Déplétion halieutique [Pic de Pêche de Poissons]

Discussions concernant les conséquences sur l'environnement de la course aux ressources.

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nelson62
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Message par nelson62 » 03 nov. 2006, 23:25

Environnement2100 a écrit:
Moins géostratégique que le pétrole, donc plus aisé à traiter dans le calme, le poisson constituera un enseignement intéressant sur notre capacité à l'entente planétaire.
C'est déjà mal barré: tout à l'heure au journal de France 2, le journaliste expliquait que suite à la publication de ce rapport et à la demande de Greepeace de faire un moratoire mondial de pêche sur presque 40% de la surface des océans, le gvt anglais a réagi et a dit "qu'il en était hors de question et qu'il ne toucherait pas justement à leur flotte de pêche spécialié ds le cabillaud... :evil: :evil: :-(

On est mal moi je vous le dis!! Si déjà on n'est pas capable de s'entendre sur du poisson, qu'est-ce que ça va être avec le vrai PO... :-D
Sans pétrole la fête est plus folle!!

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energy_isere
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Message par energy_isere » 03 nov. 2006, 23:40

Ca vient aussi de passer sur FR3 à 23h. Ils ont aussi cité la demande de moratoire de péche de 40% de la surface des mers proposé par Greenpeace.

Et c'était juste aprés Thalassa.

L'article original des chercheurs est sorti dans le mensuel "Science".

Quelqu' un l' a lu ?
Dernière modification par energy_isere le 03 nov. 2006, 23:44, modifié 2 fois.

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Message par phyvette » 03 nov. 2006, 23:41

Tiennel a écrit :
Le Monde a écrit :L'évolution des prises dans 64 grands écosystèmes marins - couvrant une zone globale de 150 000 km2 et ayant fourni environ 83 % des prises mondiales depuis 1950 - montre que "en dépit d'une augmentation importante dans l'effort global de pêche, les prises ont diminué, toutes espèces confondues, de 13 % depuis leur maximum en 1994".
C'est dix ans après le pic qu'on en connaît la date... Et avec une chute de 13% sur cette période, cela ressemble à un VPO méfiez-vous des imitations :-D
Voila une réflection qu'elle est intéressante.
Dans un autre contexte , ça donnerais:

"en dépit d'une augmentation importante dans l'effort global de prospection et de recherche sismique 3D, forage horizontaux et récupération assistée , la production a diminuée, toutes qualités confondues, de 13 % depuis leur maximum en 20** ".

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Message par energy_isere » 03 nov. 2006, 23:58

Dans le Nouvel Obs :
La surpêche menace la biodiversité

Une étude parue dans la prestigieuse revue Science avertit que la surpêche met en danger l'environnement et la sécurité alimentaire.


La quasi-totalité des espèces de poissons et de crustacés pêchés pour la consommation aura disparu d'ici 2050, si le rythme de pêche reste le même, avertit une étude publiée jeudi 2 novembre dans la revue américaine Science. Des biologistes et des économistes ont réalisé là, sur quatre ans, l'étude la plus exhaustive à ce jour sur ce sujet. Les scientifiques américains et canadiens concluent que la disparition accélérée de la biodiversité marine, qui résulte de la pêche excessive et de la pollution, menace la sécurité alimentaire de la planète et l'environnement.
"Nos analyses indiquent que sans changement, la situation actuelle laisse présager de sérieuses menaces sur la sécurité alimentaire mondiale, la qualité des eaux côtières et la stabilité de l'écosystème qui affecteront les générations actuelles et futures", écrivent-ils.

Espèces menacées

"Que l'on regarde les résultats d'expérimentations en laboratoires ou des études portant sur l'ensemble des océans, on fait le même constat, à savoir que la productivité et la stabilité de tout l'écosystème marin diminuent", explique Boris Worm, un biologiste à l'université d'Halifax (Nouvelle-Ecosse), un des co-auteurs.

Actuellement, "29% des espèces de poissons et de crustacés sont en passe de disparaître", précise Boris Worm, qui ajoute que "les prises de pêche de ces espèces ont diminué de 90%" ces dernières années. Par exemple, la morue de l'Atlantique nord a déjà atteint le point de non-retour. L'espèce est quasiment éteinte.
"Si cette tendance se poursuit, tous les stocks de poissons et de crustacés pourraient être épuisés d'ici 2048", a alerté Boris Worm.

