[Chiffres] Surveillons les prédictions de l'EIA (agence US)

Toute l'acualité, discutée à la lumière de la déplétion des réserves d'hydrocarbures.

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Message par GillesH38 » 17 mars 2007, 21:21

Revenons au sujet du fil... voila l'état des lieux en Mars 2007.
Image

Apres quelques petits réajustement, le 3e trimestre 2006 (85,2 Mb/jour) tient toujours le record, de peu au-dessus du 2e trimestre 2005 (85 Mb/jour). + 0,2 Mb/jour en 15 mois, ça fait peine.

Pas de record battu en prévision jusqu'au 2e trimestre 2007 (84,9) ... ou là, saisie d'un optimisme soudain dont nous commençons à avoir l'habitude, l'EIA espère un redressement brutal de la production pour arriver à 86,6 au 3e trimestre. Ce qui voudrait dire une augmentation de +1,7 Mb/jour en 3 mois, ce qui correspondrait à un rythme annuel de + 8 % par an alors que ça fait deux ans que ça stagne....

est-il permis d'être, encore une fois, un peu sceptique...? :shock:
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Message par jimfells » 17 mars 2007, 23:40

:D Merci Gilles pour cette mise à jour.

.

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Message par GillesH38 » 18 mars 2007, 10:37

merci jim ;)

en furetant un peu dans l'EIA, je suis tombé sur ce graphique assez inquiétant :

Image

Il s'agit des prédictions des stocks de pétrole de l'OCDE pour les deux ans à venir. Clairement, l'EIA n'est pas optimiste, les stocks semblent plonger et seraient au plus bas en 2008. Or comme le montre le graphique du dessus, cela malgré des prévisions de nette reprise de la production à partir de mi-2007. Si la production ne monte pas à ce rythme, la situation sera encore plus tendue...

Capitaine, vous n'avez pas l'impression que l'iceberg a grossi depuis tout à l'heure?
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Message par Tiennel » 18 mars 2007, 11:28

:shock:

Quelles sont les hypothèses pour une telle projection ? Poursuite de la politique actuelle de réappro des membres de l'OCDE ou bien impossibilité technique de les remonter au niveau moyen voire plus ?
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Message par lionstone » 18 mars 2007, 12:18

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Message par GillesH38 » 18 mars 2007, 12:48

Tiennel a écrit ::shock:

Quelles sont les hypothèses pour une telle projection ? Poursuite de la politique actuelle de réappro des membres de l'OCDE ou bien impossibilité technique de les remonter au niveau moyen voire plus ?
à mon avis, ils ont un modèle de consommation et un modèle de production, et ils font la différence.
Si la production est inférieure à ce qu'ils prédisent, ça voudra dire que soit on tirera plus sur les stocks, soit, plus probable, il y aura une nouvelle "destruction de la demande", comme y disent....
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Message par GillesH38 » 18 mars 2007, 15:19

comme j'ai un peu de temps ce dimanche, je vous en ressers une petite louche... ;)

Je suis allé voir d'un peu plus près d'où est ce que le déficit de production venait surtout. Pour cela j'ai pris les prévisions de juin 2005 (mois ou l'EIA prévoyait encore une croissance reguliere de la production pour les deux années suivantes), et les chiffres de 2007, pour la même année : 2006 (il s'agit donc d'une comparaison entre ce qui avait été prévu en 2005 et ce qui a été réellement produit ).

Je porte ici le deficit (ou excès) de production pour les pays ou groupes de pays répertoriés dans le Short Term Outlook

Image

(NB par souci de cohérence j'ai gardé l'Angola hors OPEP, sa production est rangée avec les "autres non OPEP").

On voit que les "meilleurs élèves" ont tout juste rempli les prédictions, qui semblent donc correctement faites pour ces pays : Canada, Chine, autres non OPEP incluant Angola, Brésil...

Le Mexique et la Russie (FSU) sont un peu en dessous, mais rien de très grave.

Les mauvais élèves sont :
* l'OPEP
* la mer du Nord
* et , plus surprenant... les US ! l'EIA semble avoir très surestimé la production de son propre pays ! comme on voit, ce n'est pas les pays les plus agités qui posent seuls des problèmes, bien que les troubles au Nigeria et en Irak contribuent probablement à la baisse de l'OPEP.

Voyons voir un peu plus près la production des US pour laquelle l'EIA donne plus de détails.

