Pétrole : Téhéran pousse le Brent au plus haut depuis huit mois.
La décision de Téhéran de ne plus vendre de pétrole à Paris et à Londres dope les cours. Le Brent de la mer du Nord est au plus haut depuis huit mois, les marchés craignant une escalade de l'Iran dans le détroit d'Ormuz.
Les Echos 20 Fev 2012
Les annonces de Téhéran n'ont pas tardé à avoir des effets sur les marchés pétroliers. Les asiatiques ont été les premiers à réagir à l'annonce l'arrêt des ventes de pétrole iranien à la France et au Royaume Uni, même si pour de nombreux experts il s'agit avant tout d'une décision symbolique. Mais attentifs au vieil adage selon lequel il n'y a pas de fumée sans feu, nombre d'opérateurs sur les marchés voient dans cette décision le risque plus important d'une « escalade » de Téhéran dans le détroit d'Ormuz.
Le pétrole, et principalement le Brent de la mer du Nord , « commence la semaine à un plus haut de huit mois car l'Iran continue sa politique d'escalade », justifiait Justin Harper, de chez IG Markets à Singapour, interrogé par l'AFP.
De fait, dans les échanges électroniques du matin, le Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a gagné 1,52 dollar pour s'échanger à 121,10 dollars le baril. de son côté, le baril de « light sweet crude » (WTI) pour livraison en mars prenait 1,70 dollars pour s'échanger 104,94 dollars.
En milieu de matinée, en Europe, la tendance à la hausse se confirme. Le Brent de la mer du Nord progressait de 0,48 % tandis que le WTI gagne 1,74 %.
Billiard à plusieurs bandes
La stratégie de Téhéran de pénaliser Paris et Londres pourrait donc porter ses fruits. Car sur le papier, la décision de ne plus vouloir vendre de pétrole aux compagnies pétrolières françaises et britanniques avait un effet limité. Car la production iranienne est finalement limitée. « Le problème, ce n'est pas tant la production iraniennne, même si elle est importante puisqu'elle représente 4 à 5% de la production mondiale. Le problème, c'est la menace sur le détroit d'Ormuz, par lequel transitent 15 millions de barils/jour et ça, c'est dix fois la consommation française » estimait dimanche Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières, auprès de l'AFP.
Deuxième pays de l'Opep, l'Iran produit 3,5 millions de barils de pétrole par jour, est le 3ème exportateur mondial (avec 2,5 millions de barils par jour vendus à l'étranger, dont 450.000 à 500.000 en Europe) et cherche activement de nouveaux débouchés à son or noir. Selon le Financial Times, Téhéran chercherait ainsi à sceller des accords pour vendre 500.000 barils par jour à des raffineurs chinois et indiens. Selon ces mêmes sources, ces négociations seraient «extrêmement difficiles » car Téhéran refuserait d'accorder une réduction de prix à ses nouveaux clients... Faute d'accord, l'Iran serait obligé de stocker une partie de sa production ou de la réduire, ce qui, dans les deux cas aurait un effet haussier sur les cours mondiaux du pétrole.
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