GillesH38 a écrit :j'imagine que son efficacité serait prouvée par la baisse de la consommation de fossile :
Les pays européens (la France en particulier) ont déjà des plans de diminution de leur intensité énergétique, donc carbonique ; AMC le nôtre demande une baisse annuelle de 1 %. Toute mesure supplémentaire viendrait complémenter ce plan, et il sera sans doute délicat de constater, puis d'attribuer une baisse de consommation à cette taxe. Quand tu vois le nombre de fils de ce forum, tu te dis qu'une simple taxe n'est que le tout début.
1ere question : quel taux quantitativement faudrait-il choisir pour avoir une baisse sensible de consommation (baisse estimée à combien?)
Il me semble que tout le monde l'ignore. J'avais indiqué que les experts de l'OPEC pensaient que 60 USD/bbl était la limite du zéro-impact-sur-l'économie-US : on se rend compte que cette valeur était très conservatrice, et qu'il s'agit plutôt de 80-90 USD : même pour un economiste, ça fait une grosse erreur. Cette valeur est probablement différente par pays, puisque les Français vivent avec un pétrole en gros deux fois plus cher. Donc on ne sait vraiment pas. Et ça tombe bien, puisque au début personne ne voudra prendre de risques avec sa propre économie, et la première taxe applicable sera forcément faible et d'impact nul sur l'économie. Je serais tenté de dire que le volume de la TIPP (rapporté au PIB) est un repère intéressant pour celui qui fera les calculs.
2e question : dans combien de temps ce taux serait-il naturellement assuré par la hausse des prix de l'énergie en cas de dépletion? (hausse qui n'a pas l'air reservée au pétrole, mais s'étend à toutes les sources, probablement à la fois par un effet "boule de neige" sur les coûts de production et à cause d'une tension accrue sur la demande ds autres énergies).
C'est curieux que tu poses cette question, puisque c'est la position des ultra-libéraux : si vous laissez faire le marché (sous-entendu :"au lieu de le tripoter comme ça a été fait depuis 50 ans"), le pétrole va monter tout seul et sera sa propre taxe carbone. C'est la position que je défends pour la Frace,
parce que nous avons déjà la TIPP.
En revanche, dans les pays qui ne taxent pas, on se rend compte que ça ne marche pas, puisque
- si on se borne à majorer le coût natif du pétrole, la totalité du prix est à payer par chaque pays consommateur ; alors que dans le cas de la France, nous ne payons au fournisseur que la moitié du prix que nous nous appliquons à nous-mêmes ; les Etatsuniens sont en train d'en découvrir le principe, et je vois venir les premières taxes genre TIPP aux USA avant 2010
- si on majore lourdement le pétrole, il est vraisemblable que le surcoût sera principalement supporté par les plus pauvres (mondialement parlant), puisque seuls les riches ont des portes de sortie. Donc à un moment ou à un autre, il faut mettre en place un système de taxes avec redistribution, avec tous les inconvénients associés
Bref, résumé plus simplement : une taxe sert-elle à quelque chose en période ou la tension offre-demande assure deja une hausse sensible du prix ?
Elle servira pour financer la Réforme Energétique du 21e siècle (RE21), que le marché seul ne sait pas générer, pour toutes les raisons déjà discutées sur Oleocene : entre autres, le marché ne sait pas payer un budget pour faire de la recherche sur le CCS, pareil pour le Véhicule Electrique, etc. Il faudra bien piquer ces budgets quelque part, et la Taxe Carbone pourrait être une source logique. En matière fiscale, la voie logique n'est pas forcément la meilleure ; enfin, tu peux faire confiance aux fiscalistes pour trouver un emploi au taxes, quelles qu'elles soient, au point qu'au bout d'un certain nombre d'années, une taxe même thématique n'est plus supprimable.
Dernier point, la tension actuelle sur les prix nous paraîtra un jour ridicule ; il est à notre avantage, budgétiquement parlant, de majorer nous-mêmes le pétrole avant qu'il ne se majore tout seul.
C'est exactement pareil que la gestion vertueuse du Carambar Atomic chez les enfants : "Tu auras ton Carambar quand tu auras fait tes devoirs !" C'est, de la part de la Maman, une façon d'appliquer une taxe (vertueuse dans ce cas, puisqu'il s'agit d'investissement intellectuel) sur un bien menacé de gabegie si on n'impose pas ses propres règles de marché.
