Mes commentaires sur le résumé du rapport de l'AIE.
Le ton est impératif et urgent, dans une publication dont on attend de simples recommandations.
L'AIE présente deux scénarios, un scénario "bau" , avec aucun effort particulier, et un scénario "alternatif", avec un effort de réduction du CO2
Scénario "BAU" (encore appelé "tel le boeuf").
L'AIE dit avoir basé ses prédictions sur un
baril à 47 USD : soit une oscillation entre 60 (cours actuel) et 35 : j'ai beaucoup de mal à y croire.
Ce bas prix du pétrole soutient donc l'économie, et la demande, et particulièrement celle des E7, d'où l'explication de la croissance de la demande de 1.6% annuel pendant 25 ans, qui se répartissent 30/70 entre vieux et jeunes. Cela signifie 0.6 % par an en France : je table sur 0, mais je ne vais pas me battre sur de tels écarts.
Cette production passe à 99 en 2015, puis
115 Mbbl/d en 2030 : c'est sûr qu'à ce prix-là, il y aura des acheteurs, mais je doute qu'il y ait des vendeurs.
L’insensibilité aux prix de la demande pétrolière s’accentue et renforce l’impact potentiel d’une perturbation des approvisionnements sur les cours internationaux du pétrole. Le scénario de référence prévoit une augmentation de la part de la demande du secteur des transports – qui, comparé aux autres services énergétiques, est inélastique aux prix – dans la consommation mondiale de produits pétroliers.
De ce fait, la demande pétrolière réagit de moins en moins aux mouvements des cours internationaux du pétrole brut, avec pour corollaire que les prix accuseront des fluctuations plus marquées qu’auparavant sous l’effet des évolutions à court terme de l’offre et de la demande.
L'AIE se contredit tranquillement : quand l'insensibilité aux prix s'accentue, les prix montent, ils ne descendent pas.
L'AIE confirme le chiffre de
20 000 GUSD pour l'investissement énergétique sur 25 ans - il faut voir où, si l'Europe annonce "seulement" 1 000 GUSD.
Emissions de CO2
On passe de 25 à
40 Gtec en 2030 : glups !
Progression du nucléaire
la puissance nucléaire installée dans le monde est portée de 368 GW en 2005 à 416 GW en 2030 : là aussi, il faut voir où.
Scénario "alternatif"
L'AIE ne modifie pas sa prédiction de prix du baril, mais régule à l'aide d'interdictions croissantes sur le CO2, et limite donc la production à 103 Mbbl/d : cette valeur est beaucoup plus crédible, mais pas les moyens de le faire : si on limite par la consommation, le prix va s'efffondrer et on va retrouver des consommateurs dans les pays sans lois CO2.
Emissions de CO2
On passe de 25 à 34 Gtec en 2030 : toujours glups ! Visiblement personne chez eux n'a entendu parler du Facteur Quatre.
Pourtant l'AIE fait la part belle aux baisses de coût :
le coût de l’énergie économisée représente 8 100 milliards de dollars pour les consommateurs,
Progression du nucléaire
On passe de 368 GW en 2005 à 519 GW en 2030 : là aussi, il faut voir où. Au passage, on a gagné une centaine de GW : l'équivalent de la France ?
L'AIE s'avance beaucoup avec un
kWh à ... 0.05 USD ! On se demande de quoi ils parlent, dans la mesure où cette valeur est quasiment le prix de vente actuel, qui ne comprend ni le retraitement ni la fermeture.
Biocarburants
7 % des carburants routiers en 2030 : on croit rêver. S'ils font 2% ce sera miraculeux, l'AIE n'a pas entendu parler des problèmes de sécheresse apparemment.
Au total l'AIE reste
très optimiste sur le prix du baril, la croissance mondiale en général et celle des E7 en particulier, voyant la Chine dépasser les USA en 2016 et continuer tranquillement sur sa lancée.
Il me semble que le scénario "BAU" est peu crédible, avec un baril trop bas et une croissance très élevée pendant 25 ans.
Le scénario "alternatif" est plus crédible au niveau de la production mondiale de pétrole (103 Mbbl/d), mais
laisse planer un gros doute sur la capacité des Etats à implémenter les technologies anti-GES.
Ce deuxième point est le combat intéressant des 25 prochaines années.