Voici ce qu'elle prévoyait en Juin 2005 :

Image

un peu bizarre non? alors que la production n'avait cessé de baisser depuis 10 ans, l'EIA prevoyait une remontée en 2005 (+0,1) et en 2006 (+0,2). En fait au lieu d'avoir + 0,3, on a eu - 0,3.

Bon, c'est peut etre Katrina?

voyons ce que l'EIA prevoyait un an après, en juin 2006

Image

On constate que 2005 (année de Katrina) est effectivement en baisse sensible (-0,3 Mb/j) Mais l'EIA, confiante, prédit que la production va remonter en 2006 et 2007, rattrapant une partie, puis compensant la baisse.

Que s'est il passé un an après? voila ce que publie actuellement l'EIA
Image

ben non, les US n'ont rien rattrapé en 2006, ils ont encore un peu baissé. La il n'y a plus l'excuse des ouragans : Katrina n'a fait que hater un peu une baisse qui aurait de toute façon eu lieu, d'ailleurs dans le droit fil des années précédentes. Il n'y a pas eu de miracle, la production etats-unienne baisse irrémédiablement. Mais l'EIA continue a prévoir une remontée pour les deux années suivantes... comme depuis deux ans!

y aurait-il quelque chose de pourri dans le royaume de Dobbliou?...

autre remarque : l'OPEP n'a rien pu compenser, bien au contraire. L'Arabie Saoudite n'a pas joué son role de "swing state", la régulation s'est faite par la flambée des cours du baril, et la destruction de la demande. Ca semble totalement confirmer que ses capacités de surproduction sont nulles, contrairement à ce qu'elle affirme, et qu'elle a bel et bien passé son pic secondaire.... (le pic principal a en fait été atteint en 1980 avec 10 Mb/jour)
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Message par jimfells » 18 mars 2007, 23:03

@Gilles : Image

Tu devrais être payé pour travailler comme ca le week-end :lol:

.

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Message par GillesH38 » 19 mars 2007, 07:55

jimfells a écrit :Tu devrais être payé pour travailler comme ca le week-end :lol:

.
t'as pas compris : je fais ça pour avoir un prétexte de ne pas faire mon vrai travail ! :lol:
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Message par lionstone » 21 mars 2007, 19:40

21-03-2007 - PÉTROLE : BAISSE DES STOCKS HEBDOMADAIRES AUX Etats-Unis

Depuis janvier le déclin est continu. Voyons la suite…

Total Crude Oil and Petroleum Products (Excl. SPR) 1042 1031 1020 1009 1000 984 982 979mbl

Pour la petite histoire, les stocks étaient au plus bas le 14 mars 2003, 882mbl, soit 1 semaine avant l’invasion de l’Irak.

"La demande en essence est forte, à 9,2 millions de barils par jour. Ce type de demande est bien plus précoce que d'habitude: normalement nous n'avons pas cela avant le mois de mai", commente Jason Schenker, économiste chez Wachovia Corp.
Les stocks d'essence ont reculé la semaine dernière pour la sixième semaine d'affilée, et les futures sur l'essence ont atteint mardi un plus haut de sept mois.
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Message par GillesH38 » 11 avr. 2007, 19:27

Vu les discussions passionnées sur l'Arabie Saoudite actuellement, j'essaie de reprendre mon rythme mensuel. La livraison d'avril vient de sortir
Image
Le premier semestre 07 est revu à la baisse par rapport il y a un mois : 84,2 au lieu de 84,6. Du coup ce qui devait etre une montée il y a 6 mois, puis un plateau il y a 3 mois, s'est transformé en un creux très perceptible !

la baisse par rapport au record du 3e trimestre 2006 (legérement revu à 85,1 au lieu de 85,2) est de -0,9 Mb/jour en 6 mois. Ce qui est loin d'etre anodin, ça fait - 1% , et ça correspondrait donc à un rythme de ... - 2% /an si ça se poursuivait :shock: .

Bien sur l'EIA prévoit toujours un redressement au 3e trimestre 2007, mais c'est peu crédible. Pour atteindre le chiffre de 86 Mb/j, il faudrait vite trouver + 2 Mb/jour (en compensant en plus les pays en déclin), alors que la production n'a jamais dépassé 85 depuis 2 ans.

Bon ne parlons pas encore de pic mondial, il y a deja eu des fluctuations de cette ampleur dans le passé. Cependant, on peut remarquer :
* que le pic de juillet 2006 semble correspondre à la mise en production du champ Haradh III en Arabie Saoudite (+ 300 000 Mb/j, qui a temporairement arreté son déclin, mais temporairement seulement. Il semble que ce bénéfice a été rapidement annulé par la baisse sous-jacente des champs matures.

