Le Moyen-Orient restera le principal fournisseur mondial de pétrole
Usine Nouvelle 12/11/2013
Dans son rapport annuel, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que la montée en puissance du pétrole de schiste ou de la production en offshore profond n’éclipsera le Moyen-Orient que pendant une dizaine d’années.
« Le Moyen-Orient est, et restera, le cœur de l’industrie pétrolière pendant de nombreuses années. » Fatih Birol, économiste en chef de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a lourdement insisté en présentant le « World Energy Outlook 2013 » , sa grande étude prospective annuelle. Même si le pétrole non conventionnel, et, notamment, le pétrole de schiste aux Etats-Unis, représentera une bonne partie de la croissance dans les années à venir, l’Opep redeviendra rapidement la locomotive du secteur, selon le scénario central établi par les experts de l’AIE.
Le boom du pétrole américain a clairement changé la donne pour la décennie à venir. L’an dernier, l’AIE, dont les prévisions restent controversées, avait défrayé la chronique pour avoir prédit que les Etats-Unis deviendraient le premier producteur mondial de pétrole en 2017 (y compris les liquides de gaz naturels), devant l’Arabie Saoudite. Le bras armé de l’OCDE pour l’énergie estime, cette année, que l’échéance sera atteinte dès 2015, grâce, notamment, au développement du « light tight oil » (du brut assimilé au pétrole de schiste car extrait, comme lui, par fracturation hydraulique). Nulle en 2005, la production de ce pétrole léger a déjà atteint 2,3 millions de barils par jour (mbj) mi-2013. Elle pourrait, selon l’AIE, s’élever à 4,3 mbj en 2025, mais ne croîtrait plus guère ensuite car les puits s’épuisent en quelques années : de nouveaux forages sont nécessaires pour maintenir la production. « Et les nouveaux champs pourraient être plus difficiles et plus chers d’accès », notent les experts de l’AIE.
Les pays de l’Opep, et en particulier ceux du Moyen-Orient, redeviendront la principale source de croissance de la production, dès le milieu des années 2020, prévoit l’AIE. La part de l’Opep dans la production mondiale, appelée à tomber de 43 % à 41 % entre 2012 et 2020, pourrait remonter à 46 % en 2035. « Le Moyen-Orient reste la seule zone capable de fournir massivement du brut encore relativement bon marché », souligne l’agence. L’Irak fournirait une bonne partie de la croissance, avec une production qui passerait de 3 mbj en 2012, à 7,9 mbj en 2035.
En dehors du pétrole de schiste américain, d’autres bruts non conventionnels alimenteront également la croissance : la production en mer très profonde, les schistes bitumineux du Canada ou du Vénézuela, ou encore l’extraction en Arctique, porteront la part du pétrole non conventionnel de 5 % en 2012, à 15 % en 2035 - et contribueront à maintenir un prix du brut élevé, que l’AIE prévoit à 128 dollars le baril en 2035 (en dollars constants).
De quoi satisfaire la demande, qui continuera à augmenter pour atteindre 101 mbj en 2035 (+ 16 % par rapport à 2012). La consommation sera tirée par les pays émergents, et, notamment, la Chine. Le pays devrait devenir le premier importateur mondial de brut, dès le début des années 2020, et même dépasser les Etats-Unis au rang de premier consommateur mondial, en 2030, avec 16 mbj consommés en 2035. La demande sera aussi tirée après 2020 par l’Inde, où le transport de personnes et le fret sont de plus en plus utilisés. Le Moyen-Orient, enfin, deviendra, selon l’AIE, le troisième grand pôle de consommation devant l’Union européenne : la population y croit rapidement (+ 40 % estimés entre 2012 et 2035), et la demande y est favorisée par le faible prix auquel sont vendus les produits pétroliers. Comparés aux prix du marché, ces prix réduits ont représenté, selon les calculs de l’AIE, 112 milliards de dollars en 2012. Au niveau mondial, la demande de brut restera essentiellement tirée par les transports (58 % du total en 2035) et la pétrochimie (15 %).