Biodiversité

L'étude révèle également que la disparition d'une seule espèce accélère le dérèglement de l'ensemble de l'écosystème. Et inversement, toute espèce qui retrouve un taux normal de reproduction contribue à la santé et à la stabilité des océans, ainsi qu'à leur capacité d'absorber des chocs comme la pollution et le réchauffement climatique.
Les scientifiques expliquent que la réduction de la biodiversité diminue profondément la capacité des océans à produire des poissons et crustacés, à résister au développement des parasites comme certaines algues, à produire de l'oxygène et à filtrer les substances polluantes.
"L'océan est un grand recycleur, il absorbe les égouts et les recycle en substances nutritives, il retire les toxines de l'eau, produit de la nourriture et transforme le dioxyde de carbone (CO2) en élément de nutrition et en oxygène", souligne Steve Palumbi, un biologiste de l'université de Stanford (Californie) et co-auteur de ces travaux.

"Sanctuaires"

Pour cette recherche, les experts ont fait la synthèse de toutes les données couvrant mille ans d'histoire marine, provenant d'études dans 48 zones marines protégées et des statistiques mondiales sur la pêche de 1950 à 2003.
"Toutes ces données montrent aussi qu'il est possible d'inverser les tendances actuelles avant qu'il ne soit trop tard", estiment les auteurs. Mais ils déplorent "que seul 1% des océans soit protégé actuellement".
Vendredi, l'organisation écologiste Greenpeace a réclamé que près de la moitié des océans soient inscrits au titre de sanctuaires marins. "La surpêche et la pêche illégale détruisent nos océans à un rythme alarmant", a déploré la porte-parole de Greenpeace pour l'Australie, Nilesh Goundar. Elle appelle à la mise en place d'une vaste zone de protection sur 40% des mers.

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Message par Geispe » 04 nov. 2006, 09:12

Les poissons c'est effectivement comme le pétrole : les pêcheurs disent qu'il y en a encore tout plein...
Dire que quand j'étais petit on me faisait répéter à l'école "l'océan c'est le grenier de l'humanité"...
Ben l'a l'air de se vider plus vite que prévu...

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Message par LeLama » 04 nov. 2006, 11:21

J'ai fait un résumé de ce que j'ai compris de la situation de la pêche avec quelques chiffres autour de l'article de science (c'est juste un agrégat des données les plus significatives citées dans ce fil et sur le web, rien de tres neuf pour ceux qui ont lu ce fil en entier ):
http://www.lama.ouvaton.org/blog/index. ... e-la-peche

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Message par Environnement2100 » 05 nov. 2006, 01:24

Tiennel a écrit :C'est dix ans après le pic qu'on en connaît la date... Et avec une chute de 13% sur cette période, cela ressemble à un VPO méfiez-vous des imitations :-D
Je n'y avais pas pensé, pourtant l'analogie est effectivement frappante
- on a commencé par dépléter le poisson le plus facile, qui était en fait... un mammifère, la Baleine Franche, disparue de nos côtes en 1518 AMC
- on a continué en allant chercher du poisson de plus en plus loin et de plus en plus profond (capitaine, grenadier)
- on a exploité du poisson invendable pour s'en servir de fourrage : l'équivalent du CTL

Il me semble qu'il y a même l'équivalent du BTL : sur une certaine partie de la côte Ouest des USA, une certaine espèce de poisson prolifère, et est exploitée, à proximité des ... canalisations de sortie en mer des eaux de ville.

Il paraît en effet crédible que l'empilement des diverses productions, de plus en plus artificielles, avec des EROEIs (PROPI ?) de plus en plus désastreux, ressemble effectivement à l'empilement d'énergies.

Il y a un joli coup de théorie là-dessous, ça mérite d'y réfléchir.
Trop de mépris entraîne des méprises - Phyvette, ca 2007.

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Message par phyvette » 05 nov. 2006, 01:49

Donc le saumon d'élevage a un PROPI (ou , FROFI plus exactement) médiocre de 0,25 , puisqu'il faut 4kg de nourriture a base de poissons sauvages pour produire 1 seul kg de poissons d'élevage. C'est pas terrible comme rendement. L'idéal , bien sur serait de manger des poissons herbivores comme la carpe.

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Message par fabinoo » 05 nov. 2006, 08:02

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Dernière modification par fabinoo le 18 avr. 2007, 12:54, modifié 1 fois.

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Message par LeLama » 05 nov. 2006, 11:37

Il y a une étude mathématique du système proie/prédateur (système de Lotka-Volterra). On peut y penser par analogie en pensant proie=ressources naturelles, et prédateur=homme.

Dans ce système, on écrit une équadiff et on montre que les prédateurs se multiplient, avalent trop de proies, puis leur population decroit par manque de ressources. Alors les proies peuvent se multiplier, puis les prédateurs de nouveau se repoduire jusqu'a ce qu'elles mangent de nouveau trop de proies et ainsi de suite (les solutions du système sont cycliques).

Un point qualitatif intéressant de ce modèle, c'est que plus les prédateurs sont nombreux à un instant donné, plus leur population sera failbe plus tard. En gros, s'ils sont trop nombreux, ils peuvent épuiser leurs ressources au point de mettre en danger la survie de leur propre espèce.