* que le premier trimestre 2007 n'a pas a ma connaissance connu d'évènements particulier , ouragan, arrêts de production en Irak ou au Nigeria. En revanche, la saison des ouragans 2007 s'annonce elle... agitée.

Bref , à surveiller de très, très près......
Dernière modification par GillesH38 le 11 avr. 2007, 20:20, modifié 1 fois.
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Message par GillesH38 » 11 avr. 2007, 19:31

et les stocks d'essence US continuent leur chute libre, alors que la demande s'apprete a monter ....(grillé, lionstone :-D )

Image
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Message par mrlargo » 12 avr. 2007, 11:47

merci Gilles,

J'attendais cette mise à jour ...

Et rappelons que la conso US d'essence continue toujours de grimper... +1,5% à 2% par rapport à la même période de l'an dernier...
La différence entre l’amour et l’argent, c’est que si on partage son argent, il diminue, tandis que si on partage son amour, il augmente. L’idéal étant d’arriver à partager son amour avec quelqu’un qui a du pognon.
(Philippe Geluck)

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Message par Tiennel » 15 mai 2007, 11:37

Jerome a Paris lui-même relaie le "plateauing" actuel de la production de brut selon les données de l'EIA :
Image

Mais je n'ai toujours pas vu de réponse à mon interrogation : est-ce la production de brut qui coince... ou tout simplement les capacités de raffinage mondial ?

Le maintien du baril à un prix "décent", mais la tension grandissante sur le marché de l'essence, me confirme dans ma suspicion d'un goulot d'étranglement en aval et non à la source. Mais conviction n'est pas preuve :-D
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Message par Environnement2100 » 15 mai 2007, 12:24

Le raffinage est une opération mineure, qui le devient de plus en plus face au coût de développement des champs. Je doute beaucoup que le raffinage soit source de pénurie pour cette raison, ni maintenant, ni plus jamais sans doute puisque nous sommes proches de la valeur plateau.

En revanche, aujourd'hui aucun raffineur n'a de projets d'expansion, s'attendant justement à une demande en trop faible progression pour justifier un investissement. Il se peut donc que dans certaines zones on assiste à des insuffisances provoquées par cette anticipation. Enfin, le glissement non achevé des carburants routiers vers le diesel, et des pétroles légers vers du lourd redirigent les investissements vers les unités de conversion et non de raffinage pur. La faiblesse momentanée du raffinage US en début 2007 est pour moins strictement ponctuelle, et remarquée uniquement à cause de la surreprésentation du paysage étatsunien ; dans le même temps, les capacités des raffineries françaises sont devenues largement insuffisantes à cause de notre disproportion diesel/essence, et ça n'inquiète personne, vu notre poids.

Pour moi le plateau actuel est totalement économique. On a vu à de nombreuses reprises que la valeur actuelle du baril est issue des facteurs suivants :
- les troubles géopolitiques de l'été 2006 qui ont amené le baril à 78 USD, à tort ou à raison
- l'action de l'OPEP qui a profité de cette majoration pour installer sa politique de réduction particulièrement efficace.

La situation commerciale des pays producteurs est terriblement favorable aux pays de l'OPEP, et particulièrement du M-O. S'il vient à l'idée des pays non-OPEP de développer leurs champs pour profiter du "trou" laissé par l'OPEP, ils doivent se souvenir que leurs champs à eux ne sont profitables qu'au-delà de 40 USD ; ils sont ainsi à la merci d'un changement d'avis ou de politique de la part de l'OPEP, comme cela s'est produit en 1985. Il me paraît donc hors de question que ces pays investissent à marche forcée, alors que le cours actuel du baril satsisfait une grande quantité de gens, y compris parmi les pays consommateurs nets.
Il n'y a donc absolument aucun moyen externe de détecter un éventuel déficit de capacité à partir de la situation économique actuelle.

En ce qui me concerne, je ne vois aucune raison de se démarquer des scenarios précédemment proposés ici. Enfin, il me semble que, alors que nous avons l'oeil rivé sur les courbes de production, il serait peut-être intéressant de regarder les courbes de consommation par zones économiques. Dans les dix années qui viennent, seule une toute petite partie des consommateurs de pétrole vont augmenter leur consommations, et c'est peut-être cette population qui peut nous informer sur leur capacité à consommer plus à un prix supérieur.
Dernière modification par Environnement2100 le 15 mai 2007, 12:37, modifié 1 fois.
Trop de mépris entraîne des méprises - Phyvette, ca 2007.

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