier, qui ne s’est pas encore réuni, doit encore nommer son propre président...

« Une agence indépendante »
Et un certain flou persiste sur le pilotage de l’Agence. « Ce sera une agence indépendante », précise-t-on à la Commission, « mais comme elle est financée sur budget communautaire, nous espérons avoir notre mot à dire ». En d’autres termes, le bras de fer entre les capitales et Bruxelles sur l’application des règles de la politique commune de la pêche durera encore longtemps.

Florence Autret
:evil: :evil: :evil:

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Message par sceptique » 22 janv. 2006, 01:15

Sur un autre fil j'avais trouvé le 09 janv un article sur la déplétion du poisson
http://www.oleocene.org/phpBB2/viewtopi ... &start=105
(l'article est recopié sur ce fil)
Le pic de la pêche et les progrès technologiques.

Grands fonds en voie de désertification
lundi 09 janvier 2006 par Denis DELBECQ
Pêche. Selon deux études, leurs poissons auraient disparu à plus de 98% en vingt ans.
original : http://www.liberation.com/page.php?Article=349900

Voila un bel exemple !

Les ressources les plus faciles d'accés étant en voie de déplétion avancée les producteurs se sont tournés vers des ressources plus difficiles , auparavant inaccessibles, et ceci grâce au progrès technologique. Ce qui a permis de ralentir voire stopper la déplétion générale pendant un certain temps.
Problème : ces ressources plus difficiles sont plus couteuses à mettre en oeuvre, demandent plus d'investissements que l'on veut naturellement amortir rapidement. Et leur épuisement arrive donc à une vitesse vertigineuse.

Mon commentaire ci-dessus s'applique donc à la pêche, mais placer le dans un contexte pétrolier ou encore agricole. Dans ce dernier cas, il suffit de raisonner en terme de rendements stationnaires voire déclinants malgré des intrants toujours plus abondants.

Remarque : Les poissons sont une ressource renouvelable (tant qu'on a pas trop tiré sur la corde : la morue par exemple). Le pétrole non (à notre échelle de temps). D'autre part, on voit bien que le progrès technologique n'est pas la solution : Il ne fait que repousser de très peu l'échéance en aggravant la situation finale.

Il me semble que l'on tient là un exemple parfait et incontestable de pic d'exploitation d'une ressource naturelle à opposer à nos détracteurs. Quelqu'un peut-il le contester ?

franck1968
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L'avenir sera-t-il "Soleil vert"

Message par franck1968 » 09 mars 2006, 20:00

Les stocks mondiaux de morue restent très bas
LE MONDE | 08.03.06 | 13h06 • Mis à jour le 08.03.06 | 13h06


En mars 2005, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) révélait que 75 % des zones de pêche de la planète étaient exploitées à leur maximum, surexploitées ou carrément épuisées. Tel est le cas, bien documenté, de l'effondrement des stocks de morue dans l'Atlantique Nord depuis les années 1990. Le temps de la pêche miraculeuse de ce poisson de fond, qui a duré plusieurs siècles et dont les prises ont atteint un record de près de 2 millions de tonnes par an dans les années 1980, est terminé.
Le Canada et l'Opano (Organisation des pêches de l'Atlantique du Nord-Ouest) ont pris diverses mesures (quotas de pêche, moratoire, interdiction de la pêche commerciale) pour éviter le pire mais rien n'y a fait. Avec les années, les stocks ne se rétablissent pas.
Bien des explications ont été avancées pour expliquer cette situation. Notamment la surpêche dans les eaux internationales comme dans les eaux canadiennes ; la hausse exponentielle de la population de phoques, qui s'alimentent en poissons ; le refroidissement des eaux du Golfe du Saint-Laurent et de l'Atlantique Nord.
Deux études récemment publiées, l'une aux Etats-Unis, l'autre au Canada, apportent un éclairage nouveau sur cette incapacité de l'espèce à se régénérer. La première, effectuée par le Centre de recherches marines de Stony Brook, dans l'Etat de New York, et publiée en février dans la revue Ecology Letters, émet l'hypothèse - appuyée par une expérience scientifique réalisée sur une autre espèce de poisson, la capucette - que la pêche de poissons de grande taille induit une transformation génétique de l'espèce. A la faveur d'une pêche intensive, la morue, par exemple, se serait en quelque sorte programmée pour disparaître, en intégrant des facteurs qui nuisent à son rétablissement, comme le fait de réduire la taille de ses spécimens, lesquels produisent moins d'oeufs, avec des alevins qui meurent plus jeunes et qui grandissent beaucoup moins vite.
SITUATION TRAGIQUE
La seconde étude, réalisée par des chercheurs du ministère canadien des pêches et des océans et publiée en février dans le Journal canadien des sciences halieutiques et aquatiques, conclut que même le peu qui reste de la pêche côtière à la morue au large des côtes canadiennes handicape les chances de voir l'espèce se rétablir.
"Malgré l'imposition de restrictions sévères de pêche durant plus d'une décennie, les stocks n'ont pour la plupart pas réussi à récupérer aux taux prédits dans le nord-ouest de l'Atlantique", soulignent les auteurs de l'étude. D'après leur analyse des douze stocks de morue identifiés au large de Terre-Neuve, du Labrador et dans le Golfe du Saint-Laurent, l'arrêt total de la pêche aurait permis à six stocks de grossir d'au moins 5 % par an, alors que dans quatre autres, le taux de croissance annuel aurait été supérieur à 10 %.
Avec la poursuite d'une pêche restreinte (moins de 7 000 tonnes par an, soit un quinzième du niveau des années 1980), les chercheurs estiment que "les taux moyens de croissance d'au moins huit stocks sur douze seront négatifs ou très faibles, de l'ordre de 2 % maximum par an". Dans le Golfe du Saint-Laurent, la situation est à ce point tragique que le stock s'achemine d'après eux vers l'extinction pure et simple. Un processus qu'ils jugent irréversible. Dans les autres zones, en revanche, un arrêt total de la pêche pourrait - lentement - renverser la situation et permettre un certain rétablissement des stocks. Mais une telle interdiction, en haute mer, n'est nullement à l'ordre du jour.
Les chercheurs de Stonny Brook préconisent donc une révision complète de la gestion des pêches, peut-être en n'autorisant que les prises de poissons de taille moyenne et en laissant les plus gros et les plus petits à l'eau. Raison avancée : l'absence de régénération "défie la théorie actuelle des pêcheries", qui postule que la pêche n'a pas d'impact sur la génétique des poissons et qu'elle contribue au rétablissement des stocks en laissant "moins de spécimens en concurrence pour la nourriture".
Anne Pélouas

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