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par pascal47 » 22 nov. 2007, 11:17
Les géants allemands de l'énergie se mettent au vert
AFP - 21 novembre 2007 - BERLIN - L'un double ses investissements dans les énergies renouvelables, l'autre y consacre un milliard d'euros par an: les géants allemands de l'électricité EON et RWE promettent de corriger leur image de gros pollueurs, et de se détacher un peu du charbon et du nucléaire.
RWE, numéro deux allemand de l'énergie, a fait savoir mercredi que désormais il investirait "au moins un milliard d'euros par an dans les énergies renouvelables."
Le 13 novembre, son grand rival EON avait promis de doubler jusqu'en 2010, à 6 milliards d'euros au total, son investissement dans les énergies "vertes".
Les projets de RWE seront gérés par une filiale baptisée RWE Innogy, qui doit démarrer le 1er février prochain. Une réponse à la filiale "EON Climate and Renewables" créée par le numéro un...
Pour diriger ses grands investissements, RWE a débauché Fritz Vahrenholt, patron du fabricant d'éoliennes Repower.
RWE comme EON, mais aussi leurs concurrents Vattenfall Europe, filiale du groupe suédois Vattenfall, et EnBW, dont EDF est grand actionnaire, veulent donner la priorité à l'énergie éolienne, devant l'énergie solaire.
Mais le quatuor, qui contrôle 80% de la production d'électricité allemande, compte aussi explorer l'énergie hydraulique, la biomasse (production d'énergie à partir de substances organiques), la géothermie (énergie du sol), et l'énergie marémotrice (utilisant les mouvements de la mer). Autant de domaines qui jusqu'ici n'intéressaient pratiquement que les PME en Allemagne.
Pourquoi cet intérêt soudain? "EON et surtout RWE ne sont certainement pas des pionniers en matière d'énergies renouvelables. Ils veulent rattraper leur retard, ils ont juste le temps", explique à l'AFP Reiner Haier, analyste de la banque LBBW.
Car le compte à rebours est lancé en Europe et en Allemagne pour le développement des énergies "vertes". Berlin s'est fixé comme objectif de produire près de 45% de l'électricité allemande à partir de sources vertes en 2030, contre 14% actuellement.
Et les industriels n'ont pas de temps à perdre, ce qui vaut surtout pour RWE.
Selon une étude du capinat britannique PwC sur les fournisseurs d'énergie, le groupe reste de très loin le plus gros émetteur de CO2 d'Europe. La faute à ses nombreuses centrales à charbon et à lignite, très polluantes.
EON est troisième du classement, derrière le suédois Vattenfall.
"Les industriels doivent diversifier leur production", très dépendante du charbon et du nucléaire, indique à l'AFP Peter Wirtz, analyste de la banque WestLB.
Il fait valoir que les producteurs d'électricité ne sont pas sûrs de pouvoir toujours acheter à très bas prix des "droits à polluer" ou droits d'émission de CO2, sur les marchés spécialisés. RWE le fait, ce qui lui permet de maintenir ses centrales au charbon et de dépasser sans trop de casse les quotas d'émission qui lui sont alloués.
Un système qui serait mis à terre si jamais le prix de la tonne de dioxyde de carbone, extrêmement faible actuellement, venait à flamber...
Par ailleurs, EON, RWE et les autres doivent prendre en compte la sortie prévue du nucléaire de l'Allemagne, même si cette décision pourrait être remise en cause après les législatives de 2009.
"Le marketing joue aussi un rôle", déclare Peter Wirtz. Très critiqués en Allemagne comme à Bruxelles pour leurs hausses de prix continuelles et leur peu de goût de la concurrence, les quatre grands producteurs d'électricité allemands ont tout intérêt à "se mettre au vert" pour essayer de redorer leur blason.