Re: [Acteurs] La compagnie TOTAL
Publié : 16 mai 2018, 17:42
https://www.usinenouvelle.com/article/t ... de.N694229Total tente de déminer un scandale sur l'huile de palme à la bioraffinerie de La Mède
Aurélie Barbaux Usine Nouvelle le 16/05/2018
Devant la levée de boucliers écologistes face à l’usage d’huile de palme dans les biocarburants, Total annonce s’engager pour une diversification responsable des approvisionnements de sa bio-raffinerie de La Mède. Sous la surveillance de Nicolas Hulot.
La bioraffinerie de Total à la Mède (Bouches-du-Rhône) doit ouvrir à l'été 2018 pour produire 500000 tonnes par an de biodiesel.
En 2015, cela paraissait une bonne idée pour Total de reconvertir la raffinerie de La Mède dans les Bouches-du-Rhône, en bioraffinerie. Dans un contexte de surcapacité du raffinage pétrolier en Europe, Total décidait donc d’investir 275 millions d’euros sur le site, au lieu de le fermer, pour y produire jusqu’à 500 000 tonnes de HVO (Hydrotreated Vegetable Oil) à partir de 650 000 tonnes de matières premières végétales.
Le HVO est ce biodiesel incorporé à hauteur de 5 à 10% dans le diesel d’origine pétrolier pour le verdir un peu. A la clé, le maintien de 250 emplois sur le site, qui accueille aussi une centrale photovoltaïque de 8MW, un centre de formation, un dépôt pétrolier et une unité de fabrication d’un additif réduisant les émissions d’oxyde d’azote des poids lourds.
Produire 500 000 tonnes de biodiesel par an
Problème, les ressources en huiles végétales, animales et de recyclage disponibles en Europe ne sont pas suffisantes pour alimenter la raffinerie qui doit entrer en service à l’été 2018. Total assure bien que le site traitera 30 à 40 % de graisses animales, d’huiles alimentaires usagées et d’huiles résiduelles (huiles issues de déchets et de l’industrie papetière). En 2016, Suez s’était d’ailleurs engagé à lui fournir 20 000 tonnes d’huiles usagées. Mais le reste (60% à 70%) proviendra d’huile végétale brute, issue du colza, du tournesol, du soja, de la palme, du maïs ou de nouvelles plantes du type carinata. Mais principalement de palme. Or devant les ravages écologiques de cette culture et la déforestation qu’elle entraine, l’Europe voudrait interdire l’huile de palme dans les biocarburants d’ici à 2021. Ce n’est pas encore voté. Mais Total est bien obligé d’anticiper.
Réduire à 300 000 tonnes d'huile de palme
Ce 16 mai 2018, en même temps que Total annonce dans un communiqué avoir reçu l’autorisation d’exploiter sa bioraffinerie, il tente donc de déminer une action musclée des écologistes qui se profile. Alors qu’il déclare être autorisé à utiliser jusqu’à 450 000 tonnes d’huile végétale brute dans le cadre de son approvisionnement, il annonce avoir "pris note de l’émotion suscitée par les informations, erronées, selon lesquelles l’huile de palme brute représenterait jusqu’à 450 000 tonnes par an, soit près de 70% de l’approvisionnement du site".
Passer à 100 000 tonnes de graisses animales
Total s’engage à limiter à 300 000 tonnes par an son approvisionnement en huile de palme, soit un peu moins de 50% en volume des matières premières nécessaires pour faire tourner sa bioraffinerie toute neuve. Cet engagement serait rendu possible grâce aux progrès en matière de recyclage de graisses animales, qui pourront représenter au moins 100 000 tonnes par an du plan d’approvisionnement du site, déclare Total.
Total annonce aussi s’engager à promouvoir un label de certification durable de haute qualité des huiles de palme auprès de l’Union Européenne de type ISCC (International Sustainability and Carbon Certification) et ne s’approvisionner qu’auprès de producteurs certifiés RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil).
S'engager sur des critères de durabilité
Une communication bien orchestrée. Le matin même, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, expliquait sur BFMTV et RMC que Total devait réduire "au maximum" l'utilisation d'huile de palme dans sa bio-raffinerie de La Mède. Dans la journée, un communiqué du ministère annonce que "Nicolas Hulot encadre l’utilisation d’huile de palme de la bioraffinerie de La Mède". Ce dernier indique que l’Etat a fixé à Total comme objectif d’utiliser au moins 25 % de matières premières issues du recyclage des huiles (huiles alimentaires usagées, graisses animales, distillats d’acide gras) avant d’autoriser la mise en service de la bioraffinerie.
Nicolas Hulot indique avoir "veillé à ce que l’arrêté d’autorisation prévoit bien l’obligation d’utiliser des huiles répondant aux critères de durabilité fixés par la Commission européenne, afin de s’assurer que la production des biocarburants ne se fera pas au détriment de la biodiversité et de la protection de l’environnement". Reste que la raffinerie va produire du biodiesel, qui émet autant de gaz à effet de serre que le diesel. Pas sûr que ces engagements suffisent aux ONG écologistes, comme Greenpeace et les Amis de la Terres, qui se sont déjà emparées du sujet.