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Message par GillesH38 » 05 nov. 2006, 11:52

LeLama a écrit :Il y a une étude mathématique du système proie/prédateur (système de Lotka-Volterra). On peut y penser par analogie en pensant proie=ressources naturelles, et prédateur=homme.

Dans ce système, on écrit une équadiff et on montre que les prédateurs se multiplient, avalent trop de proies, puis leur population decroit par manque de ressources. Alors les proies peuvent se multiplier, puis les prédateurs de nouveau se repoduire jusqu'a ce qu'elles mangent de nouveau trop de proies et ainsi de suite (les solutions du système sont cycliques).

Un point qualitatif intéressant de ce modèle, c'est que plus les prédateurs sont nombreux à un instant donné, plus leur population sera failbe plus tard. En gros, s'ils sont trop nombreux, ils peuvent épuiser leurs ressources au point de mettre en danger la survie de leur propre espèce.
oui, si je me souviens bien, pour certaines valeurs de paramètres, la population des proies tombe strictement a zéro, et tout disparait...
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Message par LeLama » 05 nov. 2006, 12:05

GillesH38 a écrit :
LeLama a écrit :Il y a une étude mathématique du système proie/prédateur (système de Lotka-Volterra). On peut y penser par analogie en pensant proie=ressources naturelles, et prédateur=homme.

Un point qualitatif intéressant de ce modèle, c'est que plus les prédateurs sont nombreux à un instant donné, plus leur population sera failbe plus tard. En gros, s'ils sont trop nombreux, ils peuvent épuiser leurs ressources au point de mettre en danger la survie de leur propre espèce.
oui, si je me souviens bien, pour certaines valeurs de paramètres, la population des proies tombe strictement a zéro, et tout disparait...
En fait, le probleme de départ est un problème discret et on le décrit avec des outils continus , ce qui n'a de sens que tant que la population est suffisamment nombreuse. Mais dans le modele continu, on n'arrive jamais a 0. Evidemment, s'il reste 0.0001 poisson dans l'etang, c'est pas beaucoup :roll:

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Message par Environnement2100 » 05 nov. 2006, 12:17

LeLama a écrit :Il y a une étude mathématique du système proie/prédateur (système de Lotka-Volterra). On peut y penser par analogie en pensant proie=ressources naturelles, et prédateur=homme.
Le sujet a été effectivement abondamment traité, sans doute beaucoup plus par les mathématiciens que par les biologistes, puisque c'est un exemple ultra-simple d'attracteur étrange, que l'on peut mettre en évidence avec Excel. On peut même mettre en évidence les nombres de Mitchelson.

En résumé, c'est un système auto-référencé, ce qui suffit à justifier sa nature chaotique. L'équation est du type
x n+1 =R x n (1-x n )

En fonction de la valeur de R, on aboutit à
- la disparition des deux espèces
- une valeur constante pour les deux espèces
- un comportement chaotique (au sens mathématique) des deux espèces.

Le cas de la déplétion halieutique est considérablement plus compliqué, puisque des milliers d'espèces de poissons, mais aussi de bien d'autres formes de vie (y compris des plantes terrestres) ont un impact direct.
Trop de mépris entraîne des méprises - Phyvette, ca 2007.

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Message par LeLama » 05 nov. 2006, 16:25

GillesH38 a écrit : oui, si je me souviens bien, pour certaines valeurs de paramètres, la population des proies tombe strictement a zéro, et tout disparait...
Oups, j'ai dit une betise :oops: Je crois me souvenir que les orbites sont des cercles. Plus précisément, si on trace le couple (P,Q) en fonction du temps (P=prédateurs, Q=proies), et si on choisit bien l'échelle, on obtient un cercle dans le plan des P,Q. Le centre du cercle est toujours le meme tandis que le rayon depend des conditions initiales (nombre de proies et de predateurs). Evidemment, si le rayon est trop grand, le cercle coupe l'axe des P ou l'axe des Q, ce qui signifie physiquement qu'une espece s'éteint. Tu as raison.
Dernière modification par LeLama le 06 nov. 2006, 09:37, modifié 1 fois.

Geispe
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Message par Geispe » 06 nov. 2006, 09:01

Plus simplement, si après le pétrole je veux aller à la pêche avec des moyens artisanaux pour me trouver quelque chose à manger... c'est même pas la peine, puis qu'on a tout vidé au moyen de radars et de km de filets ?
çà peut être utile à savoir pour ceux qui envisageaient de vivre de pêche le long des côtes... à moins qu'il ne reste encore quelques poissons dans les rochers du littoral, qui auraient échappé aux technologies modernes ?

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